[ITW] Billy Goodwin – « En France, j’ai rencontré des gens fabuleux ! »
Interview
A New York, les rêves sont faits pour être réalisés. Et, quand en avril 1961, Billy Goodwin ouvre les yeux à Harlem, le basket l’a déjà happé. Icône à St John’s, la France découvre en 1987 un talent rare que Nice, Saint Etienne, Gravelines, Dijon puis Hyères pourront apprécié. De Chris Mullin à Laurent Sciarra, Basket Retro vous propose de revenir sur un parcours inouï. Interview !
Basket Rétro : Bonjour Billy, certains sportifs sont liés à l’histoire par une photographie. On pense au podium du 400m des JO de Mexico en 1968 ou à certains clichés de Mohammed Ali. A un degré moindre, c’est votre cas. En effet, le 21 mars 1983, vous faites la Une de Sport Illustrated. Pouvez-vous, nous raconter l’histoire de ce cliché ?

Billy Goodwin au Madison. Source : Sports Illustrated
Billy Goodwin : On venait de perdre deux fois contre Boston College. Ce jour là, on les rejouait pour la finale du tournoi de la Big East au Madison Square Garden. Michael Adams jouait pour les Eagles et Chris Mullin avait beaucoup de mal face à lui parce qu’il était trop rapide et il venait doubler sur lui. Comme notre coach Lou Carnesecca nous laissait de la liberté sur le terrain à l’époque, on a changé de position avec Chris et j’ai eu plus la balle. J’ai mis 16 points en première mi-temps et j’ai cassé leur press. Ensuite, libéré, Chris en a collé 18 en seconde mi-temps. Ils élisent Chris MVP du tournoi, moi je suis dans le 5. Lou notre coach me dit alors : « Billy va découper le filet, il est pour toi ! ». C’était pas un lot de consolation mais j’avais fait un bon tournoi. J’y vais, je commence à découper et Bill Wennington commence à me pousser et là je me dis si je tombe c’est trop la honte. On est au Madison quand même ! Alors, pour ne pas tomber je m’assied sur le cercle et je recommence à couper le filet entre mes jambes. Ce que je n’avais pas vu, c’était les gens sur le parquet. Certains m’ont donné des pancartes, les fans criaient. Bref, on avait gagné et c’était magique. Le lendemain, au lycée, les gens me regardait bizarrement. Lou me demande venir le voir. Il y avait un super poster sur son bureau que Sport Illustrated venait de lui envoyer et en voyant la photo, c’est là que j’ai compris. La Big East était la conférence la plus forte à l’époque alors c’était important. C’est devenu une photo iconique, et j’étais le premier de St John’s à faire une Une. Un truc de dingue à l’époque mais c’était le hasard. Cela a changé ma vie en quelque sorte mais sur le moment si je me suis retrouvé sur le panier, c’était pour ne pas tomber !
BR : Pouvez-vous nous dire ce que représente SI aux Etats-Unis ?
BG : C’est le magazine sportif le plus célèbre au monde. Il y a pleins de grands sportifs qui ont fait la couverture comme Jordan, Tom Brady, Magic ou Neymar. Alors c’était un honneur parce que ce n’est pas tout le monde qui fait une couverture. Les gens m’ont beaucoup demandé de signer la Une pour leur collection notamment.
BR : Vous êtes New Yorkais puisque vous naissez en avril 1961 à New York. Deux questions en une du coup : que pouvez-vous nous dire de votre enfance et que représente Big Apple pour vous ?
BG : Je suis né à Harlem et j’ai grandi dans le Bronx à partir de 11 ans. J’appartiens à ces deux quartiers en fait mais New York, c’est ma ville. C’est comme dans la chanson de Sinatra tout y arrive. C’est extraordinaire comme ville. En même temps, c’est la jungle ! A New York, j’ai vécu une jeunesse dorée. Au début, j’ai joué au foot puis au base-ball. Mais à l’époque c’était plutôt des sports de blancs alors pour être avec mes amis, je me suis mis au basket. Faire du sport, cela nous permettait de ne pas faire de bêtises.
BR : Comment êtes vous venu au basket et avez vous fréquenté les playgrounds de NY comme Mario Elie ?
BG : Mario c’est un bon ami ! On faisait des tournois avec Rod Strickland aussi ! Il n’y a pas un New yorkais qui joue au basket et qui n’a pas joué sur les playgrounds. C’est un petit monde où tout le monde se connait. Je crois avoir été une petite légende des playground. On jouait trois matchs par jour ! Inoubliable !
BR : Vous jouez dans le Bronx aux Gauchos, une institution mythique (Chris Mullin, Kenny Anderson, Mark Jackson, Rod Strickland, Stephon Marbury, Jamal Mashburn ou Kemba Walker y passeront). Vous nous parlez de cet épisode de votre carrière.
BG : Les Gauchos, c’est pas une école, c’est une équipe qui permettait aux jeunes de faire des tournois. On a joué à Las Vegas ou en République Dominicaine par exemple. L’équipe débutait à l’époque dans l’ombre de Riverside. Avec Chris Mullin ou Pearl Washington, on a un peu installé là-bas la culture de la gagne. Rod Strickland était jeune et j’étais son idole. Il regardait les matchs des grands avec le frère de Kyrie Irving. Moi, je jouais avec le frère de Rod qui était dans l’équipe aussi. Mais, on peut dire qu’on a grandi ensemble. On grandissait tous ensemble en fait !
BR : Vous signez à San Jacinto College qui se trouve dans le Texas. C’est un Junior College référencé qui a notamment accueilli Alton Lister, Sam Cassel ou Steve Francis mais c’est assez surprenant vous le New Yorkais.
BG : C’était une sacré expérience ! Je ne pouvais pas aller à la fac à cause de l’école et il fallait que je passe par un Junior College. Et, comme San Jacinto était la meilleure école de ce type dans le pays : j’y vais. Moi, le gamin de New York, j’arrive en banlieue de Houston en 1979. Et là, je vois des affiches du Klu Klux Klan ! Ouah, j’avais pas l’habitude ! Certains magasins faisaient même de la propagande… J’y suis resté un an parce que j’avais pas le choix et je suis revenu en vitesse à NY !
BR : Et puis retour à NY en 1980. Vous signez à St John’s. Qu’est-ce que cette école représente à NY ?
BG : Pour moi d’abord, gamin, le samedi j’allais voir l’équipe. Et après, sur le playground, j’essayais de refaire ce que j’avais vu sur le terrain. Pour moi, St John’s c’est un rêve d’enfance en quelque sorte et je voulais que la légende Carnesecca me coache. J’ai eu beaucoup d’offres de fac avant d’y signer. Environ 300, des grandes comme des petites : UNVL, Texas, Oklahoma, Houston aussi avec Drexler et Olajuwon mais moi mon rêve c’était de jouer au Garden avec St John’s. Je ne pensais qu’à cela ! Et puis je pouvais jouer devant ma famille et mes amis…
BR : Evidemment, ceux qui s’intéressent au basket savent que vous avez joué avec Chris Mullin, mais il n’y a pas que Chris à St John’s. Vous jouez aussi avec Bill Wennington qui sera champion avec les Bulls, Ron Stewart, bien connu en France mais encore David Russell (passé par Saint-Quentin) ou Kevin Williams. Vous aviez une super équipe !
BG : Extraordinaire cette équipe ! L’équipe a été construite autour de moi et de David Russell. Bill et Chris sont plus jeunes et se sont greffés après. David, je n’ai jamais vu quelqu’un comme cela ! Extraordinaire je le répète ! Chris était formidable quand il est arrivé mais c’était un gamin et la base, c’était nous. Après avec son talent, Chris s’est intégré à une vitesse folle évidemment.
J’ai eu beaucoup d’offres de fac avant d’y signer. Environ 300, des grandes comme des petites : UNVL, Texas, Oklahoma, Houston aussi avec Drexler et Olajuwon mais moi mon rêve c’était de jouer au Garden avec St John’s. Billy Goodwin
BR : Pouvez vous nous dire quelques mots sur Lou Carnesecca ?
BG : Il a 97 ans et il est toujours aussi fort dans sa tête : extraordinaire ! Je l’ai eu la semaine dernière au téléphone mais on a même pas parlé basket. On a parlé des bêtises qu’on faisait ! C’est comme un deuxième papa. Il était tellement important pour nous car il donnait du sens aux choses. On jouait pour lui mais on était également une partie de sa vie. Et ce n’était pas faux, c’est un homme sincère. Je me souviens mon premier match avec St John’s. A la fin, le soir, il devait être 22 heures et il me demande ce que je vais faire. Je lui réponds que je prends le Métro pour rentrer chez moi. Il me dit : « Tu fais attention, le Queen’s c’est dangereux. ». C’est comme un père qui prend soin de ses enfants. Il nous protégeait. N’importe quel joueur qui a joué pour lui te dira la même chose. Chaque jour de notre vie, on raconte quelque chose qu’il nous a apporté.
C’est comme un père qui prend soin de ses enfants. Il nous protégeait. Billy Goodwin sur Lou Carnesecca
BR : Vous vivrez trois March Madness : deux défaites assez rapides dans le tournoi contre Alabama en 81 et 82 et une contre Georgia en 1983.
BG : En 81, la première année l’équipe était en fin de cycle. Si on a perdu, c’est normal ! En 82, Chris, Bill et Ron étaient là. On les rejoue au Garden, à New York. On fait un match mythique mais on rate trois occasions à la fin. Moi je rate un shoot d’ailleurs et on perd d’un point. Mais il y a deux côtés dans cette histoire parce que si on avait gagné on partait jouer contre North Carolina de Jordan et Worthy qui était le meilleur joueur universitaire à l’époque. Et Alabama se fait massacrer par UNC. Alors, là on s’est dit que dans un sens cela avait peut être été mieux de perdre (il se marre). Même si l’année d’après on bat UNC en prolongation à Springfield, le berceau du basket. Et Georgia, c’est la déception cette défaite.
BR : Vous jouez dans des lieux fabuleux : au Madison Square Garden ou au Carrier Dome de Syracuse 32.000 personnes, une salle toute neuve à l’époque. Il y a des matchs qui vous ont marqué ?
BG : La première année qu’on a joué à Syracuse, il y avait 23.000 personnes : énorme. Il y avait un tel bruit que de toutes les façons on entendait rien ! Avec le bruit du public parfois, quand ton coéquipier te faisait une passe, tu avais l’impression que le ballon changeait de direction. Bref. La seconde année, il y avait 28.000 personnes et on y gagne. La dernière année, les travaux étaient finis : 32.000 personnes ! En sortant des vestiaires, on s’est dit ok d’accord c’est la dernière fois qu’on s’entend alors il faut que tout le monde soit concentré. A l’université, c’est fou. Cela n’a rien a voir avec la NBA. Après le Madison, c’est magique. Pour ma deuxième année, les Knicks n’étaient pas bons. Nous étions alors la seule équipe à remplir le Garden ! Et à chaque fois c’était rempli, rempli, rempli… 20.000 personnes. Il y avait un journaliste qui avait écrit que « St John’s : c’est New York City. ». Kevin venait d’Harlem, moi du Bronx, Chris de Brooklyn et je te parle pas des autres. En fait, tous les quartiers de NY étaient représentés. On a rempli le Madison pendant deux ans. Quand on a fait le tournoi de la Big East au Madison, Pat Ewing vient y jouer avec Georgetown. Les gens le voulait après cela à NY.
BR : Vous êtes drafté par les Bucks. Au 3ème tour d’une draft qui en compte 10. Vous signez un contrat puis vous êtes coupé par la franchise. Vous nous racontez ?
BG : Et oui, j’atterris aux Bucks. J’avais le même agent que Charles Barkley et Maurice Cheeks, mais ce que je ne savais pas c’est qu’il causait des problèmes aux franchises NBA. J’ai choisi le mauvais agent parce que j’aurais dû être drafté en fin de premier tour. Il avait Vinnie Johnson aussi comme joueur et les franchises se sont dit : on drafte pas Billy parce que les ennuis arrivent avec son agent. Bref, Milwaukee me choisit et il y avait Sidney Moncrief et Paul Pressey aussi sur mon poste. Au début, je me suis dit que cela allait marcher avec le départ de Charly Criss pour Atlanta et la retraite de Brian Winters. J’avais fait un super camp, mais ils font un transfert avec Nate Archibald et Mike Dunleavy. Du coup, là je n’avais plus ma place. Je suis tombé au mauvais moment en fait.
BR : Vous y croiser deux légendes : Mike Dunleavy et Don Nelson.
BG : On a pas eu de supers rapports parce que Don n’aimait pas mon agent. Mais bon c’est un mec bien Don et il ne pouvait rien faire pour moi à l’époque. Quand Chris Mullin était à Golden State, on a pu en reparler ensuite et c’était sympa. Mike Dunleavy, oui je l’ai croisé. C’est un mec bien aussi mais je le connais moins. Une carrière, cela se joue parfois à rien. Je me souviens que j’ai failli être transféré à Denver. Howard Carter (qui fera les beaux jours d’Orthez par la suite) avait été drafté par les Nuggets mais ne voulait pas y aller. Moi, j’étais ok mais Don ne voulait pas d’Howard. Cela n’avait rien à voir avec lui mais parce qu’il y avait déjà trop d’arrières dans l’équipe.
On drafte pas Billy parce que les ennuis arrivent avec son agent. Billy Goodwin
BR : Vous partez jouer à Puerto Rico en CBA finalement. Herb Brown, le frère de Larry Brown, vous y coache avec les Puerto Rico Coquis. Pourquoi la CBA ?
BG : La CBA, cela a été compliqué. Moi, je me suis dit au départ que cela allait être facile mais tu rentres dans les salles et il y a pleins de supers joueurs au final ! Tu regardes les gars que tu vas rencontrer et tu te dis : « mais celui-là, je l’ai déjà vu à la télé et lui à côté aussi ! » Il y avait Vince Taylor qui avait joué pour les Knicks par exemple et que j’avais rencontré avec Duke. Il a joué en France après (Avignon, Nancy). Bref. Ouah ! Après Puerto Rico et Herb Brown, Bill Musselman (qui a coaché les Cavs et les Wolves) me fait signer en Floride, à Sarasota. C’était la belle vie, avec la plage et les belles voitures ! J’avais ma place là-bas mais je le répète : il y avait pleins de supers joueurs.
BR : Vous y restez deux saisons supplémentaires avec les Bobcats de La Crosse puis les Jets de Mississipi. Chaque saison vous tournez à plus de 20 points de moyenne. C’est comment la CBA ?
BG : Oui, et une année j’ai été le seul joueur de CBA à être dans le top 10 de trois catégories différentes : points, assists et steals. J’ai joué aussi pour Tom Nissalke (NDRL : NBA Coach of the Year 1977) qui a coaché Moses Malone aux Rockets. J’ai fait le All Star Game mais qu’est ce que c’était dur ! Phil Jackson m’avait demandé pour que je signe aux Patroons d’Albany comme c’est à New York mais à l’époque je préférais rester sur la plage en Floride (il se marre). Je suis resté très proche de Phil et si je l’avais suivi à Albany les choses auraient peut être tournées en ma faveur mais bon à l’époque, c’était comme cela.
BR : C’est une frustration de ne pas avoir joué en NBA ?
BG : Au début oui, mais je suis quelqu’un qui tourne les pages vite. Et puis mes amis me disaient qu’ils ne comprenaient pas pourquoi je n’y jouais pas. Bref, au départ oui, après non. Mais il y a quelque chose qu’il faut que les gens sachent. A l’époque, il y avait 12 joueurs par équipe en NBA. Et, dans les salles, c’était les blancs qui payaient leurs places. Pour les blacks, c’étaient dur parce qu’une place coutait très cher. Alors à cause de cela, les places sur le banc, c’étaient quasiment tout le temps des vétérans blancs, pas des blacks aux dents longues. Les gens payaient aussi pour voir des blancs jouer. Et une équipe sans blancs, c’était pas possible. C’était comme cela et moi je pouvais comprendre pourquoi cela fonctionnait comme cela. Si tu n’apportais rien pour l’équipe ce n’était pas possible de jouer en NBA.
BR : Vous arrivez en France en 1987, à Nice, en Pro B. Dans quelles circonstances c’est arrivé ?
BG : D’abord normalement j’aurais du arriver en France en 1986. Didier Rose m’avait préparé un contrat pour signer à Nancy. Et puis, je le sentais pas. Je vais à l’aéroport et je décide de ne pas prendre l’avion. Didier Rose m’ a attendu mais je ne suis jamais arrivé… J’ai fait deux saisons ensuite aux Philippines et au Vénézuela pour gagner de l’argent. Au Vénézuela, je joue avec Albert Butts avec qui j’étais très copain et qui jouera à Levallois après Nice. Christian, le coach de Nice m’appelle et me dit Billy, je veux que tu viennes en France. J’ai dit ok mais je viens avec Albert. Il me rappelle une heure plus tard et il m’a dit ok. Avec Albert, on s’était dit qu’on resterait trois mois, un truc comme cela mais quelle surprise en arrivant ! Nice… ouah ! Il y avait George Bosterhous aussi qui était naturalisé et qui nous a bien accueilli. Robert Smith que je connaissais aussi, jouait à côté à Monaco. Il nous a présenté Luc Sonor et George Weah, des fous de basket. Je suis allé souvent chez George qui a une maison à New York d’ailleurs. J’ai rencontré pas mal de gens et j’étais bien. La femme de Jacques Médecin, Ilene Graham, qui était américaine m’a beaucoup aidé aussi. Mais bon , moi je ne connaissais rien des histoires de Médecin en France mais sa femme m’a beaucoup aidé à m’acclimater. Elle venait à tous les matchs. Nice, un réseau d’amis, j’ai eu beaucoup de chance à mon arrivée.
Les gens payaient aussi pour voir des blancs jouer. Et une équipe sans blancs, c’était pas possible. C’était comme cela et moi je pouvais comprendre pourquoi cela fonctionnait comme cela. Billy Goodwin
BR : Vous tournez à 30 points par match à Nice avec deux matchs à plus de 50 points (Montpellier et Roanne). Comment vous vivez votre arrivée en France ?
BG : Si je m’en souviens…. Montpellier c’est mon premier match officiel et je mets 53 points ! Sam Mitchell et Rick Raivio tournaient à 30 points de moyenne en Pro B pour Montpellier. Quels joueurs… Il y avait aussi Apollo Faye et moi, je n’y connaissais rien au championnat de France. Montpellier et Dijon jouaient la montée, pas nous mais moi, je voulais gagner contre n’importe qui. A Montpellier, on mène de deux points et Mitchell récupère une faute sur un panier à trois points à la sirène. Sam vient aux lancers. Je le chambre. Normal quoi. Il en met deux. Je retourne sur le banc en disant allez, allez les gars, c’est pas grave : on va les battre. Un gars me regarde et me dit : « Mais Billy, le match est fini. » Il n’y avait pas de prolongation à l’époque. Match nul ! Inimaginable pour moi, qui était né pour la gagne. Moi, je ne pense qu’à cela depuis que je suis gamin et là : match nul… Au second match, contre Dijon je claque 37 points et tu connais le résultat du match ? Match nul 94 partout. J’étais fou !
BR : Il se passe tout de suite quelque chose entre la France et vous ?
BG : Oui. J’ai eu beaucoup de chance en France. Nice : c’était formidable et à St Etienne, Nicky White m’a beaucoup aidé après, le capitaine historique de Cholet. A St-Etienne, il y avait aussi Terrence Tarpey dont le fils Terry joue actuellement au Mans. Il m’a épaulé également. C’était important pour moi d’être entouré et c’est pour cela que je m’y senti bien tout de suite.
BR : Le saison d’après vous vous engagez avec Saint-Etienne toujours en Pro B. Comme avec Nice, vous scorez beaucoup en saison régulière (26 points par matchs) et vous faites un match de fou contre la JDA où vous marquez 48 points et prenez 12 rebonds.
BG : C’était un équipe qui s’entendait très bien. On allait manger souvent ensemble au restaurant, un peu comme avec St John’s. Je n’étais pas isolé même si j’étais américain et c’était agréable. En semaine, on jouait au backgammon par exemple. On avait même failli battre Nantes en Coupe de France. On perd d’un point là-bas. Terry Tarpey qui mettait jamais rien à trois points en colle un. Il reste 5 secondes et on mène d’un point. George Montgomery, à Nantes, shoote et rate mais notre pivot Jim Grandholm en voulant prendre le rebond, il tape le ballon qui monte en l’air pour finir dans notre panier… Et on perd d’un point ! Je m’en souviendrais toujours.
BR : Comment vous gérez votre carrière à cette époque ? Vous avez un agent ? Comment orientez-vous vos choix ?
BG : Mon agent aux Etats-Unis me dit qu’il connait quelqu’un en France pour s’occuper de mes affaires. Philippe Ruquet, c’est lui qui m’a fait mon premier contrat en France. Il me regarde et il me dit : « Eh, je suis ton agent maintenant ! ». Mais moi je lui réponds : « Je te connais pas et non, t’es pas mon agent. Un agent c’est quelqu’un que je choisi. » J’ai besoin d’être en confiance et lui, je ne le connaissait pas. Donc là, j’ai plus d’agent. En 87, avec Sam Mitchell, on va voir Don Collins en finale contre Cholet. Après le match, je croise un mec à une table. Il me chambre mais pas très gentiment tu vois. Je lui dit : « mais qui tu es toi pour me parler comme cela alors qu’on se connait pas ? » C’était Didier Rose… mon premier ennemi en France (il se marre).
BR : A 28 ans, vous signez à Gravelines. Nous sommes en 1989 et vous découvrez la Pro A.
BG : A Gravelines, je retrouve Pierre Galle qui a entrainé Montpellier et Jean-Paul Rebatet qui a entrainé Nantes contre qui on avait joué. Saint-Etienne voulait que je reste, mais ils signent Albert Butts qui doit toucher au final plus que moi alors que dans mon contrat, il était stipulé que je devais être l’américain le mieux payé du club. Mais moi, comme tu le sais, j’avais pas d’agent et à St-Etienne, ils me disent « Billy tu es trop gourmand ! » alors je suis parti. Là, je vais voir un match à l’ASVEL. Et là, il y avait Bill Sweek qui me présente un ancien de Tulane : Craig Spitzer qui est devenu par la suite mon agent. Il me propose l’Italie mais moi, je voulais rester en France donc je lui ai demandé de regarder ce qu’il y avait. Il m’appelle le lendemain, et me dit Gravelines. C’était parti.
BR : Vous avez déclaré que Gravelines avait été pour vous une aventure unique. Vous y jouez avec Fred Forte.
BG : Quand j’arrive à Gravelines, il y avait Felix Courtinard, Maguette N’Doye, Eddy Lamie, Gerald Paddio qui a signé aux Cavs après, Fred Forte, Olivier Bourgain et Xavier Wallez pour ne citer qu’eux. On était une équipe jeune d’ailleurs et on avait fait la couverture de Maxi Basket. Que des français à l’intérieur, avec Paddio on joue poste 2 et 3 et Fred était à la mène, à 19 ans. Il était prêté par Limoges. On perd les six premiers matchs. Jean Galle coupe Paddio. Incroyable parce que l’agent de Galle c’est Rose et l’agent de Paddio : c’était Rose aussi. J’ai toujours pas compris pourquoi ce n’est pas moi qui avait été coupé… Cela aurait été plus simple. Jean vient me voir et me dit Bill : « On change quoi à l’équipe ? ». Je lui dit : « passe Fred poste 2 et moi je prends la mène comme en CBA. Par contre, laisse moi le temps de l’expliquer à Fred. » Avec Olivier Bourgain, ils venaient tous les jours chez moi pour parler basket. Et le jour où je lui explique, je lui dit écoute : « en début de match Fred si t’as le ballon, tu l’envoies à Felix et tu croises les doigts pour qu’il rate plusieurs fois. Parce que s’il rate, il va avoir les nerfs et va te faire de sacrés écrans et défendre dur. Les écrans, c’était la clé pour nous : le spacing. Et on gagne les 5 matchs suivants ! » A Gravelines, j’étais le capitaine. Je menais l’équipe et Jean le disait d’ailleurs mais bon je pars pour Dijon.

Fred Forte et Billy Goodwin à Gravelines. Source : BCM.com
BR : Qu’est ce que vous pouvez nous dire de votre aventure avec Dijon ? Vous y jouez deux saisons en 1991 et 1992.
BG : A Gravelines, j’étais capitaine et à Dijon il y avait Curtis Berry. Il avait été champion avec Limoges : un grand monsieur. Et là, je n’ai pas à m’occuper du leadership. J’avais juste à être focus sur mon jeu. Dans l’équipe, il y avait aussi Oumar Dia et Damien Pastres, Mike Russel et des jeunes Fedi, Beorchia, etc… On montait et l’objectif c’est le maintien. Mais moi, je ne sais pas jouer cela, je veux gagner peu importe qui est en face. C’est un truc très français. Tu regardes le calendrier en début de saison et tu analyses : « là c’est les premiers on va perdre, là on va gagner et là c’est important à la maison… » Mais moi, c’est pas ma culture parce que je joue pour gagner peu importe que ce soit Limoges ou le dernier. Après si on perd c’est autre chose. Et puis, j’avais joué contre Jordan, Ewing et j’en passe à la fac alors rentrer sur le terrain et penser à perdre : inimaginable ! On fait une belle saison où on gagne deux fois sept matchs de suite. Dans mon parcours, Dijon cela a été un beau challenge et j’ai senti que j’étais chez moi ici en France. C’est à Dijon d’ailleurs que je fais ma naturalisation française.
Et pour la première fois de ma vie, je me dis que j’étais devenu un vrai professionnel de basket. Un pro dans le sens que j’avais moins besoin de mon physique. Mon QI basket faisait le reste et c’était un vrai changement pour moi. Billy Goodwin
BR : Avec Dijon, vous comptez 17 matchs à 40 minutes ou plus. On pourrait retrouver des stats similaires pour Gravelines d’ailleurs. Vous donnez de l’argent à vos entraineurs pour ne pas sortir ?
BG : Ils me faisait jamais sortir c’est vrai. Je suis un scoreur mais j’aime le jeu avant tout. Prendre des rebonds, défendre sur le meilleur joueur en face, faire des passes. Et là, à Dijon, enfin, je me concentre sur moi. Je n’ai pas à mener l’équipe et ce sont deux situations très différentes. J’ai retrouvé ce que je vivais à St John’s. A Gravelines je termine deuxième marqueur du championnat. L’équipe avait besoin que je score. A Dijon, je ne dois pas scorer à tout prix donc c’est très appréciable. Je pense que le coach voyait que j’étais joyeux sur le terrain et donc il ne me sortait pas.
BR : Est-ce que c’est à Dijon que vous jouez votre meilleur basket ?
BG : A Dijon non. A Gravelines, St-Etienne et Nice surtout, j’étais plus fort. Mais mentalement, à Dijon, je suis mûr, je crois. Je veux dire, je suis bien dans mon jeu. Et pour la première fois de ma vie, je me dis que j’étais devenu un vrai professionnel de basket. Un pro dans le sens que j’avais moins besoin de mon physique. Mon QI basket faisait le reste et c’était un vrai changement pour moi.

Billy sous le maillot de Dijon – Source : Cholet Basket.com
BR : Vous signez ensuite à Hyères-Toulon. Retour en Pro B. Vous avez 30 ans et là vous vous posez puisque vous y restez 4 saisons.
BG : C’est une autre histoire aussi. A Nice, on avait beaucoup joué en amical contre Hyères-Toulon. Quand je jouais à Antibes, des gars de Toulon venaient me voir jouer et cela permettait de continuer à discuter à la fin des matchs. J’avais la nationalité française et mon ex-femme attendait notre première fille à l’époque. On avait d’ailleurs gardé un appartement à Nice parce qu’elle est niçoise. La deuxième saison à Dijon avait été moyenne. Donc cela plus cela, je signe à Hyères. J’habitais à Nice et il y avait Laurent Sciarra aussi qui y vivait. Il m’appelle pour le premier entrainement en me disant : « je viens te chercher ». Cela m’arrangeait parce que je ne connaissais pas Hyères. Au péage, il me dit « ça me fait quelque chose de jouer avec toi, je t’ai beaucoup vu jouer avec Nice ». On discute et je lui raconte l’histoire d’un gamin à Nice qui venait me donner et redonner les ballons lors de mes shootings à la salle. A chaque fois, il était là le week-end pour mes shooting. Je lui dit que je voudrais bien le revoir pour discuter avec lui et savoir ce qu’il devenait ce gamin. Il me regarde et me dis : « Le gamin c’était moi Billy ». Ouah ! La claque ! Les gens disaient que ça n’allait pas marcher entre nous parce qu’à l’époque Laurent jouait poste 2 comme moi. Et puis, on s’est organisé pour partager la balle. Si l’un des deux prenait le rebond par exemple, c’était l’autre qui devait remonter la balle. Il a explosé cette année-là. Il a signé au PSG l’année d’après. On a fait une belle saison. Le dernier match, on va au Mans. Bob Wymbs, le GM et Jean Luc Monschau viennent me voir et me proposent un beau contrat de 4 ans. Mon agent fait le reste, je signe au Mans avec une deadline au 15 juin. Pierre Galle a beaucoup insisté pour que je reste. Et puis, on avait une belle maison avec ma femme donc je reste à Hyères mais sportivement Le Mans cela aurait été mieux.
Il me regarde et me dis : « Le gamin c’était moi Billy ». Ouah ! La claque ! Billy Goodwin
BR : Est-ce à cette période que vous pensez à votre reconversion en créant la Billy Goodwin Basketball Services ?
BG : A cette époque là non parce que j’avais un bar sur la plage. Cela a crée la confusion d’ailleurs avec le club qui pensait que je préférais aller au bar plutôt que jouer. Mais je commençais à être fatigué du basket. J’étais capitaine de l’équipe mais je commençais à être dépassé. J’avais un coup de blues avec le basket.
BR : Vous travaillez également avec des adolescents rencontrant des problèmes sociaux et familiaux. Cela nous fait beaucoup penser aux Gauchos que vous avez fréquenté adolescent.
BG : Oui oui ! Dans le Bronx, j’ai eu une enfance dorée pour une chose. Pas pour le Bronx mais parce que des gens se sont occupés de nous quand on jouait aux Gauchos. Et je voulais rendre ce qu’on m’avait donné. Je veux être ce monsieur à qui on pense plus tard en se disant : « heureusement qu’il a été là pour moi, lui ». Un enfant, c’est un enfant. J’ai eu beaucoup d’amis qui ont mal tourné mais moi grâce à certaines personnes je m’en suis sorti et bien sorti ! J’avais une super famille mais dehors le Bronx c’est particulier, c’est autre chose. C’est ma manière de les remercier. J’ai toujours voulu créer mon académie de basket pour les enfants mais je n’en ai pas eu l’occasion. Les enfants ont besoin qu’on les aime, qu’on les guide. Aujourd’hui c’est encore très important pour moi cette chose là.
BR : Au bout de quatre ans à Hyères, vous quittez le club suite à des désaccords et puis vous vous retrouvez en région parisienne. Vous y jouez pour un club de régional.
BG : Non pas du tout. J’ai vendu mon bar à Toulon et je suis parti habiter à Paris pendant 4/5 ans. Un ami, un jour, Christian Chavarrier me téléphone et me dit Billy : j’ai besoin d’un service. J’ai un collègue qui risque de descendre et il a besoin d’aide. J’avais pas joué depuis un ou deux ans. Alors je suis allé m’entrainer avec Bondy. Et j’ai signé à Feurs en N1. Je partais le jeudi et je revenais à Paris après le match. Et la semaine, je m’entrainais à Bondy donc c’est pour cela qu’on a pensé que j’ai joué dans un club régional. J’ai eu des sollicitations parce qu’on a gagné huit matchs de suite et Feurs s’est maintenu mais comme je le disais, j’avais un peu le blues. Le basket ça commençait à être fini pour moi.
BR : Vous étiez prêt pour la fin de votre carrière ? Cela s’est passé comment ?
BG : On est jamais prêt pour sa fin de carrière. Le basket moi c’est une énorme partie de ma vie. Tu te lèves pour cela : jouer au basket. En vieillissant, je regardais Stéphane Ostrowski et Ron Anderson continuer à jouer. Mais moi l’été, je vais à la plage, au restaurant, j’en profite. Quand tu es jeune c’est pas grave mais quand tu vieillis cela pose problème. Et moi, je suis pas comme Ron et Stéphane niveau hygiène de vie. Et puis je ne voulais pas que les gens gardent une mauvaise image de moi. Je n’avais pas envie de faire les années de trop.
BR : Est-ce qu’il y a des joueurs que vous avez perdu de vue que vous voudriez revoir ?
BG : Pas vraiment parce qu’avec Internet on retrouve toujours ceux qu’on veut voir. Freddy Hufnagel j’adorais le regarder jouer et j’ai fais connaissance avec lui, il est génial ce mec ! Il me fait rire ! L’autre fois j’ai mis un mot sur sa page FB et il m’a chambré (il se marre) ! Il est comme moi, il adore se marrer. Je suis en contact avec Laurent Sciarra aussi, on a rejoué ensemble d’ailleurs pour l’anniversaire du club de Hyères-Toulon. J’ai revu également Oumar Dia ou Curtis Berry. J’ai pleins de bons souvenirs avec des joueurs. Alors, je ne voudrais pas citer que quelques uns des mes anciens coéquipiers sous peine d’oublier certains noms. Je n’ai pas aimé tout le monde évidemment mais j’ai un pensée pour tous.
BR : Vous animez des camps d’été pour les jeunes basketteurs. Un de nos collaborateur chez Basket Rétro qui vous a accompagné à l’un deux et a été frappé par une chose. Quand vous prenez le temps de parler aux jeunes, vous avez un message très collectif sur notre sport. Vous dites par exemple que le scoreur que vous étiez n’avait pas plus d’importance que celui qui aidait l’équipe en prenant des rebonds.
BG : C’est vrai et c’est un message que je donne aux jeunes. A St John’s, c’était vraiment notre force : le collectif. Ron (Stewart) et Bill (Wennington) parfois, personne ne voyaient leur travail sur le terrain mais sans eux, on aurait pas pu avoir toutes les victoires qu’on a eu. La force de Carnesecca, c’était cela. Un jour à l’entrainement, je pique une balle et j’envoie une super passe à David (Russell) qui fait un dunk de malade. Tout le monde crie ! Lou s’arrête et crie plus fort que les autres. « C’est quoi le problème, là ? » il dit. Et il nous a expliqué qu’il fallait remercier ses partenaires sur le terrain parce que dans les tribunes, les gens ne le voient pas. Les supporters ne regardent que le dunk et pas le travail avant. Quand Bill faisait un contre, on le montrait du doigt, pareil quand Jeff (Allen) prenait un super rebond. On s’encourageait les uns les autres. Le message : il est là. Chacun a une place dans un collectif. Les gamins regardent Stephen Curry, Kevin Durant, Michael Jordan, etc… Regarde Dennis Rodman, il mettait pas un point ! En France, je mes souviens de Jean-Marc Kraidy et Vincent Masingue : quel boulot ils faisaient pour l’équipe. C’est vrai, ils ne marquaient pas beaucoup mais quel travail ! C’est ce que je dis aux jeunes. Tu n’es pas obligé de marquer 20 points pour être bon au basket. Il te suffit de bien faire autre chose comme défendre ou prendre des rebonds. Il y a plein de choses à apporter dans une équipe. Et j’essaye de mettre cela dans la tête des gamins. Ok Rodman, il peut pas mettre un double pas mais il va défendre et prendre 20 rebonds ! Stockton il va faire jouer son équipe. Bruce Bowen, parlons de lui un peu ! C’est un très grand défenseur. Et les Spurs ont retiré son maillot et c’est pas un marqueur ! Et aux Spurs, cette valeur est très importante d’où son maillot au plafond.

Billy Goodwin a un camp de basket – Source : Real Skills Basket Ball
Quand Bill faisait un contre, on le montrait du doigt, pareil quand Jeff (Allen) prenait un super rebond. On s’encourageait les uns les autres. Le message : il est là. Billy Goodwin
BR : C’est une frustration de ne pas avoir gagné de grands titres collectifs ?
BG : Oui ! Ça oui ! C’est la seule chose de ma carrière qui me pose problème. A San Jacinto, en Junior College, on perd pas un match de saison régulière et on perd au premier tour. Je pense à cette défaite contre Alabama et Georgia. J’ai une grande frustration !
BR: Quel regard portez vous sur votre carrière ?
BG : Je pense que j’aurais pu faire mieux. C’est certain Mais bon, globalement j’ai fais une belle carrière et j’en suis content de ce que j’ai réalisé. Vraiment.
BR : Le mot de la fin, c’est pour vous Billy. C’est une tradition chez Basket Retro.
BG : Je voudrais remercier Basket Retro de pouvoir m’exprimer sur des choses dont je n’ai plus parlé depuis très longtemps. Je voudrais dire aussi parce que c’est important que je suis content de mon parcours. En France, j’ai rencontré des gens fabuleux ! Je dis Vive la France ! D’ailleurs, je suis très fier d’avoir la nationalité française. Ah si une dernière chose : n’oublies pas de dire bonjour à Freddy Hufnagel de ma part (il se marre) !
Interview réalisée pour Basket Retro par Guillaume Paquereau. Nous tenions à remercier Billy Goodwin pour sa gentillesse et sa disponibilité !
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