Championnat du Monde 1986 – L’Empire contre-attaque
Coupe du monde
Après deux titres mondiaux lors des deux premières éditions, les Américaines se lovent dans le ventre mou de la hiérarchie mondiale en spectatrices de l’ultra domination soviétique. Mais en 1986, tout bascule…
Ce sont les filles du Nashville Business College renforcée de deux autres du Iowa Wesleyan College qui sont sacrées championnes du monde en 1953 à Santiago du Chili. Une épreuve américaine regroupant neuf nations du continent et deux invités européens, la France qui s’adjuge le bronze, et la Suisse. En 1957, pour la deuxième édition à Moscou, le pays inventeur du jeu parvient à vaincre en finale la puissance montante sur ses terres 51-48.
Le championnat du Monde 1964 est le premier qui rassemble ce qui se fait de mieux sur la planète. Les meilleures des continents européen, américain et asiatique sont réunies au Pérou pour se disputer une place sur le podium qui au final s’offre aux trois nations d’Europe de l’Est, l’URSS, la Tchécoslovaquie et la Bulgarie. Avec un bilan de cinq victoires pour quatre défaites, (dont une claque contre les Soviétiques, 71 à 37), les USA finissent avec la médaille en chocolat. Chez les filles, les États-Unis ne dominent pas. Onzième sur onze en 1967 avec une unique petite victoire sur l’Australie
Huitième en 1971, derrière le France, sixième, qui lui a infligé un 68-51.
Huitième en 1975 avec un bilan de quatre victoires pour trois défaites, mais il y a du mieux. Les défaites sont rageantes car les écarts sont faibles, -2 contre le Japon, -1 contre la Tchécoslovaquie et – 6 contre le Canada. Le Japon et la Tchécoslovaquie étant respectivement deuxième et troisième à la fin du tournoi, cela laisse des regrets. Pourquoi une Amérique aussi faible chez les filles ? D’abord, le même handicap que chez homologues masculins dans les compétitions internationales, la jeunesse. En 1975, la moyenne d’âge de Team USA est de 21 ans, la plus âgée a 25 ans, la plus jeune 17. Mais le principal responsable demeure l’inéquité qui règne dans le sport américain. Dans les lycées et les universités, la place des jeunes filles est sur le bord du terrain, dans une troupe de cheerleaders. Rien, ou si peu, est fait pour assouvir le désir de sport et de performance des demoiselles. En 1970, seulement 2% des budgets sportifs universitaires sont attribués aux athlètes féminines et seulement 300 000 jeunes Américaines pratiquent un sport dans le cadre scolaire et universitaire.
En 1972, Richard « Dick » Nixon change la donne.

EDUCATION ADMENDMENTS ACT, TITLE IX
En pleine campagne électorale, le président fait un geste en faveur des femmes par la signature de l’Education Amendments Act qui met fin à la discrimination sexuelle dans le cadre scolaire et universitaire et notamment par son Title IX dans le domaine sportif. Désormais la loi impose l’équité dans les programmes financés par le gouvernement fédéral. De véritables programmes sportifs féminin avec attributions de bourses athlétiques vont enfin pouvoir être mis en place. Dès 1974, Georgia State U. créent des équipes féminines de football, tennis, volley et basket. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
MOSCOU 1986, LA PRISE DE POUVOIR
En juillet 1986, la veille de l’ouverture à Moscou de la première édition des Goodwill Games, éphémère compétition internationale initiée par le magna de la presse Ted Turner, la sélection féminine de l’URSS n’a perdu que 2 matchs sur 154 disputés lors des compétitions internationales. La rencontre qui s’annonce contre les ambitieuses Américaines apparaît comme un test grandeur nature avant le Championnat du Monde qui se déroulera un mois plus tard, au même endroit. La gifle est cinglante et l’avertissement sans frais., USA 83 URSS 60. Cela ne doit pas se reproduire, le coach et cinq joueuses sont priés de rentrer à la maison. Pour l’acte II de l’été moscovite coach Kay Yow peut toujours compter sur Anne Donovan, (future coach emblématique WNBA), Cheryl Miller, Katrina McClain, Theresa Edwards, Cynthia Cooper… En phase de poule, à Vilnius, elles ne font pas de détails. Après un match d’ouverture qui tourne au massacre des pauvres Taiwanaises, 105-52, Tchécoslovaques (89-71), Hongroises (78-63), Australiennes (76-50) et Chinoises (99-74) subissent les foudres des nièces de l’Oncle Sam. L’URSS elle aussi achève son tour préliminaire avec un bilan de 5-0.
En demi finale, ce sont les voisines du Canada qui se retrouvent face à Team USA. Le match est « le plus physique que nous n’ayons jamais joué » selon coach Yow. Pourtant la victoire américaine ne prête à aucune contestation, 82-59, avec 24 points de McClain. De leur côté, l’URSS dispose de la Tchécoslovaquie 78-67. La finale attendue est au rendez vous. Les Soviétiques sont animées par un esprit de revanche et tiennent à effacer l’humiliation des Godwill Games.
Les Américaines posent leur jeu par une entame tonitruante, 8-0. A la quatorzième minute, l’écart est de 22 points. Les soviétiques resserrent leur défense et de rapproche à -13 à la pause, 56 à 43. Au milieu de le seconde mi-temps Team USA inflige un cinglant 15-1 en deux minutes. L’affaire est réglée et le score final sans appel, 108 à 88. Pourtant plus grandes, les filles de l’Est ont été mangées au rebond 48-24. Avec 51% de réussite, Miller, 24 pts – 15 rbs, Edwards, 17 pts, Donovan, 16 pts, et leurs coéquipières n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires. Les Américaines prennent le pouvoir et entérinent la fin d’une époque, celle de la domination soviétique.

Clarissa Davies découpe le filet. Ce rituel inconnu en URSS est très mal vécu par le public moscovite..
LA NOUVELLE DYNASTIE
Depuis 1986, la NCAA abrite de véritables usines à championnes comme les Huskies de Uconn et les Cardinals de Stanford qui fournissent les franchises WNBA. Cette ligue créée en 1996 a fait oublier la Women’s Professionnal Basketball League qui tenta vainement d’imposer un championnat pro féminin entre 1978 et 1981. Aujourd’hui sa saison estivale est devenu un must du Basketball Circus mondial. Sheryl Swoopes, Sue Bird, Tina Charles, Diana Taurasi, Candace Parker, Maya Moore, Britney Griner… Autant de noms qui parlent à qui s’intéresse un tant soit peu à la balle orange. Autant de noms qui ont évolué sous le jersey de la bannière étoilée.
Depuis 1986, Team USA Women c’est 6 titres mondiaux et 8 titres olympiques. Aucune défaite dans ces deux compétitions depuis 2006. Les garçons, les stars de la NBA, n’ont pas fait mieux.
La série est en cours…
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