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L’histoire des séries : Utah Jazz vs Los Angeles Clippers

NBA Playoffs

Montage Une : Anthony Jeffrey pour Basket Rétro

C’est au tour des demies finales d’être décortiquées. Pour bien vous préparer, Basket Rétro vous a concocté un menu complet avec un retour dans l’histoire de la NBA en se basant sur les affiches actuelles et leurs confrontations passées. Place à Los Angeles Clippers vs Utah Jazz.

D’un côté, une équipe sans vague, qui a marqué par sa stabilité dans les années 80 et 90. De l’autre, tout ce qu’il ne faut pas faire dans la gestion d’une franchise NBA depuis 40 ans. Miser sur les

1992 : AU COEUR DES EMEUTES DE LOS ANGELES

Il y a des événements tellement marquants qu’ils arrivent à éclipser les plus grandes compétitions sportives : le tremblement de terre en 1989 au moment des World Series opposant Oakland A’s et San Francisco Giants, la course poursuite d’O.J. Simpsons filmée durant le Game 5 de la finale NBA 1994 ou encore récemment la grève des joueurs des Bucks dans la bulle après que Jacob Blake se soit fait tirer dessus par la police de Kenosha dans les Winsconsin.

La première série de playoffs de l’histoire entre Los Angeles Clippers et Utah Jazz fait partie de ces moments, où le sport s’est mis en arrière-plan

Le 3 mars 1991, Rodney King est sauvagement agressé par quatre policiers sous les yeux de vingt autres collègues après un contrôle routier. Le passage à tabac est filmé par un habitant et sa diffusion à la télévision quelques jours plus tard provoque la consternation de la communauté afro-américaine de Los Angeles qui subit les sévices d’une police raciste et violente depuis de nombreuses années. Quelques mois plus, le 29 avril 1992, les quatre policiers impliqués sont déclarés non coupable lors du procès, provoquant la colère des habitants de Los Angeles. Quatre jours d’émeutes s’en suivent dans les rues de Los Angeles, provocant le chaos dans la seconde ville américaine.

Rodney King and the 1992 Los Angeles riots

@ CNN

C’est dans ce contexte particulier que se tiens la série du premier tour des playoffs entre le Jazz d’Utah et les Clippers de Los Angeles. Si le Jazz est habitué du rendez-vous, c’est une première pour les Clippers version Los Angeles, leur dernière apparition en playoff datant de l’époque Buffalo, en 1976.

Les deux premières rencontres se déroulent dans un contexte « normal ». Le Jazz de Karl Malone et John Stockton, deuxième à l’Ouest dispose facilement des jeunes et prometteurs Clippers de Danny Manning, Ron Harper ou Doc Rivers, coachés par Larry Brown. Karl Malone est dominateur avec 32 points lors des deux premiers matchs, tandis que John Stockton délivre 21 et 19 passes décisives. Une promenade de santé dans l’Utah

La troisième rencontre à Los Angeles se déroule la veille du verdict du procès des agresseurs de Rodney King. Un événement du côté des Clippers qui jouent ici leur premier match à domicile en playoffs depuis 1976. Alors que tout le monde prédit un sweep et une victoire des Jazz, les Clippers créent la surprise et remportent le match 3, 98 à 88 : tous les joueurs du cinq majeurs des Californiens marquent plus de 10 points sur cette rencontre.

Le 29 avril 1992, au milieu de l’après-midi tout bascule : le jury rend son verdict et les quatre policiers sont déclarés non coupables. S’en suit six jours d’émeutes ininterrompus qui coûteront la vie de 60 personnes : des images de chaos diffusés en direct à la télévision : incendies, pillages, agressions, le couvre-feu est annoncé par le maire de l’époque Tom Bradley.

Un choc pour joueurs et coachs des Clippers.

« Cela ressemblait à un pays du tiers-monde : je n’en croyais pas mes yeux » Olden Polynice

« Un parcours de 30 minutes m’a pris quatre heures. On écoutait les nouvelles à la radio. J’étais en voiture avec ma femme et on s’est retourné pour voir la ville quand nous sommes arrivés sur l’autoroute : on ne voyait que de la fumée. C’était complément fou. J’essayais de contacter les joueurs et leur faire savoir ce qu’il se passait. On était tous en attente de la suite » déclare Larry Brown.

La rencontre est décalée d’une journée, puis de deux jours après que les émeutes se poursuivent. Il se pose alors la question du lieu de la rencontre. Le Sports Arenas situé en plein cœur des incidents ne pleut clairement pas accueillir la rencontre. Le GM des Jazz suggère que le match se joue dans l’Utah, ce que refuse logiquement Carl Lahr, VP des Clippers

« Notre organisation et véhément opposé à bouger le lieu de la rencontre hors de l’état et céder l’avantage du terrain pour un match de playoffs. »

Alors que les Lakers ont trouvé un point de chute à Las Vegas pour leur affrontement face aux Blazers, c’est finalement en Californie, au Convention Center d’Anaheim d’une capacité de 8000 places que se déroule finalement le match 4, le dimanche 3 mai 2021.

Une affrontement plein d’émotion, que les Clippers ne veulent pas perdre : pour le sport, mais aussi pour leur ville.

« Nous savions que nous allions jouer plus qu’un simple match : nous voulions aider la ville à récupérer et guerir » pour Olden Polynice.

Dès l’échauffement, les Clippers sont transcendés par l’évènement, enchaînant les dunks surpuissants. La foule modeste d’Anaheim donne de la voix et l’acoustique particulière de la salle crée une ambiance indescriptible : « la foule la plus bruyante dans laquelle j’ai joué » pour  Doc Rivers. Olden Polynice ne fait que confirmer :

« Je me rappelle encore de ce bruit. Je n’avais jamais ressenti une électricité pareille venant du public. Je me rappelle être au bord de l’évanouissement : j’étais tellement boosté par cette foule, cette réaction des fans et par tout ce que nous avions vécu, j’étais en hyperventilation. J’ai dû m’assoir. Le match n’avait pas commencé et Danny Manning et moi, nous étions trempés. C’était tellement intense. Avec l’énergie que nous avions, nous ne pouvions pas perdre cette rencontre ».

La plus belle victoire de l’histoire de la franchise est peut-être obtenue ce jour-là. Dans une rencontre serrée où quatre Clippers battent leur record personnel à la marque, Los Angeles prend l’avantage dans le money time grâce notamment à une action à trois de points de Doc Rivers.

Un succès symbolique qui pousse un Game 5 décisif, mais surtout une libération pour la ville.

 « Merci au Basket. Cela a été une façon de revenir à la normal en jouant, même si on réalisait a quel point cela a été dur pour les personnes directement impliquées. Le fait que nous ayons cette fenêtre et cette opportunité de jouer à aider tout le monde à passer à autre chose : c’est une bonne chose ». se félicite Larry Brown.

Ce sont donc des Clippers en pleine confiance qui s’envolent pour Salt Lake City : peuvent-ils créer l’exploit et battre le Jazz pour leur première série de play-offs depuis 16 ans ?

Ils prennent en tout cas le meilleur départ avec un 14 à 2. Le Jazz revient mais les Angelinos gardent le contrôle et sont devant de quatre points à l’entame du dernier quart-temps. La dernière période sera à l’image de l’histoire de la franchise : les Clippers n’inscrivent que deux panier sur 21 tentatives et encaissent un 25 à 12. Ils perdent la rencontre 98 à 89 mais sortent de ces playoffs la tête haute : après une saison prometteuse et deux dernières semaines mouvementées, l’avenir s’annonce radieux du côté des Clippers. Il n’en sera rien.

1997 : UN MONDE D’ECART

Cinq ans plus tard, les deux franchises se retrouvent pour un affrontement on ne peut plus déséquilibré. Les Jazz ont le meilleur bilan à l’Ouest avec 64 victoires pour 18 défaites, le futur MVP de la saison, Karl Malone et une étiquette de favori pour affronter les Bulls en finale NBA.

Karl Malone of the Utah Jazz shoots against the Los Angeles Clippers... News Photo - Getty Images

@ NBAE

En face, les Clippers sont retombés dans leurs travers. De l’équipe de 1992, il ne reste que Loy Vaught. Avec un effectif d’une pauvreté rarement vu (Vaught, Malik Sealy, Brent Barry ou Rodney Rodgers sont les grands « noms » de l’effectif), ils ne doivent leur qualification avec un bilan de 36 victoires pour 46 défaites qu’à la faiblesse de la conférence Ouest.

Les bookmakers de Las Vegas quottent la victoire des Clippers à 50 contre 1 ce qui fait dire à Rodney Rodgers « je suis surpris que ce ne soit pas plus ! ».

Si les Jazz remportent facilement la série d’un sweep, 3-0, les Clippers offrent plus de résistance que prévu, si bien que Bill Fitch, leur coach déclare à la fin de la série qu’il n’échangerait sa place pour rien au monde avec celle de Jerry Sloan. Une nouvelle fois, de belles promesses qui ne donneront rien

207 : LA DER’ DE LOB CITY

Les Clippers version « Lob City » sont l’une des équipes les plus excitantes et frustrante de la dernière décennie. Une effectif garni (Chris Paul, Blake Griffin, DeAndre Jordan), un coach d’expérience (Doc Rivers), et pourtant un enchaînement d’échecs en playoffs. Certains sont dû au contexte (l’affaire Sterling au milieu des playoffs 2014), d’autres à des contre-performances (comme ce Game 6 en 2015 où les Clippers laissent les Rockets revenir de 12 points dans les 8 dernière minutes alors qu’ils peuvent décrocher la série et que James Harden fait la tête sur le banc de Houston).  Mais le plus souvent, ce sont les blessures qui ont plombé les Californiens. En 2016, Griffin rate une grande partie de la saison après s’être cassé la main (en frappant un assistant des Clippers), puis les playoffs après une blessure à la cuisse. Chris Paul se blesse à la main lors du premier tour et rate toute la série.

En 2017, les Clippers pensent avoir vaincu le signe Indien et démarrent leur premier tour face au Jazz d’Utah avec un effectif complet. Quatrième dans une conférence Ouest très relevée, ils font partie des outsiders pour le titre. En face, le Jazz avance comme toujours sans bruit, avec un groupe solide : Gordon Hayward, All-Star, Rudy Gobert, John Johnson ou encore Boris Diaw.

Le début de rencontre est un cauchemar pour le Jazz. A peine 17 secondes de jeu et Rudy Gobert se tord le genou : l’inquiétude d’une fin de saison prématurée plane sur le pivot du Jazz. Il ne ratera finalement que deux rencontres, revenant pour le Game 4. Au final, ce sont bien les joueurs de l’Utah qui remportent le premier match, sur un buzzer beater de John Johnson, le huitième de sa carrière.

« C’est ce qu’il a fait tout au long de sa carrière. Donc quand il a le ballon en fin de rencontre, nous sommes confiant ! » Philosophe Boris Diaw.

Les Clippers égalisent dans la deuxième rencontre et prennent l’avantage après une victoire 111 à 106 dans l’Utah. Un succès qui laisse des traces : Blake Griffin se blesse au pied au cours du deuxième quart-temps et regagne le vestiaire. Il ne le sait pas encore mais sa saison vient de se terminer : la malédiction des Clippers a encore frappé.

Blake Griffin Ruled Out for Rest of 2017 NBA Playoffs with Toe Injury | Bleacher Report | Latest News, Videos and Highlights

@ Getty Images

Sans leur All-Star, Los Angeles perd la rencontre 4 avec un énorme apport du banc du Jazz (66 des 105 points du Jazz), puis le match 5 face à un grand Gordon Hayward. Les Clippers arrachent un septième match après une grosse performance de Chris Paul qui laisse admiratif son entraîneur :

« C’est Chris, c’est l’un des plus grands compétiteurs que j’ai côtoyé. Quand tu ajoutes ça avec son talent et sa volonté, c’est pour cela qu’il peut sortir des performances comme ceci dans les grands matchs ».

Les Angeles a donc son destin entre ses mains avec un septième match devant son public. Mais les Clippers sont fidèles à leur destinée : une défaite de 13 points avec un pourcentage au tir faible (44%). En face, Gordon Hayward a une nouvelle fois tenu la baraque avec 26 points. Rudy Gobert toujours en indélicatesse avec son genou ne joue que 16 minutes.

Une défaite donc pour Los Angeles qui marque la fin d’une époque. Pour Paul Pierce, qui quitte la NBA mais surtout pour les Clippers version Lob City : quelques mois plus tard durant l’intersaison, Chris Paul est échangé aux Rockets. En Janvier 2018, les Clippers réussissent à refiler le contrat horrible de Blake Girffin aux Pistons dans un trade très déséquilibré. Le Jazz est balayé 4-0 au tour suivant par les imbattables Warriors.

LE FAMEUX GAME 4 APRES LES EMEUTES

LE BUZZER BEATER DE JOE JOHNSON – GAME 1 2017

BILAN ALL-TIME

Source ; Land Of Basketball

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Twitter : @junkyardswan

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