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Le PUC, le temps des étudiants

France

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Acteur majeur du basket hexagonal jusque dans les années 1960, le Paris Université Club porta haut les valeurs du sport chères au Baron Coubertin en remportant deux titres de champion de France et quatre Coupes de France. Parler du Paris Université Club (ou PUC pour les intimes), c’est aussi parler d’une période révolue, des prémices du basket de haut niveau, le basket d’avant le professionnalisme.

Jamais un club n’aura autant symbolisé la préhistoire de l’élite du basket-ball tricolore. Incontournable du championnat de France depuis les années 1930, le PUC disparut à l’orée des années 1970, emporté par la mutation du basket vers un professionnalisme inéluctable. Quand d’autres opéraient cette mutation, le Paris Université Club restait fidèle à son identité estudiantine et ses valeurs du sport héritées de celles du Baron Coubertin, quitte à disparaître du paysage de l’élite.

Le Paris Université Club naît en effet dans cette lignée, un beau jour de mai 1906 au Café Voltaire, place de l’Odéon. Il rassemble alors plus d’une cinquantaine de jeunes gens, issus de deux associations sportives étudiantes et scolaires qui décident alors de fusionner. On choisit pour couleurs « le blanc avec col et parements violets ». Le premier rendez-vous du PUC a lieu le dimanche 13 mai 1906 dans le parc de la princesse-Mathilde à Saint-Gratien autour d’épreuves d’athlétisme (100 mètres, saut en hauteur et différentes disciplines de lancer notamment). C’est un étudiant en médecine qui est désigné comme premier président. Il s’agit de l’escrimeur Eugène Olivier, futur médaillé d’or à l’épée aux Jeux Olympiques de Londres de 1908.
D’abord itinérant, le club se voit octroyé en 1920 sous l’impulsion du vice-président socialiste du conseil municipal, Paul Fleurot, un terrain dans l’Est parisien entre la Porte de Charenton et la Porte Dorée afin d’ériger un parc des sports. Celui-ci accueillera les premiers jeux mondiaux universitaires (connus aujourd’hui sous le nom d’Universiades) en 1923. La section basket est créée quelques années plus tard en 1925, un an après la reconnaissance d’utilité publique du PUC.

CHAMPION DE FRANCE 1947 : LE DUEL BUSNEL / FREZOT

Jacques Flouret sous les couleurs du PUC.

Si les « pucistes », emmenés par Jacques Flouret (membre de l’équipe de France aux jeux de Berlin en 1936), s’installent parmi l’élite du basket dès le début des années 1930, ils laissent cependant la domination du basket parisien aux cheminots du SCPO (Sporting Club de Préparation Olympique) ou à l’US Métro, le club des transports parisiens. Le basket parisien étant sur de bons rails, ce n’est qu’après guerre que la donne change. Installé depuis 1937 dans le 13e arrondissement à proximité de la Cité universitaire, à l’emplacement de ce qui deviendra le Stade Charléty, le PUC échoue deux années de suite en demi-finale de championnat, d’abord en 1945 contre l’Avia Club d’Issy puis en 1946 contre l’Eveil sportif Sainte-Marie de la Guillotière de Lyon d’un certain Robert Busnel. Le rendez-vous est donné. L’année suivante, le Paris Université Club prend sa revanche en remportant son premier titre de champion de France.

L’édition 1946-1947 du championnat de France marque un tournant dans l’histoire tumultueuse des formules du championnat de France. En effet, la fédération décide de revenir sur la formule qui prévalait depuis le début des années 1930. Jusqu’à présent, le championnat de France tenait plus du simple tournoi que d’un championnat au long cours disputé sur plusieurs mois. Il s’agissait d’un championnat par matchs à élimination directe. Le vainqueur était donc celui qui avait disposé de ses adversaires sans le moindre faux pas. A l’été 1946, il fut donc décidé de revenir à un championnat par poules qualificatives pour des phases finales.

Dans un premier temps, 32 équipes furent réparties en 8 poules de 4 constituant ce qu’on appelait alors la « première série ». Les deux premiers de chaque poule se voyaient à nouveau répartis en 4 poules de 4 dans la « deuxième série ». Enfin, les premiers de ces dernières poules se qualifiaient pour les demi-finales.
Ainsi, on retrouva dans le dernier carré, l’Eveil sportif Sainte-Marie de la Guillotière de Lyon de Robert Busnel, le Stade français, Championnet Sports et bien entendu le PUC. Dans la première demi-finale, les hommes de Busnel vinrent facilement à bout du Stade Français sur le score de 58 à 32. Le PUC, quant à lui, batailla un peu plus pour sortir Championnet (36-29).

La finale de 1947 est une bataille de stratèges, déjà augurée lors de la demi-finale de 1946. Deux méthodes s’affrontent en effet. Dans le coin gauche, le lyonnais Robert Busnel, tenant du titre, dont la stratégie repose sur un cinq majeur fort et un basket instinctif. Dans le coin droit, Emile Frézot, professeur d’éducation physique et adepte du tableau noir, s’appuie sur un effectif plus homogène sans qu’un cinq majeur ne se détache sensiblement et une conception plus « pensée » de la balle orange. .

Si la tactique de Busnel avait plutôt porté ses fruits jusque là, la finale de 1947 lui en montra ses limites. La blessure à l’arcade sourcilière d’André Buffière en début de deuxième mi-temps handicapa fortement les chances lyonnaises. A cela s’ajouta la mise sur la touche par le corps arbitral de Jean Duperray (meilleur marqueur lyonnais avec 11 points) sans que l’on sut vraiment pourquoi. Il est vrai que les hommes en gris se distinguèrent lors de cette rencontre mais pas de la meilleure des manières, Robert Busnel dénonçant après le match un arbitrage calamiteux face au jeu rugueux des pucistes. Ceci étant dit, le PUC l’emporta 30 à 28 au stade Roland-Garros lors d’une rencontre haletante et disputée, bien aidée par les 10 points de René Rival. Les deux capitaines Busnel et Frézot terminèrent tous deux à 4 points. Les deux hommes, adversaires du jour, allaient se retrouver, comme l’année précédente, en équipe de France pour disputer l’Euro quelques semaines plus tard.

L’équipe du PUC, championne de France 1947.

LES ANNÉES 1950 : ROGER ANTOINE ET LA COUPE DE FRANCE

L’aventure du PUC se poursuit au plus haut niveau dans les années 1950. En 1953, le Paris Université Club est le plus gros pourvoyeur de joueurs de l’histoire de l’équipe de France devant le Stade Français et le Racing Club de France. Les universitaires parisiens deviennent ainsi des incontournables du championnat de France. Le titre leur échappe pourtant à plusieurs reprises comme en 1951 en finale face au Racing Club de France ou encore deux années de suite en 1957 et 1958 respectivement face à l’ASVEL, et Charleville-Mézières. A chaque fois, le scénario se répète. Le PUC domine pourtant sa poule mais ne parvient pas à transformer l’essai.
Le succès n’abandonne cependant pas totalement le club de la capitale. Les années 1950 rime en effet avec Coupe de France pour le Paris Université Club.

Ainsi, les pucistes retrouvent l’ASVEL en finale de la deuxième édition de la Coupe de France en 1954. Les villeurbannais sont les petits jeunots du championnat mais déjà très prometteurs. Fondé en 1948 sur les cendres de l’Eveil lyonnais, Villeurbanne s’est déjà adjugé trois titres de champions de France (1949 et 1950 et 1952) et vient de perdre en finale du championnat contre le Racing. L’année précédente, ils ont remporté la première Coupe de France de l’histoire. Il faut dire que l’ASVEL affiche des noms ronflants dans son effectif. En effet, les rhodaniens peuvent compter sur André Buffière revenu dans la capitale des Gaules en 1948 après une escapade d’un an à l’Union athlétique de Marseille ainsi que sur plusieurs internationaux comme Henry Rey ou encore Gérard Sturla.
Cette finale de coupe 1954 au Vél d’hiv est donc une rencontre au sommet. Sur le terrain, on retrouve en effet un certains nombre de membres de l’équipe de France qui échoueront au pied du podium des jeux de 1956 à Melbourne.
Les deux équipes affichent dès le coup d’envoi leurs divergences. Quand l’ASVEL présente une défense homme à homme, le PUC présente une défense de zone finalement assez rapidement contrée par l’attaque villeurbannaise. A la mi-temps, les deux équipes sont au coude-à-coude, 24 à 23 pour les parisiens. Sans doute émoussés par leur fin de saison, les villeurbannais perdent du terrain et s’inclinent 54 à 49 malgré les 13 points de Buffière. Le PUC a pu compter sur son leader d’attaque, Roger Antoine (18 points et meilleur marqueur de la rencontre) ainsi que sur les 14 points de Robert « Bob » Zagury (futur boyfriend de Brigitte Bardot !) pour s’offrir sa première Coupe de France. Les pucistes fêtent l’événement en coupant la barbe de leur coach Emile Frézot, toujours aux manettes du club estudiantin !

Deux grandes figures du PUC : Michel Rat (balle en main) face à Roger Antoine, alors au CO Billancourt.

Roger Antoine est sans conteste l’homme fort de l’effectif du Paris Université Club de ces années-là. D’abord athlète spécialiste de la course de haies et du saut en hauteur au Stade français, il découvre le basket-ball en 1951 avec le PUC. Ses qualités lui ouvrent rapidement les portes de l’équipe de France puisqu’il honore sa première sélection dès le 1er décembre 1951 face à la Belgique à Gand. Il est du voyage avec les bleus aux jeux de Melbourne puis à ceux de Rome en 1960. Il participe aussi aux Mondiaux de 1954 au Chili et totalise 66 sélections entre 1951 et 1960.

L’année suivante, Antoine et ses coéquipiers retrouvent leur meilleurs ennemis en finale de la coupe après avoir une nouvelle fois échoué en poule finale pour le titre de champion ravit par l’ASVEL. La finale se tient cette fois à Roanne et voit les étudiants conserver leur titre (46-43).

LE DOUBLE DE 1963 OU LE CHANT DU CYGNE

PUC – RCM Toulouse lors de la finale de Coupe de France 1962.

Après ce doublé, il faut attendre 1962 pour voir les universitaires renouer avec la victoire en Coupe de France. Le début des années 1960 sourit au PUC qui demeure une référence du championnat de France, souvent présents dans le dernier carré ou dans la poule finale au gré des changement de formule de la fédération. La saison 1961-1962 ne déroge pas à la règle. C’est à Rennes et face au RCM Toulouse que le PUC va tenter de décrocher sa troisième coupe nationale. La génération du guadeloupéen Jacques Owen et de l’états-unien Martin Feinberg a laissé place à celle des Michel Rat et André Souvré (papa de Yannick), le tout toujours emmenée par l’emblématique Roger Antoine.
La finale débute cependant mal pour les parisiens dominés par le RCM qui passe en tête à la pause (40-34) après avoir mené de douze points (plus gros écart du match), 32 à 26.
Il fallut toute la détermination de Roger Antoine pour remobiliser ses troupes. Le capitaine ramenait ses camarades à 47 partout neuf minutes après le début de la seconde période. Les toulousains bien qu’inspirés ne purent rivaliser et laissèrent le PUC filer vers la victoire (65-57) et une troisième coupe de France.
Quelques jours plus tard, le RCM Toulouse s’inclinait en demi-finale du championnat face à l’Alsace de Bagnolet, quand les pucistes venaient à bout de l’ASVEL pour finalement eux aussi tomber face à Bagnolet en finale.

1973 : Jubilé de Henry Fields. A sa gauche, Max Dorigo et Roger Antoine, à sa droite Jean-Paul Beugnot.

L’année suivante, le Paris Université Club réalisa ce qu’il n’était pas parvenu à accomplir un an auparavant à savoir le doublé coupe-championnat. Cependant, ce final en apothéose pour le club du Boulevard Kellermann résonnait comme un chant du cygne. Le PUC prit sa revanche sur l’Alsace des frères Dorigo en remportant la finale du championnat de France (66-57), quelques semaines plus tard bis repetita contre le même adversaire en finale de la Coupe (75-64). A cette époque, le PUC compte dans ses rangs l’un des premiers américains du championnat en la personne d’Henry Fields qui fera les beaux jours d’Antibes par la suite. Arrivé en France pour son service militaire qu’il effectue à Orléans, le natif de New York rejoint vite la capitale et les rangs du PUC. Le club universitaire enregistre ainsi l’arrivée au début des années 1960 de son deuxième américain après Martin Feinberg (membre de l’équipe victorieuse en 1955). Fields porte le PUC lors de la saison 1962-1963 en étant le meilleur marqueur de l’équipe avec 15,9 points de moyenne.

Le PUC lors de la finale 1963.

Le titre de 1963 permet à la formation parisienne d’aller se frotter aux grosses écuries européennes pour la première fois de son histoire. Pourtant emmené par des joueurs talentueux comme l’international Michel Rat, le PUC ne peut rivaliser sur la scène européenne et se fait découper par l’OKK Belgrade de Radivoj Korać (105-63) qui marque ce jour là 52 points. La balle orange évolue laissant derrière elle le Paris Université Club qui paraît, malgré ses succès récents, de plus en plus anachronique. Le sport de haut niveau a amorcé sa mutation vers le professionnalisme et permet de moins en moins de concilier compétition et études. Les clubs ont entamé une course à l’armement que le recrutement d’étudiants ici ou là qui permit au PUC d’accomplir ses plus beaux succès ne suffit plus à concurrencer.

C’est pourtant dans ce contexte de fin de cycle qu’arrive au PUC son dernier homme fort. Il s’agit du jeune Jacques « Jacky » Renaud.

JACKY RENAUD, LE DERNIER DES MOHICANS

Le club se maintient tant bien que mal dans l’élite des années 1960 pendant que l’ASVEL devient peu à peu le meilleur club de France, dépassant le Foyer Alsacien de Mulhouse en nombre de titres de champions. La première alerte pour les pucistes intervient en 1968. Le club est pour la première fois relégué mais parvient à faire l’ascenseur et retrouver la première division dès la saison suivante. En 1970, c’est la bérézina. Le PUC est de nouveau relégué en terminant bon dernier sans aucune victoire malgré les 19,2 points de moyenne de Jacques Renaud. Le club parisien fait ainsi l’ascenseur jusqu’à la retraite de Renaud en 1973 où il est de nouveau relégué. Jacky devient coach de l’équipe et doit se battre avec les moyens du bord. En 1975, le club en proie à des difficultés financières laisse partir Renaud au Stade français. C’est la fin du PUC qui disparaît alors du haut niveau du basket hexagonal.

Club formateur et grand pourvoyeur d’internationaux pour l’équipe de France, le Paris Université Club aura fait partie des places-fortes du basket français faisant preuve d’une formidable longévité au plus haut niveau durant quatre décennies. Le développement d’un basket de professionnels aura cependant raison de ce club dont le recrutement reposait quasi exclusivement sur le vivier d’universitaires amateurs.

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About Julien Hector (49 Articles)
aime les vieux grimoires surtout quand ils parlent de basket et de l'ALM Evreux Basket !

5 Comments on Le PUC, le temps des étudiants

  1. Merci pour ce superbe article mais une évocation des filles ( 7 fois championnes de France…excusez du peu ) aurait été un plus ! Et puis après la descente en département en 1976 , le Puc n’a pas complétement disparu du basket hexagonal puisque une bande de fous ( dont j’ai eu l’honneur de faire partie ) lui ont permis de réintégrer la nationale 3 jusqu’en 2000 !

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  2. Bonjour
    tout à fait d’accord avec le rédacteur du dernier commentaire
    il me semble le connaitre et il est digne de foi
    c’est en effet léger de la part du rédacteur de cet article (somme toute , très bien docummenté) passer sous silence les féminines du puc basket
    je n’oserai évoquer un quelconque sexime
    je vous renvoi cher monsieur à la rédaction d’un article sur les années florissantes des féminines qui ont également marqué le basket français et ont également suivi une même tragique trajectoire
    mais le puc basket est là, présent, vivant et vivace.
    il n’est plus là haut, il est un peu plus bas…..
    amitiés violettes à tous

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  3. Bonjour,

    Il est toujours très désagréable d’être l’objet de procès d’intention. Vous n’osiez pas parler de sexisme et je déplore que vous ayez sauté le pas car il vous suffisait de cliquer sur la liste de mes précédents articles pour découvrir les portraits que j’ai consacré à Lucienne Velu ou Ouliana Semenova pour ne citer que ces deux figures du basket féminin. La section féminine du PUC mérite à mon sens un article à part entière qui viendra sans aucun doute dans le futur sur Basket Rétro. Notre site est d’ailleurs l’un des médias de la balle orange à traiter aussi bien le basket féminin.

    Amitiés violettes à vous également

    Julien Hector

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  4. Merci de votre réponse !! Le quiproquo vient sans doute du titre de l’article qui semble évoquer l’histoire du PUC Basket en général et les filles avec, je le rappelle , leurs 7 titres de championnes et leurs nombreuses internationales y ont beaucoup contribué ! Mais nous attendons avec impatience le prochain article les évoquant ! En tous cas encore merci pour ce travail de mémoire !

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  5. A propos de doublé , une dernière petite info pour la route…Le Puc réalisa en 1963 un doublé masculin / féminin pour le titre de champion de France…Seul le Grand Villeurbanne ( de Tony Parker ) a pu l’égaler récemment ! Au Puc un jour , au PUC toujours…Sourires !

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