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[Portrait] Mario Elie, le basket est son sang !

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Mario Elie porte en lui le virus de la balle orange. Dans ses veines, coule un venin. Celui de la NBA, une Ligue vénérée entre toutes. Le jour, la nuit, rien ne compte autant que cette satanée balle orange pour Super Mario. A croire même que le fameux « I love this Game » fut inventé en son honneur.

Mario Elie pousse son premier cri à New York, le 26 novembre 1963. Il est prénommé ainsi en l’honneur du ténor italien Mario Lanza, star du Hollywood des années 50. D’origine haïtienne, Mario grandit à Manhattan, dans les quartiers populaires. Son père, Maurice, y est ouvrier dans une fabrique des radiateurs en fonte.

THE CAGE

Vite, Mario n’a d’yeux que pour le basket. Et, pour y jouer, le jeune haïtien doit parfois emprunter les sneakers de son grand frère Clark dans lesquelles il y insère jusqu’à 5 paires de chaussettes supplémentaires. C’est ce qui expliquera que son rêve d’enfant sera de posséder un magasin de chaussures. Mais seulement après avoir eu une belle et longue carrière de basketteur pro avec les Knicks… A Greenwich Village, sur la 6ème avenue, le terrain de basket sur West 4th Street Courts est communément nommé « The Cage ». Comme au Thunderdome de Mad Max, on y sue et saigne. Les coups sont distribués par dizaines.

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The Cage. Source : Flickr

Pour Mario qu’importe, c’est là qu’il faut jouer. Alors il  y transpire avec son frère et des stars de l’époque comme Sam Worthen qui sera drafté par les Bulls ou le Harlem Globetrotteur Mike Henderson qui deviendra arbitre NBA. Elie est un dur au mal. L’été, il y gagne championnat sur championnat avec l’équipe d’Harlem USA. Wight Martindale auteur de « Inside The Cage« ,  raconte que dans le Crunch Time, Mario poussait ses adversaires dans le grillage. A cause de sa rage de vaincre… C’est là qu’il apprend à jouer très dur des deux côtés du terrain. Mario qui ne pense qu’au basket intègre alors le célèbre lycée  new-yorkais du Power Memorial High. C’est de cette structure que sont notamment issus Lew Alcindor (Kareem Abdul Jabbar), mais aussi Dick Bavetta qui a eu une carrière de joueur avant de devenir un arbitre mondialement reconnu. Il y joue également avec un certain Chris Mullin durant la saison 1979 – 1980. Ensemble, ils resteront invaincus ! Toutefois, à l’époque, Mario joue surtout partout où il peut : au Lycée, à Manhattan ou sur les playgrounds de Central Park. Aucun sérum contre le basket. Il est pourtant coupé l’année suivante par son lycée. La raison ? Son travail scolaire est invisible !

« J’ai pleuré et pleuré », avouera ensuite plus tard Mario Elie.

Placé parmi les 10 meilleurs lycéens du pays, il continue à jouer sur les playgrounds sans répondre aux sollicitations des facs prestigieuses, par nature. Mais alors qu’arrive la rentrée, Mario n’a rien devant lui sauf le vide. Il intègre cependant l’improbable American International Collège basé à Springfield dans le Massachussets.  Il joue alors en Division 2 NCAA et marche sur ses adversaires.

« American International, c’est vraiment un choix de dernière minute. Comme beaucoup d’adolescents, j’avais mis l’école de côté au profit du basket et je ne suis pas fier de cela. J’ai bien eu cette lettre de la fac d’Oregon, mais j’ai accepté l’offre du coach Jim Powel d’AIC car c’était proche de chez moi. Mes amis prenaient l’avion pour jouer au basket. Moi, c’est le bus qui me transportait avec mon Doggy bag. »

AROUND THE WORLD

Elie joue de 1981 à 1985 pour les Yellow Jackets. Avec son numéro 41, il y score 2100 points en 120 rencontres avant de se présenter à la draft. Jamais il ne participera à la March Madness mais ses qualités lui permettent d’être choisit quand même par les Bucks, au 7ème tour de la draft 1985, au rang 160.

« C’est ma mère qui m’a appris que j’étais drafté par les Bucks. Je jouais avec mes potes quand c’est arrivé ! Elle est venu me l’annoncer sur le terrain. Elle était si fière de moi. »

Coupé pendant l’été par Milwaukee, le 25 juillet. La NBA qu’il désire tant le boude. Mario va alors rester une année entière à NY, par crève-coeur ou désespoir. Cependant, dans la vie, le hasard n’existe pas dit-on. Entre deux matchs sur les playgrounds , à l’été 86, un de ses amis qui joue au Manhattan Collège lui propose un « scrimmage ». L’équipe manque de joueurs. Mario met alors au supplice, avec 40 points, une formation Irlandaise, Killester. C’est assez incroyable, mais c’est ainsi qu’il signe à Dublin son premier contrat pro, repéré par le coach adverse qu’un n’en revient pas de voir un tel talent à ce niveau ! Il restera en Irlande une saison, sans amertume, en y scorant 35 points par match. Mais le chemin continue. Après un passage amer pour les Miami Tropics en USBL, à l’été 1987, direction l’Argentine pour 8 rencontres.  Lui l’ailier, il joue meneur de jeu à Santa Fe et score 19,5 points par match sous les ordres du coach Porto Ricain Flor Melendez. Comme cela ne fonctionne pas, Elie atterrit au Portugal, à Ovarense. Mario y reste deux saisons et y remporte le titre national. Mais ses pérégrinations ne s’arrêtent pas…

Après un bref passage dans l’Ohio, en WBL, pour les Youngstown Pride, il rejoint la CBA et les Albany Patroons. Nous sommes en 1989. Usé, il dit alors à sa mère :

« Si je n’y arrive pas : j’abandonne ! »

Choisit dans la  All CBA First Team, Mario s’accroche pourtant. Son deuil de la NBA n’est pas encore fait. Son coach en 1990 – 91, un certain George Karl, lui somme de poursuivre sa quête et lui fixe deux axes prioritaires  de travail pour passer un cap : son tir et son maniement de balle. Il joue alors avec Vincent Askew et Terry Stotts qui y est entraineur-joueur après un passage à Sceaux coaché par un certain Laurent Buffard.

HIVER 1991, LE TOURNANT !

Entre deux allers-retours à Albany, Elie va toucher à son rêve, enfin. D’abord, à l’été 1990, il signe un contrat de 10 jours avec les Lakers. En décembre, ensuite, les Sixers qui partent pour un Road Trip à l’Ouest lui tendent la main. Et, c’est avec Philadelphie que Mario réalise ses premiers pas sur les parquets NBA. Ils se résument en une minute de Garbage Time face aux Suns, le 28 décembre 1990. Les Sixers sont alors mené par Charles Barkley, Hersey Hawkins, Rick Mahorn et Ron Anderson. Le 2 janvier, il score ses premiers points face aux Sonics. Mais à Seattle, Mario n’a du temps de jeu que parce que les siens sont menés de 23 points à l’entame du dernier quart temps… Sa ligne de stats ne fait pâlir personne mais au moins, il existe (6  points 2/5 aux tirs dont 1/2 à trois points). Mais c’est le mois suivant que le tournant a lieu. Madame la Chance qui l’a toujours contourné lui fait enfin signe. Le 10 février se déroule le All Star Game, à Charlotte, dont Sir Charles sera élu MVP. La saison, elle, bat son plein, partout. A l’ouest, les Warriors luttent pour atteindre la post-season et Mullin qu’il a connu au Lycée joue alors 40 minutes chaque soir. Le bonhomme est exténué. Le 20, à Minnesota, l’équipe perd sur blessure Sarunas Marciulionis.  Golden State qui doit enchainer 5 rencontres en 9 jours se met alors à la recherche d’un ailier. C’est dans ce contexte que les Warriors proposent un contrat de 10 jours au passionné Mario Elie.

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Source : Getty Images

Dans la foulée, le 23, les Warriors se déplacent chez les Nuggets. C’est un déplacement très éprouvant que celui de Denver. La capitale du Colorado est en effet en altitude et  se trouve loin de tout. C’est alors que, comme par miracle, et comme les planètes, tout s’aligne. Les Nuggets, emmenés par Michael Adams sont d’abord catastrophiques en défense.  Après, 6 minutes de jeu, ensuite, l’ailier Tom Tolbert se blesse. Enfin, Golden State y bat Denver 150 à 145 et Mario score 14 points à 4/5 aux tirs. Le 26, à San Francisco GS reçoit le Magic. Mario score 6 points à 3/3 en 12 minutes dans une défaite 131 à 119. Le lendemain, il joue encore 27 minutes contre le Jazz d’un certain Delaney Rudd, bien connu en France. Le 2 mars, malgré un match plus que moyen face aux Hornets de JR Reid, lui aussi bien connu en France, Mario pèse par son activité défensive et sa rage de vaincre. Le 4, les Warriors reçoivent les Supersonics de Shawn Kemp. Ses stats ? 6 points à 3/3 plus 4 rebonds. En 5 rencontres, Elie est devenu le 6ème homme de l’équipe. Euphorique, il signe un contrat de deux saisons. Au final, il dispute 30 rencontres à 7,7 points de moyenne en 1991. Golden State termine avec un bilan de 44 victoires pour 38 défaites mais chute face aux Lakers au second tour des playoffs. Mario vit son rêve. A l’été 1991, toujours drogué à la balle orange, il joue parfois toute la nuit en 2 contre 2 avec Mullin, Tim Hardaway et Mitch Richmond.

« C’est  à ce moment là que j’ai réellement appris à rentrer mes shoots ! »

La saison 91-92 est du même acabit pour l’Haïtien. En 1992, Mario signe comme agent libre aux Blazers pour 600.000 dollars. C’est 12 fois plus que son premier contrat à Golden State ! A Portland, il choisit le 17 dans un hommage à Chris Mullin et joue les 82 rencontres de la saison régulière. Remplaçant de Jérôme Kersey, Elie et les siens buttent sur San Antonio au premier tour des playoffs. Il est ensuite échangé contre un second tour de draft à Houston.

LE RÊVE ÉVEILLÉ 

A Houston, les Rockets gagnent leurs 15 premières rencontres de la saison.  Ce record qui sera par la suite battu par les Warriors en 2015 datait de 1949 (Washington Capitols) ! Fantastique saison que celle de Houston qui termine avec un bilan de 58 victoires pour 24 défaites. Avant le Christmas Day, et grâce à un shoot au buzzer de Maxwell face aux Spurs, le 22 décembre, les Rockets en sont même à 22 victoires pour 1 défaite. C’est pourtant Seattle qui termine la saison en tête avec 63 victoires. Des Sonics qui seront renversés par les Nuggets de Dikembe Mutombo au premier tour des playoffs. Au premier tour, Houston l’emporte elle 3 à 1 sur l’ancienne équipe de Elie : Portland. Au second tour, ensuite, et pour la première fois de l’histoire Phoenix et Houston s’affrontent. Les Suns gagnent les deux premiers matchs au Summit. Houston touché mais pas coulé remporte quant à lui les 3 rencontres suivantes les 13, 15 et 17 mai avant de l’emporter dans un Game 7 passionnant. Elie donne tout et transcende les siens. En finale de conférence, Houston fond sur le Jazz 4 à 1. Mario, en liesse, va jouer la Finale NBA ! Cette dernière va constituer la revanche entre Hakeem Olajuwon et Pat Ewing de la finale NCAA entre Georgetown et Houston University en 1984. Dans cette équipe unique et composée notamment du Dream, d’Otis Thorpe, Vernon Maxwell, Kenny Smith, Sam Cassell et Robert Horry, Elie vit alors un rêve éveillé. Et non seulement les Rockets deviennent Champion NBA, mais c’est le premier titre de la ville de Houston tout sport confondu. Mario Elie est alors un joueur reconnu . Avec Houston, il fait d’ailleurs parti des shooteurs les plus prolifiques de la Ligue. Ils sont 3, alors, à afficher plus de 50% de réussite aux shoots dans le jeu ainsi que 85% de leurs lancers tout en marquant plus de 10 points : Jeff Hornacek, Kevin Johnson et notre héros… Elie n’est cependant pas un joueur glamour. Il est là juste pour gagner comme dans la Cage. D’ailleurs, et pour beaucoup Elie c’est le Kiss Of Death. Un des 60 moments les plus marquants de l’Histoire des playoffs. Alors revenons rapidement sur une histoire que vous connaissez surement déjà par cœur. Nous sommes en 1995 et les Rockets affrontent les Suns de Charles Barkley, Dan Majerle et Kevin Johnson en demi finales de conférence. Mené 3 à 1, Houston recolle et s’offre un match 7 à Phoenix. Elie place les siens devant à 7 secondes de la fin grâce à un trois points dans le corner. Ce tir reste célèbre dans l’histoire par sa célébration. Mario regarde le banc des Suns, embrasse ses doigts et envoie un baiser mortel à Phoenix. A l’époque voilà ce qu’il déclare à la presse :

« Si vous êtes en bonne position, tirez ! La position, je l’avais en étant dans le coin qui est d’ailleurs un de mes endroits favoris. Dès que le shoot est parti, je savais qu’il était dedans ! »

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Source : Pinterest

Cette année là, de remplaçant, Mario devient titulaire. Pendant les Finales NBA, face au Magic d’Orlando, il tourne à 16 points de moyenne avec une réussite exceptionnelle aux tirs de 64% dont un 8/14 à trois points. Les Rockets réalisent le back-to-back en 1994 et 1995. Lors du transfert qui amena Charles Barkley à Houston durant l’été 1996, notre sanguin a vite pris la tangente. Marre du caractère de Chuck qui foutait une sale ambiance au sein de l’équipe, Mario déménage chez le rival Texan, San Antonio où il remporte également un titre en 1999 avant de prendre sa retraite en 2001.  Plus tôt, en 1998, l’inoubliable 17 est également élu un des 10 plus grands joueurs de l’Histoire des Houston Rockets. Surnommé Junkyard Dog, le catcheur américain célèbre de la WWF qui entrait sur le ring avec une chaine attachée à un collier de chien autour du cou , Elie  a de quoi être fier.

« J’ai beaucoup crié sur le terrain pour obtenir, le meilleur de mes coéquipiers et des fautes auprès des arbitres, déclare t-il à Sport Illustrated c’est pour cela qu’on m’a surnommé Junkyard Dog. Pour les cris ! »

FIXER SES RÊVES…

Sa signature aux Suns, à 36 ans, sera secondaire. La boucle est bouclée. D’autant que sur le plan sentimental, il est le plus heureux des hommes. Il est marié avec Gina Gaston une brillante journaliste qui travaille pour TV13 une chaine du groupe ABC à Houston.

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Source : Facebook

Gina va mettre au monde des triplés. Une fille, Lauren et deux garçons Gaston et Glenn qui jouent au basket comme leur père. Mario Elie, drogué à la balle orange. Entre 2013 et 2015, Elie est sevré de contrat NBA, et passe son temps avec les siens. A Fran Blinebury, de NBA.com, il déclare alors sur ce sujet :

C’est très dur. Je rend à ma femme dingue. A la place de m’occuper des enfants et de leur faire faire leurs leçons, je regarde du basket à la télé à longueur de journée. Je dissèque les matchs, commente les actions… Vous ne pouvez pas savoir comme le basket me manque. Pourtant, ma famille vient avant tout et j’adore aller chercher mes enfants à l’école ou jouer avec eux à la balle mais il me manque quelque chose. Le Basket est mon sang.

Impossible pour Mario de lâcher prise… Il commence alors une carrière d’assistant coach. Il œuvre d’abord aux Spurs, où il a gardé des connexions. A l’époque il écoute Greg Popovich, prend les conseils de PJ Carlesimo, observe les deux Mike : Budenholzer et Brown. Il y a pire comme mentors ! Cependant, il n’y reste qu’une saison. Voulant rester proche des siens qui habitent à Houston, il signe à Dallas, en 2007, et coaché alors par Avery Johnson. On le retrouve ensuite aux côtés de Paul Westphal à Sacramento en 2009. En 2011, il rentre dans sa ville natale, enfin presque, à Brooklyn  plus précisemment pour accompagner Avery Johnson cette fois ci. Il y reste 2 saisons avant de se poser à Orlando. Entre temps, et pour fixer définitivement ses rêves, il ouvre un magasin de chaussure, le Samario’s mais à Houston, pas à NY et avec Sam Cassell. Enfin, il retourne à Springfield pour y devenir Hall Of Fame tout près du lieu où tout a presque commencé, dans le Massachussets à quelques kilomètres de sa New York natale.

LE MEILLEUR DE MARIO ELIE EN IMAGES

 

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About Guillaume Paquereau (71 Articles)
Amoureux de Gozilla depuis mon plus jeune âge, je suis devenu fan des Suns ! De Sir Charles à Dan Majerle en passant par Nash, via Stoudemire pour aller jusqu'à Devin Booker : PHX a le monopole de mon coeur. Je veux du soleil !

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