[ITW] – Jackie Delachet : « L’ossature du CUC nous donnait un atout indéniable sur le plan international. »
Interview
Elle est de celles qui auront marqué le basket français ! Jackie Delachet, joueuse aux 237 sélections entre 1963 et 1976 puis sélectionneuse de l’équipe de France de 1984 à 1986, a accepté pour Basket Rétro de revenir sur ses souvenirs de Mondiaux. Interview !
Basket Rétro : En 1964, vous participez avec la France aux Championnats du Monde organisés par le Pérou. Quels souvenirs avez-vous du pays, du climat, de l’accueil sud-américain…
Jackie Delachet : J’avais 20 ans à l’époque donc c’est un peu loin tout cela il faut l’avouer. On avait été invité si je me souviens bien par la FIBA pour cette compétition, il n’y avait pas encore d’épreuves qualificatives. Ensuite, l’accueil au Pérou avait été très chaleureux et assez francophone à ma grande surprise. La compétition se déroulait à différents endroits. Des lieux assez éloignés les uns des autres et cela nous donnait donc du temps pour faire des visites ou autre chose que du basket en tous cas. A l’époque la compétition était moins resserrée que maintenant.
Les filles venaient en majorité des clubs qui dominaient le championnat d’alors : l’AS Montferrand le PUC ou Montceau-les-Mines. Les objectifs et ce n’est pas du tout péjoratif, c’était de participer et de faire le meilleur résultat possible.
BR : Quels sont alors vos objectifs pour la compétition ?
JD : A l’époque, on ne s’entrainait pas beaucoup. C’était une ou deux fois par semaine. La préparation avec l’équipe de France était elle réduite forcément. Les filles venaient en majorité des clubs qui dominaient le championnat d’alors : l’AS Montferrand le PUC ou Montceau-les-Mines. Les objectifs et ce n’est pas du tout péjoratif, c’était de participer et de faire le meilleur résultat possible.


BR : Vous battez le Paraguay pour votre premier match. C’était en plein air devant 20 000 personnes.
JD : Pour être honnête, je ne me souviens pas de cette rencontre. Par contre, je me rappelle de l’ambiance générale. C’était vraiment impressionnant de jouer devant autant de spectateurs. On avait l’habitude à cette époque de jouer dehors et quand vous jouez dehors, il y a toujours plus de spectateurs que dans une salle. Je dirais qu’à l’époque, on ne se posait pas la question de savoir si c’était dehors ou dans une salle. On jouait, voilà tout. Au final, le jeu n’est pas très différent mais le public en extérieur est très présent.
Nous étions à la bonne place sur le plan sportif. Nous ne pouvions pas faire mieux que ce classement. A l’époque le basket féminin est dominée par les pays de l’Est.
BR : Malheureusement deux défaites (USA et Bulgarie) vous imposent de jouer la poule de classement à Iquitos, capitale de l’Amazone…
JD : Ce sont deux grandes nations de l’époque puisqu’elles terminent troisième et quatrième de la poule finale donc nous avions un groupe relevé.
BR : Au final, vous terminez dixième. C’est la place des Bleues de l’époque ?
JD : Nous étions à la bonne place sur le plan sportif. Nous ne pouvions pas faire mieux que ce classement. A l’époque le basket féminin est dominée par les pays de l’est. Ces états permettent aux joueuses de bénéficier d’une organisation étatique ce qui est loin d’être négligeable pour la performance. En France, nous n’étions pas pro et nous ne pouvions pas vivre du basket donc les résultats s’en ressentaient forcément. En 1971, les choses ont changé quelque peu.
L’ambiance était parfaite et j’ai un bon souvenir de cette époque-là. Nous rigolions souvent ensemble. Ce genre d’aventures, c’est à la fois humain et sportif.
BR : Dans votre équipe, il y a Ginette Mazel, Yannick Stéphan ou Nicole Robert. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de l’ambiance dans l’équipe et de vos partenaires.

JD : L’ambiance était parfaite et j’ai un bon souvenir de cette époque-là. Nous rigolions souvent ensemble. Ce genre d’aventures, c’est à la fois humain et sportif. A l’époque, j’étais à l’école supérieure d’éducation physique donc je devais lier sport et études. Mais je n’étais pas la seule, Nicole Pierre Sanchez était en pharmacie, Yannick Stéphan, Geneviève Guinchard et Yacou Catan étaient elles conseillères techniques si ma mémoire est bonne.
BR : Pour l’édition de 1971 : direction le Brésil… C’est un pays différent du Pérou ?
JD : Le Brésil, un pays bien plus grand. Mais au final, je dirais que c’est un peu la même ambiance. C’est l’Amérique du Sud même si on ne parle pas la même langue au Pérou qu’au Brésil. On sent que c’est sur le même continent quand même. Par contre, on a l’impression de grandeur au Brésil. Nous sommes allées à Brasilia qui commençait à se construire. C’était gigantesque. São Paulo est très grand aussi. On y a joué en plein air et là j’ai retrouvé les mêmes atmosphères qu’au Pérou.
On était mieux armées au Brésil sur le plan sportif. On avait terminé seconde du championnat d’Europe qui avait précédé cette compétition. Parce qu’en 1971, la FIBA avait posé des quotas.
BR : Là, l’ossature de l’équipe est celle du CUC, cela change les choses par rapport à 1964 ?

JD : On était mieux armées au Brésil sur le plan sportif. On avait terminé seconde du championnat d’Europe qui avait précédé cette compétition. Parce qu’en 1971, la FIBA avait posé des quotas. Je veux dire qu’il fallait avoir des résultats pour avoir la chance de participer à cette épreuve. C’est déjà autre chose que 1964. La chute du mur de Berlin a changé les choses sur la valeur des nations. Cela a fait exploser les résultats. Avant, la France était barré par le basket soviétique ou par celui des pays satellites. A cette époque, les sélections étaient très fortes.
Le fait d’avoir l’ossature du CUC nous donnait un atout indéniable sur le plan international. La difficulté des nations internationales, à l’époque, c’est la préparation, c’est jouer ensemble.
BR : Vous battez les USA au premier tour ! C’est assez exceptionnel comme performance ! L’équipe avait vraiment progressé ?

JD : Je m’en souviens parce que les Américaines n’étaient pas encore au niveau d’organisation qu’il fallait. C’était encore un moment où on pouvait les jouer. Le fait d’avoir l’ossature du CUC nous donnait un atout indéniable sur le plan international. La difficulté des sélections internationales, à l’époque, c’est la préparation, c’est jouer ensemble. De mémoire, les filles du CUC devait être 7 ou 8 donc forcément cela a été impactant.
A Rotterdam, au championnat d’Europe, pour préparer la finale, nous avions mis Christine Dulac sur les épaules de Jacques Paquet pour arriver à la taille de Semenova.
BR : Au second tour, vous rencontrez les Russes. Semenova, elle est vraiment injouable ?
JD : Je me souviens très bien de Semenova. Et puis nous avons joué tellement de fois contre les Russes ! A Rotterdam, au championnat d’Europe, pour préparer la finale, nous avions mis Christine Dulac sur les épaules de Jacques Paquet pour arriver à la taille de Semenova. C’est une anecdote mais cela vous montre à quelle point cette joueuse est hors normes. Son rythme était lent c’est vrai mais quelle force. Et puis Semenova était intelligente, elle savait où et comment se placer. Pour nous, c’était impossible de la contrer.
BR : Est-ce qu’il vous reste des souvenirs de cette compétition où vous terminez sixième ? Des anecdotes ?
JD : Sur le plan sportif, sixième on ne pouvait pas faire mieux. Après en ce qui concerne les anecdotes, au Brésil, on a eu des serpents autour du cou… On a visité aussi un site archéologique. Mais là, on avait du temps donc c’était plus facile de prendre la température du pays.

Crédits photos : Magazine Basket Ball. Merci beaucoup à Jackie Delachet pour sa disponibilité ! Montage Une Laurent Rullier.
Excellent article de G. Paquereau et magnifiques photos d’archives de L. Ruiller.
Il me semble que le nom de la joueuse qui est évoqué dans l’article (comme Cadre Technique ) est Yaco CATOR et non Yacou Catan.
Félicitations et Bien à vous
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