[Portrait] Petar Naumoski, le feu sacré d’Istanbul
Portrait
La Turquie du début des années 90 est une époque lointaine mais toujours présente dans les esprits des amoureux du basket turc. Une période qui marquera à tout jamais une génération de passionnés de la balle orange à travers l’équipe phare du pays, Efes Pilsen. Grâce surtout à l’arrivée d’un homme, Petar Naumoski. Un numéro : le 7, une vista et un sens de la passe qui marquera tout un pays. Un meneur de jeu atypique qui aura réussi la performance de faire aimer le basket à tout un peuple.
NÉ EN EX-YOUGOSLAVIE ET DOUBLE CHAMPION D’EUROPE PRÉCOCE
L’histoire de Petar Naumoski est le reflet même des rivages du temps. Une tranche d’histoire aussi dorée sur le plan sportif que sombre dans sa finalité. Une époque durant laquelle l’on pouvait naître dans un pays et un bloc qui seraient amené, par les soubresauts de l’histoire, à disparaître un jour. Pour renaître ensuite dans un nouvel environnement et aller exporter son talent vers d’autres cieux. Celui de Naumoski ne diffère finalement pas des autres pépites qui écumèrent ce que l’on nomme aujourd’hui l’ex-Yougoslavie. Né en 1968 dans la localité de Prilep, dans le centre de ce qu’on l’appelait alors, la « République fédérative socialiste de Yougoslavie », le meneur de jeu aura vécu les évènements de sa future-ex patrie à travers l’histoire de son basket.
De ce fait, sa formation au basket sera sans nulle autre pareille au sein d’une des équipes de basket les plus réputées de l’histoire de son sport. Durant deux saisons au sein du « Jugoplastika », nom d’une entreprise locale d’accessoires, basé à Split et qui sera championne d’Europe trois saisons d’affilées sous deux noms différents entre 1989 et 1991. Naumoski côtoiera, d’abord à Jugoplastika donc puis à POP 84, la crème des crèmes et des figures en devenir, reconnus aujourd’hui encore pour leur parcours en Europe voire en NBA.
Songeons donc aux futurs Croates Velimir Perasović qui sera dans un futur lointain coach d’Efes, en Turquie. Toni Kukoč, Dino Radja, Žan Tabak qui brilleront aux Etats-Unis et en Europe, sans compter le prénom le plus atypique et poétique du basket européen : Aramis Naglić. Futur Serbe tel que Zoran Savić futur joueur d’Efes et coéquipier de Naumoski en Turquie ou encore Monténégrin tel que Duško Ivanović, futur coach en Espagne notamment. Cornaqué par le non moins prestigieux Božidar Maljković, futur coach du CSP Limoges, champion d’Europe en 1993. Une vraie pléiade de stars et qui aura la capacité de faire vivre toutes les communautés composant la Yougoslavie d’alors sans discrimination et par amour de la balle orange. Une armada invincible qui marchera sur tous ses adversaires durant trois saisons.

Naumoski (troisième en partant du bas, à droite) et ses coéquipiers du Jugoplastika (Crédit photo : Ayaktakiler Oturanlar)
Pour Naumoski, cependant, ce sera davantage un terrain d’entraînement idéal pour un jeune joueur qui aura énormément appris auprès de toutes ces vedettes et égos mais qui mirent leur passion du jeu au service de leur équipe. Ce qui n’est pas mal pour un premier galop d’essai pour un joueur qui sera venu tardivement au basket. En effet, lors d’une interview que donnera Petar des années plus tard aux médias turcs, ce dernier affirmera que Naumoski père voulait absolument que son fils joue au basket du fait de sa taille (1.94 m.) afin de concilier études et sport. Alors que le fiston voulait initialement être footballeur, comme quoi parfois le destin s’en mêle. Le début surtout, pour le numéro 10 d’alors, d’une moisson de trophées remportés durant deux saisons aussi bien sur le plan national : deux Coupes de Yougoslavie et deux Championnats agrémentés donc de deux titres européens face à Barcelone (1990/1991).
Hélas, l’histoire, en définitive, s’en mêlera et comme pour tout le sport yougoslave, football et basket-ball, la dislocation du bloc yougoslave mettra fin aux ambitions locales de domination par le sport et ce que l’on désignera plus tard comme le « soft power ». Mais tout ce ne sera pas perdu sur le terrain pour bon nombre de joueurs.
Une fin qui permettra notamment à Kukoč, Radja et consorts d’intégrer la nouvelle Croatie auprès du « Mozart » du basketball, le regretté Dražen Petrović. Pour Naumoski, la fin de l’aventure à Split lui permettra de rentrer dans son nouveau pays qui sera la Macédoine, encastré entre le futur Kosovo et la Serbie au nord, la Bulgarie à l’est, l’Albanie, à l’ouest et la Grèce au sud. Ce qui donnera, plus tard, avec le dernier pays cité, un conflit qui ne sera résolu qu’en 2019 et un changement de nom de Macédoine en Macédoine du Nord. Plus prosaïquement, au sein du KK Rabotnički donc, le temps de se faire la main à la mène régulièrement, Naumoski ira ensuite montrer l’étendu de son talent sous d’autres cieux.
1992, LE NOUVEAU MONDE ET LA FILIÈRE MACÉDONIENNE D’ISTANBUL
Istanbul, si la ville millénaire est une passerelle depuis des siècles entre l’Occident et l’Asie et fait partie des villes les plus singulières du monde, dans les années 90, la donne était différente. Dès lors, les sportifs recrutés étaient souvent réticents à venir s’installer là-bas et Petar Naumoski ne faisait pas exception à la règle. Comme il le racontera, lui-même, dans ses souvenirs plus tard, venir à Istanbul n’était pas dans la priorité de ses objectifs. En effet, sur la route du titre de 1991, son club du POP 84 avait croisé sur son chemin les « Jaunes et Rouges » de Galatasaray. A la clé, une large et facile victoire des Yougoslaves en 16èmes de finales mais un souvenir mitigé pour Naumoski.
Logés à Aksaray (partie européenne au sud de la ville) avec son équipe, son hôtel et le quartier ne laisseront pas un souvenir exceptionnel pour le futur Macédonien. Heureusement, dans la vie, il existe parfois des signes qui ne trompent pas et permettent de mieux rebondir. Après deux saisons au « Jugo » et à « Pop 84 » durant lesquelles, le jeune Petar aura davantage été utilisé comme remplaçant que titulaire indiscutable et celle de remise à niveau au sein du Rabotnički, le destin remettra Istanbul sur son chemin grâce à l’entremise d’un homme.
1992, le Partizan Belgrade gagnera sous l’égide de Željko Obradović, devenu coach et grâce à un panier à trois points miraculeux du meneur génial Aleksandar Đorđević, le titre Européen à… Istanbul. 1992 sera également à marquer d’une pierre blanche pour Petar Naumoski et la Turquie, une grande page qui s’écrira avec des victoires et des titres. Transféré pour une bouchée de pain au sein de l’équipe qui se nommait alors Efes Pilsen, Naumoski saura gré à Oktay Mahmudi de l’avoir mis sur son chemin. Ce dernier, né à Skopje, sera en effet introduit adjoint, la même année, du coach Aydın Örs. Un mentor idéal pour intégrer un nouveau joueur étranger dans son nouvel environnement. Mais le talent et la volonté de vaincre de Petar Naumoski surpasseront tout et n’auront aucun mal à dominer son sujet en prenant la mesure de sa nouvelle équipe.
AYDIN ÖRS, LE MAÎTRE ET SES ÉLÈVES DE LA DÉFENSE
Dans le sport, comme dans la vie, le management est important pour mettre en place une équipe. Pour qu’une équipe fonctionne correctement et arrive à maturité, il faut un leader qui puisse guider les siens. Soit en version charismatique et avec son physique à la Željko Obradović qui arrive à tirer le maximum des siens par sa présence.
Ou, plus discrètement, par le travail, la bienveillance mais également une présence de tous les instants qui réussira à force de travail et de répétitions de séquences à former une ossature complète. C’est toute la capacité d’Aydın Örs d’avoir pu, dès le début de sa carrière, se hisser vers les sommets en formant des jeunes joueurs et en leur donnant leur chance lorsqu’il sera promu entraîneur en chef. Présent au club d’Efes Pilsen, une équipe sponsorisée par une marque de mousseux et fondé en 1976, depuis le début des années 80, Örs qui signifie enclume en turc aura façonné à son image le club d’Efes.

Petar Naumoski, jeune (Crédit photo : Hayatım Basketbol)
Ayant récupéré l’équipe première lors de la saison 1991/1992 à la suite du coach Halil Üner après une dizaine d’années au sein des équipes de jeunes, le coach aura tout le loisir d’intégrer une jeunesse triomphante. Ce qui marquera, à partir de 1992, le début d’une domination sans partage sur le championnat turc. Une équipe dont l’ossature sera composée de quatre joueurs qui se connaîtront par cœur durant plusieurs saisons. Le numéro 8 sera Volkan Aydın, un shooteur longue distance et qui étirera bon nombre de défenses grâce à la précision de son tir. Le numéro 13 sera Tamer Oyguç, le capitaine dont la taille (2m12) et le jeu dos au panier sera destructeur pour les adversaires grâce à ses écrans. Le numéro 15 sera Ufuk Sarıca, une des plus belles références du basket turc et qui est désormais autant titré sur qu’en dehors du terrain par son explosivité. Enfin, le numéro 7 ne sera personne d’autre que Petar Naumoski et son sens adroit de la passe, ses tirs à trois points, sa capacité à relever le collectif. Sans compter sa maîtrise parfaite du turc, bien utile pour son poste et la communication avec ses coéquipiers à une époque où le nombre d’étrangers était limité à deux par club.

Aydın Örs et Petar Naumoski, le maître et son élève (Crédit photo : Milliyet)
Mené d’une main de maître par coach Örs, dès la saison 1992/1993, Naumoski et sa bande remporteront le Championnat turc, la Supercoupe de Turquie et tombera en finale de la Coupe Saporta à Turin en 1993 face aux Grecs de l’Aris Salonique (50-48). Une terrible défaite encore plus frustrante qu’elle occasionnera une bagarre générale entre les supporteurs grecs et l’équipe… d’Efes Pilsen. Une équipe construite à travers une matrice essentielle du coach Örs et que tout joueur se devait de respecter à la règle : la défense. Une défense étouffante que tous les adversaires européens connaissaient et souffraient d’affronter lorsque l’on parlait d’Efes Pilsen. Du physique intense à la limite de l’asphyxie et une capacité à faire déjouer l’adversaire. Les bases seront donc jetées pour permettre d’Aydın Örs, Naumoski et consorts de régner sans partage durant les deux premières saisons de présence de ce bon vieux Petar au sein d’Efes (1992-1994).
MOISSON DE TITRES, PRÉMICES D’UNE GÉNÉRATION TURQUE, ANNÉE EN OR : 1996
Si Petar Naumoski quittera Efes Pilsen lors de la saison 1994/1995 pour l’Italie et Benetton Treviso, cet arrêt aura été paradoxale pour les deux parties. Une sorte de destin croisée et qui permettra au Macédonien de revenir, plus tard, encore plus fort. Concernant le numéro 7 donc, cette saison de « transition » hors d’Istanbul aura été l’occasion de glaner une Coupe d’Italie et une Coupe Saporta face aux Espagnols de Taugrés. En éliminant au passage Antibes et David Rivers et Stéphane Ostrowski avec notamment 44 points de Naumoski lors du match retour.
Pour Efes, la donne sera différente et la saison mal engagée. Délestés de Naumoski, la mène et son numéro seront confiés à l’Américain Chris Corchiani. Pour un résultat mitigé aussi bien sur le plan européen qu’en championnat avec une triste élimination en demi-finale de play-offs. Mais, dans la vie, les histoires d’amour finissent toujours par revenir au premier plan et la saison 1995/1996 ne fera pas exception à la règle. Après son expérience dans un des meilleurs championnats, à l’époque, que constituait la Lega Basket, avec ses mastodontes (Buckler Bologne, Stefanel Milano, Team System Bologna ou Cagiva Varese), Naumoski rentrera au bercail.
Dès lors, Efes Pilsen saura créer une armada autour du Macédonien, complétée par l’Américain, le regretté Conrad McRae, les jeunes Hüseyin Besok, qui fera les beaux jours du Mans. Ainsi que le fantasque Mirsad Türkcan qui sera le premier joueur turc drafté en NBA en 2000. Et, pour compléter la rotation, le divin chauve turc, Murat Evliyaoğlu, aussi adroit à trois points que Naumoski. Une équipe d’Efes qui n’aura à son actif que deux revers en championnat (face à Galatasaray et Fenerbahçe). Mais surtout, une équipe qui montera en puissance à travers l’obtention de son Graal, la Coupe Korać.
Au mitan des années 90, cette Coupe d’Europe était considérée comme la troisième dans la hiérarchie des compétitions européennes. Cependant, à la vue des équipes engagées, lors de la saison 95/96, il était fortement permis d’en douter. Que l’on songe à l’Alba Berlin, l’ASVEL mais surtout aux équipes italiennes de Varese, Pesaro ou Bologne, il n’y avait que des cadors et des stars à tous les niveaux. Des matchs allers-retours au couteau, dans des ambiances bouillantes, avec des coachs tels que l’italien Sergio Scariolo ou le monténégrin Bogdan Tanjević. La crème de la crème.

Naumoski, avec son coéquipier Sarıca en arrière-plan, aura maîtrisé son sujet jusqu’au bout en 1996 (Crédit photo : Eurohoops)
Côté joueurs, c’était pas mal non plus : Aleksandar Đorđević, Carlton Myers, Gregor Fučka, Rolando Blackman, Dejan Bodiroga ou encore Arijan Komazec et Walter Magnifico. Des joueurs aux CV plus ronflants les uns que les autres et qui dénotaient fortement par rapport aux standards de la compétition. Ce sont précisément ces équipes qu’Efes Pilsen affrontera avec un Petar Naumoski en mission commandée. Une motivation supplémentaire pour notre homme puisqu’il aura pour ambition de rafler justement la troisième Coupe européenne après ceux obtenus avec Jugoplastika-POP84 et Benetton Treviso. Pour un beau triplé sur son propre CV, compétiteur dans l’âme qu’il était sur le terrain. Après des batailles de hauts vols face à Fenerbahçe en quart de finale, Team System Bologna en demi, le Stefanel Milano se dressera en finale.
Après une victoire obtenue (76-68) à Istanbul dans l’ex-arène du sport turc, aujourd’hui démoli, Abdi İpekçi (du nom d’un journaliste assassiné par Mehmet Ali Agça, auteur également de l’attentat manqué contre le Pape Jean-Paul II en 1981, à Rome), une défaite de moins de 8 points et c’était la victoire assurée pour les Turc. Match retour programmé le mercredi 13 mars 1996 à Milan dans ce qui restera dans les annales du sport turc. Dans une ambiance de folie, les Turcs résisteront à la pression des Milanais emmenés par Fučka, Bodiroga, Blackman et Gentile et ne se seront défaits que d’un point (77-70).
Une défaite suffisante pour s’adjuger le titre et rafler la Coupe. Le premier de tout un pays dans un sport collectif puisque Efes Pilsen restera dans l’histoire du sport turc comme la première équipe à être titrée sur le continent européen. Championnat turc, Coupe Korać, Coupe de Turquie et Super Coupe de Turquie, l’année 1996 aura été bénie pour Efes Pilsen. Petar Naumoski aura donc réussi à obtenir un titre face à des adversaires de qualités et des meneurs renommés tels que Bodiroga ou Đorđević, ce qui montrera l’étendue de son talent une nouvelle fois. En réussissant également à aider de jeunes pousses tels Beşok ou Türkcan à émerger et qui constitueront, plus tard, avec les Ömer Onan ou Hidayet Türkoğlu, l’ossature de la sélection turque, vice-championne d’Europe en 2001. Un beau gage de succès et de réussite pour le club turc aussi et qui durera jusqu’à la saison 1998-1999.
L’ITALIE, l’AUTRE TERRE DE NAUMOSKI
Si Petar Naumoski a une aura considérable au pays d’Atatürk, il en va de même dans le monde du basket, en Italie. En effet, le Macédonien aura également fait les beaux jours, outre du Benetton Treviso de Sienne et de l’Olimpia Milano (ex-Stefanel) notamment. Et il réussira, là encore, à glaner au sein du Montepaschi Siena, un deuxième Coupe Saporta dans sa besace, déjà bien remplie. Un beau retour aux sources doublé d’un bel hommage, indirectement, à Efes Pilsen, même sur la Botte. En effet, l’entraîneur de Siena à ce période n’était autre que le Turc Ergin Ataman. Ce dernier, était l’adjoint d’Aydın Örs en 1996 et est désormais le coach de l’Anadolu Efes (nouveau nom du club depuis 2011).
Dans les rangs de Siena, il fallait aussi compter sur le joueur de complément. Le Turc Alpay Öztaş, présent lui aussi en… 1996 et sacré avec Naumoski avec… Siena en 2002. Un amour pour l’Italie si grand que Naumoski prendra plus tard la nationalité italienne et écumera d’autres équipes italiennes avant de finir à Skojpe sa bien belle carrière. Macédoine, Turquie, Italie, un triptyque continu entre trois pays dans lesquels, le numéro 7 laissera des souvenirs impérissables à tout le monde. Preuve s’il en est qu’avant d’être un joueur de basket, il fut aussi et surtout, un personnage sur qui ses entraîneurs et coéquipiers pouvaient compter en toute circonstance.
AVEC L’EFES, DU DÉSAMOUR AU RESPECT ÉTERNEL PAR LE NUMÉRO 7
Les histoires d’amour finissent parfois dans l’amertume et l’incompréhension. Plus encore quand la relation aura été à ce point fusionnelle. Pour Efes Pilsen et Petar Naumoski, le point de rupture apparaîtra en 1999. Avec la perte du titre en 1998 face à l’éphémère club d’Ülkerspor dont Naumoski portera le maillot brièvement en 2004. Mais surtout la saison suivante, avec la défaite obtenue en finale face au Tofaş Bursa d’un certain David Rivers. Une fin d’histoire comme il en arrive si souvent entre un joueur et un club qui ne peuvent plus aller plus haut ensemble.
Il restera finalement la douzaine de titres obtenus avec Efes Pilsen, des matchs européens épiques, une domination sans partage du championnat et une envie renouvelée de jouer encore et encore. Mais lorsque la boucle était bouclée, Naumoski savait également prendre son envol et rester, en termes courtois, avec son ancienne équipe. Quoiqu’il en soit, son souvenir sera présent et tenace à une époque où le basket commençait à changer radicalement de dimension. Le Macédonien fut un joueur à l’ancienne, un meneur qui pouvait utiliser les trente secondes pour amorcer une attaque avec sa signature bien connue : s’essuyer les yeux avec le col de son maillot. Un gimmick qui deviendra même par la suite un code entre ses coéquipiers.

L’équipe d’Anadolu/Efes Pilsen et ses dirigeants, au grand complet (Crédit : amk.sozcu.com.tr)
La plus grande (et seule !!) fêlure du passage de Naumoski à Istanbul aura été l’absence de participation au Final 4, si souvent approchée mais jamais obtenue. Les rencontres contre l’ASVEL en 1997 étant là pour rappeler à quel point Efes Pilsen aura toujours été proche du but mais finira éliminer à chaque fois en quart. Face à Jim Bilba et ses hommes, Efes sera battu, après une victoire à domicile et une défaite à Villeurbanne, à Istanbul lors du match d’appui. Le Macédonien dira d’ailleurs à ce sujet que ce fut une des rares rencontres où il pleura trois jours durant tellement il avait été triste et frustré. Jusqu’à son départ en 1999 et une cassure entre le club et lui qui durera une vingtaine d’années. Lancée régulièrement par le public, une demande de retrait de maillot restera lettre morte au sein du club durant ces vingt ans. Dans un pays où il est rarement question de retirer ou de porter attention à une demande de ce genre, le geste du désormais Anadolu Efes en 2017 aura créé un élan de sympathie. Sur le joueur et l’homme qu’il fut puisque sa maîtrise de la langue turque, son accessibilité et sa gentillesse naturelle sont régulièrement loués.

Retrait du maillot de Naumoski et son numéro fétiche (Crédit : Eurohoops.net)
Mais plus encore sur la symbolique du retrait sur le dôme de la mythique salle Abdi İpekçi, en présence d’Aydın Örs, lui aussi honoré, de ses anciens coéquipiers de toute l’équipe dirigeante un soir de victoire d’Efes sur l’Olimpia… Milano. Une bien belle initiative pour le numéro 7 qui ne sera plus porté par aucun joueur et qui démontre, une fois encore, que Petar Naumoski a une cote élevée sur les rives du Bosphore. Un respect également montré par sa naturalisation, ce qui lui fait trois passeports outre le macédonien et l’italien, turque et son nom local : Namık Polat. La rédemption des deux parties et la fin d’une « cassure » ou d’une incompréhension longue de près de vingt ans.
NAUMOSKI, UNE RECONVERSION AVISÉE DANS LE BASKET
Retiré des parquets il y a bientôt dix ans, Petar Naumoski ne sera pas resté inactif et hors du basket, loin s’en faut. Président de la Fédération de Basket de son pays, la Macédoine, depuis 2015, l’homme est désormais un gestionnaire et une personnalité du basket, écoutée et respectée. Son équipe nationale, engagée au sein des compétitions européennes tentant de se qualifier, c’est peut-être désormais là qu’il faudra chercher la motivation du dirigeant. Tenter de réussir, en tant que président, là où, en tant que joueur, il n’a pas été suffisamment autour de lui soutenu pour hisser son pays vers les cimes du sommet. Une voie à suivre pour ses compatriotes basketteurs et un pont toujours vivace entre Naumoski et la Turquie.
Un de ses lointains successeurs, au sein de l’Anadolu Efes ne sera d’autre qu’un certain Cedi Osman, aujourd’hui aux Cleveland Cavaliers et ancien coéquipier de LeBron James. Né lui aussi en Macédoine, à Ohrid en 1995, à une époque où Naumoski remportait titre sur titre, Osman aura été le digne représentant de la filière macédonienne et du lien qui les unit à Efes Istanbul. Un club, une ville, un amour durable entre une équipe qui aura été la bonne pioche dans la carrière, pour l’un et dont l’apport de l’autre aura été déterminant dans le développement, pour l’autre.

L’équipe d’Anadolu/Efes Pilsen et ses dirigeants, au grand complet (Crédit : amk.sozcu.com.tr)
En 2017, lorsque l’annonce avait été faite du retrait du numéro 7 de Petar Naumoski et des préparatifs, à Istanbul, une enquête avait été lancée par des médias pour connaître le ressenti de la jeune génération à son propos. Une des réponses qui revenaient le plus souvent fut celle-ci « Naumoski bize basketbolu sevdiren adamdır », ce qui signifie littéralement qu’il a tellement œuvré pour le basket local que toute une génération, en Turquie, a été bercée par ses exploits. Un bien bel hommage pour un joueur hors du commun et une personnalité attachante et toujours bien disposée pour son sport et ses partenaires. La preuve que l’on peut partir de son pays, réussir à s’intégrer dans un autre et que le basket ouvre, pour cela, bien des portes. Pour devenir une vraie légende, en Turquie. Définitivement.
Votre commentaire