Will Solomon, un Requin en Méditerranée
Portrait
Dans la catégorie « meneur-arrière », il a été une traction d’enfer pour ses équipes. Un joueur protéiforme, passé par la NBA, mais qui connaîtra une belle carrière entre la Grèce, Israël, la Turquie et même la France. Will Solomon, le roi de la balle orange et injouable pour ses adversaires.
EN NBA MEME PROMO QUE « TP », GLOIRE GRECQUE ET COUPE D’EUROPE
Will Solomon a été, au début des années 2000, une référence européenne à son poste. Un type de joueur capable de venir sublimer, la plupart du temps, durant une saison, une équipe avant d’aller chercher un meilleur contrat ailleurs suite à des performances de choix. A l’instar également des nombreux joueurs estampillés High School ou College, Will Solomon, né en 1978 à Hartford, a mené de front une carrière universitaire et le basket, sa passion en passant par le East Hartford High School situé dans le Connecticut, au nord-est des Etats-Unis. Pour la petite histoire, ladite école d’Hartford a également vu passer dans ses rangs l’actrice Diane Venora. Les puristes se souviennent certainement de son rôle le plus marquant dans la peau du Major soviétique Valentina Koslova dans le film Le Chacal (1997) avec Bruce Willis, Richard Gere et l’immense Sidney Poitier dans les rôles-clés. Sans transition cependant, Will Solomon commence à taquiner davantage la gonfle au sein des Clemson Tigers, équipe universitaire située en Caroline du sud. Citons Horace Grant parmi les Alumni célèbres de cette équipe, le quadruple champion NBA avec les Bulls de Jordan (de 1991 à 1993) puis avec les Lakers du duo Kobe-Shaq avec toujours comme coach Phil Jackson. Citons aussi un autre champion estampillé NBA, Elden Campbell, pivot des Pistons vainqueurs du titre suprême en 2004 ainsi que l’arrière vainqueur de l’Euroleague en 2015 avec le Real Madrid, K.C. Rivers (passé également par la Chorale de Roanne) et le Monégasque Jaron Blossomgame plus récemment.
Ceci étant dit, durant trois saisons, entre 1998 et 2001, au sein de l’équipe locale à la couleur orange, un début de notoriété se crée pour le meneur américain. Tant et si bien qu’il figure encore dans les All-Star locaux par ses performances dans son cursus à Clemson avec notamment une quinzième place aux points (1431 au total à 400 points de Campbell, le leader). Dans une équipe habituée à jouer le bas de tableau au vu la de concurrence (Georgia Tech, North Carolina, Duke), les défaites se succèdent mais cela permet à Solomon de jouer, d’emmagasiner de l’expérience et surtout de se faire voir des recruteurs NBA. Dès lors, malgré les défaites de son équipe, Will Solomon tire son épingle du jeu et se présente à la draft de 2001 avec quelques joueurs qui commencent à se faire un petit nom dans le concert des nations du basket. Une sélection 2001 qui mettra en première place un pivot de 19 ans, Kwame Brown, sélectionné par les Wizards et dont la cuvée est maximisée par les arrivées de l’Espagnol Pau Gasol (3ème position et sélectionné par les Hawks), Zach Randolph (19ème, Portland) ou le Turc Mehmet Okur (38ème, Detroit Pistons). Au milieu d’eux, à 19 ans, un certain Tony Parker (28ème place) qui atterrit aux Spurs de San Antonio. Juste derrière Parker, Will Solomon (33ème) est expédié dans la ville d’un autre « King », Elvis Presley, dans le Tennessee au sein de l’équipe des Vancouver Grizzlies qui changera de nom à partir de la saison 2002/2003 en prenant sa dénomination actuelle, Memphis Grizzlies.
A 23 ans, après une solide expérience universitaire, l’heure est donc venue de découvrir la grande ligue des paillettes pour Solomon dans une équipe coachée par l’ancien meneur Sidney Lowe (passé par les Pacers, les Hawks et les Timberwolves notamment). Solomon et son maillot numéro 1 de rookie figurent dans une équipe peu expérimentée et qui accueille trois autres novices. Pau Gasol (21 ans) qui passe d’Atlanta à Memphis, le Grec Antonis Fotsis (20 ans), Shane Battier (23 ans) en provenance de Duke accompagnés par quelques briscards tels que l’ailier-fort Grant Long (35 ans) et le pivot Tony Massenburg (34 ans), qui terminera sa carrière en 2005 en tant que champion NBA avec les Spurs. Notons enfin la présence du meneur en provenance des Kings de Sacramento, un certain Jason Williams (26 ans). Autant le dire tout de suite, la saison sera un long chemin de croix pour cette bande mal fagotée et qui finit 7ème de sa conférence mais avec un ratio de 23 petites victoires pour 59 défaites. Will Solomon participe à 62 rencontres et finit sa première saison pro en 2001/2002 avec 5 points et 1,2 passes en moyenne pour un total de 321 points. Gasol (17 points de moyenne), Williams (14), Battier (14) le pivot Lorenzen Wright (12), mort assassiné en 2010, tentant de sauver la saison de leur franchise. Mais c’est une expérience qui sera utile pour Solomon qui, s’il ne figure pas en tête des stats, a pu se mesurer tout au long de cette saison à ce qui se fait de mieux sur la planète basket.
A l’issue de cette saison d’apprentissage, le meneur US est à un tournant de sa carrière. Comme bon nombre de joueurs de son âge, la question est posée : je reste en NBA en étant remplaçant ou bien vais-je chercher plus de temps de jeu, ailleurs et notamment en Europe ? Dans la fleur de l’âge et avec l’impérieuse nécessité de prouver sa valeur, Solomon quitte donc Memphis, direction le club grec de l’Aris Salonique. Lors de la saison 2002/2003, l’Américain débarque donc dans un club avec un passé et une histoire riche de titres et d’exploits européens. Pour bien mesurer ce que ce club représente dans la culture basket grecque, il suffit de regarder ses titres à travers les décennies. Que ce soit avec Níkos Gális dans les années 80, son compère meneur, Panagiotis Giannakis ou encore les joueurs étrangers tels que l’Américain Roy Tarpley (décédé en 2015) ou le Porto-Ricain José Ortiz, l’Aris a toujours été dans le haut du panier en Grèce ou dans les Coupes d’Europe avec notamment deux d’entre elles (la Coupe Saporta en 1993 contre Efes Pilsen et la Koraç contre Tofaş Bursa) glanées contre des clubs… Turcs.
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Dans une équipe grecque où le principal danger se nomme Will Solomon, tout le jeu est axé sur l’Américain. Avec à sa tête, le coach grec Vangelis Alexandris débarqué de l’autre club de Thessalonique, le PAOK, dans le courant de la saison en remplacement du coach serbe Milan Minić. Composé d’un groupe sans véritable nom clinquant mais solide et capable de titiller les meilleurs, l’Aris peut s’appuyer sur le pivot US Ryan Stack en provenance du Maccabi Ramat Gan et sur l’autre pivot, russe celui-là, Fedor Likholitov qui arrive de la SIG Strasbourg. Un troisième pivot, Serbe, Miroslav Raičević, complète la raquette, le tout entourés de joueurs grecs. Pas de grands noms reconnus donc mais un groupe soudé et dont Solomon est le maître-artificier. Par ailleurs, l’Aris évolue également dans une coupe d’Europe, la « FIBA Europe Champions Cup » communément appelée « Eurocup ». Une vitrine idéale pour un joueur comme Solomon qui non seulement va affronter les mastodontes locaux comme le « Pana » et l’Olympiacos. Mais va voir son nom accoler à une coupe d’Europe, ce qui constitue une motivation supplémentaire. C’est donc une saison pleine de promesses qui voit l’Aris finir 5ème de la saison régulière derrière les deux gros d’Athènes et du Pirée mais devant leurs ennemis locaux du PAOK. Malheureusement pour eux, en playoffs, le club de Peristeri les élimine deux victoires à une. En Coupe de Grèce, l’Aris de Solomon perd en finale, 81-76, face au « Pana » du coach serbe Željko Obradović et de Jaka Lakovič, Ariel McDonald, Darryl Middleton et son ancien coéquipier à Memphis, Antonis Fotsis. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel est ailleurs puisque la coupe d’Europe constitue la meilleure façon de glaner un trophée pour ce groupe.
Si cette Eurocup n’a pas l’attrait de l’Euroleague sur le papier, elle rassemble tout de même de nombreuses équipes qui figureront dans les années à venir dans la compétition reine. UNICS Kazan et Khimki pour la Russie, le Prokom Sopot pour la Pologne, le Lietuvos Rytas pour la Lituanie, que des destinations où les grandes équipes grecques, espagnoles, turques ou italiennes tomberont une à une entre traquenards et déplacements hors normes (coucou Kazan, à l’autre bout de la Russie). En attendant, dans un format confus qui rappelle la NBA avec des conférences (nord et sud en l’occurrence) et affrontements croisés par la suite, l’Aris tombe dans un groupe familier. Avec le club grec de Maroussi et les Croates de Split notamment, les jaunes et noirs de Thessalonique terminent premiers de leur groupe. Avant d’éliminer en demi-finale de leur conférence Peristeri (86-84) mais en faisant battre par les Bulgares du Lukoil Academic (81-80). Toutefois, l’essentiel est ailleurs puisque lors de la seconde phase de poules, l’Aris termine première de son groupe devant l’Hapoel Tel-Aviv, Khimki et Strasbourg. Ce qui signifie que les choses sérieuses commencent pour la bande à Solomon à partir de cet instant. Coup sur coup, l’Aris élimine Lukoil en deux manches en quart puis les Serbes d’Hemofarm en demi (73-66). Avant de devoir affronter en finale les Polonais du Prokom Trefl Sopot, à Salonique ce qui peut aider… Dans une ambiance jaune et jeune en tribunes, un bruit indescriptible, la rencontre est de toute beauté en ce 4 mai 2003. 4 comme le numéro de Will Solomon qui lutte avec acharnement face à la valeureuse équipe polonaise de l’ailier-fort slovène Goran Jagodnik. Grâce à une double action cruciale de Raičević en fin de partie, rebond et deux points sur un dunk, à la suite d’un raté de Will Solomon sur la ligne des lancers-francs, les Grecs remportent le trophée. Un raté certes de l’Américain mais qui a été monstrueux avec 32 points sur les 84 marqués par son équipe (84-83 au final). Une belle première saison réussie pour un joueur qui prend de l’assurance et va aller découvrir un autre championnat et un autre pays, un peu plus à l’est de la Grèce, mais toujours sur le bassin méditerranéen.
ENTRE ISRAËL ET TURQUIE, LA CONFIRMATION D’UN GRAND JOUEUR
Direction donc Israël et son championnat dominé outrageusement par la Maccabi Tel-Aviv lors de la saison 2003/2004 en rejoignant le club de l’Hapoel Jérusalem. Cette saison, la tradition est respectée pour le Maccabi qui s’adjuge sans coup férir le titre national et la coupe. Avec le meneur lituanien Šarūnas Jasikevičius et le pivot croate Nikola Vujčić dans l’effectif, le contraire aurait été étonnant mais c’est pourtant un autre doublé qui va faire vibrer le pays. Le Maccabi remporte, cette saison-là, l’Euroleague avec notamment une finale dantesque terminée sur le score de 118-74 face aux pauvres Italiens du Skipper Bologne. Grâce en partie à Will Solomon, 24 ans, Israël remporte un second trophée avec l’obtention pour l’Hapoel de la Coupe ULEB. Moins compliquée sur le papier que sa petite sœur de la FIBA Eurocup, ce trophée met pourtant aux prises quelques équipes sympathiques parmi lesquelles un certain Real Madrid. Oui, oui, le grand d’Espagne qui se trouve lors de la saison 2003/2004 à ferrailler avec le Lukoil Academic, les Allemands de l’Opel Skyliners de Frankfort ou les Néerlandais du Demon Ricoh Astronauts, club d’Amsterdam. Pour Jérusalem, la donne est sensiblement la même mais un peu plus ardue avec la présence de la Joventut Badalona, de Bonn, de la Virtus Bologne et du Reflex, le club serbe que l’on désigne aujourd’hui comme le KK FMP (Zeleznik). Dès lors, dans une équipe israélienne de l’Hapoel où il n’y a pas de grande star identifiée mais des joueurs du championnat local tels que Doron Sheffer, en provenance du Maccabi ou Raviv Limonad, le coach israélien Sharon Drucker s’appuie principalement sur Solomon. Numéro 5 sur le dos, l’Américain est le troisième étranger dans une équipe qui comprend le Nigérian Tunji Awojobi, un ailier-fort passé par la Turquie et la France (Châlons-en-Champagne) et Kelly McCarty, un arrière qui évoluera entre Israël et la Russie. Pas l’équipe la plus clinquante encore une fois et dans laquelle Solomon se trouve à tout faire comme en Grèce. Après être sortis à la deuxième place de leur groupe derrière le Reflex de Belgrade, Solomon et sa bande atteignent les 16èmes de finales face à une vieille connaissance pour la natif d’Hartford, les Polonais de Sopot, éliminés 159-153 en score cumulé sur deux parties. Par la suite, en quarts, le club de Jérusalem élimine les Lituaniens du Lietuvos Rytas, sur le même score cumulé que précédemment et affrontent en demi, le Reflex. Deux manches avec une victoire et une défaite mais un score cumulé de 148-146 plus tard, les Israéliens voient se dresser sur le chemin du titre, l’épouvantail de la compétition, le Real Madrid.

Si en deux parties, il est quasiment impossible de battre le club merengue, en une partie sèche, tout reste ouvert. C’est ce que doit se dire Will Solomon à Charleroi, en Belgique, dans le Spiroudome face à un Real où l’on trouve le musculeux pivot letton, Kaspars Kambala, le gaucher Irlandais à la technique particulière aux lancers-francs, Pat Burke, Alfonso Reyes, frère de Felipe, capitaine au long cours du club dans les années 2010-2020 ainsi qu’Alex Mumbru, actuel coach de Valence, Alberto Herreros et de nouveau le Grec Antonis Fotsis. Des noms plus clinquants mais qui tombent sur un os. Will Solomon termine la rencontre avec 15 points, bien accompagnés par Doron Sheffer, également 15 points ainsi que Awojobi (12) et surtout McCarty qui, avec 40 minutes et 22 points, a été le grand artisan de la victoire israélienne sur le Real Madrid (82-73). Solomon, malgré ses 15 points a été certes défaillant aux tirs avec un sur quatre à deux points mais précieux à trois points (4 sur 7). Deuxième finale de suite pour le meneur US et deuxième trophée glané dans une équipe de Jérusalem surprenante lors de cette compétition. Avec ses 20 points minimums de moyenne, Will Solomon a montré qu’il avait le niveau et la capacité pour évoluer au plus haut niveau.
Dès lors, ses bonnes performances permettent à Solomon d’arriver dans un championnat qui commence à se structurer de fort belle manière depuis plusieurs saisons. Direction, la Turquie et Istanbul lors de la saison 2004/2005 au sein du club d’Efes Pilsen. Dans une équipe turque championne en titre et coaché par le taiseux Oktay Mahmudi, vainqueur en tant que coach adjoint de la Coupe Koraç en 1996, l’Américain découvre pour la première fois la profondeur d’un effectif. Si les joueurs présents ne sont pas les plus visibles, une nouvelle fois, sur la scène européenne, ils sont plus reconnus que les coéquipiers du meneur en Grèce ou en Israël. Avec l’arrière Henry Domercant, les pivots balkaniques Goran Nikolić (Monténégro) et le gaucher Prkačin (Croatie), l’arrière serbe Dušan Kecman et l’albano-turc Ermal Kuqo, aujourd’hui scout NBA, Efes Pilsen est armé pour jouer les premiers rôles. D’autant plus qu’avec les internationaux Alper Yılmaz, aujourd’hui manager général de l’Anadolu, le nom actuel du club, Kaya Peker et Ender Arslan, le club turc est également doté côté locaux. De la concurrence et de la profondeur qui font baisser sa moyenne de points (aux alentours de 14 par match) mais lui offrent également un trophée national pour la première fois de sa carrière. Une saison 2004/2005 rondement menée sur le plan local avec une première place devant Ülkerspor avec deux petites défaites en 26 rencontres pour Efes. Ce qui offre une voie royale pour le club stambouliote qui élimine successivement Tekelspor en quarts de finale de playoffs (3-0), Fenerbahçe (3-1) en demi et enfin Beşiktaş (4-1) en finale. 35 victoires et trois petites défaites en tout et même sur le plan européen, en Euroleague, durant lequel le club turc termine avec douze victoires et deux défaites lors de la phase de groupe (deuxième derrière le Climamio Bologne). Ce qui permet ensuite à Efes de se qualifier pour les quarts après une seconde phase maîtrisée, encore deuxième derrière les Italiens du Benetton Trévise, cette fois. Malheureusement, le Panathinaïkos l’emporte deux manches à une et élimine les Turcs une nouvelle fois dans un quart de finale d’Euroleague.

Dans ces conditions, Will Solomon termine ses 23 parties d’Euroleague sur une moyenne de 14 points et 2 passes et on peut aisément penser qu’il va s’installer sur les rives du Bosphore. Mais une nouvelle fois, l’Américain prend la tangente et repart en Israël, à Tel-Aviv cette fois. Au Maccabi, lors de la saison 2005/2006, Solomon y réussit peut-être sa meilleure saison individuelle. Devenu un maître à jouer, complet, rapide et adroit, il remporte le championnat israélien avec même un doublé championnat-coupe. Chez les champions d’Europe en titre, il permet à son équipe de terminer en tête de son groupe lors de la première phase à égalité avec… Efes Pilsen (9 victoires, 5 défaites). Après une seconde phase largement dominée, les Israéliens éliminent en quarts les Grecs de l’Olympiacos (2-1) et se retrouvent au Final Four de Prague. La demi-finale expédiée face aux Basques du Tau Ceramica (85-70), le Maccabi est en lice pour faire un Three Peat après les victoires de 2004 et 2005. En finale, face aux Russes du CSKA et malgré un splendide Solomon qui termine la rencontre avec 20 points, le Maccabi est défait 73-69 notamment grâce au meneur old school grec Theo Papaloukas (18 points, 7 passes). Et un triplé championnat-Coupe-Euroleague qui file sous le nez de Will Solomon déchaîné cette saison et qui finit sur 15 points et 3 passes de moyenne en Euroleague. Précisons également que l’Américain a réussi ces performances avec la présence à ses côtés des sieurs Anthony Parker, Maceo Baston, Derrick Sharp, Nikola Vujčić et du top-scoreur de l’Eurocup 2003, l’américain naturalisé israélien Jamie Arnold. Impressionnant de régularité, Solomon est devenu une valeur sûre d’Euroleague et un joueur sur qui les équipes peuvent compter, même pour une petite saison.
A FENERBAHCE, UNE DOUBLE STABILITÉ, EXPÉRIENCE NBA BIS ET PHASE D’ATTERRISSAGE
Dès lors, Will Solomon, 28 ans quitte pourtant de nouveau son club du Maccabi et repart du côté d’Istanbul. Du côté de la rive asiatique de la ville, à Fenerbahçe plus précisément. Dans l’ombre de ses deux rivaux, Ülkerspor et surtout Efes Pilsen, les jaunes et beige montent une équipe compétitive sur la scène nationale et européenne. D’autant plus que Fenerbahçe a fait une OPA sur Ülkerspor qui se trouve rattaché au Fener à partir de 2006. En bons businessmen et avec la théorie du « 1+1=3 », le Fener mutualise donc deux équipes en une lors de la saison 2006/2007. Mirsad Türkcan, le fanatique supporter du Fener İbrahim Kutluay, Ömer Onan, tous internationaux débarquent donc chez les « Canaris ». Ajoutés à ces talents, le bosno-turc Damir Mršić, les jeunes Oğuz Savaş et Semih Erden ainsi que Kaspars Kambala et Eddie Basden et le coach Aydın Örs, ancien mentor d’Efes, peut travailler dans de bonnes conditions. Et c’est ce qui arrive derrière le leadership de Solomon (13 points et près de 4 passes en moyenne) et Kambala (16 points) pour un Fenerbahçe dominant en saison régulière. Premiers avec 28 victoires et deux petites défaites devant Efes Pilsen, Solomon vit un copié-collé de sa saison 2004/2005, avec Efes justement. Darüşşafaka défaits (3-1 avec 23, 27 et points pour l’Américain) en quarts, les ennemis de Galatasaray balayés 3-0 en demi et un Efes en perdition en finale (4-0 et 22, 20, 8 et 10 points pour Solomon) et le championnat tend les bras à cet effectif taillé pour dominer la scène nationale. Ce qui contrebalance avec la saison d’Euroleague terminée pour Fenerbahçe à une piètre 7ème place, derrière notamment Pau-Orthez qui s’est qualifié, lors de la première phase de poule. Malgré également les bisbilles avec le coach Aydın Örs qui ne voit pas d’un bon œil les drive de l’Américain. Le coach turc termine cependant son mandat sur ce titre national. Solomon reste une saison de plus au Fener et voit l’arrivée d’un vieux loup de mer sur le banc, le monténégrin Bogdan Tanjević, lors de la saison 2007/2008. Dans une équipe turque renforcée par le pivot slovène Gasper Vidmar peu amateur de lancers-francs, l’homme a la triple nationalité (Bosnie, Slovénie et Turquie) Emir Preldžić et en cours de saison par l’arrière US Tarence Kinsey, Solomon est une nouvelle fois le leader de l’équipe. Ce qu’il assume parfaitement avec 18 points de moyenne et 4 passes en Euroleague pour permettre au jeune pivot Ömer Aşık, futur joueur NBA (Bulls et Rockets notamment) de se mettre en valeur (8 points de moyenne pour le Turc). Surtout, le Fener sort de deux phases de poules (4ème sur 8 équipes et 2ème derrière Tau) et se hisse en quarts de finale d’Euroleague pour la première fois de son histoire. Vaincu 2-0 par le Montepaschi Sienne, les Turcs terminent de nouveau champions en battant en finale le Türk Telekom Ankara, 4-1 en ayant balayé de nouveau Efes en demi-finale (3-0). Ce qui montre la passation de pouvoir d’Efes vers le Fener dans ces années-là. Troisième titre après 2005 avec Efes Pilsen et 2007 avec Fenerbahçe, agrémenté d’une Coupe du président en début de saison 2007/2008 face aux rivaux… d’Efes (79-77). Tel est le bilan de Will Solomon durant ces années turques.

Après cette saison plus que réussie, Will Solomon quitte Fenerbahçe pour tenter de poursuivre son rêve NBA. Direction Toronto et la franchise des Raptors lors de la saison 2008/2009 au sein de laquelle il aura sensiblement la même expérience qu’avec Memphis 7 ans plus tôt. 53 parties disputées, 5 points de moyenne mais 3 passes décisives avec comme partenaires Chris Bosh, l’Italien Andrea Bargnani ou le meneur espagnol José Calderón pour un bilan global de 33 victoires et 49 défaites. Une carrière NBA vite expédiée puisque la saison suivante, en 2009/2010, Solomon évolue brièvement aux Kings avec 14 parties jouées mais avec… 5 points de moyenne et retourne gagner du temps de jeu à… Fenerbahçe. Bilan de la saison, 16 rencontres disputées et une saison quasi-blanche pour l’Américain qui retourne une nouvelle fois, en 2010/2011 à l’Hapoel Jérusalem, à presque 33 ans. Bilan, une troisième place en saison régulière et une élimination en demi-finale de playoffs par l’Hapoel Gilboa Galil, 98-80. Malgré tout, Solomon n’a rien perdu de sa hargne notamment en coupe d’Europe où il cumule en six rencontres près de 20 points de moyenne (19,3). Mais avec l’âge, Solomon commence tout doucement à aller vers la fin de sa carrière entre une saison en Ukraine (en 2011/2012) aux Cherkaski Mavpy qui finit 13ème sur 14 de son championnat. Puis, une nouvelle saison en Turquie, à Mersin dans le sud du pays, terminée à la 12ème du championnat. Cette pige aide son club à se maintenir (8 victoires et 22 défaites avec 23 rencontres disputées par Solomon), lui qui tourne à 10 points, 2 rebonds et 1,6 de moyenne lors de la saison 2012/2013. Dès lors, voit-on arriver avec anxiété une retraite à 34 ans et une carrière étirée sur 12 saisons ?
A ANTIBES, LE TUBE SOLOMON ET DUO D’ENFER AVEC TIM BLUE
Pas si sûr puisque le bonhomme a encore de la gomme sous la semelle, ce qui lui permet de signer en France aux Sharks d’Antibes. Sur la Côte d’Azur, point d’Euroleague ni de Coupes d’Europe secondaires à glaner mais une belle ville et un club qui a vu passé deux joueurs majeurs dans son histoire, le meneur US David Rivers et son compatriote, l’arrière Micheal Ray Richardson au mitan des années 90, champions de France en 1995 en compagnie de Stéphane Ostrowski. A une époque où une bonne doublette d’Américains obtenait de bons résultats avec un club pas forcément armé pour lutter en si haute place. Va donc pour Antibes lors de la saison 2013/2014 où l’Américain découvre un compatriote très adroit, lui le gaucher, en la personne de Tim Blue, présent au club depuis 2012 et qui évolue au poste d’ailier-fort. Pourtant, rien ne se passe comme prévu sur le terrain puisque le club azuréen termine sa saison avec 6 victoires et 24 défaites et se retrouve en Pro B malgré les 13,6 et 3 offrandes du meneur américain. Pour la première fois de sa carrière, celui-ci évolue dans un club relégué à l’échelon inférieur. Là où on aurait pu penser qu’il quitterait le navire à l’issue de cette saison, Will Solomon sent pourtant qu’il y a quelque chose à construire chez les Sharks. Va donc pour la deuxième division lors de la saison 2014/2015 qui voit Antibes terminer à la seconde place derrière Monaco. Deux villes du sud qui réussissent à obtenir leur billet pour la Pro A, ce n’est pas banal mais c’est chose faite. La saison 2015/2016 démarre donc avec le duo Blue-Solomon dans une équipe coachée par le produit local (il est né à Nice), Julien Espinosa, 31 ans. Au rayon joueurs, citons Moustapha Fall, aujourd’hui pivot de l’Olympiacos, le meneur Boris Dallo (à Cholet désormais), le solide Mamoutou Diarra et l’ailier-fort Paul Carter. A l’issue de la saison, le club antibois se classe à une belle 12ème place avec 14 victoires et 20 défaites et se maintient pour son retour en Pro A. Derrière Blue (16 points), Solomon se classe deuxième, sur 32 rencontres, en termes de points (11 de moyenne) devant Fall (10,9) et Carter (10,2). Une saison qui voit également Will Solomon et Tim Blue participer au All-Star Game à Paris-Bercy, victoire 130-129 des étrangers du championnat de France. La saison 2016/2017 est du même acabit que la précédente avec Antibes qui termine à la 14ème place avec 12 victoires pour 22 défaites mais surtout un maintien obtenu pour la deuxième saison consécutive.

Une saison un peu moins dominante pour Solomon avec 9 points derrière Blue (13,7) et le pivot américano-nigérian Chris Otule (13,5) mais performant sur ses 24 parties disputées, Will Solomon termine sa mission à Antibes à l’issue de la saison 2016/2017 à 39 ans. Le joueur aura marqué la Pro A par son talent et sa régularité dans une équipe antiboise que peu de personnes imaginaient se maintenir. Avec son acolyte Tim Blue, il a formé une belle doublette, spectaculaire et efficace. Dès lors, après presque 20 ans de carrière, le clap de fin a lieu en 2019, à l’âge de 41 ans. Vainqueur de Coupes d’Europe au sein d’équipes que peu d’observateurs, là encore voyaient hauts, leader dans le jeu et à la mène, Will Solomon est dans la lignée de ces joueurs américains qui ont tout remporté sur leur passage. A l’instar d’un Marcus Brown (CSP Limoges, CSKA Moscou) ou son coéquipier au Maccabi Tel-Aviv, Anthony Parker, Solomon a été une figure du basket européen aussi bien en Grèce, qu’en Israël ou en Turquie. Et même sur la fin de sa carrière, avec Antibes, dans un championnat de France qui a appris à le connaître et l’apprécier. Aujourd’hui, à bientôt 45 ans, il partage son expérience avec son équipe universitaire de Clemson. Point de fioritures avec lui mais du jeu et de l’efficacité maximisée par un talent certain, tel a été la carrière du roi Solomon, en Europe.



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