Si Russell Westbrook affole les compteurs en ce moment (6 triple-doubles consécutifs), il reste pourtant pas loin de la performance irréelle réalisée par Michael Jordan en 1989. Considéré comme individualiste au début de sa carrière, Jordan a dû faire face aux critiques pointant du doigt son incapacité à faire confiance à ses coéquipiers. Sa série incroyable de 10 triple-doubles en 11 matchs va marquer un tournant dans l’évolution de son jeu.

Mars 1989. Nous sommes au début du mois. La frustration de Michael Jordan commence à monter d’un cran, sa majesté réclamant plus de soutien en attaque. Il décide alors de s’entretenir avec son entraîneur Doug Collins. A l’issue de cette réunion privée, les deux hommes se mettent d’accord. Michael Jordan évoluera au poste de meneur de jeu jusqu’à la fin de la saison régulière.

Ainsi, le 11 mars 1989 vs les Sonics de Seattle, « MJ » fait ses débuts en tant que point guard. Le résultat est immédiat: 15 passes décisives pour accompagner ses 18 points et 8 rebonds dans une large victoire de Chicago. Lors du match suivant vs les Pacers d’Indiana, Jordan réalise l’un des triple-doubles les plus rapides de l’histoire, postant 21pts 14rbds et 14asts en seulement 30 minutes de jeu! Les six rencontres suivantes confirment la bonne décision prise par Doug Collins. Jordan tourne à plus de 12 passes de moyenne et Chicago enregistre 4 victoires. Ce n’est pourtant que le début.

Le 25 mars 1989 vs Seattle, Michael Jordan va débuter une incroyable série, réalisant 10 triple-doubles en 11 matchs, dont 7 consécutifs! Pendant ce run historique, Jordan va tourner à 33,6pts 10,8rbds et 11,4asts de moyenne! Mais si sa performance est remarquable, Chicago ne gagne que 5 des 11 rencontres disputées. Jordan estime néanmoins avoir atteint son objectif en incitant ses coéquipiers à gagner en confiance et à donner le meilleur d’eux-mêmes:

C’est un challenge et c’est ce qui définit Michael Jordan. Le fait que les Bulls soient perçus comme une équipe unidimensionnelle me préoccupe depuis un certain temps. Ce que l’on m’a rabâché toute l’année vient de se réaliser. Les autres joueurs se mettent dans le match. Ils croient en eux désormais, en leur capacité à élever leur niveau de jeu, et c’est ce dont nous avions besoin.

A l’issu de cette saison 1989, Michael Jordan a rappelé à tous, adversaires et fans, à quel point il était fort. Longtemps considéré comme un attaquant hors pair, il a prouvé qu’il pouvait très bien exceller en tant que meneur de jeu. Et c’est peut-être pour cela que la légende des Bulls est considérée comme le plus grand joueur de l’histoire du basket. Peu importe sa position sur le terrain (attaquant, meneur de jeu, défenseur), il a su prouver qu’il restait le meilleur à chaque poste.

Les 7 triple-doubles consécutifs de Michael Jordan restent encore aujourd’hui la 2ème meilleure série de l’histoire, à égalité avec celle d’Oscar Robertson mais derrière celle de Wilt Chamberlain (9). Si Jordan termina sa carrière avec 28 triple-doubles (14 dans cette seule saison 1988-1989), il demeure loin, très loin des spécialistes du genre: Jason Kidd (108), Magic Johnson (138) et l’intouchable Oscar Robertson (181), auteur d’un triple-double en moyenne…sur une saison! En 1961-1962, « Big O » affichait en effet 30.8pts 12.5rbds et 11.4asts.

SES 7 TRIPLE-DOUBLES CONSECUTIFS