Dernières publications

NBA Draft 1950, la première

NBA Draft

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Une première saison disputée entre dix-sept équipes, avec dix équipes provenant alors de la BAA et sept de la NBL. Pas de conférence à cette période, uniquement des divisions. trois en l’occurrence. La division Est, la division Centrale et la division Ouest. La plupart des équipes occupent l’est et le centre du territoire américain. Pour la division Ouest, elle n’en a dans les faits que le nom. Les Denver Nuggets sont l’équipe la plus à l’ouest du pays. Hawks de Waterloo (Iowa), Olympians d’Indianapolis (Indiana), Packers d’Anderson (Indiana), Blackhawks des Tri-Cities (Illinois) et Redskins de Sheyboygan (Wisconsin) complètent cette division finalement très centrale.

Après le titre conquis par les Lakers de Minneapolis de George Mikan la première draft se profilait. Système hérité de la jeune BAA, il permettait aux équipes de sélectionner des joueurs, amateurs ou universitaires, en vue de compléter leurs effectifs. La plus mauvaise équipe de la saison écoulée devait sélectionner en première position, puis les suivantes par ordre de classement décroissant. Attention, nous ne sommes pas sur un système aussi évolué qu’actuellement, époque oblige. Ici pas de combine, d’agents, de diffusion TV. La draft se fait parfois à l’aveugle, avec des avis de scouts et quelques rumeurs bien senties. 

Elle se déroule le vingt-cinq Avril à Chicago. douze équipes y participent, la NBA se séparant de cinq équipes suite à la première saison de son histoire. trois rejoignent une nouvelles ligue, la NPBL (les Packers, les Redskins et les Hawks de Waterloo), et deux ferment la portes (Nuggets et Bombers de St Louis). Par la suite, les Stags de Chicago lâche aussi l’affaire avant le début de la saison, les Washington Capitols déposeront las armes après trente-cinq matchs.

La draft 1950 se compose de douze tours, soit le nombre d’équipes présentes dans la ligue au début de la saison à venir. Les Boston Celtics, les Bullets de Baltimore et les Warriors de Philadelphie choisissent dans cet ordre les trois premiers choix. 121 joueurs sont draftés. On peut toutefois noter que seuls sept joueurs draftés après le 5ème tour fouleront un parquet NBA. Seulement deux joueurs sont draftés au 11ème tour, et un seul au 12ème. Ed Montgomery, meneur de l’université de Tennessee. Un seul territorial pick lors de cette draft, Paul Arizin par les Philadelphia Warriors. Il y sera champion en 1956, 10 fois All-Star et introduit au Hall of Fame. Le premier choix de cette draft revient aux Celtics de Boston, dirigé par le célèbre Red Auerbach. Il sélectionne au grand dam des fans l’intérieur Chuck Share, là où tout le monde attendait Bob Cousy de Holy Cross.

‘’Nous avons besoin d’un grand joueur. Les petits sont monnaie courante. Je suis censé gagner’’ déclara Red Auerbach.

Share ne disputera aucun match pour les Celtics puisqu’il rejoint les Waterloo Hawks dans l’éphémère NPBL. L’année suivante, ses droits sont envoyés par les Celtics aux Fort Wayne Pistons contre Bill Sharman. Ce mouvement, associé au fait que les Celtics ont récupéré Bob Cousy lors du repêchage de dispersion après la faillite des Stags de Chicago, permet de constituer un backcourt d’exception qui terminera au Hall of Fame.

 »Les gens me demandent souvent de décrire mes sentiments. Je pense que le plus simple, c’est de leur renvoyer la question. Que penseriez-vous si vous étiez intronisé ici, avec tous ces illustres noms, alors que vous n’avez jamais vraiment joué au basketball avant l’université ?  » déclaration de Paul Arazin.

Cette draft donne un joli contingent de futurs Hall of Famers. Paul Arizin, un formidable scoreur, dix fois All Star et à qui l’on attribue la création du jump-shoot utilisé par tous aujourd’hui, et qui parvint à décrocher le titre NBA avant l’ogre Celtics. Ses duels en playoffs contre Dolph Schayes puis George Yardley en finale resteront dans les mémoires. Bob Cousy ensuite, pilier de l’ère Auerbach, il enchaînera les titres avec Boston, 6 au total, et restera une icône de la franchise. Il deviendra le premier Président du syndicat des joueurs NBA. Bill Sharman, coéquipier de Cousy dès 1951, après la faillite des Capitols qui l’ont sélectionné en 16ème position, et arrière des Celtics pendant dix ans, sera sacré quatre fois champion, avant de gagner le titre avec les Lakers en qualité d’entraîneur en 1972. Il est paradoxal de constater que cette légende des Celtics sera l’architecte des Lakers des années 80, en qualité de GM, lors de la draft de Magic Johnson, puis de président par la suite. George Yardley, arrière / ailier des Pistons de Fort Wayne drafté en 7ème, deviendra lui 6 fois all star et premier joueur de l’histoire a dépassé les 2000 points en 1958, lors de l’arrivée de la franchise à Detroit. Un attaquant racé et efficace. Il y a aussi Chuck Cooper, drafté en 12ème position par les Celtics et Earl Lloyd, drafté lui en 100ème position par les Washington Capitols.

Concernant deux derniers, outre leurs carrières NBA, ils marquent cette draft pour l’avancée sociale qu’ils représentent dans une Amérique encore largement ségrégationniste.

Walter A. Brown, lors de sa sélection déclare : ‘’ Je m’en fiche qu’il soit rayé, écossais ou à pois, tant qu’il sait jouer’’ alors que des propriétaires de franchises tentent de dissuader Boston de le sélectionner en raison de sa couleur de peau.

Lors de cette draft, Boston sélectionne le premier joueur Afro-Américain de l’histoire, en la personne de Chuck Cooper. Doté d’une dextérité exceptionnelle, il a joué pour les Harlem Globetrotters en sortie de faculté avant ses six saisons dans la grande ligue, entre Boston, Milwaukee (Hawks, qui déménageront ensuite à Saint-Louis) et les Pistons de Fort Wayne.

Earl Lloyd lui, par ailleurs star des Harlem Globetrotters, est le premier joueur noir a fouler un parquet NBA le trente-et-un octobre 1950 à Rochester sous les couleurs des Washington Capitols. Il ne jouera que sept matchs avant d’être coupé sur cette première saison. Après une année à l’armée, il s’engage avec les Syracuse Nationals avec lesquels il dispute six saisons avant de terminer par deux années au sein des Detroit Pistons. Il a été très proche de Bill Sharman lors de son année rookie.

‘’C’est une star méconnue. N’importe qui peut marquer. Lloyd était un excellent défenseur. C’était mon numéro un dans mon effectif’’, a déclaré son entraîneur à Syracuse, Al Cervi.

Après une honnête carrière, marquée notamment par une défense plus que solide et un titre NBA avec les Nationals en 1955, Lloyd sera nommé entraineur des Pistons pour la saison 1971-72. Il consacrera ensuite sa vie à œuvrer pour l’intégration professionnelle d’enfants défavorisés.

Un 3ème joueur marque ce moment. Nat Clifton. Non drafté, âgé de 27 ans cette année-là, il est le premier joueur noir à signer un contrat NBA, avec les New York Knicks. Il pratique aussi bien le baseball que le basketball et a joué pendant 3 ans avec les Harlem Globetrotters. Il aidera les Knicks à atteindre la finale NBA dès sa première saison (8,6 points et 7,6 rebonds).  Il jouera hui saisons en NBA, et sera All Star pour la première fois à l’âge de 34 ans.

Il est intéressant de voir que cette première Draft de la toute jeune NBA, en plus de grands noms qui écriront l’histoire du basketball, initiera une évolution sociale au sein de l’Amérique qui changera à jamais le visage du basket américain. Si la meilleure classe de Draft est souvent discutée, celle de 1950 restera à jamais la première. Et surtout, celle qui, bien au-delà du sport, marquera un tournant dans l’histoire sociale et culturelle du basketball américain.

Avatar de Valentin Wiktor
About Valentin Wiktor (15 Articles)
Dream Team 92, puis l'euphorie des années Jordan... . Rien de bien original mais une passion est née, toujours présente et particulièrement mordante !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.