Larry Bird contre Bernard King, un duel de roi resté dans la légende
NBA Playoffs
En 1984, Big Apple faisait trembler la maison verte lors des demi-finales de conférence. Un duel entre deux franchises historiques, mais aussi entre deux scoreurs fabuleux : Larry Bird la légende de Boston contre Bernard King le roi de New-York. Une confrontation qui s’annonçait plutôt déséquilibrée sur le papier mais qui s’est vu plus longue de prévu.
Début des années 1980, la Conférence Est se porte bien avec un retour des Boston Celtics au sommet ; des Philadelphia 76ers vivant un second souffle avec l’arrivée de Moses Malone ou encore des Milwaukee Bucks faisant office d’adversaire coriace. Parmi cette table de contenders s’invitent les New-York Knicks, dont le cœur n’a pas tardé à rebattre en post-season.
LES BOSTON CELTICS, GRANDS FAVORIS DE LA CONFERENCE EST
Depuis le titre en 1976, Boston arrivait au terme de son second cycle victorieux et ne parvenait même plus à jouer les playoffs sur la fin de la décennie. Jusqu’à ce que le génie Red Auerbach (alors GM) décide de ne pas céder à ses doutes quant à la domination d’un ailier sur le jeu, et draft Larry Bird en 1978. L’espoir ne se fait pas attendre et les C’s renouent avec le succès dès 1981, le 14ème titre de leur histoire. Or, la Conférence Est n’est pas en reste et se réarme progressivement. Alors que les Sixers roulent sur la concurrence avec une seule défaite lors des playoffs 1983 dans le sillage d’un Moses Malone sur son 3ème trophée de MVP et son célèbre « four four four », Boston rame contre les Milwaukee Bucks et se voit sweeper dès les demi-finales de Conférence (4-0). Malgré une 2ème place de l’Est, un bilan de 56 victoires 26 défaites, ils n’ont plus la mainmise sur l’Est et doivent impérativement entourer l’oiseau rare afin de poursuivre sa domination et gagner de nouveaux titres. C’est alors que le front office passe à l’action. Le 7 juin 1983, Bill Fitch est limogé et dès le lendemain, KC Jones est engagé en tant que nouveau coach, pour un profil de jeu bien plus défensif. Le 27 juin 1983, Rick Robley est transféré aux Phoenix Suns, accompagné par deux seconds tours de la même année (devenus Rod Foster et Paul Williams) en l’échange de Dennis Johnson, d’un premier tour de 1983 (Greg Kite) et d’un troisième tour (Winfred King). L’arrivée du MVP des Finals 1979 fait la différence grâce à son expérience : un métronome pour organiser l’attaque, et un véritable défenseur élite capable d’éteindre le meneur/arrière adverse.
Le résultats est sans appel, une première place de l’Est grâce à un bilan de 62-20 (meilleur de la Ligue). L’équipe est portée par un Larry Bird impérial (24,2 points,10,1 rebonds, 6,6 passes) MVP de la saison et dans la All NBA 1st team, épaulé par deux autres All Star en Robert Parish (19 points, 10,7 rebonds, 1,5 contres) et Kevin McHale (18,4 points, 7,4 rebonds, 1,5 contres) élu 6ème homme de l’année. Dennis Johnson (13,2 points et 3ème au DPOY), Cedric Maxwell (11,9 points) et Gerald Henderson (11,6 points) complètent le 5 de départ, tandis que le banc était composé de Danny Ainge, Scott Wedman, ML Carr, Greg Kite, Quinn Buckner ainsi que Carlos Clark. En playoffs, Jeff Rulland et les Washington Bullets ne font pas le poids et s’inclinent 1-3 dès le premier tour. Le vent en poupe, en route vers le tour suivant, ils attendent les New-York Knicks.

LES NEW-YORK KNICKS, OUTSIDERS EN QUETE DE SUCCES
Plus de 10 ans après leur dernier titre, les fans perdent peu à peu espoir depuis la fin des années 1970 et le départ à la retraite d’Earl Monroe, la dernière pièce de leur âge d’or encore présente. L’arrivée de Bob McAdoo s’avère sans succès et la machine ne se relance pas. La draft de Bill Cartwright en 1979 pour épauler Michael Ray Richardson s’annonçait pleine de promesses mais a finalement montré ses limites. Puis est venu ce transfert qui a tout changé : exit Michael Ray Richardson, place à Bernard King (all star des San Francisco Warriors). L’exercice 1983 se conclu par un retour en playoffs avec 44 succès pour 38 revers. Même si ils essuient un sweep contre Philly (0-4), il faut retenir le positif et regarder vers l’avenir afin de revenir pour la saison suivante avec le couteau entre les dents. Afin de rebondir, ils se montrent actif sur le marché. Le 17 septembre 1983, Vince Taylor est transféré avec un premier tour de 1984 (Vern Flemming) du côté des Indiana Pacers pour Billy Knight dont les valises n’ont pas été posées qu’il était immédiatement envoyé aux Kansas City Kings en l’échange de Ray Williams, un meneur au profil défensif et doté d’une bonne vision de jeu.
Le progrès se fait ressentir avec un bilan de 47-35 légèrement supérieur à la saison précédente et une 5ème place de l’Est. Bernard King surnage pour sa deuxième saison à Gotham et ses performances ne tardent pas à se faire remarquer (26,3 points, 5,1 rebonds, 2,1 passes et 1 interception) si bien qu’il est de nouveau All Star et termine à la surprise général à la 2ème place dans la course au MVP et dans la All NBA 1st team. Les deuxième et troisième option sont occupées par Bill Cartwright (17 points, 8,4 rebonds, 1,4 passes et 1,3 contres) et Ray Williams (14,8 points, 3,5 rebonds, 5,9 passes et 2,1 interceptions) tandis que Rory Sparow et Truck Robinson viennent compléter le 5 majeur. De plus, la rotation était assurée par des soldats comme Trent Tucker, Louis Orr, Ernie Grunfield, Marvin Webster, Len Elmore, Darrell Walker, Eric Fernsten et Rudy Hacklin.
Au premier tour des playoffs, ils affrontent les Detroit Pistons dans une lutte acharnée dont le dénouement sera au terme d’un match 5 irrespirable. Isiah Thomas et ses 16 points en 90 seconde pour arracher la prolongation (35 points au total) n’ont pas fait le poids face à Bernard King et ses 44 unités pour conclure la série tel un patron. 3-2 Knicks, au tour suivant, ce sont les Boston Celtics.

UNE SERIE QUI TIENT TOUTES SES PROMESSES
Bien que le rapport de force semble tourner assez logiquement en faveur des Celtics, qui ont un meilleur collectif, les Knicks vont mener une bataille poussant leurs adversaires dans leurs derniers retranchements. Si Bernard King est un peu esseulé dans une attaque parmi les plus faibles de la NBA (17ème attaque et 13ème offensive rating), en revanche, ils peuvent s’appuyer sur une défense élite (3ème défense et meilleur defensive rating). Leur plus gros point faible, les rebonds (dernier avec une 23ème place). En face, Boston est plus affûté et coche plus de cases en étant parmi les meilleures attaques (7ème attaque et 5ème offensive rating) et les meilleures défenses (6ème défense et 3ème defensive rating). A l’inverse, leur force se retrouve aux rebonds grâce à leur taille (3ème).
Chaque match-up s’annonce palpitante avec des statistiques équilibrées sur l’ensemble de la série. Larry Bird (30,4 points, 10,6 rebonds, 7,1 passes, 2,7 interceptions et 1 contre) contre Bernard King (29,1 points, 4,9 rebonds, 3,3 passes et 1,1 interceptions), mais aussi Robert Parish (17,1 points, 10,1 rebonds, 2,1 contres) face à Bill Cartwright (15,6 points, 8 rebonds) ; Dennis Johnson (15,7 points, 2,7 rebonds, 4,5 passes et 1,5 interceptions) opposé à Rory Sparow (11,3 points, 2,1 rebonds, 6,3 passes). Un duel coriace y compris sur les ailes où se trouvent des 4ème et 5ème options chez les titulaires avec un duo Cedric Maxwell–Gerald Henderson (20,3 points, 7,6 rebonds, 6,8 passes) contre le binôme Truck Robinson–Trent Tucker (16,6 points, 9,7 rebonds, 2,7 passes). Chaque franchise à son leader chez les remplaçant qui performe sans réel vis-à-vis : Kevin McHale (18,4 points, 7,9 rebonds, 1,7 contres) côté Celtics et Ray Williams (12,2 points, 2,8 rebonds, 7,3 passes et 1,8 interceptions) qui se voit relayé sur le banc pour Trent Tucker afin d’apporter plus de taille dans le 5 de départ.
Evidemment, le duel entre les deux premiers au classement MVP est plus qu’attendu. Bird et King se rendent coup pour coups portant les leurs lors de chaque rencontre en assumant ce statut de leader. Les Celtics s’emparent du match 1 (110-92) avec un Larry Legend est au four et au moulin (23 points, 9 rebonds, 12 passes). 3 jours plus tard, ils prennent le match 2 (116-102) toujours avec une performance XXL de Bird (37 points, 11 rebonds, 4 passes). De retour à domicile et dos au mur, les Knicks s’accrochent et remportent le game 3 (100-92) porté par un Bernard King étincelant (24 points 9 rebonds) puis le game 4 (118-113) où il prend feu avec un carton offensif (43 points, 4 rebonds, 4 passes). Les Celtics reprennent l’avantage à domicile au match 5 (121-99) sur un énième match complet de Larry Bird (26 points, 9 rebonds, 10 passes). Les hommes de KC Jones ont moyen de clôturer la série au Madison Square Garden, Larry Bird est en feu comme à son habitude avec 35 points ; mais c’est sans compter la ferveur de Bernard King qui allume un brasier avec 44 unités. Victoire Knicks (106-104), un duel de roi qui fait grimper la pression à son paroxysme pour un 7ème et dernier match dans le Massachussetts.
LE GAME 7, L’ULTIME COMBAT
13 mai, c’est le grand jour. Qui de Bernard King ou Larry Bird va l’emporter ? Est-ce que New-York tiendra le choc et fera tomber Boston à la surprise général (pour la 2ème fois consécutive à ce stade de la compétition), ou ils s’en sortiront non sans grande difficultés il faut le reconnaître. Réponse au Boston Garden.
Emporté par un Dennis Johnson bouillant (7 des 11 premiers points de l’équipe), les Celtics démarrent la rencontre sur les chapeaux de roue. Malgré leur maladresse (37% au tir), les Knicks s’accrochent comme ils peuvent et limitent la casse en étant à -10. Boston 36 – 26 New-York.
Rapidement, l’écart grimpe à plus de 15 unités. Il faut attendre le deuxième quart-temps pour voir Bernard King inscrire ses premiers points. Hubie Brown perd patience sur le banc, commence à s’agacer sur l’arbitrage et écope d’une faute technique ce qui ne manque pas de faire réagir les 14 890 spectateurs présents dans un Garden en fusion. Larry Bird ne manque pas un tir, Robert Parish enchaîne les fadeway au poste bas et les Knicks se retrouvent dos au mur au vestiaire avec 15 points de retard. Boston 67 – 52 New-York.
Avec une première mi-temps timide (11 points), Bernard King se réveille et tente de sonner la révolte. Les Knicks se rapproche et recollent parfois aux alentours des 10 points de retard. Mais c’est sans compter Larry Bird qui continue de dérouler son talent. Ni les prises à deux voire les prises à trois ne l’arrêtent et si il ne parvient pas à scorer, il sert ses coéquipiers avec les espaces qu’il crée. Les efforts ne payent pas et ils restent à -13. Boston 90 – 77 New-York.
KC Jones décide de sortir Bird et Parish afin de les reposer pour les faire rentrer quelques minutes plus tard afin de mettre un ultime coup d’accélérateur de tuer les espoirs New-Yorkais. C’est chose réussite et Larry Legend, sur un énième jumpshot en tête de raquette inscrit son 39ème points avant de distiller sa 10ème passe dans la foulée. Encore un triple double, la boucle est bouclée, Boston était au-dessus ce soir-là. Score final : 121-104.
Malgré une performance de haut niveau (24 points, 6 rebonds, 5 passes), Bernard King se fait surclasser par Larry Bird (39 points, 12 rebonds, 10 passes). Dennis Johnson (21 points, 3 rebonds, 6 passes) et Robert Parish (22 points, 11 rebonds, 2 contres) sont au rendez-vous également et ni Bill Cartwright (19 points, 8 rebonds), ni Truck Robinson (16 points, 9 rebonds) ne sont parvenus à faire la différence. Trent Tucker, pourtant titulaire n’a passé que 14 minutes sur le terrain, sans l’apport escompté. C’est la marche de trop pour des Knicks qui n’ont pas à rougir de leur parcours en ayant tenu tête aux futurs champions.
Durant ses play-offs, les New-Yorkais ont eu deux séries plus qu’intenses, et ont vu leurs héros élever leur niveau de jeu. Bernard King est stratosphérique (34,8 points, 6,2 rebonds, 3 passes et 1,2 interceptions), Bill Cartwright tient son rang de lieutenant (17,4 points, 8,3 rebonds, 1,2 contres) bien aidé par Ray Williams (11,2 points, 3,5 rebonds, 8 passes et 1,5 interceptions) et Rory Sparow (11,2 points, 2,2 rebonds, 7,2 passes et 1 interception). Ce n’est pas seulement l’attaque mais toute la défense de NYC qui excelle avec 4 joueurs à plus d’une interception de moyenne sur l’ensemble de la post-season (King, Williams, Sparow et Darrell Walker).
Par la suite, les Celtics ne font qu’une bouchée des Milwaukee Bucks du duo Sydney Moncrief–Marques Johnson (4-1) et remportent titre contre leurs rivaux de toujours les Los Angeles Lakers de Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson (4-3). Larry Bird remporte son 2ème titre, est élu MVP des Finals et commence à rentrer dans la forme de sa vie, au sommet de son art. Le collectif Bostonien était au-dessus du lot avec 6 joueurs à plus de 10 points de moyenne : Larry Bird (27,5 points, 11 rebonds, 5,9 passes, 2,3 interceptions et 1,2 contres), Dennis Johnson (16,6), Robert Parish (14,9), Kevin McHale (14,8), Gerald Henderson (12,5) et Cedric Maxwell (11,9).

Dès la saison suivante, les Knicks rechutent et manquent les play-offs ce qui leur permet tout de même d’hériter du 1st pick et de drafter Patrick Ewing. Malheureusement, Bernard King se blesse dans la foulée et le duo tant attendu n’aura jamais eu l’occasion de jouer ensemble. Il faut attendre 1987-88 pour que New-York revoit les playoffs. Côté Boston, Larry Bird roule sur la concurrence avec deux MVP, deux Finales et un troisième titre de champion. Une chose reste sûre, leur duel est resté et restera dans les mémoires et leurs performances durant cette série n’ont pas manqué de faire des étincelles, ni de faire couler de l’encre dans la presse.


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