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[Portrait] Andrew Gaze, le serial scoreur des Boomers

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket rétro

Comment marquer l’histoire du basket de son pays sans une once de qualités athlétiques ? Pour cela, il faut demander à Andrew Gaze. Icone du basket australien pendant plus de 20 ans, il a porté son club de Melbourne aux sommets du championnat, tout en exportant ses talents sur les autres continents. De l’Europe à l’Amérique et passant par les compétitions majeures internationales, la chevelure argentée du scoreur fou a terrorisé les meilleures défenses de la planète.

NATURAL BORN SCOREUR

Pour beaucoup de basketteurs, la balle orange est une histoire de famille. Chez les Gaze, cette passion se transmet de génération en génération. Le père, Lindsay Gaze, est un précurseur en Australie. Dans un pays où l’ovalie et le cricket trustent les licenciés, le basket apparaît encore comme marginal dans les années 60. En tant que joueur, il se distingue sous le maillot de la sélection nationale pour la première qualification des Boomers aux Jeux Olympiques de 1964. Mais, c’est en tant qu’entraîneur et dirigeant que Lindsay gagne ses lettres de noblesse. En 1971, il est nommé coach en chef de l’équipe d’Australie en plus de sa casquette d’entraîneur des Tigers de Melbourne. Un club qui va vivre pendant deux décennies au rythme des exploits de la famille Gaze. Egalement directeur général de la ligue régionale de l’Etat de Victoria, le nombre de licenciés passe de 2000 à 200.000 sous son égide. Côté coulisses ou côté parquet, Lindsay est la figure du basket à Melbourne… jusqu’à ce que son fils, Andrew Gaze prenne le relais. De par les fonctions de son père, le fiston grandit dans la maison de l’Albert Park Basketball Stadium. Le terrain rêvé pour assouvir toutes ses passions comme le décrit Lindsay :

Andrew avait le meilleur terrain de jeu du monde pour les enfants. Nous vivions dans une maison qui était rattachée à un complexe sportif. Andrew n’avait que quelques pas à faire pour aller jouer au basket, au cricket, au football, au tennis ou faire de la voile sur le lac. D’un point de vue de parents, c’était vraiment génial parce que nous savions toujours où il était. Des Américains étaient recrutés pour enseigner le temps de quelques années. Beaucoup d’entre eux étaient des basketteurs exceptionnels et sont devenus de très bons entraîneurs. Ils venaient inévitablement au centre Albert Park pour jouer ou travailler au plus haut niveau. C’est ainsi qu’Andrew a baigné dans cet environnement. Il entendait des histoires d’universitaires qui avaient joué aux Etats-Unis et cela a stimulé son imagination et son rêve de devenir basketteur.

Andrew-Gaze-Lindsay-Gaze

Lindsay et Andrew Gaze © Aussie Hoopla

Dès l’âge de 12 ans, Andrew squatte le gymnase à l’affût d’un joueur manquant. Pour lui, pas un jour sans basket. Les vendredis, il s’invite ainsi chez les moins de 16 pour faire le dixième homme. Il fera de même dans chaque catégorie jeunes. A 15 ans, il fait déjà partie de l’effectif junior en toute fin de banc. La blessure du titulaire Bruce Palmer lui permet de se lancer dans le grand bain… en tant que meneur. Pas son poste naturel, mais avec ses qualités de playmaking et son adresse naturelle, Andrew s’adapte. L’expérience est un tel succès qu’il devient la coqueluche du club. C’est tout naturellement, qu’un an plus tard, au moment d’envoyer l’équipe nationale junior au Championnat du Monde en Espagne, le nom de Gaze est le premier à sortir. Contre des joueurs de plus de deux ans ses aînés, le petit génie termine meilleur scoreur des « baby » Boomers avec 16.3 points de moyenne sur le tournoi. En 1984, il est également retenu pour les Jeux Olympiques de Los Angeles. Avec son père comme sélectionneur national, les accusations de népotisme commencent à poindre chez les sceptiques. Du haut de ses 19 ans, Andrew supporte la pression et tue dans l’œuf les critiques : 10.2 points à 45,5% aux tirs, 2.0 rebonds et 1.2 passe. On a connu des bizutages plus rudes pour une première sur la scène internationale.

La saison 1984 marque aussi les débuts d’Andrew Gaze dans le monde professionnel. Une arrivée qui coïncide avec l’expansion organisée par la NBL (National Basketball League), le championnat phare australien. Créé en 1979, cette ligue compte 16 équipes réparties entre la Eastern et la Western Division. Cinq ans après sa création, la NBL souhaite intégrer une nouvelle équipe. Champions en 1983 de la South Eastern Basketball League (SEBL), un championnat régional semi-pro, les Tigers de Melbourne héritent du précieux sésame. La transition entre le milieu amateur et le professionnalisme n’est pas une mince affaire. Evoluant encore sous un modèle de club familial, les Tigers conservent leur noyau dur. Certains joueurs auraient pu recevoir beaucoup plus d’argent ailleurs, mais les racines communes souvent cultivées depuis l’enfance sont plus fortes. Symbole de cette camaraderie, Gaze tout juste majeur, prend immédiatement le rôle de leader. De rookie, Andrew n’en a que l’âge. Sa ligne de stats en première année laisse rêveur : 29.1 points à 56,7% aux tirs, 6.7 rebonds et 4.1 passes. Avec le feu vert donné par son père, il dégaine tous azimuts et dépasse à deux reprises la barre des 40 points. Pas assez pour qualifier Melbourne en playoffs mais largement de quoi se voir attribuer le titre de Rookie de l’Année. Sa première récompense individuelle d’une armoire à trophées qui va vite devenir trop petite.

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Andrew Gaze en 1987 © Aussie Hoopla

Cette promenade à 29 points de moyenne n’est qu’un échauffement pour Andrew. Lors des saisons suivantes, il envoie 30.4 points puis 36.9 points. Deux exercices où l’arrière a les pleins pouvoirs en attaque, mais deux années où Melbourne ne franchit pas les 6 victoires, synonyme d’avant dernière place du championnat. La mue des Tigers vers le professionnalisme est compliquée et génère des soucis de trésorerie. Sans argent, pas de joueurs de calibre assez fort pour encadrer Andrew. Qu’importe ! En 1987, Kangourou Kid met toute l’équipe dans sa poche pour produire des statistiques Chamberlainesques : 44.1 points à 52,6% aux tirs, 8.2 rebonds, 5.8 assists et 2.5 interceptions. Le pic de sa carrière au scoring que n’aurait pas rogné le Grand Wilt. Un record toujours d’actualité en NBL. Dès l’entame de la saison, Andrew mitraille les Cannons de Canberra avec 54 pions. La semaine suivante, il vide son barillet contre les Bullets de Brisbane avec la même addition. Le summum est atteint face aux Newcastle Falcons avec 60 unités. Au final, Gaze dépasse six fois les 50 points pour un bilan de cinq défaites. C’est bien là que le bât blesse, malgré ses performances XXL, les Tigers ont le bonnet d’âne de la Ligue avec seulement trois victoires. Il est temps pour Andrew de prendre un peu l’air.

LE PREMIER ONE-AND-DONE EN NCAA

Sa bouffée d’oxygène, Andrew la prend avec les Boomers. La sélection australienne prépare les Jeux Olympiques de Séoul, l’occasion pour lui de s’étalonner face aux meilleurs talents FIBA. Grâce aux contacts internationaux de Lindsay Gaze, l’équipe est invitée pour une mini-tournée aux Etats-Unis contre des universitaires de la Big East Conference. Face au gratin NCAA, Andrew s’adonne à un bombardement en règle : 4 matches à plus de 40 points en 8 jours ! Ces cartons tapent dans l’œil d’un coach : PJ Carlesimo. L’entraîneur de Seton Hall avait supervisé les Boomers quelques jours auparavant contre St John’s et avait préparé un traitement particulier pour Gaze. Celui-ci ne se gêne pas pour planter 46 pions contre les Pirates. En fin de match, Carlesimo et son assistant lui demande ses plans pour la saison à venir. Le Aussie répond sans sourciller : les J.O. et la NBL. A Séoul justement, Andrew envoie du gaz avec 23.9 points sur le tournoi. Les Boomers déjouent les pronostics avec une surprenante quatrième place après avoir éliminé les Espagnols en quart de finale. Les 28 points avec 5 tirs primés d’Andrew ont eu raison de la Roja. Et il faut toute l’application de la Yougoslavie de Petrovic, Divac et consorts pour stopper l’Australie.

A peine les J.O. terminés, l’Université de Seton Hall reprend sa cour de plus belle. Dans une conférence très relevée, les Pirates ont bien du mal à lutter contre leurs principaux rivaux. Entre 1982 et 1988, sept des neuf équipes de la Big East Conference ont atteint le Sweet Sixteen. Ce n’est pas le cas de Seton Hall qui est devenu la risée de ses concurrents au milieu des 80’s. L’arrivée du coach PJ Carlesimo change petit à petit la réputation de la fac. Après une saison encourageante en 1988 (22 victoires pour 13 défaites), l’entraîneur voit en Gaze, un facteur X pouvant booster les résultats. Son adjoint, John Carroll se lance dans une drague téléphonique, l’obligeant à se lever en pleine nuit en raison du décalage horaire. Andrew se laisse séduire. Il avouera plus tard que le calendrier de la NBL repoussé en avril était la véritable raison de son choix. Pour occuper ses longs mois sans compétition, l’Australien pose ses valises en NCAA. Catalogué comme junior – malgré une expérience internationale longue comme le bras – son premier défi est de s’intégrer dans un groupe qui pour la première fois de sa carrière n’est pas coaché par son père. Le directeur sportif de la fac, Larry Keating, se souvient qu’Andrew jouait contre nature au début :

Quand il est arrivé, pendant les 10 premiers jours, il n’a littéralement pris aucun shoot pendant l’entraînement. Il était tellement soucieux de s’intégrer parmi les quatre seniors dont c’était l’équipe. Finalement, après environ une semaine, PJ l’a pris à part et lui a dit : Andrew, qu’est-ce que tu fous ? Tu es le meilleur shooteur de l’équipe et peut-être même le meilleur du pays. Tu dois prendre des tirs. Dès que les autres gars ont réalisé, ils lui ont dit : Ouais, on a besoin de toi.

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Andrew Gaze au centre © AP Photo

Ainsi recadré, Gaze est immédiatement productif. Bien sûr, le rythme de jeu plus lent et la défense plus pressante de la NCAA ne lui permettent plus des envolées au scoring. Mais, il s’affirme comme le second marqueur avec 13.6 points, en sulfatant à 50,9% aux tirs et 42,5% longue distance. Annoncé dans les bas-fonds de la Big East par les médias, les Pirates déjouent les pronostics avec un run de 12 victoires consécutives pour entamer la saison. De Kentucky à Georgetown en passant par Kansas, champion en titre, rien ne résiste à Seton Hall qui se hisse dans le Top 10 national. Les hommes de Carlesimo s’emparent de la seconde place de leur Division pour la première fois de l’Histoire. Dans le même temps, Andrew devient une icône aux USA avec des reportages l’associant tantôt à Crocodile Dundee tantôt au groupe de rock australien Men at Work.

A l’abordage du tournoi NCAA, les Pirates se défont facilement de Missouri State et Evansville lors des premiers tours. Tête de série n°2, Indiana est écarté lors du Sweet Sixteen grâce à une défense qui n’encaisse que trois paniers sur les 15 dernières minutes. Le sort est identique pour UNLV en quart de finale. L’Aussie enquille 19 points et cadenasse la star des Runnin’ Rebels, Stacey Augmon, à 8 points (4/12 aux tirs). Invité surprise du Final Four, Seton Hall ne fait plus rire personne. Ce n’est pas Duke et son leader Christian Laettner qui diront le contraire. En tête 26 à 8 au début de cette demi-finale, le collectif des Blue Devils se liquéfie subitement. Tout le contraire d’un Gaze à l’état solide qui score 16 de ses 20 points en seconde mi-temps pour une victoire 95 à 78. La finale NCAA contre Michigan est l’une des plus décriées de l’Histoire. Dans un mano a mano hitchcockien, les Pirates mènent d’un point à trois secondes du terme de la prolongation. Sur un ultime drive désespéré, Rumeal Robinson récupère très généreusement deux lancers. Malgré ses 64% de réussite sur la ligne durant l’année, le meneur ne tremble pas et offre le titre aux Wolverines. Même si la déception est présente, les Pirates sont accueillis avec une parade dans le New Jersey. Andrew, lui, est déjà dans l’avion. Il clôture son aventure universitaire par une défaite amère et un scandale révélé peu de temps après par le New York Times. Selon le quotidien, un fonds fiduciaire de 25.000 dollars aurait été crédité par son club en Australie pour subvenir aux besoins de Gaze. Une affaire violant le règlement NCAA qui n’a pourtant jamais abouti. L’Histoire retient qu’à peine arrivé à Melbourne, Andrew signe un contrat de 50.000 dollars avec les Tigers.

UN TIGRE DANS LE MOTEUR

Andrew-Gaze-Udine

En NBL, Andrew reprend son rythme de croisière autour des 35 points de moyenne. Mais pour cette saison 1989, il reçoit l’aide d’un intérieur prometteur, David Simmons, le paternel de Ben, futur First Pick en NBA. Pour ses débuts, le big man tourne à 26.3 points, 9.9 rebonds et 1.4 block. Avec ce one-two punch, les Tigers atteignent pour la première fois les playoffs. Juste le temps d’un round contre les Sydney Kings et une défaite rageante de deux points lors du match d’appui. Un scénario qui se répète les années suivantes contre Perth et Adélaïde. Pour oublier cette loose collective qui lui colle à la peau, Gaze s’exile pendant la trêve à Udine en deuxième division italienne. Premier australien à poser le pied dans un championnat pro du Vieux Continent, il ne peut empêcher son club de descendre à l’échelon inférieur avec une dernière place au classement. Irréprochable statistiquement – 30.9 points et 5.0 rebonds – la poisse le poursuit même à l’étranger. A 27 ans, en plein prime, Andrew n’a toujours pas la moindre breloque collective.

La saison 1992 est le tournant de sa carrière. Un changement qui porte le nom d’un ancien NBAer, Lanard Copeland. Passé par les Sixers et les Clippers, l’ailier s’est fait couper du roster californien brutalement après une blessure au genou. Dans ces cas-là, l’expatriation est la solution pour gagner sa croûte. Remis sur patte, Copeland débarque chez les Tigers et forme d’emblée un duo de choc avec Andrew Gaze. Du showtime à la sauce kangourou basé sur des alley-oops télépathiques entre les deux stars. 33.8 points pour Gaze, 28.1 pour Copeland, cette fois les Tigers montrent les dents et éliminent successivement leurs anciens bourreaux en playoffs, Perth et Adélaïde. La première finale d’Andrew est un derby contre le Magic de Southeast Melbourne. Après avoir remporté la première manche, les Tigers sont à la peine face à la meilleure défense du championnat. Ils laissent échapper les deux rencontres suivantes avec un Gaze en mode lacrymogène dans le match décisif : 18 points à 5/18 aux tirs. Andrew a beau raflé le trophée de MVP de la compétition, ce qu’il veut, c’est le titre NBL. Durant la trêve, il se pose avec son père pour réfléchir à ce qu’il manque à l’équipe pour décrocher le Graal. D’un commun accord, ils penchent pour un big man défensif. Ainsi déboule le mastoc intérieur Mark Bradtke, international australien et futur Sixer de Philadelphie.

Avec des ajouts malins au fil des saisons, Melbourne a désormais l’équipe la plus talentueuse jamais réunie en Australie. La pression médiatique est énorme sur leurs épaules. Peut-être un peu trop car les Tigers enchaînent cinq défaites dès l’entame de l’exercice. Des hauts et des bas qui rythment toute la saison pour déboucher sur une décevante troisième place et un bilan négatif à l’extérieur. Dans ce cas-là, les playoffs servent de révélateur. Et cette fois, Melbourne se montre à la hauteur en éliminant sèchement Illawarra puis le Magic sans l’avantage du terrain. Intouchables en régulière, les Wildcats de Perth les attendent en finale. Les 41 points et 9 passes de Gaze sur le Game 1 calment les ardeurs des visiteurs (117-113). De retour dans leur salle, les Wildcats se remettent dans le sens de la marche (112-105) et arrachent une belle explosive. Un match décisif entré droit dans l’Histoire NBL avec un finish haletant. Menant de 13 points à quelques minutes du buzzer, les Tigers abandonnent des lancers francs cruciaux pendant que Perth aligne les tirs primés pour revenir à une possession. Le destin bascule sur une ultime banderille à 3 points d’Andrew Vlahov qui fait gamelle. Derrière Gaze prend le rebond et scelle le sort du match sur la ligne de réparation (104-102). Sa joie est un soulagement après de nombreuses saisons de vache maigre. En pleurs au coup de sifflet final, Andrew étreint longuement son père. Ce premier titre récompense cette longue persévérance et fidélité familiale.

Andrew-Gaze-Tigers1997

Les Tigers en 1997 © TheDailyTelegraph

La même ossature est conservée jusqu’à la fin des nineties. Seul Dave Simmons est invité à quitter le bateau en 1996, remplacé par son quasi homonyme, Marcus Timmons. Durant cette décennie, les Tigers se qualifient à chaque fois pour les playoffs. Battu en finale par le Magic en 1996, Melbourne a droit à une revanche l’année suivante dans ce derby devenu un classic australien. D’un côté, une attaque débridée menée par le duo de gentlemen Gaze-Copeland, de l’autre les Bad Boys de South East Melbourne, réputé pour leur dureté défensive sous leur maillot noir. Une rivalité locale qui passionne tous les fans du pays pendant 10 ans. Après le premier titre, Andrew fait évoluer son jeu. Moins scoreur – seulement 30.9 points de moyenne en 1997 – l’Aussie se mue en véritable playmaker avec plus de 8 assists par match, la plupart pour son comparse Lanard. Une connexion à son paroxysme lors de la finale qui permet aux Tigers de remporter leur second titre. Comme un symbole, Gaze est élu MVP de la saison régulière et Copeland, MVP des Finals avec 27.8 points au compteur. Une consécration qui marque l’âge d’or de cette épopée. Le style flashy des Tigers popularise le basket à travers tout le pays. Des précurseurs qui font naître une nouvelle génération de Boomers. Le plus bel hommage à Andrew, c’est son pote Copeland qui lui rend :

Quand je pense à lui, je vois ce mec un peu maigrichon avec les cheveux gris. Je n’ai jamais su réellement quel âge il avait. Mais, je vois surtout un gars qui peut shooter comme personne et jouer les yeux dans les yeux contre n’importe qui. Si je devais partir à la guerre, je prendrais Andrew sans hésiter. Tu sais à chaque match ce qu’il va t’apporter. J’ai vu ce mec subir des blessures et des sales coups, mais vouloir rester sur le parquet. Notre entente est vraiment spéciale. En arrivant des USA, le alley-oop était quelque chose de banal. Mais, pour les fans des Tigers ça ne l’était pas. Ce move est rapidement devenu notre signature.

UNE FIN DE CARRIERE EN APOTHEOSE

Andrew-Gaze-Spurs

une guez à la sauce tex © Getty Images

Enfin auréolé collectivement, Andrew continue ses périples à travers le globe. Non drafté après son année universitaire à Seton Hall, il ose le pari de la NBA en 1994 chez les Washington Bullets. Une incartade limitée à 7 petits matches dans une équipe dernière de sa division. Bilan des courses : six défaites pour une victoire. Il ne se laisse pas abattre et retente sa chance en 1999 chez les Spurs. En quête de shoot et d’expérience sur son banc, Gregg Popovich, jamais frileux à l’idée de piocher dans le vivier international, lui fait une place dans le roster. La saison ayant été décalée pour cause de lock-out, Andrew débarque dans le Texas en février pour le début des hostilités. Avec un effectif pléthorique, Gaze ne joue que dans le garbage time et sert de sparring partner aux stars Tim Duncan, David Robinson et Sean Elliott. A 33 ans, la légende vivante du basket australien n’est un role player lambda en NBA. Ses statistiques à San Antonio tiennent plus de l’anecdote : 21 points en 19 matches et 58 minutes passées en tout et pour tout sur le parquet. Qu’importe, Andrew est aux premières loges pour la campagne de playoffs. Et cette fois, plus question de poisse ! L’Aussie est l’un des porte-bonheurs du premier titre de l’Histoire des Spurs. Bague au doigt, Gaze clôture ainsi ses aventures internationales avec le prestigieux trophée Larry O’Brien. Andrew en garde un souvenir ému :

Nous avons été adulés par toute la population de San Antonio car c’est la franchise sportive la plus reconnue dans la région. Tout le monde était là pour la parade. Il y a une grande rivière qui coule à San Antonio et les joueurs étaient dans des barges. Nous avons traversé toute la ville et fait un voyage parmi un public estimée à 450.000 personnes. Les gens étaient juste venus pour nous applaudir et nous avons pu sentir l’importance de notre victoire. Mais, ce qui m’a le plus frappé, c’est lorsque que j’ai parlé individuellement aux gens. Les fans de San Antonio n’étaient pas plus satisfaits de remporter le titre NBA que les fans des Melbourne Tigers en remportant le titre de 1997.

Une déclaration qui prouve l’attachement d’Andrew au championnat NBL. Plutôt que de prendre une retraite méritée après cette bague NBA, il fait du rab’, toujours chez lui à Melbourne, bien entendu. Une fidélité sans faille qu’il honore jusqu’en 2005. Les résultats sont moins flamboyants avec une équipe vieillissante – une seule demi-finale en 2002 – même si Andrew tourne encore à 20.5 points à 40 ans passés. Pour ne rien arranger, le club cumule une dette de plus de 2 millions au début des années 2000. Les Tigers sont alors rachetés par un consortium dirigé par l’homme d’affaires Seamus McPeake qui en fait une propriété privée. De retour à l’équilibre financier en 2003, la famille Gaze entre également dans la nouvelle direction du club. Unis dans la vie comme sur le parquet, le père et le fils, prennent symboliquement leur retraite ensemble en 2005. La fin d’une aventure sportive professionnelle qui a marqué à tout jamais l’Histoire de la NBL. Lindsay Gaze, c’est plus de 35 saisons passées sur le banc des Tigers, quant à Andrew les chiffres donnent le vertige : 18.908 points inscrits en 22 saisons et des moyennes de 30.9 points, 5.1 rebonds et 5.8 passes sur 612 matches !

Définitivement le pionnier du basket australien qui a eu son heure de gloire à l’échelle internationale lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Intronisé porte-drapeau de sa sélection, il a l’immense honneur de représenter l’ensemble des sportifs de son pays pour la cérémonie d’ouverture. La fin d’une carrière internationale jalonnée de records. Avec son incroyable longévité, il est le troisième basketteur de l’Histoire – en compagnie d’Oscar Schmidt et Teofilo Cruz – à participer à cinq Olympiades. Même s’il n’a jamais remporté de médaille avec sa sélection, il termine à trois reprises au pied du podium olympique. En compagnie de l’arrière Shane Heal et du pivot Luc Longley, il contribue à rendre compétitive l’équipe nationale. Car les Boomers, c’est bien sûr l’autre grande histoire d’amour d’Andrew. En 280 matches avec l’équipe australienne, il pointe à la seconde place des meilleurs scoreurs aux J.O. et au troisième rang au niveau des championnats du monde. Une légende incontestée dont le rêve n’était pas d’aller jouer en NBA, mais bien de faire briller son pays sur l’échiquier de la balle orange :

Plus jeune, le rêve le plus important dont je me souvienne c’est de marquer un game winner pour que l’Australie gagne une médaille aux Jeux Olympiques. Je pense que ce rêve m’est venu parce que j’ai vu mon père travailler pour cela en tant que joueur et entraîneur. Toutes ces discussions avec mon père sur des histoires olympiques m’ont fait réaliser ce que participer aux J.O. signifie. Vous découvrez le privilège de représenter votre pays. Et quand en plus vous savez que les Jeux Olympiques vont se tenir dans votre pays d’origine, vous avez non seulement l’honneur de représenter votre pays, mais aussi le devoir de montrer son niveau au reste du monde. J’étais fier d’être le porte-drapeau de la sélection australienne devant 120.000 fans du stade olympique et ça je le dois à mon père.

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Andrew Gaze aux J.O. de Sydney © Getty Images

STATISTIQUES ET PALMARES

  • Stats NBL : 30.9 points à 51,8% aux tirs, 5.1 rebonds et 5.8 passes
  • Stats NCAA : 13.6 points, 50,9% aux tirs, 4.5 rebonds et 2.9 passes
  • Stats Olympiques : 19.7 points, 52,8% aux tirs, 3.2 rebonds et 2.2 passes
  • Champion NBL en 1993 et 1997
  • Champion NBA en 1999
  • NBL Rookie of the Year 1984
  • 7 fois NBL MVP 1991, 1992, 1994, 1995, 1996, 1997 et 1998
  • 15 fois All-NBL First Team de 1986 à 2000
  • 11 fois NBL All Star dont deux titres de MVP en 1989 et 1992
  • 14 fois meilleur scoreur de NBL
  • Meilleur passeur de NBL en 1989
  • Leader alltime de NBL aux points, passes, tirs à 3pts et lancers francs inscrits
  • FIBA’s 50 Greatest Players (1991)
  • Australian Basketball Hall of Fame (2004)
  • Sport Australia Hall of Fame (2005)

SA CARRIERE EN IMAGES

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About mosdehuh (31 Articles)
Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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