L’histoire des séries : Phoenix Suns vs Denver Nuggets
NBA Playoffs
C’est au tour des demies finales d’être décortiquées. Pour bien vous préparer, Basket Rétro vous a concocté un menu complet avec un retour dans l’histoire de la NBA en se basant sur les affiches actuelles et leurs confrontations passées. Place à Phoenix vs Denver.
Tiens, on hume un léger parfum de barbecue. L’été approche. Non ce n’est pas la merguez qui vous chope les narines, mais plutôt un vrai duel offensif entre deux cylindrées qui ont été construites et calibrées pour cela. Entre Phoenix et Denver, ce sont trois confrontations qui se sont jouées uniquement dans les eighties et seulement au premier tour. On va oublier un peu la défense et se concentrer sur un objectif : marquer plus que l’adversaire et si possible à profusion.
JOURNÉES PORTES OUVERTES – 1982
On parle souvent des grosses défenses de l’époque, mais il ne faut pas oublier que c’est la marque de fabrique de la conférence Est. Dans l’autre moitié du pays de l’oncle Sam, ça dégaine et on ne cherche pas à s’économiser. Denver est une équipe qui reprend du poil de la bête après deux années de disette. La prise de fonction de Doug Moe aux commandes est un succès et dès lors que Kiki Vandeweghe explose les compteurs en tant que sophomore, la machine à Nuggets se met en marche. Heureusement d’ailleurs que ce jeune homme confirme tout le potentiel que l’on voyait en lui car l’une des stars locales n’a plus la même aura. David Thompson est en effet en retrait cette saison et Moe préfère l’utiliser comme sixième homme de luxe. La plaque tournante de la franchise, c’est encore Dan Issel malgré ses 33 ans. L’âge ne semble pas le freiner dans sa boulimie statistique, jour après jour. Comme si l’attaque n’était déjà pas assez un casse-tête pour les adversaires, il ne faut pas zapper Alex English, toujours aussi efficace et effacé dans les médias.
Offensivement, Phoenix n’a rien à leur envier et en terme d’expérience, on leur donne un avantage conséquent. Le pivot Alvan Adams joue sa septième saison dans la ligue et c’est surtout un bonhomme qui a connu les finales NBA, en tant que rookie. En 1976, il était présent face aux Celtics de John Havlicek. Même constat chez Dennis Johnson, champion avec Seattle en 1979 et finaliste l’année précédente. On donne en plus Walter Davis pour concurrencer le trio des Nuggets et on s’attend forcément à un feu d’artifice.
Denver a l’avantage du terrain et prend l’ascendant dès le G1. Kiki donne le tournis à la défense des Suns, le meneur gaucher Billy McKinney gagne son duel contre Kyle Macy (futur Bull) et Dan Issel en fait de même face à Adams. La différence s’est surtout jouée dans le QT3 (40-21!) et une maladresse malvenue aux lancers francs (20/32). Au meilleur des trois matchs, la rencontre suivante se déroule donc en Arizona. Changement de température et le schéma s’inverse. DJ est inarrêtable, Davis joue le pétard ambulant en sortie de banc et Adams prend le dessus sur Issel. Les Suns jouent de manière plus agressive et causent des dégâts en provoquant des fautes clés sur Vandeweghe et McKinney. Le début du match a été dévastateur mentalement chez les Nuggets. Une équipe peu enclin à défendre habituellement et qui a pris l’eau de toute part. Retour dans le Colorado pour la rencontre décisive, de loin la plus intéressante. Disputée jusqu’au bout, cette série se conclut par un succès de Phoenix en terre adverse. Le bourreau ? Walter Davis, auteur de 30 points en tant que remplaçant. L’ailier fort Truck Robinson a été le canalisateur du groupe en revêtant le bleu de chauffe et en noircissant un peu les cases de sa feuille de stats (23 pts – 9 rbs – 4 stls), lui qui fut décevant jusqu’alors. Dennis Johnson n’a pas chômé non plus (26 pts). Denver est éliminé en laissant ses grands joueurs sur le terrain un maximum, ce qui a conduit à une certaine fatigue sur la durée. On note que ce sera le dernier match de David Thompson sous le maillot des Nuggets, une page se tourne.
LA REVANCHE DES PÉPITES – 1983
Les Suns ont cette fois l’avantage du parquet. Une belle saison régulière avec 53 victoires et une troisième place à l’ouest derrière les indéboulonnables Lakers et les Spurs de George Gervin. Il y a peut-être un coup à jouer. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Larry Nance qui n’était encore qu’un rookie la saison précédente a pris du galon et forme une sacrée paire d’intérieurs aux côtés d’Alvan Adams. Le profil athlétique de Nance complète le jeu plus académique de son coéquipier. La signature de Maurice Lucas pour apporter son caractère bien trempé et un renfort de plus dans la raquette. James « Buddha » Edwards est aussi de la partie. Le staff de Phoenix a constitué des armes de géants pour rivaliser avec les Lakers. Denver n’a pas changé son fusil d’épaule et compte toujours sur son trident English-Vandeweghe-Issel. Si les Nuggets démarrent en trombe grâce à Kiki, la redescente est fulgurante.

Mike Evans, Denver Nuggets. (Photo By Damian Strohmeyer/The Denver Post via Getty Images)
English n’arrive pas à jouer son basket et Issel n’est pas suffisant pour contrer les gaillards de Phoenix. Johnson passe à un cheveu d’un triple double et permet aux siens de mener 1-0. Malheureusement pour eux, DJ passe à côté de son match à Denver comme pratiquement toute l’équipe des Suns d’ailleurs, excepté Walter Davis (31 pts), sans qui la pilule aurait été encore plus difficile à avaler. Soixante-douze points cumulés pour le trio de fous furieux des Nuggets et une confiance retrouvée pour la confrontation décisive en Arizona. Un bombardement intensif. Le meneur remplaçant Mike Evans, excellent tout le long de la partie, égalise à 106 partout à 37 secondes du terme sur un shoot primé. Phoenix est maladroit et se montre impuissant face Alex English, touché par la grâce (42 pts). La machine à scorer des 80’s joue le match de sa vie et élimine à la surprise générale, après prolongation, des Suns qui étaient donnés largement gagnants. Bonne nouvelle pour les Celtics, Dennis Johnson pose ses valises pendant l’été 1983 contre une bouchée de pain pour former l’une des équipes les plus excitantes de l’histoire aux côtés de Larry Bird, Kevin McHale et Robert Parish.
PASSAGE DE TÉMOIN – 1989

Tyrone Corbin en défense sur Alex English – NBA.com
Après l’élimination en 1983, Phoenix a connu une longue traversée du désert, sans mauvais jeu de mots. A l’orée de la campagne 88-89, les changements sont nombreux. Cotton Fitzimmons devient le nouveau coach et apporte avec lui toute son expérience en étant habitué à prendre en main les franchises en perdition, sans forcément connaître un grand succès. Départ de James Edwards chez les Bad Boys de Detroit, draft houleuse de Dan Majerle et le meilleur pour la fin, la signature XXL de Tom Chambers ! Attention, on signale un effectif bourré de talents. Outre les noms précités, vous avez Kevin Johnson qui explose littéralement après une saison rookie de transition entre Cleveland et Phoenix. Les shooteurs Eddie Johnson, Jeff Hornacek et Craig Hodges, l’éternel Alvan Adams, le besogneux Armen « Hammer » Gilliam et l’utile Tyrone Corbin. Un vrai plan de guerre concocté pour encore essayer de rivaliser avec le dernier tour de piste des Lakers de Kareem Abdul Jabbar.
Denver décline doucement, mais sûrement. Les cadres sont proches de la retraite. English continue d’alimenter la marque sans vergogne, Davis sent le poids des années. Heureusement qu’il y a un peu de relève et ça se situe sur les postes arrières. Lafayette « Fat » Lever et Michael Adams. Deux dragsters jamais en panne de fuel. Et comme on ne change pas une formule qui perd, on score et on ne défend pas. Doug Moe est toujours aux manettes et laisse ses soldats en liberté totale. Un fond de jeu très limite qui peut suffire à prendre une place en playoffs, pas plus. Phoenix ne se méfie pas d’un animal blessé, en fin de cycle. A raison, car ils dominent largement en première période. A tort, car le comeback leur explose au visage. Walter Davis retrouve ses cannes de 25 ans et plante 34 points du banc! Lever est au four et au moulin, triple double de haut standing (20 pts – 17 asts – 12 rbs). Ils échouent pourtant sur la dernière marche (104-103) et constatant amèrement la domination extrême des Suns au rebond (62). Rien que les trois intérieurs Chambers-Gilliam-West en ont gobé 43, soit à deux unités près, le total de l’équipe des Nuggets (45).
Le G2 était bien parti pour connaître le même scénario. Phoenix est devant à la pause et Denver se remet en selle au retour des vestiaires. Après le show Davis, c’est English qui reprend le flambeau des vieux briscards qui ne lâchent rien. 36 points et un peu de margarine sur les doigts (8 ballons perdus). Beaucoup de turnovers qui font que les Nuggets se tirent une balle dans le pied. Kevin Johnson n’est pas d’une grande adresse, mais pour aller chercher la faute, il enfile le costume du patron. 18/19 aux lancers avec ses quatorze passes décisives et 34 points au total. Les Suns ont aussi pu compter sur l’apport de leur banc prolifique, Eddie Johnson et Dan Majerle.
Denver joue sa saison à domicile en essayant d’éviter le sweep. Attention, orgie totalement incontrôlable. Les Nuggets inscrivent 72 points jusqu’à la pause ! Phoenix revient du vestiaire transformé et recolle les morceaux avant le dernier acte. Menés de quatorze points, ils vont alors réussir un improbable retour et avec la manière, s’il vous plaît. 42-20 dans le QT4 ! Le tandem Chambers/KJ fait des étincelles (64 pts – 21 rbs – 19 asts à eux deux !), Hornacek est solide et Majerle continue de faire taire les mauvaises langues. Le balai peut sortir du placard.
BILAN DE LA SERIE ALL TIME

Source : Land Of Basketball
LE MATCH COMPLET – G3 PLAYOFFS 1983
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