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Quand Laurent Sciarra ne quittait le parquet que 8 minutes pendant toute une saison!

France

Montage Une : Fabien Mathieu pour Basket Rétro

En absence forcée des terrains pendant un an, Laurent se chope une allergie au banc de touche et développe une boulimie de temps de jeu !

C’est dur de devoir se priver de sa passion pendant un an surtout quand on est un jeune joueur. C’est encore plus dur d’être capable de retrouver son niveau de jeu, voire de le dépasser ! C’est ce qu’a pourtant réussi à faire Laurent Sciarra pendant la saison 1994-95 du Championnat de France!

LES TRIBULATIONS DE LOLO L’ASTICOT

Sciarra est un sudiste pur jus, né à Nice, il commence sa carrière à Hyères-Toulon qui monte de Nationale 1 à la Pro B pour la saison 1991-92. Sciarra est un joueur très prometteur mais il n’a que 18 ans, il ne s’agit pas de brûler les étapes, ce que Lolo va s’empresser de faire bien entendu ! Dès l’été 1992 il est Champion d’Europe Junior avec les potos Foirest, Julian, Saint-Jean (futur TAW), Barbitch et Mériguet. Une grosse surprise tellement les français sont catastrophiques depuis 30 ans en catégories de jeunes ! Sciarra continue sur la lancée en explosant totalement l’année suivante en Pro B où il fait plus que doubler ses stats : 14.9 points, 3.5 rebonds, 6.4 passes et 1,5 interception en 33 minutes de temps de jeu et en s’imposant comme l’un des meilleurs meneurs de la division !

Le HTV devient vite bien trop petit pour les ambitions de Sciarra. L’équipe ne possède pas les moyens de jouer la montée dans l’immédiat alors que le meneur de jeu n’a aucune envie de s’éterniser en seconde division. Ça tombe bien, Charles Biétry ,qui vient de prendre la direction du PSG Racing Basket cherche à rajeunir l’effectif. Exit donc les vieilles gloires à gros salaires comme Hervé Dubuisson et bienvenue Yann Bonato (21 ans), Régis Racine (23 ans) et Jean-Marc Sétier (21 ans )! Bietry convainc aussi Sciarra de rejoindre la capitale. Problème, Sciarra est toujours sous contrat avec le HTV et n’a pas de clause libératoire pour aller voir ailleurs. L’entraineur des varois, Pierre Galle, ex-meneur de jeu international et figure de la grande équipe de Berck des années 70 ne compte pas laisser partir son jeune meneur prodige. Le clash entre la tête de bois du Ch’Nord et la grande gueule du Sud est inévitable. “Tu n’iras pas!” tonne le coach “M’en fiche, j’irai quand même!” répond de le joueur qui rompt son contrat unilatéralement pour rejoindre le PSG.

Pierre Galle, pas du tout le genre de type avec qui on négocie

Une décision lourde de conséquence, car la sanction tombe : Sciarra est privé de terrain pendant un an suite à son non-respect du contrat signé avec le club du Var ! Laurent Sciarra sera donc la cheerleader la plus cher payée du basket français, encourageant les copains depuis le banc en regardant son ami Bonato devenir un des meilleurs joueurs du championnat (21.4 points, 5.4 rebonds et 3.6 passes). Laurent ronge son frein et évite de partir en roue libre. Il serait facile pour un jeune de 20 ans, frustré par le manque de compétition, de laisser son talent dans le fond d’un verre de bar parisien !

SCIARRA C’EST PLUS FORT QUE TOI

La suspension prend fin pour la saison 1994-95. Biétry continue son OPA sur les jeunes cracks en recrutant Stéphane Risacher qui sort d’une superbe saison à la CRO Lyon à seulement 22 ans (17.1 points, 5.1 rebonds et 3.8 passes), Franck Mériguet (20 ans) et Bassirou Niang (23 ans). Une moyenne d’âge d’un peu plus de 23 ans qui fait passer la doublette américaine de l’équipe Paul Fortier et Brad Sellers (31 ans et 33 ans) pour de vieux dinosaures par rapport au reste de leurs coéquipiers ! Des questions se posent autour de Laurent Sciarra : quel va être son niveau après une si longue absence ? On peut prédire une lente et difficile adaptation d’autant plus qu’il vient de Pro B ! Les choses démarrent mal car comme Bonato et Risacher, il doit effectuer son service militaire au Bataillon de Joinville et rate une grande partie de la préparation.

Sciarra, Risacher et Bonato à l’entrainement. Chris Singleton aura fait des miracles pour conduire la classe biberon du PSG au succès.

La saison est sur le point de débuter et Sciarra commence à s’inquiéter car il n’a personne pour le remplacer au poste de meneur de jeu, Régis Racine étant parti à Lyon ! Sciarra en parle à Biétry, « Non mais t’inquiètes Laurent ! On est un peu ric rac niveau budget à cause du recrutement mais on te trouvera une doublure bientôt , promis ! « . Sciarra joue donc l’intégralité de son premier match en Pro A pour 7 points, 3 rebonds et 4 passes et 2 sur 7 aux tirs dans une défaite 87-81 à Pau-Orthez. Comme prévu, les débuts sont compliqués, le meneur de jeu ne tourne qu’a 27% de réussite sur les trois premiers matchs, ouch ! Trois défaites au compteur pour le PSG ! Le déclic arrive au 4ème match contre la JDA Dijon de Skeeter Henry, alors invaincue : un double-double avec 22 points et 12 passes avec un bon pourcentage de réussite (5 sur 11 aux tirs et 10 sur 11 aux lancers) plus 5 rebonds dans une écrasante victoire 92 à 71. Contre les bourguignons, Sciarra ne jouera que…39 minutes! C’est la première fois qu’il tâte le banc cette saison.

Chris Singleton, le coach, qui attendait impatiemment le retour de Sciarra, compte beaucoup sur lui. De toute façon, il n’a pas le choix, le meneur remplaçant n’arrivera jamais ! En fait c’est tout le cinq majeur qui est mis à contribution où Risacher passerait presque pour un dilettant avec ses 33 minutes de moyenne ! Mériguet et Sétier jouent une dizaine de minutes par match, Bassirou Niang encore moins et il ne disputera que la moitié des rencontres. Ah si, il y a aussi l’espoir normand Damien Le Lann qui jouera 6 minutes… au total ! Mais dans cette équipe de stakhanovistes du temps de jeu, c’est bien Laurent Sciarra le maitre absolu : 26 matchs joués sur 26 (dont 22 en intégralité plus une prolongation), 1037 minutes possibles sur 1045 ( 99.3% de présence sur les parquets) et 39,88 minutes de moyenne. Comme le laissait présager son physique, Sciarra n’est pas un sprinter, mais un marathonien.

« Non mais vos mères les bancs de touche ! Vous allez vous bougez oui ?! » Laurent Sciarra aura été marqué a vie par son année blanche sur le banc parisien

6ème de la saison (15 victoires-11 victoires), Paris élimine Strasbourg en 8ème des playoffs avant de tomber en quart contre Pau-Orthez et son effectif beaucoup plus étoffé. Qu’importe, Laurent Sciarra aura réussi son entrée en première division : 10.4 points (46% au tirs dont 29,8% à trois points, et 73,2% aux lancers), 3.7 rebonds, 1.7 interceptions et le trophée du meilleur passeur du Championnat de France avec 9.4 caviars par match. Pas mal pour un bizut ! Inutile de préciser qu’il est bien sûr le joueur avec le plus grand temps de jeu. Laurent Sciarra aura rattrapé le temps perdu durant l’année 1995. L’aiguille ne s’arrêtera définitivement que quinze plus tard.

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Sur Twitter, Instagram, Facebook mais pas encore sur Tinder. Ecriture, montage, un peu de graphisme aussi. Expert en expérimentation de cuisine asiatique. Aussi mauvais joueur que Laurent Sciarra et Gianmarco Pozzecco réunis. 🐱🤘

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