Playoffs 1995 : Le shoot « Kiss of Death » de Mario Elie face au Suns
NBA Playoffs History
Depuis les playgrounds new yorkais, en passant par les quatre coins du monde et les ligues mineures, Mario Elie a su saisir sa chance pour devenir le sauveur des Rockets et l’assassin des Suns sur un tir ultra décisif.
20 mai 1995, dans l’America West Arena, les Phoenix Suns accueillent les Houston Rockets pour une manche 7 décisive lors des demi-finales de la Conférence Ouest. Après avoir remporté les deux premiers matchs, les joueurs de l’Arizona en laissent passer trois sur les quatre qui suivent. Le scénario ressemble à s’y méprendre à celui de l’année précédente, à la différence que ce sont, cette fois, les Suns qui jouent à domicile pour cette rencontre capitale.
Phoenix démarre la partie sur les chapeaux de roue. Apres un premier quart temps remporté 26 – 13, Charles Barkley et les siens maintiennent une avance confortable de dix points à la pause. Les champions en titre apparaissent en danger. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer le coeur d’un champion, comme le dira plus tard Rudy Tomjanovich. Au bord de l’élimination dans la série en étant mené 3 victoires à une, les Texans ont déjà prouvé qu’il fallait se méfier de cet effectif atypique constitué de deux dream teamers et de role players.
Parmi eux figure un certain Mario Elie. Joueur de devoir baroudeur, le New-yorkais est un véritable globe trotter, ayant déjà parcouru les quatre coins du monde avant de poser ses valises à Houston où il connaitra la reconnaissance d’un coach qui va l’apprécier pour ses qualités de joueur hargneux et décisif. Ce journeyman a joué au Portugal, en Argentine et en Irlande. De retour au pays, il roule sa bosse dans les ligues mineurs (US Basket-ball League et CBA), ce qui lui permet de fouler un pied sur les parquets de la plus grande ligue au monde. Il commence par grappiller quelques minutes avec les Bucks, les Lakers et les 76ers avant que son temps de jeu ne soit un peu plus conséquent chez les Warriors puis les Blazers. Arrivé à Houston en échange d’un second tour de draft l’année préçédente, Elie sait qu’il revient de loin.
« Je pense que j’apprécie ce qui m’arrive. Je viens de très loin et rien ne m’a été facilité… je viens de New York, qui est déjà une ville difficile, d’autant plus dans les quartiers où j’ai grandi. Le seul point positif pourrait être la qualité du basket new-yorkais. Il transpire dans mon jeu, dans mon style. »
Ailier doté d’un shoot fiable, Mario Elie a la réputation d’être une véritable teigne sur un terrain. Des qualités appréciées par n’importe quel entraîneur envers ce joueur de mission qui connaît le sens du sacrifice pour le bienfait de l’équipe.
Avec son physique trapu et sa vitesse, son style de jeu est peu ordinaire mais se révèle comme le parfait complément entre le jeu intérieur de The Dream et le jeu en périmètre de The Glide en cette année 1995. Après la blessure de l’ailier Carl Herrera et la mise à l’écart de l’arrière Vernon Maxwell, Elie voit son temps de jeu grimper en flèche lors des playoffs. Sous les feux de la rampe depuis quelques matchs, ce Game 7 est pour lui l’occasion de se faire enfin un nom et une place.
Malmenés en première mi-temps, les Rockets font une démonstration de leur jeu, infligeant aux Suns de nombreuses estocades pour terminer le troisième quart temps sur un 40 -28. Le quatrième quart temps tourne au règlement de comptes, les équipes se rendant les paniers avec un Kevin Johnson en feu du côté de Phoenix ( 46 points). Alors qu’il ne reste plus que sept secondes à jouer, les équipes sont à égalité : 110 – 110. Robert Horry hérite de la balle, mais se retrouve sans véritables options. De façon quelque peu précipitée, il décide de renverser le ballon à l’opposé sur l’aile gauche. Mario sauve de justesse le ballon et hésite à le passer à Hakeem Olajuwon dans la foulée, puis se ravise afin de prendre de bons appuis derrière la ligne. Il déclenche un tir arc-en-ciel qui semble toucher le plafond de l’arène avant de finir sa course dans le filet.
Le tir crucifie les Suns et leur tueur se prénomme Mario. Ce dernier assume son crime et le signe en embrassant ses doigts pour envoyer un baiser mortel au banc et aux fans adverses. Baptisé « the Kiss of death« , ce tir est un véritable test de confiance pour lui.
« Je me suis rappelé ce que Rudy nous dit toujours : « Si vous êtes en bonne position, tirez! ». Je suis un très bon shooteur à trois points si vous me laisser le temps d’armer. Je l’avais et le coin est un de mes endroits favoris. Dès que le shoot est parti, je savais qu’il était dedans! «
Après avoir survolé les clubs au début de sa carrière, Super Mario Elie s’envole pour de bon avec les Rockets en décrochant, quelques jours plus tard, le second titre de sa carrière.
Montage Une : Julien Mc Laughlin
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