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[ITW] – Maryse Sallois-Dusseaulx « En 1979, en Corée, le dépaysement a été total ! »

Interview

Internationale de 1974 à 1979, Maryse Sallois-Dusseaulx participe avec la France aux Championnats du monde 1979, organisés par la Corée du sud. Pour Basket Rétro, elle a accepté de revenir sur une compétition atypique lors de laquelle les bleues termineront 7ème. Interview

Basket Rétro : En 1979, vous effectuez une grosse préparation (Tournois en Anjou et en Hongrie). Avant coup, dans quel état d’esprit êtes-vous pour cette compétition ?

Maryse Sallois-Dusseaulx : On sortait d’un Championnat d’Europe où on termine 4èmes, en Pologne. C’était plutôt un bon résultat même si quatrième c’est toujours la mauvaise place… Mais on s’était dit qu’on pouvait faire quelque chose. D’autant qu’un championnat du Monde, on n’en fait pas « pleins » dans sa carrière. Et puis, les pays de l’Est étaient absents. L’URSS avait boycotté la compétition et « les pays amis » avaient fait de même. C’était la Guerre Froide donc pas de Bulgarie, ni la Pologne, etc…

Nous étions logées dans un hôtel 5 étoiles, un lieu splendide. L’organisation était parfaite, tout était très « carré ».

Les bleues en Corée. Source : Collection personnelle de Cathy Malfois.

BR : Est-ce qu’on peut parler de renouvellement pour l’équipe de France en 1979 ? Jackie Chazalon, Colette Passemard, Françoise Quiblier et bien d’autres cadres ne sont plus de l’aventure. Joe Jaunay a également laissé sa place à Jean-Paul Cormy et Suzy Bastié.

MSD : Oui c’est vrai, on avait un effectif renouvelé effectivement. Dominique Leray n’était pas là non plus ni Françoise Quiblier donc au rebond cela posait souci et ce même si dans l’équipe il y avait Elisabeth Riffiod, Christine Gallard ou Cathy Bosero. On avait quand même une équipe qui tenait la route avec Irène Guidotti, Agnès Sainte Croix, Maryline Joly ou Sylvie Simonetti pour ne citer qu’elles. On était conscientes de ne plus avoir la même équipe mais on espérait vraiment bien figurer. D’autant qu’on connaissait peu le basket américain. Il faut dire qu’on était plus habituées au jeu des équipes d’Europe de l’Est qu’à celui des américaines ou des asiatiques.

Les seuls supporters français venaient de l’ambassade. Ils devaient être 50 environ. En 1979, ils faisaient du bruit eux (elle se marre !). Et ils ont lâché un coq dans la salle, je crois que c’était contre la Corée mais je n’en suis plus certaine.

BR : C’est assez rare qu’un pays asiatique accueille une grande compétition internationale. Quel est votre regard sur ce pays, sur l’organisation du tournoi ?

De g.à d.: docteur Grumberg, coach JP Cormy, V.Labille, coach S.Bastié, A.Ste Croix, C.Malfois, E.Riffiod, A.Sarabia, C.Bosero, I.Guidotti, C.Gallard, M.Sallois, M.Joly,S.Simonetti,C.Delmarle. Source : Collection personnelle de Cathy Malfois

MSD : Le dépaysement a été total ! Dans tous ces tournois, on est bien sûr toujours plus concentrées sur la compétition que sur les visites évidemment, cependant on a dû sortir deux ou trois fois. Moi, j’ai d’abord été impressionnée par le nombre de vélos et la grandeur des bâtiments. Ensuite, les Coréens avaient des masques sur le visage. C’était très surprenant pour l’époque. Nous étions logées dans un hôtel 5 étoiles, un lieu splendide. L’organisation était parfaite, tout était très « carré ». La réception de la première journée a été également grandiose. Toutes les équipes étaient présentes. C’était en extérieur et il y avait des statues de glace très impressionnantes. Cette cérémonie nous a permis de discuter avec certaines de nos adversaires. Ce sont toujours des moments très sympa. Pour les matchs, il y avait 20.000 personnes à chaque fois. La salle était faite de deux étages. A l’étage, il y avait des collégiens ou des lycéens en uniforme. Il y avait très peu de bruit dans la salle mais quand ils se levaient, ils le faisaient tous en même temps. C’était très particulier, très impressionnant. Cela faisait un peu peur même… C’était inhabituel, et cela n’avait rien à voir avec ce qu’on connaissait . Les seuls supporters français venaient de l’ambassade. Ils devaient être 50 environ. En 1979, ils faisaient du bruit eux (elle se marre !). Et ils ont lâché un coq dans la salle, je crois que c’était contre la Corée mais je n’en suis plus certaine.

BR : Pour le tour préliminaire, vous battez les Brésiliennes et les Sénégalaises mais vous perdez face au Japon. Quels souvenirs avez de ces rencontres ?

MSD : Je ne me souviens plus du match contre le Sénégal mais le résultat parle de lui-même. On gagne de 30 points. Contre le Brésil, j’ai dû défendre sur Hortência Marcari qui était leur meilleure joueuse. J’étais chargée de défendre sur elle et comme elle n’a pas été très bonne : mission accomplie.

Hortencia Marcari (quatrième en partant de la gauche). Crédit photo : versatille.com

BR : En poule finale, vous perdez toutes vos rencontres (Corée, USA, Italie, Australie et Canada). Qu’est-ce qui manque à l’équipe de France pour faire mieux ?

MSD : Les USA et le Canada, on les a découvertes. L’Italie, elle était très forte à l’époque. Les France – Italie de l’époque étaient toujours très indécis et puis on se connaissaient par cœur. Après faire mieux… je ne sais pas si on pouvait réellement mieux faire.

Les Coréennes m’ont impressionnée. En attaque, le ballon tournait sans cesse. Cela bougeait de partout, cela sautait de partout et quelle adresse ! C’était virevoltant.

BR : En quoi c’est vraiment particulier à l’époque de jouer contre les équipes asiatiques ?

MSD : Les Coréennes m’ont impressionnée. En attaque, le ballon tournait sans cesse. Cela bougeait de partout, cela sautait de partout et quelle adresse ! C’était virevoltant. A l’époque, elles n’avaient pas de grandes mais le ballon circulait sans cesse. Il n’y avait pas encore la ligne à trois points non plus pourtant elles n’hésitaient pas à shooter de loin. En défense, leur rapidité les caractérisaient également. Nous n’étions pas habituées à jouer contre de telles équipes. Même si on était capable de faire du pressing tout terrain ou de la zone, notre jeu était posé. Elles avaient des systèmes, cela se sentait qu’elles travaillaient beaucoup mais leur jeu très rapide nous a beaucoup surpris. Et je vous le répète : quelle adresse ! Surtout les Coréennes.

BR : Sauf erreur de notre part, la rencontre contre les États-Unis représente votre dernière sélection. Quel souvenir avez-vous de cette dernière rencontre en Bleu ?

MSD : Je ne me souviens pas du tout de cette rencontre. Je sais que j’ai marqué 8 points mais c’est vraiment tout ce dont je me souviens. J’avais annoncé de toutes les façons que c’était ma dernière compétition. J’étais encore à Clermont, j’allais me marier donc j’avais dit « stop » à ce moment-là. J’ai vécu sereinement cette étape. Je jouais au basket depuis l’âge de 13 ans et à 30 ans, j’étais encore au CUC. Tout était très clair pour moi. En 1979-1980, c’est ma dernière saison et je le savais. En plus, il y avait mes études, ma vie personnelle, bref…. On perd le titre cette année-là, le treizième avec le CUC. Je n’avais plus envie de m’entrainer deux fois par jour. Les voyages, les matchs, c’était parfait mais s’entrainer était devenu trop pénible. Et on se lasse et puis les équipes changent et le noyau qui gravitait autour de moi n’était plus là. Voilà concernant mon dernier match en bleu.

On a aussi visité un marché local. Il y avait des serpents vivants dans des bocaux… Après, en France, on mange des choses bizarres aussi ne nous méprenons pas…

BR : 7ème, c’est la véritable place de l’équipe de France ?

MSD : C’est difficile à dire… Je ne sais pas trop mais au final je pense que oui. 7ème, c’est bien, c’est notre place oui. On aurait pu espérer faire mieux sur 1 ou 2 matchs mais gagner, je ne crois pas.

BR : Que vous reste-t-il de cette compétition ?

MSD : Il me reste plein de choses en mémoire de cette compétition. D’abord, à notre hôtel, il y avait une troupe du Lido. Le soir, elles étaient splendides ! Au matin, démaquillées, c’était beaucoup moins vrai. Cela m’a marqué, allez savoir pourquoi (elle se marre !). Ensuite, à Séoul, on a visité de magnifiques temples. A côté de ces temples, il y avait des parcs. Avec mon futur mari, Jean Pierre Dusseaulx, on s’y est promené, main dans la main, mais à contre-sens. On ne savait pas qu’il y avait des sens pour traverser ces parcs. Et tout le monde nous regardait… Le directeur de l’hôtel, français, nous a ensuite expliqué que cela ne se faisait pas du tout de se balader main dans la main, encore moins à contre sens… Les journalistes Coréens avait mis notre photo dans un journal. Cela a surpris la presse locale. On a même été interviewé avec Jean-Pierre séparément par le même journal, sans le savoir. A l’époque, c’était juste des choses qui ne se faisait pas en Corée. Tout était quand même très cadré. On a aussi visité un marché local. Il y avait des serpents vivants dans des bocaux… Après, en France, on mange des choses bizarres aussi, ne nous méprenons pas… Ce que je veux dire, c’est qu’au marché, tout était très rigide. Et puis moi, j’étais blonde… Les gens me prenait en photo mais nous, on avait pas le droit de les prendre en photo. Je me souviens également des gens aussi qui jouait au jeu de Go. Ils jouaient accroupis. C’était très impressionnant.

Maryse Sallois-Dusseaulx sous le maillot rouge des bleues. Source : FFBB

BR : Que peut-on attendre des Bleus pour la compétition qui s’est ouverte le 22 septembre ?

MSD : Nos bleues… Je leur souhaite le meilleur ! Collectivement, c’était parfait contre l’Australie et rien n’a été forcé. J’espère que les résultats suivront !

Merci à Maryse Sallois-Dusseaulx pour sa disponibilité ! Montage Une : Laurent Rullier.

About Guillaume Paquereau (75 Articles)
Amoureux de Gozilla depuis mon plus jeune âge, je suis devenu fan des Suns ! De Sir Charles à Dan Majerle en passant par Nash, via Stoudemire pour aller jusqu'à Devin Booker : PHX a le monopole de mon coeur. Je veux du soleil !

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