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Le dernier grand match de Patrick Ewing à New York

Performance

Montage Une : Anthony Jeffrey pour Basket Rétro

« The Beast of The East » a entamé depuis quelques saisons un déclin inévitable suite à ses blessures aux genoux et aux poignets. Le 30 mars 1999, l’un des grands rivaux, Indiana, s’invite à Big Apple pour leur mettre la tête sous l’eau. Pas vraiment du goût de Patrick qui retrouve, l’espace de quarante  minutes, son meilleur niveau.

Une rivalité historique des années 90. Knicks/Pacers c’est six batailles de playoffs entre 1993 et 2000. Trois victoires de chaque côté. Des moments inoubliables, Reggie Miller qui devient le nouvel ennemi juré de New York par ses provocations et ses shoots clutch. La claquette dunk de Patrick Ewing qui qualifie les siens en finale en 1994, le tir miraculeux de Larry Johnson pour ne prendre que les actions les plus célèbres. Toutefois, ceci n’a eu lieu que pendant les playoffs, les moments les plus importants d’une année en NBA. Les matchs de saison régulière, on en parle peu ou jamais et pourtant, il y a des classiques. Voilà un exemple parfait.

1999, grève générale : année compliquée, fatigue, niveau de jeu en dent de scie. Vous connaissez la chanson, on a vécu quelque chose d’inédit avec les bons et les mauvais côtés. Chez les Pacers, rien de nouveau, l’équipe qui avait poussé les Bulls jusqu’à leurs derniers retranchements l’an dernier n’a pas bougé d’un iota. Si ce n’est la signature du vieux Sam Perkins et l’arrivée du très jeune Al Harrington. Une franchise qui a cependant un peu de mal à garder de la régularité dans ses performances collectives. Dernier match en date, défaite d’un point à la maison face aux Hawks après avoir déjoué totalement dans le QT4. Le déplacement à New York est une occasion en or pour se racheter aux yeux de Larry Bird, quelque peu agacé par le manque de constance de ses joueurs.

Du côté de l’Atlantique, la situation est bien pire. Les transferts de Charles Oakley et John Starks n’ont pas convaincu grand monde. Marcus Camby est peu utilisé, Latrell Sprewell est irrégulier et joue un rôle de sixième homme pour booster le banc très limité des Knicks. Les deux meneurs de New York sont aussi les cibles des médias et pour cause. Charlie Ward est un excellent défenseur, mais qui a la fâcheuse habitude de rentrer dans le tas (comme durant son passé de footballeur américain) et de forcer une passe qui termine souvent dans les mains de l’adversaire. Son ratio passes décisives/ballons perdus est très faible, avant dernier de la ligue. Son suppléant, Chris Childs, mêmes qualités défensives, manieur de ballons extrêmement douteux et fouteur de merde occasionnel. Beaucoup de mal à contenir ses pulsions de vouloir provoquer oralement et physiquement.

L’impitoyable jungle New-Yorkaise ne donne aucun répit. Les journaux sont cruels, les fans vocifèrent leur désamour. Il paraît que ça joue mieux sans Ewing. L’option de voir le pivot légendaire laisser sa place de leader offensif ne semble pas être dans les plans du coach Jeff Van Gundy. Bientôt 37 ans et un corps meurtri, le grand Pat est clairement au bout du rouleau. Son équipe revient de l’autre bout du pays après avoir essuyé un revers douloureux chez les Lakers. Quelques altercations fâcheuses entre Shaquille O’Neal et Chris Dudley d’un côté, puis Kurt Thomas qui en avait visiblement marre de Dennis Rodman. Quelques amendes afin de calmer les esprits et voilà qu’il faut se farcir les canailles d’Indiana.

La rencontre démarre sur les chapeaux de roue pour Ewing. Le shoot à quatre mètres est réglé comme une horloge, douze points sur le QT1. La défense des Pacers est laxiste et on assiste étrangement à un match plutôt offensif. Le second quart-temps est, comme souvent, plus haché. Les fautes tombent, les lancers s’accumulent et Patrick ne connaît pas la même réussite. Premier moment d’euphorie avant la pause, la castagne !

Ca chauffe au Madison !

Sur une pénétration et un tir en cloche de Jalen Rose, ce dernier chute et met les pieds dans les chevilles d’Ewing qui tombe pendant que les siens partaient à l’attaque. Sous le coup de la frustration et peut-être aussi par son corps fragilisé avec le temps et les pépins physiques, Patrick laisse éclater sa colère et fonce sur Rose comme un boxeur en furie. L’arbitre vétéran Dick Bavetta se met en travers de leur chemin, et prend le coude de l’ailier des Pacers sur le nez. Très rapidement, beaucoup de monde arrive sur les lieux. Le musculeux Dale Davis essaye de calmer Ewing et reçoit une légère manchette au menton. Jeff Van Gundy, un habitué pour se jeter en pâture dans une mêlée, a aussi failli se prendre une mandale au passage. Même Larry Bird, qui n’émet aucune émotion, est sur place.

Difficile de juger si le geste dangereux de Rose était volontaire au premier abord. Après tout, un an plus tard, pendant la finale Lakers-Pacers, c’est lui qui avait mis son pied délibérément sous celui de Kobe Bryant alors qu’il était en suspension. La jeune star des Lakers avait manqué le reste de la rencontre et l’entièreté de la suivante. Rose avait alors admis quelques années après, qu’il a réellement chercher à le blesser. Finalement, il a également avoué que ce croche-pattes sur Ewing était aussi assumé ! Vicelard le bonhomme et manque total de fair-play. Quoi qu’il en soit, sur cette mini baston, Rose est le seul puni. Un aller simple pour le vestiaire, et un lancer pour Patrick.

Loin d’attiser la haine, les joueurs préfèrent en rire et se concentrer sur le jeu. Une forme de respect mutuel et bien plus sain que ce que nous avons vécu avec Knicks-Heat, Knicks-Bulls ou Pistons-Bulls.

Patrick Ewing enlace Latrell Sprewell – capture écran MSG Classic

Après la pause, Indiana grignote son retard petit à petit. La fin de rencontre est tendue, Miller convertit plusieurs tirs pour faire taire le Garden et donner une légère avance aux Pacers. La ténacité des Knicks remet les deux équipes à égalité, notamment sur un rebond autoritaire de Sprewell où il enchaîne avec un coast to coast. Il inscrit ensuite deux lancers francs pour reprendre l’avantage. Malgré plusieurs tentatives, Indiana repart de Big Apple avec la défaite. Une victoire très importante pour le moral des Knicks. Ewing prend Spree dans ses longs bras, les deux grands bonhommes de la soirée. Le pivot réussit son plus grand match de la saison, le dernier de sa longue carrière avant la chute définitive de son rôle d’attaquant n°1.

L’histoire se termine par une anecdote cocasse de Jalen Rose. Quelques jours après cette rencontre, les Pacers jouent dans leur salle et battent les Knicks. A l’aéroport, les deux équipes sont sur place en même temps. Indiana doit réaliser deux matchs à l’extérieur et les Knicks rentrent chez eux. Rose voit alors une malle avec une étiquette Patrick Ewing collé dessus.

« Mes origines de Detroit ont pris le dessus. J’ai jeté un œil à gauche et à droite, cassé les verrous et découvert qu’il y avait un combo TV/Magnétoscope. Je l’ai pris en le conservant chez moi comme un trophée. »

Les stats de Patrick Ewing: 37 pts – 14/24 aux tirs – 9/11 aux LF – 15 rbs et 2 blks en 40 minutes

BOXSCORE

LA PERFORMANCE EN IMAGES

LA BAGARRE!

Crédits: NYTimes

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About Anthony "Pred" Saliou (532 Articles)
Fan de MJ, d'Hakeem, Bird et Sir Charles notamment, déteste les Sonics et le Thunder, peu d'amour pour les Lakers, mais adore par-dessus tout le basket "tough". A passé plus de 20 ans sur la toile basket à débattre et râler comme tout vieux qui se respecte.

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