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Alexander Gomelsky, le guide basket du « Soviet Suprême »  

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

En août 2005, un des géants du basket européen décédait après une carrière riche et remplie de trophées. Un monument du basket que d’aucuns considèrent comme un des meilleurs de sa génération. Alexander Gomelsky est également un résumé de la longue et prestigieuse histoire de son pays, l’ancienne Union soviétique, qui a si bien su utiliser le levier du basket pour démontrer sa puissance.

Alexander Gomelsky, le maître à penser du basket soviétique (Crédit photo : eurohoops.net)

YOUGOSLAVIE ET UNION SOVIETIQUE, LA « SAINTE TRINITÉ » DU BASKET DE L’EST  

Il existe une « Sainte Trinité » dans le basket serbe à travers trois entraîneurs d’exception, des précurseurs de leur jeu et des professeurs pour l’ensemble de leur pays. Trois hommes qui, grâce à leurs résultats, mais surtout méthodes, ont permis au basket yougoslave dans un premier temps puis serbe d’être mondialement reconnu. Le premier, Aleksandar « Aca » Nikolić, décédé en 2000 a montré la voie aux deux suivants : Dušan Ivković, décédé en septembre 2021 et Željko Obradović, coach revenu à ses premiers amours au Partizan Belgrade cette saison. Trois hommes, trois destins que peu de pays peuvent se prévaloir de posséder aussi bien dans la science du jeu que des résultats et la formation de joueurs à travers les décennies. Pourtant, pour rester dans la parabole religieuse orthodoxe, il existe une autre entité du basket qui a eu sa « Sainte Trinité ». La Russie actuelle ou l’Union soviétique d’hier a également eu droit à ses entraîneurs de talents et médaillés. Le premier de la liste Stepan Spandaryan est d’origine arménienne, dont le père, Suren est connu comme ayant été un des leaders de la révolution bolchévique et compagnon d’arme de Lénine en personne. Pas de politique pour le fils Spandaryan puisque celui-ci, décédé en 1987, est considéré comme le père fondateur du basket soviétique et a été le premier entraîneur titré. Parmi ses faits d’armes, trois Eurobasket remportés en 1951, 1957 et 1959 mais surtout trois participations aux Jeux Olympiques entre 1952 et 1960. Une question même devenue nationale puisque, en pleine Guerre Froide avec le bloc de l’ouest, il fut l’entraîneur de la première équipe soviétique participant aux JO en 1952. A la clé, trois médailles d’argent et surtout un début de reconnaissance teinté de craintes de la part du monde du basket face à cette armada de joueurs venus des quatre coins de l’Union dont le monde du basket entendra parler bien davantage.

Gomelsky donnant ses consignes à ses joueurs (Crédit photo : cskabasket.com)

Qu’ils soient géorgien tel Otar Korkia (pivot), lettons à l’instar de Maigonis Valdmanis ou du géant (2m20) Jānis Krūmiņš, lituanien avec Stepas Butautas ou russe avec Viktor Zubkov. Le second entraîneur reconnu pour sa science du jeu est Vladimir Kondrashin. Décédé en 1999, celui-ci est une légende dans son pays principalement pour avoir amené la première médaille d’or olympique lors des Jeux de Munich de 1972, lui qui était déjà à la manette de l’Union soviétique lors de l’Eurobasket de 1971 en Allemagne de l’ouest et également lors du Championnat du monde à Porto Rico en 1974. Bilan : un triplé Euro-JO-Championnat du monde avec une génération exceptionnelle de joueurs tels que le futur Lituanien, l’ailier Modestas Paulauskas, de l’ailier fort du CSKA Gennadi Volnov, vainqueur entre 1959 et 1969 de tous les Eurobasket disputés ou encore des deux Belov, aucun lien de parenté, à savoir le pivot Alexander et l’arrière Sergueï. Cependant, derrière le précurseur Spandaryan et le « doré » Kondrashin, il existe un troisième nom, beaucoup plus connu et reconnu parmi les suiveurs du basket européen. Un maître du jeu qui aura appliqué durant près de 40 ans de coaching toutes les facettes du jeu, de l’obtention de résultats et de découvertes de talents. Une des 50 personnalités choisies par l’organisation de l’Euroleague pour représenter son pays. Alexander Gomelsky, le père du basket soviétique a été la figure tutélaire de son pays avant de terminer sa carrière la même année que la chute de l’Union soviétique, en 1991.

ALEXANDER GOMELSKY, DE KRONSTADT A RIGA, UN PARCOURS DE GAGNANT

Né en 1928 à Kronstadt sur l’île de Kotline, près de Saint-Pétersbourg et dont le nom évoque dans l’histoire la révolte des marins de Kronstadt mâtée par l’Armée rouge en 1921, Alexander Gomelsky connaît ses premiers émois de basketteur en tant que meneur. Une carrière de débutant dans un pays sortant tout juste de la Seconde Guerre Mondiale et qui va le mener jusqu’en Lettonie à partir de 1949, dans la capitale Riga. Mais très vite, Gomelsky délaisse le terrain pour aller directement étudier le jeu. A une époque où le basket commence à se développer et va être utilisé par le pouvoir central soviétique comme un puissant levier de propagande à l’extérieur. Alexander Gomelsky se met donc en tête d’aller entraîner et de revenir à Saint Petersbourg en devenant entraîneur de l’équipe féminine du Spartak Leningrad à seulement 21 ans en 1949.

L’ombre d’un géant (Crédit photo : pinterest.ru)

Durant trois saisons, entre 1949 et 1952, l’occasion est idéale pour le jeune homme de pouvoir mettre en pratique une philosophie de jeu et une pensée globale lui permettant d’acquérir, en plus, de l’expérience. Et même une quasi-obligation tant l’Union soviétique encourage ses entraîneurs à penser le jeu et à mettre en place des systèmes permettant de maîtriser toute la panoplie du coaching. Dès lors, le jeune Gomelsky retrouve la Lettonie et le club de Rigas ASK l’année de la mort de Staline en 1953. Sans transition, le début d’une nouvelle ère en Union soviétique dans un championnat habitué à voir gagner les clubs de Moscou ou Tbilissi en Géorgie. Durant 13 ans, entre 1953 donc et 1966, le Rigas ASK domine non seulement le championnat local mais également l’Europe. A la clé pour Riga et Gomelsky ? Trois titres de Champion d’Union soviétique en 1955, 1957 et 1958 mais surtout, un triplé historique, le premier de l’ère moderne dans la mesure ou Riga remporte le trophée européen suprême en 1958, 1959 et 1960. Une compétition totalement dominée par les entités soviétiques et associées puisque Riga remporte les deux premières coupes face à un club… bulgare, l’Academic Sofia et face au Dinamo Tbilissi. Surtout, Alexander Gomelsky réussit la gageure de mettre en avant des joueurs qui vont composer l’ossature de l’équipe nationale avec notamment ses « 4 mousquetaires » : le pivot Jānis Krūmiņš, les meneurs Maigonis Valdmanis et Valdis Muižnieks et Alvils Gulbis dont le petit-fils Ernests est actuellement un joueur professionnel de tennis. Une domination sans partage donc pour Gomelsky et ses joueurs qui rentrent finalement dans le rang dans les années 60. Peut-être aussi parce que leur entraîneur est appelé vers d’autres destinées plus prestigieuses.

60’S, DÉBUT DU RÈGNE DE GOMELSKY, 70’S DÉPART A MOSCOU ET DÉCHIRURE DE 1972

Si Alexander Gomelsky a réussi à conquérir trois Coupes d’Europe des clubs champions à Riga, ses performances ne sont pas passées inaperçues du côté de la capitale Moscou. Si bien que le coach soviétique occupe depuis le début des années 60 le rôle de sélectionneur national, ce qui l’oblige à quitter son poste à Riga pour s’occuper pleinement des campagnes européennes et surtout olympiques. Une période dorée pour Gomelsky puisque sur l’ensemble des années 60, il obtient la bagatelle de 10 médailles avec cinq Eurobasket glanées entre 1961 et 1969, une troisième place lors du Championnat du monde en 1963 à Rio, mais surtout une médaille d’or à Montevideo et deux breloques supplémentaires aux JO de Tokyo avec l’argent en 1964 et une autre de bronze en 1968 à Mexico. Bref, des performances de choix et une garantie assurée de toujours bien figurer pour le basket soviétique lors de ses différentes participations. Un entraîneur reconnu disposant d’un fond infini de joueurs et d’une ossature sur laquelle s’appuyer avec Muižnieks, Krūmiņš, les deux Belov, Gennadi Volnov ou le fantasque meneur d’origine arménienne, quatre fois vainqueurs de l’Eurobasket Armenak Alachachian. Un joueur aussi génial sur le terrain que hors de contrôle pour l’image « lisse et policée » en surface que voulait donner l’Union soviétique de ses représentants et qui aura maille à partir avec les autorités de son pays. Toujours est-il que Gomelsky continue son travail à la tête de la sélection soviétique jusqu’en 1970 avec une dernière médaille de bronze obtenue en Yougoslavie. Ce qui va parachever la carrière internationale de maître Gomelsky au début des années 70.

En effet, à l’aube de participer à ses troisièmes olympiades avec une position d’équipe solide voire de favoris pour le trophée suprême, le soviétique est « obligé» de laisser sa place à Vladimir Kondrashin pour l’Eurobasket allemand de 1971 mais surtout les Jeux Olympiques de Munich, toujours dans le même pays. Si la nature de ce retrait plus ou moins volontaire n’est pas claire, la légende raconte que Gomelsky, de confession juive, aurait été « tenté » de rejoindre le bloc de l’ouest lors de ces compétitions allemandes. Quoiqu’il en soit, le Soviétique ne reste pas sur ce retrait imposé et rejoint le plus grand club soviétique, le grand CSKA Moscou à partir de la saison 1969/1970. Si l’équipe nationale se couvre d’or à l’Eurobasket 1971 et surtout aux JO de 1972, Gomelsky réussit pour sa part à emmener pour première saison le CSKA en finale de l’Euroleague, perdue face aux Italiens de Varese en 1970 avant de remporter le trophée la saison suivante face à… Varese.

Une des nombreuses médailles de Gomelsky (Crédit photo : cskabasket.com)

Une troisième finale sera jouée entre ces deux clubs et verra la victoire des Italiens. Sur le plan national, pas grand-chose à dire si ce n’est que le CSKA domine de la tête, des épaules, des bras et des pieds le championnat soviétique avec pas moins de dix titres remportés sous l’ère Gomelsky de 1970 à 1980. Seule anicroche mais pour le symbole seulement, la victoire du Spartak… Leningrad en 1975 un club dont le coach des équipes féminines dans les années 50 était un certain Gomelsky Alexander. Si l’on fait un bilan de sa carrière, les années 60 lui apportent le bénéfice de médailles en sélection nationale et les années 70, l’accomplissement européen et national avec le CSKA Moscou. Une boulimie de trophées qui, on ne le saura jamais, a pu combler (ou non) le manque de 1972 avec cette première victoire soviétique aux JO sans son maître à penser… ?

COME-BACK EN SÉLECTION ET URSS : 1 – USA : 0

Dès lors, lorsque l’on a tout gagné aussi bien en sélection qu’en club, que peut faire un coach de plus ? Eh bien, tout simplement revenir en sélection nationale pour préparer l’Eurobasket de 1977 en Belgique. Une double casquette à l’instar de notre Vincent Collet national puisque durant trois saisons encore le vieux sage entraîne le CSKA et l’Union soviétique en même temps. Avec succès car, outre les quatre Championnats locaux remportés en club, la sélection soviétique remporte quatre médailles entre 1977 et 1980. Deux d’argents lors de l’Eurobasket de 1977 et lors du Championnat du monde de 1978 aux Philippines, un or européen en 1979 lors de l’Euro italien et une médaille de bronze aux JO de 1980 à… Moscou. Un échec clairement dans la mesure les Soviétiques étaient archi-favoris suite au boycott des États-Unis. Arrivés derrière, en phase de groupe, la Yougoslavie et l’Italie, les Soviétiques remportent le bronze face à l’Espagne derrière les 29 points de Sergueï Belov pour la troisième place. Malgré la présence du « golgoth », le pivot Vladimir Tkachenko (2m21) et des joueurs du CSKA tels que le meneur et futur entraîneur Stanislav Yeremin ou l’ailier Sergei Tarakanov, cette compétition et cette médaille de bronze entache l’image de la sélection. Consolation toutefois pour l’URSS, la médaille d’or des féminines avec Olga Sukharnova qui gardent leur bien obtenu lors des JO de 1976. Dès lors, Gomelsky arrête d’entraîner le CSKA, avant de revenir cinq ans plus tard, en 1985, pour y faire une pige d’une saison, après les Jeux et se concentrer sur les échéances futures. Les années 80 sont donc une nouvelle occasion pour l’URSS de dominer l’Europe du basket d’abord avec l’obtention de l’Eurobasket 1981 en Tchécoslovaquie mais surtout avec la victoire lors du Championnat du monde de 1982 disputé en Colombie. Un premier tour aisément négocié par les Soviétiques avec deux larges victoires face à la Côte d’Ivoire (129-80) et l’Australie (108-69) et une dernière victoire un poil plus compliqué face au Brésil (99-92) du « serial-scoreur » Oscar Schmidt. Avant de tomber avec le pays hôte, la Colombie, le Canada, l’Australie, et, excusez du peu, la Yougoslavie et l’Espagne pour avoir le droit d’aller en finale. Bilan, des victoires contre tout le monde et une défaite contre les États-Unis (99-93) qui ouvre le droit aux Soviétiques de disputer la finale mondiale face à leurs meilleurs ennemis. Une finale serrée, jouée au couteau et sur des petits détails finalement remportée par l’URSS sur le plus petit score : 95-94 grâce aux 29 points de l’ailier fort Anatoly Myshkin du CSKA Moscou bien aidé par Vladimir Tkachenko et qui sont élus dans le meilleur cinq de la compétition avec l’arrière yougoslave Dragan Kićanović, l’ailier espagnol Juan Antonio San Epifanio et un certain Doc Rivers, auteur de 24 points en finale pour les USA. Dix ans après, la cicatrice de 1972 s’efface quelque peu pour Gomelsky qui a également pu intégrer quelques petits « louveteaux » dans son équipe : le meneur lituanien du Žalgiris Kaunas, Valdemaras Chomičius, 23 ans celui de Riga Valdis Valters, 25 ans et un certain Arvydas Sabonis, 18 ans. La suite confirme davantage l’éclosion de jeunes pépites avec une médaille de bronze lors de l’Eurobasket de 1983 en France qui permet à Sabonis de prendre de l’expérience et celle d’argent en 1987 en Grèce avec les arrivées du pivot Alexander Volkov, de l’ailier fort Valeri Tikhonenko, du pivot Viktor Pankrashkin, décédé en 1993 et surtout du meneur lituanien, le gaucher Šarūnas Marčiulionis. L’URSS ayant perdue cette finale face à un génie, le mécanique Nikos Galis, auteur de 40 points en finale, à domicile pour offrir la victoire à son pays, en prolongation, 103-101. Et les Jeux Olympiques de 1984 dans tout ça ? Un prêté pour un rendu avec le boycott soviétique de l’édition américaine de Los Angeles qui va laisser tout le temps à Gomelsky de préparer celle de 1988 à Séoul en Corée du Sud.

Gomelsky le maître et Arvydas Sabonis (à droite), l’élève (Crédit photo : alamy.com)

L’ACCOMPLISSEMENT SUPRÊME EN 1988 ET CHANT DU CYGNE

Dès lors, après presque quatre décennies à entraîner, l’heure du bilan arrive pour Alexander Gomelsky, lui qui tout gagné en clubs et en sélection. Tout, vraiment ? Il lui manque uniquement un titre olympique pour parfaire sa légende et l’occasion est fournie en 1988, à 59 ans, avec une équipe ultra-compétitive. Une armada soviétique à l’heure où l’Union souffre et va se disloquer dans un peu moins de trois ans. Une occasion en or fournie par l’arrivée à maturation de joueurs exceptionnels, d’un contexte favorable avec l’opposition d’une équipe universitaire américaine, certes, mais pas la grande Dream Team de 1992. Mais surtout une variété et douze joueurs d’un niveau haut potentiel exceptionnel venant des quatre coins de l’Union. Les Lituaniens le pivot à la vista de meneur Arvydas Sabonis, l’arrière à tout-faire Rimas Kurtinaitis, le meneur Valdemaras Chomičius et bien sûr l’arrière aux jambes de feu Šarūnas Marčiulionis, l’Estonien Tiit Sokk, meneur de son état, le meneur letton Igors Miglinieks, le pivot, futur Ukrainien Alexander Volkov et les futurs Russes : Sergueï Tarakanov, Valeri Tikhonenko, Viktor Pankrashkin, Alexander Belostenny pivot de 2m16, décédé en 2010 et Valery Goborov qui va décéder un an plus tard, en 1989.

Une équipe soviétique en or (Crédit photo : clutchtime.fr)

Une équipe soviétique également représentante de l’Europe en Corée avec la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie et la Bulgarie dont les trois premiers cité vont se désagréger quelques trois ans plus tard. Toujours est-il qu’au-delà de ces considérations politiques, l’URSS de Gomelsky se trouve dès le début dans le dur avec un groupe aussi dangereux que féroce avec la Yougoslavie de Dražen Petrović, l’Australie d’Andrew Gaze, Porto Rico, la République Centrafricaine et le pays hôte des JO, la Corée du Sud. Outre la défaite face aux Yougoslaves dès la première journée (92-79), les Soviétiques se reprennent et réussissent donc à se qualifier pour les quarts de finale face au Brésil. Une rencontre durant laquelle Gomelsky et ses hommes vont se faire très peur face à un adversaire redoutable et un joueur de la trempe des plus grands (Galis ou Petrović) en la personne de Oscar Schmidt. 46 points ce jour-là et une victoire soviétique 110-105 derrière les 24 points de Kurtinaitis. Le droit dès lors de rêver lors de la demi-finale à venir face aux… États-Unis. Une revanche sur leurs meilleurs ennemis et une volonté de confirmer la victoire acquise en 1982. Vœu exaucé finalement pour Alexander Gomelsky dont l’équipe réussit à l’emporter 82-76 face aux Américains d’un certain David Robinson (un double-double pour « l’Amiral » avec 19 points et 12 rebonds) mais bien seul face aux 28 points de Kurtinaitis de nouveau lui et 13 rebonds de Sabonis. Preuve en est que Gomelsky et l’URSS agonisante ont bien été « aidés » par les « Lituaniens » du groupe. Dès lors, après avoir souffert face aux Brésiliens et aux Américains, l’Union soviétique se trouve face à la dernière marche du Graal de son sélectionneur : la finale face à la Yougoslavie. Un duel dans le duel entre Alexander Gomelsky d’une part et Dušan Ivković de l’autre. Entre également Dražen Petrović et Vlade Divac face à Šarūnas Marčiulionis et Arvydas Sabonis.

Après une première mi-temps accrochée (31-28 pour les Soviétiques), la décision est faite et Gomelsky, Sabonis et ses coéquipiers remportent largement la rencontre 76-63 grâce aux futurs Lituaniens (21 points pour « Marciu » et 15 rebonds pour « Sabas »). Une médaille d’or qui vient chanter le crépuscule du sélectionneur soviétique et de toute une génération de joueurs avec la fin programmée de l’Union soviétique. Pour l’heure, Gomelsky peut savourer pour sa dernière rencontre en tant que sélectionneur et réfléchir posément sur la suite à donner à carrière. Âgé donc de 59 ans en 1988, le natif de Kronstadt décide de franchir le rubicon en allant exporter ses talents hors de la Russie. Une saison, en 1988/1989 en Espagne, à Tenerife, aux Canaries puis une autre au CSP Limoges.

« Il a été avant-gardiste mais il est resté sur ce qui avait fonctionné dans les années 80 », estime de son côté Franck Butter. Stéphane Ostrowski, lui, reconnaît être tombé de haut quand il a découvert les méthodes du Russe : « J’avais beaucoup de considération pour lui. Il n’avait pas le physique d’un entraîneur de basket. Il ressemblait plus à un professeur. Mais la communication était compliquée avec lui. Son anglais était approximatif. » La période limougeaude de Alexander Gomelsky, une déception pour le Russe (Crédit : lepopulaire.fr)

Malheureusement pour le « Général » désormais russe, la mayonnaise ne prend pas vraiment, loin s’en faut et cette double expérience, surtout française, écorne quelque peu sa légende de coach sachant et de professeur du basket.Qu’à cela ne tienne, le monde a changé, l’Union soviétique n’existe plus mais le basket est toujours là dans le cœur du Russe qui va être dès lors reconnu pour ses talents et devient un totem du basket de son pays. Notamment en 2004 par la Russie et en 2008 par l’Euroleague et également par son club du CSKA Moscou dont il devient une sorte de référent. Alexander Gomelsky, quelque soit l’époque ou expérience avortée à l’étranger, reste et demeure finalement une légende du coaching à l’échelle européenne et internationale. Une époque où certes le basket n’était pas aussi reconnu ou médiatisé qu’aujourd’hui mais un homme qui a permis à tout un bloc (de l’est) de savourer le jeu, reconnaître la balle orange. Mais surtout gagner avec les meilleurs joueurs et la meilleure organisation possible. On ne devient pas champion par hasard et ce hasard n’existait pas dans le vocabulaire du Soviétique devenu Russe. Jusqu’à son décès en août 2005, Alexander Gomelsky est demeuré une référence et complète finalement assez bien la « Sainte-Trinité », alternant entre Moscou et Saint-Petersbourg, russe avec le précurseur Spandaryan, le vainqueur de 1972, Kondrashin et la légende Gomelsky. Depuis lors, à part l’intermède de l’Américain David Blatt grâce notamment à sa victoire à l’Eurobasket 2007 en Espagne, peu d’entraîneurs du cru sont sortis du lot. Preuve en est que n’est pas Gomelsky qui veut et que la succession d’un tel maître à jouer est encore largement ouverte en Russie.

 

About Volkan Ozkanal (30 Articles)
Fan de basket européen, d'Anadolu Efes, de Fenerbahçe du KK Partizan Belgrade et du CSKA Moscou, je voue un culte à l'immense Željko Obradović ainsi qu'à Petar Naumoski, grâce à qui j'ai appris à aimer la balle orange. Passionné également d'histoire, j'essaye de transmettre ma passion à travers Basket Retro.

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