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NBA Story – Le basket Américain à la sauce Japonaise

Mangas

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

On en apprend tous les jours. Au cours des années 90, un mangaka (dessinateur/auteur) nommé Yoshihiro Takaiwa décide de s’attaquer à l’une de ses passions dévorantes, la NBA. Cinq volumes en tout et pour tout, retraçant le résumé de la gloire de Magic Johnson, Michael Jordan et Charles Barkley.

Quand vous avez un réseau de passionnés, les découvertes peuvent être surprenantes. On remercie Mike (@MikeAcousur via Twitter) pour nous avoir contacté à ce propos. Les mangas connus dans l’univers du sport sont légions. De Captain Tsubasa (Olive et Tom) à Eyeshield21 (foot US) en passant par Hajime no Ippo (boxe) et Kuroko’s Basket, nous en avons eu de la qualité. Slam Dunk est le plus populaire en ce qui concerne la balle orange. Cependant, toutes ces œuvres sont fictives, contrairement à NBA Story.

Les recherches sont extrêmement compliqués. Il n’existe aucune traduction française ni anglaise de cet OVNI en provenance du pays du soleil levant. On ne sait absolument rien de l’auteur si ce n’est qu’il a dessiné quelques créations inconnus en dehors du Japon et qu’il est un grand fan de la ligue américaine. Sur les différents éditos, on peut le voir avec Magic Johnson au tournoi des Amériques sur la naissance de la Dream Team. Nous savons juste que NBA Story est sorti en 1992 et le dernier en 1994. Pas plus de nouvelles s’il avait pu bénéficier des droits NBA. Eh oui, les logos, les noms, tout est retranscrit! C’est d’autant plus surprenant que ce manga n’a jamais vu le jour au moins aux Etats-Unis. Il faut dire que les américains ont découvert tardivement la bande dessinée japonaise ainsi que les animés. Pendant que nous dévorions Dragon Ball et compagnie au Club Dorothée dans les années 90, il n’y avait rien chez l’Oncle Sam à part les productions locales comme le géant Disney ou les dessins animés comme Jayce et les conquérants de la lumière, Pole Position et tant d’autres issus des univers Comics.

Avec de la curiosité, Basket Rétro s’est penché méticuleusement sur NBA Story en trouvant le meilleur prix possible pour les cinq tomes. Sans se ruiner et directement du Japon, on a réussi à mettre la main dessus et on va vous dresser notre point de vue sur chacun des livres.

VOLUME 1 – LA GLOIRE DE MAGIC

Aucune connaissance ni du notion du japonais. On va devoir faire cela avec les moyens du bord. NBA Story commence en 1979 avec le staff et les patrons des Lakers en salle de réunion. Voilà des années que la franchise ne décolle plus, depuis la retraite de Wilt Chamberlain et Jerry West. Malgré la présence de Kareem Abdul Jabbar, les résultats ne suivent pas. Il va falloir trouver la bonne pioche à la draft. En allumant la télévision, ils tombent sur la finale universitaire entre Michigan State et Indiana. Deux hommes se mettent en avant, Larry Bird et Earvin Johnson. Le premier n’est plus disponible car déjà drafté l’année précédente. Johnson en met plein la vue, domine la rencontre et devient champion. Devant une telle présence, un charisme fou et ce talent unique en tant que grand gabarit et capable de mener le jeu, la décision est vite prise. Le jeune joueur est donc sélectionné par les Lakers et se voit présenté à l’effectif pour le premier entraînement. Après quelques poignées de mains, Earvin reste en admiration devant Kareem Abdul Jabbar.

Lorsqu’il commence à faire ses passes lasers, ses coéquipiers ne sont pas prêts. La balle arrive en plein visage ou échappe des mains tellement c’est vif. Après quelques altercations où Magic se fait frapper dans les vestiaires(!), Kareem calme tout le monde et propose de reprendre l’entraînement. La connexion Magic-Kareem se met en place. On enchaîne alors sur le premier match de la saison régulière face aux San Diego Clippers. Jabbar rentre le tir à la sirène et Magic lui saute au coup. La saison se déroule dans les meilleures conditions et nous partons directement au Game 5 de la finale contre Philadelphie. L’auteur continue de dessiner l’histoire réelle avec la blessure du pivot des Lakers et la fameuse performance de Magic au Game 6 avec le titre au bout. Nous avons donc plus au moins la réalité mise en avant sous les traits de crayons de Yoshihiro Takaiwa. Visuellement très réussi, avec beaucoup de détails et d’énergie, on y retrouve aussi ce côté exagéré typique du manga. Kareem est surpuissant et gracieux, Magic s’envole comme Jordan. Si le meneur est le protagoniste principal de ce premier tome, Jabbar bénéficie tout de même d’une belle mise en avant. Notamment sur sa fin de carrière avec la finale de 1987 et ses adieux. A contrario, Il est dommage de zapper Larry Bird à ce point. Rien sur la finale de 1984, ni 1985. On voit juste la déception du joueur des Celtics en 1986 en levant les yeux sur le grand écran du Boston Garden pour s’apercevoir qu’il ne jouera pas les Lakers en finale, éliminés par les Rockets. La rivalité Celtics-Lakers est donc mise de côté pour relater en priorité le parcours de Magic Johnson…d’une certaine manière. La fin de ce tome nous raconte l’après Kareem. Magic est toujours dominateur, mais autour de lui, tout le monde semble timide. Alors qu’ils étaient totalement en retrait jusqu’à présent, on reconnaît bien Byron Scott, Sam Perkins, James Worthy et le petit nouveau, Vlade Divac. Un très bref aperçu de l’élimination de Portland en 1991 et les dernières pages annoncent l’arrivée de Michael Jordan et ses Bulls en tant qu’adversaires. Une bonne mise en bouche, une absence injustifiée (Pat Riley). Même sans comprendre le japonais, ce n’est absolument pas sorcier de visualiser ce que l’auteur a voulu retranscrire. On attend néanmoins plus de la suite des évènements autour de Mike, le point culminant du manga qui s’étale sur les trois prochains volumes.

VOLUME 2 – MICHAEL LE SUCCESSEUR

On va attaquer une bonne partie de ce tome avec la finale 1991. Magic et les Lakers sont les gentils, Michael Jordan et les Bulls, les vilains. Du moins, c’est comme ça que nous l’interprétons. Le scénario va largement dans le sens de Los Angeles, leur vision des choses. On apprécie le final du Game 1 où MJ se demande pourquoi Sam Perkins reste seul derrière la ligne à trois points. S’ensuit alors une passe laser tel le tir du tigre de Mark Landers qui arrive dans les paluches de Perk’ et se termine au fond du filet. La suite est moins généreuse, le fameux « move » de Jordan qui change de main en l’air est oublié. Les blessures de Byron Scott et James Worthy viennent brouiller un peu plus les cartes. Magic semble abattu et puis relève la tête avec le sourire, son adversaire est le nouveau roi et il faut l’accepter.

Le chapitre Magic s’achève ainsi et nous partons dans un long flashback sur la draft du n°23. Une forte adversité au sein même des Bulls où Orlando Woolridge a beaucoup de mal à accepter ce jeune impétueux. Encore plus lorsque ce dernier jouit d’une popularité de plus en plus forte dans tout le pays avec une sélection All-Star et que le public de Chicago scande « AIR ». Ce volume se conclut avec sa célèbre performance au Boston Garden en 1986, avec ses 63 points. On y aperçoit un Larry Bird admiratif et une image qui peut représenter Jordan en dieu.

Sympathique, mais un poil en dessous du premier. On adore le petit détail comme Charles Oakley qui défend Michael Jordan en allant jouer des poings avec Woolridge. On aime beaucoup moins l’apparence de MJ. Son visage est bien plus proche de Lloyd Daniels. Ce qui laisse une franche déception, voir frustration. Mais ne boudons pas notre plaisir, il y a des plans où l’auteur a mis le paquet pour donner un air de superhéros à Jordan. Excessif peut-être, mais l’effet claque.

VOLUME 3 – MIKE/OAK ET LA MONTÉE EN PUISSANCE

L’auteur prend plus de temps sur Jordan car ce troisième volume va tourner uniquement sur sa saison 87-88. On y voit donc l’entrée en matière de Scottie Pippen (Horace Grant est mis de côté) ainsi que le jovial Doug Collins. Les prises de bec vont être nombreuses, particulièrement sur le cas de Jerry Krause. Humilié par Charles Oakley, on sent que le scénario va forcément aller plus tard sur son transfert, histoire de se venger. Jordan fait le show à Chicago au cours du All-star Game, vite résumée sur 2-3 planches, le temps de le voir sous le jersey étoilé et son duel contre Dominique Wilkins au Slam Dunk Contest. Patrick Ewing fait aussi son entrée dans le manga et a le privilège de prendre un poster surpuissant de « sa majesté ». On va maintenant partir sur ce qui va constituer comme la partie majeure de ce tome, la série de playoffs face à Cleveland. Craig Ehlo, Larry Nance et Brad Daugherty y sont représentés brièvement, c’est surtout Mark Price qui va prendre un peu de place. Jordan se démène mais en mode solo. Voyant que la rencontre est mal engagée, Oakley prend les choses en main et demande aux autres de participer activement, collectivement. Jordan est surpris et ne comprend pas dans l’instant, mais change vite d’opinion en regardant ses coéquipiers se défoncer des deux côtés du parquet. Michael termine le boulot et le bouquin se conclut sur l’image de leur prochain adversaire, Detroit avec un Isiah Thomas au sourire machiavélique. Parler des Cavs de 1988 sur autant de pages, on salue l’initiative. Jordan et Cleveland, c’est souvent mal interprété et réduit au simple fait qu’il les avait détruit pendant des années. 1989 et 1993, c’est « The Shot et The Shot II ». 1988, c’est la première bataille et elle fut fantastique. Mike tourne à plus de 45 points de moyenne! Les deux premiers matchs à plus de 50 points. Même si nous ne voyons pas ça dans le manga, c’est appréciable de montrer que cette équipe de Cleveland était plus qu’un paillasson pour Jordan et les Bulls. Du respect.

VOLUME 4 – BAD BOYS ET BOBOS

La violence gratuite. Première confrontation en playoffs pour les Bulls et les Pistons. Ce qui va être curieux, c’est que Bill Laimbeer est très peu présent. Les rôles de brutes sont attribués à Rick Mahorn dans un premier temps et Dennis Rodman plus tard. Les coups pleuvent et les Pistons s’en délectent. Mais ce qui va ressortir le plus dans ce volume, c’est une séquence émotion. L’annonce du transfert de Charles Oakley à New York. Bien sûr que c’est romancé, n’oublions pas que nous sommes dans une BD. Jordan est choqué d’apprendre la nouvelle en pleine partie de golf et il retrouve son ami en train de faire son jogging. Ils se séparent avec Charles en larmes. L’amitié entre les deux hommes ne s’estompe pas et dès les retrouvailles entre Bulls et Knicks, les poignées de mains ne sont pas épargnées, même avec la rivalité naissante des deux franchises. La transition est assez maladroite par la suite. Deux images pour nous expliquer que Chicago est éliminé par Detroit encore en 1989 et 1990 jusqu’à la revanche en 1991. Pas d’introduction de Phil Jackson et du départ de Doug Collins. Ca nous tombe sous le nez. On revient sur la finale face aux Lakers sans grand intérêt car on y revoit les mêmes actions que lors du tome 2. La séquence de trouble de Scottie Pippen au Game 7 contre Detroit en 1990 est plutôt bien retranscrite avec ses migraines, tout comme les provocations verbales et physiques de Rodman en 1991. Bref, sympa dans l’ensemble, mais frustrant que plusieurs moments iconiques soient écartés. Certes, difficile de tout mettre, mais au vu de certaines scènes pas franchement utiles, ça n’aurait pas été négligeable.

VOLUME 5 – UN FINAL AVEC SIR CHARLES

Pour le dernier tome, l’auteur a proposé un contenu plus varié. Nous allons fermer la parenthèse Jordan sur son premier titre NBA et un bref résumé des deux suivants. On a également un plan sur le joueur seul dans une salle de basket avec une apparition de l’esprit de James Jordan dans les tribunes et le visage de Michael heureux d’avoir affronté tant de grands joueurs et d’avoir conclu sa carrière au sommet. Saison 93-94, Charles Barkley a toujours le souvenir douloureux de la finale face aux Bulls sur le tir décisif de John Paxson. On va vivre un bon petit moment avec Sir Charles qui va connaître ses premiers gros problèmes de santé, au niveau de son dos. Les matchs manqués, les coups vicelards de Charles Oakley qui le percute volontairement les lombaires, une baston générale face aux Knicks plus proche d’une BD d’Astérix que dans la réalité avec comme point d’orgue, le coup de poing involontaire d’Oliver Miller sur son coach, Paul Westphal. Avec les animations très « manga » qui vont avec. Un passage remarqué aussi sur l’invitation de l’équipe de Phoenix dans le restaurant de Jordan à Chicago avec Miller qui s’empiffre. On le revoit d’ailleurs plus tard avec la boustifaille XXL (2 pizzas géantes, 2 bouteilles de soda de deux litres minimum et encore deux gros plats avec) pour aller réconforter Barkley en pleine rééducation. Danny Ainge a été plutôt bien dessiné, il a aussi une tête à claques. Dan Majerle, AC Green et Kevin Johnson sont également de la partie. Tout cela se conclut sur la demi-finale contre Hakeem Olajuwon et les Rockets. Pas de mention sur son show à Golden State au tour précédent. Après la défaite en sept matchs, Charles rentre chez lui et se voit offrir par son fils, un trophée de champion NBA fabriqué par ses propres mains. Ce qui provoque la stupéfaction et l’émotion chez son père qui le prend dans ses bras.

FIN

Quel bilan peut-on retirer sur l’ensemble? Rien d’extraordinaire, loin de là. Une grosse déception même.  La barrière de la langue est évidement un énorme problème pour en comprendre toutes les subtilités (s’il y en a), on parvient toutefois à voir en gros ce que l’auteur a voulu nous faire partager. L’idée, l’initiative de faire un manga sur la NBA était excellente. Cependant, l’intérêt est plus que minime et ne ravira que les collectionneurs et les curieux.

LA GALERIE NBA STORY

Crédits photos : Jump Comics

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About Anthony "Pred" Saliou (532 Articles)
Fan de MJ, d'Hakeem, Bird et Sir Charles notamment, déteste les Sonics et le Thunder, peu d'amour pour les Lakers, mais adore par-dessus tout le basket "tough". A passé plus de 20 ans sur la toile basket à débattre et râler comme tout vieux qui se respecte.

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