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Darryl Middleton, La retraite repoussée

Portrait

Montage Une ; Aurélien Sohard pour Basket Rétro

Une carrière exceptionnelle, une longévité record avec une fin de carrière à presque 50 ans. Une vie dédiée uniquement au basket et qui lui a fait découvrir différentes cultures dans cinq pays différents. Darryl Middleton a été ce rouage essentiel qui a toujours fait gagner ses équipes.

UN NEW-YORKAIS EN TURQUIE, PREMIÈRES EXPÉRIENCES EUROPÉENNES

Dans les années 80, lorsqu’un joueur de basket américain terminait ses études universitaires, deux options s’offraient à lui : Être drafté en NBA et avoir la chance d’obtenir un contrat en espèces sonnantes et trébuchantes ou bien aller en Europe et tenter de dénicher ledit contrat dans l’une des nombreuses équipes dont dispose le vieux continent. Cette règle, que LeBron James 15 ans plus tard fera vaciller pour la première fois après sa draft, en 2003, en passant directement du lycée à la NBA, a permis l’arrivée de nombreux joueurs américains sur le sol européen. Parmi ceux-ci, à la carrière plus ou moins dorée et à l’aura en attente de gloire, Darryl Middleton. Né en 1966 à New-York, le jeune Darryl commence sa carrière de joueur pro à la fin de ses études en 1988 après un solide cursus dans l’université de Baylor, au Texas. Diplômé et surtout encore détenteur de la sixième place des meilleurs marqueurs de ce « college » qui verra sortir, 30 ans plus tard, un certain Johnathan Motley, aujourd’hui à Fenerbahçe, en Turquie.

« Les gens étaient gentils avec moi mais quand même, j’étais loin de chez moi, la nourriture était différente, ils parlaient une autre langue et je ne comprenais pas ce qu’ils disaient. Le coach m’a beaucoup aidé. Il a pris soin de moi, m’a traité comme un membre de sa famille et cela m’a aidé. Normalement, cela ne se produit pas à New York – les entraîneurs vous intègrent simplement dans l’équipe et vous êtes seul ».

La Turquie, justement, dans les années 80 est en plein boom avec une libéralisation économique à marche forcée. Ce qui déteint également fortement au niveau sportif avec l’émergence de sportifs venus finir leurs carrières du côté d’Istanbul. A travers des clubs établis (Fenerbahçe, Galatasaray et Beşiktaş) mais aussi de conglomérats d’entreprises désireuses d’avoir leurs clubs sportifs. Dès lors, un des exemples le plus marquant de cette arrivée progressive d’anciennes gloires est celle du « meilleur » ami de l’équipe de France de football (remember « Séville 82 »), à savoir le gardien allemand Harald Schumacher. Celui-ci débarque en Turquie à la fin des années 80 (1988-1991) et deviendra même le premier capitaine étranger d’un club turc. Ceci étant dit pour la petite histoire, il est donc essentiel de comprendre que la Turquie sportive de cette époque attire non seulement des joueurs confirmés et sur le déclin mais aussi de jeunes joueurs en quête d’expériences.

Dès lors, le basket turc accueille lors de la saison 1988/1989, deux talents précoces mais aux parcours opposés. Deux New-Yorkais de naissance, deux joueurs nés la même année et qui arrivent à Istanbul. Le gaucher Anthony Mason, après une draft non concluante par les Portland Trail Blazers, poses ses valises directement dans l’ancienne Constantinople au sein de l’équipe en devenir des années 90, Efes Pilsen (aujourd’hui Anadolu Efes). Darryl Middleton, quant à lui, part un peu plus au sud du pays, du côté de Mersin, petite bourgade baignant sur la Mer Méditerranée à deux heures de route de la ville d’Adana dont la base d’İncirlik est une des bases américaines les plus importantes du monde. Direction le club de Çukurova Sanayi, 10 ans d’existence à l’époque (club fondé en 1978) et qui est sponsorisé par une entreprise spécialisée dan le textile et l’industrie. Dans cette ville, à la fin des années 80, et dans la Turquie de l’époque, c’est peu dire que Middleton se retrouve tout seul. D’autant plus qu’il est le seul joueur étranger de l’équipe et comme pour Mason à Istanbul, la bascule est difficile à stabiliser dans cet environnement à l’opposé de leur culture.

Heureusement, pour lui, et comme il l’avouera plus tard, il tombe sur une bonne personne avec Halil Üner qui le prend sous son aile. En lui permettant de s’acclimater à sa nouvelle vie, le coach turc lui donne les clés du camion dans une équipe qui comporte à cette époque comme figures marquantes deux joueurs qui évolueront à Fenerbahçe dans les années 90 : Serdar Apaydın, un solide arrière et féroce à trois points ainsi que Kemal Dinçer qui aura même une fonction de dirigeant dans ce club plus tard. Dans ces conditions, Darryl Middleton démontre tout son talent lors d’une saison 1988/1989 où son club termine la saison régulière à une belle deuxième place derrière Eczacıbaşı. Une équipe qui fait partie de la galaxie de la famille Eczacıbaşı, une des plus puissantes familles de Turquie, les « Rockfeller » locaux et dont le nom est associé à la fabrique de produits médicamenteux. Pour l’anecdote, après avoir eu une équipe de basket et de volley-ball masculines, c’est avec les filles, toujours au volley que le club domine allégrement le championnat turc et même la scène européenne de nos jours. Du côté de Mersin et Çukurova, cette qualification de Çukurova Sanayi est surtout le fait de l’Américain de 22 ans qui permet à son équipe d’obtenir 14 victoires (pour 7 défaites) et se trouve à chaque fois dans le haut du panier à la marque. Il termine 16 fois meilleur marqueur de son équipe avec des pointes allant jusqu’à 43 points lors d’une rencontre. Ce qui permet à son club de laisser derrière lui les Efes Pilsen, Fenerbahçe et Galatasaray en se qualifiant directement pour les play-offs. Charge aux autres de lutter pour prendre les deux dernières places qualificatives et à ce jeu, Çukurova affronte en demi-finale des play-offs, Beslenspor. Un club aujourd’hui disparu dont le nom signifie littéralement « nourris-toi » (« beslen ») et qui se fait éliminer deux à zéro par Middleton (27 et 40 points) et sa bande. Place donc à la finale qui se déroule en mai 1989 et que d’aucuns en Turquie qualifieraient aujourd’hui de pittoresque.

Un affrontement surtout entre deux joueurs exceptionnels avec d’un côté Darryl Middleton au four et au moulin et de l’autre Larry Richard, un ailier-fort dynamique qui fait encore se lever les foules aujourd’hui. Tant par son talent (triple champion de Turquie avec Eczacıbaşı mais aussi Fenerbahçe et Efes Pilsen) que sa sympathie en dehors des terrains, une légende du basket turc, à ranger au même titre que Petar Naumoski (Efes Pilsen, Macédoine) ou Henry Turner (Fenerbahçe, USA). Pour cette finale cependant, le miracle n’a pas lieu pour Middleton dont l’équipe se fait battre trois manches à une par son adversaire, beaucoup plus fort et complet. Avec le meneur international Orhun Ene, Larry Richard mais aussi le futur pivot d’Efes, Tamer Oyguç et l’entraîneur Mehmet Baturalp (décédé en 2017), grande figure du coaching et des médias turcs par la suite, la marche était trop haute. Darryl Middleton, malgré des performances de choix (respectivement 29, 18, 25 et 17 points) en finale n’a pu compter que sur le fils du coach Üner, Behçet, auteur de 20 points lors de la dernière rencontre face à un adversaire mieux calibré. Point de regrets malgré tout, c’est une belle première saison pour l’Américain, auteur de grandes performances. Ce qui aurait même pu l’emmener du côté d’Istanbul mais c’est en Italie que l’ailier-fort se retrouve à l’issue de la saison. A Milan plus précisément, lors de deux saisons entre 1989 et 1991, dans le club d’Aresium en Serie A2. Dans cette antichambre de la Serie A avec des équipes qui luttent en « play-offs » et « play-in », son équipe termine sixième puis septième sous la houlette du coach italien Luigi Bergamaschi. Sur cette période italienne, pas grand-chose à signaler si ce n’est que Middleton domine, ce qui lui offre, après ces deux expériences turque et italienne, une opportunité d’évoluer en Espagne. Dans un championnat local où l’attaque est valorisée. Un pays qui compte surtout énormément dans la carrière de l’Américain et qui l’emmène lors de la saison 1991/1992 en Catalogne, dans le troisième club de la région, à Girona.

UNE DÉCENNIE ESPAGNOLE, PREMIERS TITRES ET JOUEUR D’IMPACT

Quatre années de carrière pro et déjà un troisième pays, qui lui permet d’évoluer désormais au sein du Valvi Girona. Dans une Liga ACB dense avec 16 clubs et 8 autres promus sous un étrange format de play-offs, Darryl Middleton se trouve sous l’autorité du coach espagnol Alfred Julbe. Celui-ci, 31 ans à l’époque est à peine plus âgé que l’Américain qui a alors 25 ans. Dans une équipe où les trois têtes d’affiche de l’époque ont 34 ans, Middleton se trouve donc au milieu d’un creux générationnel. Aux côtés du meneur Quim Costa, quintuple champion d’Espagne avec le Barça (en 1983 et de 1987 à 1990), de l’arrière yougoslave Duško Ivanović, double champion d’Europe avec le Jugoplastika Split en 1989 et 1990 et du pivot US Matt White (qui sera retrouvé assassiné par sa femme en 2013). Une équipe expérimentée mais vieillissante et qui compte donc sur l’apport d’un Darryl Middleton ultra-dominant. Si son équipe se classe à une 13ème place qui lui permet de se maintenir, ses stats personnelles sont impressionnantes. En 34 parties de saison régulière, le numéro 10 US inscrit une moyenne de 24pts par match, agrémentés de 9,4 rebonds, 1,2 passes et 2,3 balles volées. Ce qui fait de lui le meilleur marqueur de l’équipe devant Ivanović à 19,8 points en moyenne. A partir de cette saison, Darryl Middleton commence à taper dans l’œil des grandes écuries. Après ses débuts en Turquie, l’Italie et cette saison accomplie en Catalogne, ce joueur complet pose ses valises dans le sud de l’Espagne, à Séville, une des plus belles villes du pays. Plus exactement, dans le club de Caja San Fernando, durant deux saisons (entre 1992 et 1994).

Dans une équipe dont les têtes connues sont deux Américains avec l’ailier Brian Jackson (33 ans, deux fois champion d’Espagne en 1984 et 1985 avec le Real Madrid) et le pivot Darrell Lockhart, drafté en 1983 par les Spurs, Middleton continue sur sa lancée de Girona. Avec 23 points et 7 rebonds de moyenne, il permet à son équipe de finir 5ème de saison régulière derrière le Real, la Joventut et Barcelone. Avant de terminer la saison en quarts de finale, éliminés par l’Estudiantes Madrid. La saison 1993/1994 est une resucée de la précédente pour Caja San Fernando qui termine 10ème en saison régulière mais se retrouve éliminé de nouveau en quarts par le FC Barcelone, cette fois. Middleton terminant la saison à 20 points et 8 rebonds de moyenne, l’ailier-fort marque cependant les esprits de la Ligue espagnole. En effet, lors de sa première saison avec le club de Séville, il termine second aux points marqués derrière le Croate Velimir Perasović (759 points contre 730 pour l’Américain) mais devant la légende du Real, Joe Arlauckas (709). La seconde saison le mettant à la 8ème place (579 points) en termes de points derrière le « Brésilien-scoreur-tireur-à-tout-faire », Oscar Schmidt (930). Et également à la 8ème place en rebonds captés (228) d’un classement dominé par le géant Lituanie, Arvydas Sabonis (303). Ces bonnes performances permettent surtout à Middleton, 28 ans désormais de viser plus haut, ce qui est fait une saison plus tard avec un transfert au sein du FC Barcelone pour la saison 1994/1995 et pour deux ans, jusqu’en 1996.

Sous la houlette du coach Aíto García Reneses, déjà quatre fois titré en Liga ACB avec ce même club, Middleton découvre les joies de la concurrence au scoring. Dans une équipe qui comprend les légendes locales telles que l’ailier Xavi Fernandez (homonyme du coach actuel du Barca, section foot), l’ailier-fort Andrés Jiménez, le pivot Quique Andreu et le meneur José Galilea, l’Américain partage les points. Il finit quand même en tête des marqueurs avec 14 points et 7 rebonds en moyenne, Barcelone terminant en tête de la saison régulière devant Unicaja Málaga et Taugrés Baskonia. Une saison magnifiquement terminée avec un quart de finale de play-offs expédié 2-0 face à Andorre et une demi-finale qui a permis l’élimination du rival madrilène. Même topo en finale face à Málaga (3-2) et un titre, un premier pour Middleton qui lui permet dès lors d’ouvrir son compteur trophée. Rebelote la saison suivante (1995/1996) avec l’arrivée du Lituanien Artūras Karnišovas en provenance de Cholet Basket et du pivot US Dan Godfread de Caja San Fernando. Avec cette triplette, les Catalans dominent encore une fois le championnat en saison régulière (premiers) et s’adjugent le titre face à… Caja San Fernando (trois manches à rien). Middleton finit la saison à 15 points et 7 rebonds de moyenne derrière Karnišovas (21 points pour le Lituanien). Deuxième titre pour Barcelone d’affilée et par ricochet pour Middleton qui a quand même un point obscur cette saison-là. Sa non-participation à la campagne européenne de son club qui finit en finale terrassée par le Panathinaïkos de Dominique Wilkins, le club catalan ayant misé sur Dan Godfread. Qu’à cela ne tienne, le joueur de 30 ans ne tient pas rigueur à son club et signe son départ vers… Girona à l’issue de la saison. Durant quatre saisons, de 1996 à 1998, Middleton restera donc en Catalogne en évoluant dans les deux autres clubs locaux. Girona donc entre 1996 et 1998 puis une saison entre 1999 et 2000 ainsi que la Joventut Badalona durant une petite saison (1998/1999). A Girona, son club termine 14ème, 12ème et 10ème avec un Middleton efficace au scoring chaque saison. Avec respectivement 628, 599 et 631 points inscrits, il se classe 10ème, 8ème et 3ème dans cette catégorie. Lors de ses passages avec Girona, il a notamment pour coéquipiers le meneurs US Chris Corchiani et le local Pablo Laso, qui deviendra coach du Real Madrid de 2011 à 2022. Avec Badalone, toujours une 10ème place et une présence significative aux points et aux rebonds en étant 10ème au classement avec 565 points et 255 rebonds, loin derrière un Tanoka Beard dominant dans cette catégorie. Après dix ans en Espagne, l’heure du départ est de nouveau d’actualité pour le joueur qui possède désormais la nationalité espagnole.  

EUROLEAGUE AVEC OBRADOVIC, RETOUR EN ESPAGNE ET NOUVELLE ORIENTATION

C’est un fait, Darryl Middleton est un joueur complet, efficace et fiable. L’âge venant, avec 34 ans au compteur, l’Américain sait que ses meilleures années sont derrière lui. Dès lors, au tournant des années 2000, décision est prise de devenir un joueur de complément capable d’aider ses coéquipiers à franchir un cap. Tout en devenant un relais de son coach et c’est pourquoi, dans cette optique, Middleton débarque en Grèce au Panathinaïkos à partir de la saison 2000/2001. Au sein d’une équipe amenée à être dominante durant plus d’une décennie sur la scène nationale et européenne. Guidée de main de maître par le volcanique Željko Obradović, présent au club depuis la saison précédente, il est accueilli dans une équipe qui apprend à dompter toute la rigueur du maître serbe. Durant cinq saisons, il va donc côtoyer du beau monde avec des joueurs de la trempe de Dejan Bodiroga, İbrahim Kutluay, Johnny Rogers, Mike Batiste, Arriel McDonald, Jaka Lakovič, Damir Mulaomerović, Fragískos Alvértis ou encore Dimítrios Diamantídis. Du lourd, du très lourd mais qui ne rebute pas l’Américain puisque celui-ci apporte chaque saison, sa petite pierre à l’édifice du club grec. Entre 8 et 10 points de moyenne, du rebond, des passes, des minutes et de la présence chaque fois qu’Obradović fait appel à lui. Point d’orgue de cette présence réelle et décisive, la saison 2001/2002 durant laquelle il termine toutes compétitions confondues à la troisième place des marqueurs à 36 ans derrière Bodiroga (18,8) et Kutluay (11,8) avec 10 points de moyenne. Ce qui a grandement contribué aux victoires du « Pana » sur la scène européenne pour l’obtention de l’Euroleague 2002. La troisième du club grec (après 1996 et 2000) face aux Italiens du Kinder Bologna d’Antoine Rigaudeau et Manu Ginóbili. 10pts et 2 rebonds pour Middleton ce soir-là et une belle victoire grecque 89-83 à… Bologne derrière 22 points de Kutluay.

L’acmé d’une carrière pour un joueur qui garnit également son armoire à trophée avec quatre titres nationaux glanés en 2001 et trois années de suite entre 2003 et 2005. Ainsi que la Coupe de Grèce en 2003 et 2005 également à 39 ans bien tassés. Cinq années pleines de succès donc à Athènes pour un joueur qui commence, le pense-t-on alors logiquement, à voir arriver la retraite avant ses 40 ans. Dans une équipe du « Pana » où il fait également la connaissance du coach adjoint d’Obradović, un certain Dimítris Itoúdis qui restera au sein du club grec durant la même période que son mentor serbe, soit 13 saisons (entre 1999 et 2012). Pourtant, rien de tout cela et surtout pas de retraite puisque lors de la saison 2005/2006, Darryl Middleton se décide à explorer la culture orthodoxe plus intensément. En signant au Dynamo Saint-Petersbourg en compagnie notamment de l’ancien meneur de Gravelines et Pau-Orthez, Jerry McCullough. Fait le plus marquant au Dynamo cette saison-là, la quatrième place glanée par le club russe lors de l’Eurocup. Une compétition qui se déroule en Ukraine, et un club russe seulement éliminé en demi-finale du Final Four par un autre club de Moscou, Khimki. Middleton et les siens prenant donc finalement la quatrième place face aux Ukrainiens du BC Kyiv qui dispose d’eux, 83-81 dans un écho qui sonne aujourd’hui bien étrangement par rapport à la guerre que se livre les deux pays depuis février 2022.

Cependant, Middleton n’a pas encore fini avec le basket, lui qui retourne en Espagne lors de la saison 2006/2007, à Girona de nouveau, quatrième passage dans le même club. Si l’histoire ne dit pas si le club espagnol lui a donné les clés du même appartement, l’Américain s’installe pour un long bail en Catalogne. Cinq saisons entre 2006 et 2011, entrecoupé d’un bref passage à Valencia en compagnie de Nando De Colo et Florent Pietrus pour 4 petits matchs et un point de moyenne. Avant un sempiternel retour à Girona lors de la saison 2011/2012. Exception faite de Valencia qui a été une erreur des deux côtés, ce bon vieux Middleton, à plus de 40 ans, est toujours présent partout. Minimum de 20 rencontres par saison voire plus parfois notamment lors de la saison 2007/2008 avec 40 parties disputées. Des collègues prestigieux également avec notamment l’Italien Gregor Fučka, Marc Gasol, le spectaculaire US Boosty Thornton, le meneur slovéno-US Arriel McDonald et la valeur sûre Fernando San Emeterio. En point d’orgue de ces six saisons, celle jouée en 2006/2007 pour son retour à Girona qui verra le Akasvayu Girona obtenir une Eurocup méritée. Avec, comme indiqué précédemment, Fučka, Gasol, McDonald, Thornton, San Emeterio et le Serbe Marko Kešelj, aujourd’hui député dans son pays, Middleton et sa bande remportent le titre européen en ayant perdu seulement une rencontre sur 17 disputées… Dans un Final Four à domicile qui plus est, Girona n’a laissé aucune chance à l’Estudiantes (89-58) et aux Ukrainiens d’Azovmash Mariupol en finale (79-72). Le coach germano-serbe Svetislav Pešić a fait du bon travail sur la scène européenne, lui qui a aussi remportée l’Euroleague en 2003 avec Barcelone et la Koraç Cup en 1995 avec l’Alba Berlin. A la fin de son bail en 2012 avec Girona, à 46 ans, Darryl Middleton prolonge son plaisir en évoluant avec le Lucentum Alicante en seconde division espagnole puis au CB Benidorm, toujours dans la région d’Alicante sur la façade méditerranéenne mais en 2014, à 48 ans et après 26 ans de professionnalisme, l’heure est venue de tirer sa révérence. Les meilleures choses ont une fin, même pour les vieux soldats.

Une retraite sportive bien méritée pour un joueur fidèle et atypique. Une carrière étirée jusqu’au bout, ce qui fait de lui le joueur le plus âgé à évoluer en Liga ACB. Seulement suivi par le meneur espagnol Albert Olivier (Joventut, Valencia, Gran Canaria notamment) qui a raccroché les baskets à seulement 43 ans, en 2022, c’est dire la longévité de l’Américain. Une présence également intéressante au niveau Euroleague, compétition dans laquelle il termine avec 8,5 points par matchs et 3,1 rebonds sur toute la durée de son mandat. Une particularité troublante émaille pourtant le parcours de Middleton puisque pas mal de ses clubs n’existent tout simplement plus aujourd’hui. Le club turc de Çukurova Sanayi a été dissous en 1992. Aresium Milan en 1996, Girona en 2013, le Dynamo Saint-Petersbourg en 2006 et Lucentum Alicante en 2015… De là à dire « après moi, le déluge » … ? 

Toujours est-il que quand on est passionné de basket, du jeu et des terrains, il est très difficile de s’en détacher. Pour Darryl Middleton, l’occasion lui a est donnée par coach Itoudis qui en fait son adjoint au CSKA Moscou durant 8 ans (entre 2014 et 2022). De par sa riche expérience, il fait le lien avec les nombreux cadors (Nando De Colo) notamment américains (Kyle Hines, Will Clyburn ou encore Mike James) qui ont débarqué à Moscou durant cette période. En les aidant à s’acclimater à la vie russe, Middleton, travailleur de l’ombre glane deux titres d’Euroleague en 2016. A Berlin tout d’abord avec cette victoire du CSKA aux forceps face aux Turcs de Fenerbahçe de coach « Obra », 101-96 après prolongations. Derrière un Nando De Colo de gala avec 22 points, 7 passes et le titre de MVP de la finale, le club moscovite s’adjuge l’Euroleague, le premier trophée du club russe depuis la saison 2007/2008. Avant de récidiver trois ans plus tard, en 2019, à Vitoria au Pays Basque espagnol face à un autre club turc, l’Anadolu Efes d’Ergin Ataman et Vasilije Micić sur le score de 91-83. Ajoutés à cela, trois titres dans le championnat russe entre 2015 et 2017 et Darryl Middleton pouvait savourer son poste d’adjoint du CSKA. Hélas, avec la guerre déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine et l’interdiction pour le club russe de participer aux compétitions européennes à partir de 2022, l’aventure de Darryl Middleton prend donc fin en Russie la même année. Peu importe au fond, Darryl Middleton, avec sa longévité exceptionnelle, représentait une valeur sûre qui démontre que même si un joueur débarque au fin fond de l’Europe, il faut toujours croire en sa bonne étoile. Middleton, lui, est passé de joueur américain lambda à plus européen des joueurs américains par son parcours plein de mérite. A travers les décennies et avec l’ambition d’être le plus complet possible pour gagner.

HOMMAGE A DARRYL MIDDLETON EN IMAGES

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Fan de basket européen, d'Anadolu Efes, de Fenerbahçe du KK Partizan Belgrade et du CSKA Moscou, je voue un culte à l'immense Željko Obradović ainsi qu'à Petar Naumoski, grâce à qui j'ai appris à aimer la balle orange. Passionné également d'histoire, j'essaye de transmettre ma passion à travers Basket Retro.

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