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Les Cardiac Kids de Levallois (1997-1999) : une aventure aussi bien sportive qu’humaine !

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Entre 1997 et 1999, la France du Basket va connaître l’épopée d’une bande de « gamins » qui va ébranler la hiérarchie hexagonale et surtout révéler de jeunes pépites qui deviendront par la suite de grands professionnels, et qui restent encore de grands amis ! Les détails par Basket Rétro.

1995-1997 : LE DÉBUT DE L’AVENTURE 

L’aventure débute en fait dès 1995 avec l’arrivée au club d’adolescents nommés Sacha Giffa, Steeve Essart, Wilfried Aka, Vincent Masingue (au club dès 1992 même), Brice Biseni qui vont faire leurs classes sous l’œil bienveillant de formateurs nommés Sylvain Lautié puis Raphael Gaume principalement. Durant 2 saisons, nos jeunes parisiens vont répéter inlassablement leurs gammes, pour certains comme Brice Bisseni, le palier est rude, passant de 2 entraînements par semaine à un par jour !

Ils côtoient notamment à l’entraînement des Pro des joueurs comme Terence Stansbury, Moustapha Sonko, Michael Brooks et Stéphane Lauvergne (D’ailleurs son fils de 4 ans touchait ses premiers ballons, un certain …. Joffrey Lauvergne !). Ce qui leur permettra de franchir rapidement les étapes pour grappiller des minutes en Pro A, notamment Sacha, Brice et Vincent et même Steeve Essart assurera l’intérim pendant 6 matchs après la blessure de Moustapha Sonko , car le club ne pouvait se permettre financièrement de prendre un joker médical !  Au passage, nos pépites réaliseront un doublé rarissime en Cadets et Espoirs (certains enchaînant sur le même week-end les 2 matchs !), preuve d’un grand potentiel !

A l’été 1997, Mansour Thiam arrivera de l’INSEP et de la Nationale 1, où il sort d’une très bonne saison et souhaite poursuivre à l’échelon supérieur. Fred N’Kembe arrive de Roanne où il était en prêt par Le Mans dont le coach Alain Weisz ne souhaite pas le conserver à part au bout du banc, et se retrouve à garder la forme avec Levallois qui le conservera finalement pour l’aventure en Pro B.

1997-1998 : LANCEMENT DES CARDIAC KIDS 

james scottA l’intersaison 1997, malgré un maintien obtenu (10 victoires et 20 défaites), le club, en grande difficulté financière, demande sa rétrogradation sportive en Pro B pour éviter le pire. Le coach, Ron Stewart et son assistant Raphael Gaume réunissent alors leurs jeunes pousses pour leur annoncer que le club va leur confier les rênes de l’équipe et qu’il vise malgré ça la montée en Pro A directement car il a confiance dans leur potentiel! Fred N’Kembe (22 ans), Brice Bisseni, Vincent Masingue (21 ans), Sacha Giffa (20 ans), Steeve Essart (19 ans), Mansour Thiam, Olivier Lebrun et Wilfried Aka (18 ans) seront donc les joueurs français de Levallois en Pro B ! Ils seront néanmoins entourés d’A.J. English, Hubert Register (américains) et Jim Deines (franco-américain, très roublard qui a énormément appris à Brice Bisseni) pour compléter l’effectif. De plus, Ron Stewart décide de couper le terrain : « L’attaque c’est pour vous, je m’occupe de la défense ! »

Cependant, le début de saison est poussif (3 victoires et 3 défaites) et A.J. English est coupé, par le club, après une bagarre à Brest. Ron Stewart : « Il était bon, mais c’était une question d’état d’esprit. Quand il est parti, les gars ont été soulagés ». Sacha Giffa : « A.J. English tirait trop la couverture à lui, alors que James Scott nous rendait meilleurs, il se fondait dans le groupe, nous parlait et nous conseillait nous les jeunes». Brice Bisseni : «James Scott, c’est l’américain qui nous fallait humainement et sportivement. »  Et Steeve Essart de compléter : « Les débuts ont été très compliqués (pas seulement à cause d’A.J. English) car il fallait créer une osmose, une nouvelle hiérarchie afin de se compléter.  Nous n’avons pas assumés au début. Nous n’arrivions pas à gérer la pression au début, on nous donnait d’un coup de grosses responsabilités, il a fallu digérer cette période là. »

Le départ de A.J. English et l’arrivée de James Scott métamorphose l’équipe qui aligne alors 10 victoires consécutives. James Scott endosse le costume de serial scorer (19 points/match) et signera même le seul triple double de la saison en Pro B (21 pts, 10 rebonds et 10 passes contre Maurienne le 14 mars). C’est sur cette saison aussi que les joueurs se serrent les coudes et deviennent une grande fratrie, Ron Stewart jouant le rôle de grand frère. Vincent Masingue : « On restait H24 ensemble, on partait en vacances, on a gravi ensemble les échelons d’espoirs à la Pro A, ce fut une chance unique pour nous. » Brice Bisseni : « Ron s’est occupé de nous ! Beaucoup sur le terrain, mais aussi en tant qu’hommes. » Car même si ils étaient devenus des professionnels sur le terrain, nos Cardiac Kids restaient encore des jeunes en dehors : un jour, une virée avec la voiture de Hubert Register, se terminera à la casse ! « On venait de voir Taxi avec Sami Naceri, on avait 3 de QI et le permis depuis peu ! » lance Vincent Masingue.

Bref, nos jeunes apprennent tous azimuts ! Malgré leur jeune âge, l’apprentissage sous l’aile de Ron Stewart sera largement positif puisque l’équipe finira avec un bilan de 26 victoires pour seulement 8 défaites, permettant au club de finir premier devant Angers et accéder ainsi à la Pro A la saison suivante. Les frelons se permettront même le luxe de jouer la finale de la Coupe de France à Bercy après avoir éliminé notamment Chalon et Strasbourg ! Mais le retour sur terre sera douloureux avec une défaite cinglante contre Cholet (54-95). Steeve Essart : « C’était déjà une victoire d’en arriver là, on a peut-être oublié de jouer par rapport à la pression (9500 spectateurs). » Le billet en Pro A validé, on aurait pu penser que les clubs de Pro A allaient se ruer sur ces jeunes pépites : « Vincent, Fred et Sacha font une  grosses saison, ils ont des contacts avec des clubs de Pro A, mais restent à Levallois car ils avaient besoin de confirmer. Moi ma saison fut moyenne mais je m’éclatais dans le groupe comme Mansour et Steeve », lancera Brice Bisseni.

1998-1999 : LA CONFIRMATION

A l’aube de cette saison dans l’élite, Ron Stewart n’entend pas changer une formule qui marche ! Il conserve exactement le même groupe ! Un pari risqué que de nombreux autres clubs n’auraient pas pris. Mais le club n’a pas le choix financièrement aussi s’il veut finir la saison ! Sacha Giffa : « Nous étions dans la continuité de notre saison en Pro B ! Nous voulions montrer que nous avions le niveau pour l’étage supérieur. Certains de nos matchs amicaux furent contre des équipes NCAA (Portland notamment) et nous arrivions à gagner car nous avions toujours la même façon de jouer ».

Mais les débuts en Pro A sont compliqués avec 7 défaites sur les 8 premiers matchs, et Ron Stewart décide de changer sa méthode défensive, notamment à Antibes, ce qui s’avérera payant, . Brice Bisseni : « Donc on commence à bosser la zone presse dès la remise en jeu adverse. On recommence à enfin gagner, et nous regagnons en confiance. Nous sortons notamment une grosse performance à Dijon (-25 à la pause, mais on gagne à la fin 98-90 !), on fait même chuter le grand Limoges chez nous (74-71, contre Fred Weis, John Amaechi, Nenad Markovic, etc.) et à a fin nous nous retrouvons tous au milieu du terrain à danser avec la maman de Sacha qui était super contente! On se sentait chez nous, car nous étions tous de la région parisienne dans un sens. »

« C’était des entraînements de folie pour bosser cette zone presse, on se vidait, et on enchaînait enfin les victoires, on jouait avec plus de rythme, mais on échoue aux portes des Playoffs, nous recevions même des messages de soutien des jeunes français dans les autres équipes qui eux n’avaient pas de temps de jeu ! » relance Sacha Giffa. « De plus, James Scott jouait pour nous et nous pour lui. C’était un leader offensif dans les actes et les paroles, on l’écoutait ! Il m’a même invité à son mariage à New Jersey » continue Steeve Essart.  La fin de saison usante se termine par 5 défaites mais l’essentiel est là : le maintien est assuré sereinement ! Mansour Thiam : «Suite aux blessures de nos deux joueurs étrangers, nous terminons la saison avec une équipe 100% française, avec des joueurs formés localement. À l’époque déjà, des journalistes soulevaient le caractère exceptionnel de ce qui se jouait chaque samedi soir». Fred N’Kembe : «A Paris (le PSG Basket à l’époque), on gagne même à l’extérieur, sans aucun américain, grâce à notre condition physique, en tournant à 7, et on gagne ! On finit par terre, au milieu du terrain, comme des gosses, l’insouciance absolue !»

ÉTÉ 1999 : LA SÉPARATION

L’aventure se termine durant l’été 1999 car le club est à nouveau en proie à des difficultés financières et doit se résoudre à repartir en Pro B ! Mais cette fois-ci la plupart des Cardiac Kids s’envolent sous d’autres cieux : Sacha Giffa part à Chalon, Brice Bisseni et Mansour Thiam à Antibes, Vincent Masingue à Pau-Orthez, Fred N’Kembe à Besançon, seuls Steeve Essart, Olivier Lebrun et Wilfried Aka resteront en Pro B pour continuer à s’affirmer. Mais sacha giffa coachalors, quel est le bilan des joueurs de ces 2 années des Cardiac Kids ?

Sacha Giffa : « Je pense que ces 2 saisons, il y a une vérité, oui ! Tu peux faire confiance aux jeunes si tu travailles dur, on a eu le titre en espoirs, tu peux franchir le palier et réussir en professionnel. On a eu cette opportunité de passer ce cap à cause des problèmes financiers  du club, mais il faut aussi avoir une volonté politique. Je pense qu’on peut le reproduire même aujourd’hui, c’est ce qui est fait par quelques clubs Pro B. »

Vincent Masingue : « On a eu la chance d’avoir rapidement du temps de jeu par rapport au contexte particulier du club. Non seulement, on était des coéquipiers, mais surtout une bande de copains qui continue de se voir et de se suivre régulièrement ».

Fred N’Kembe : «Ce fut une aventure de dingue, mes 2 années avec le plus de plaisir sur et en dehors de terrain, avec mes frères, mes potes ! On voulait kiffer, faire du trash talking, des moves, des dunks, etc. Chaque match était un match d’exhibition, on rigolait, on souriait, on vivait pleinement le truc. On était H24 ensemble, en voiture, on mangeait ensemble, soirée ensemble, sur la console, on sortait ensemble. Nous n’avions pas d’égo, pas de stats à jouer. On prend encore contact par « Whatsapp ». Pour ma part, je finis mes études de Kiné en trauma du sport. Je suis à Lille. J’ai sauté sur la reconversion, car une carrière sportive n’est pas éternelle !»

Steeve Essart : « Je voudrais aussi remercier Raphael Gaume et Ron Stewart qui nous ont mis le pied à l’étrier et nous ont donné une rigueur. A titre personnel, je veux aussi remercier le président de Région de la Guyane de l’époque (Antoine KARAM), et Jean-François ROUZIEF (paix à son âme) qui m’a fait venir de Guyane à Levallois. Et puis dans la suite de ma carrière professionnelle, il y a Fred Sarre qui m’a donné ma chance ».

Mansour Thiam qui travaille depuis dans les revêtements de sol synthétique, à usage sportif et récréatif  : « Nous étions jeunes, incapables de nous en rendre compte en temps réel. Aujourd’hui, lorsqu’on regarde la Pro A, on s’aperçoit que l’aventure Cardiac Kids restera unique. On aimerait bien que des clubs misent davantage sur des talents nationaux, mais ce n’est pas la tendance».

vincent masingue skipperEt Brice Bisseni de conclure : « J’entraîne maintenant à Levallois, mais ce n’est plus la même époque. Nous allions tout le temps à la salle, on était tout le temps sur un terrain. Je n’ai pas de nostalgie, tu ne peux pas toujours penser au passé. On se donne des nouvelles régulièrement. 20 ans, c’est encore fort de se donner des nouvelles ! On a mouillé le maillot, on nous en parle encore mais sans nostalgie. Mansour Thiam a d’ailleurs sorti un livre où il parle de cette période. Il y a un énorme respect pour tout à chacun. Nos parents nous ont aussi donné une bonne éducation, et puis Sylvain, Raphael et Ron nous ont aidé à progresser, nous ont donné des valeurs, merci à eux ! Et si je peux donner un dernier conseil aux jeunes dans le basket : continuez vos études ! A l’époque, nous étions enfermés dans une bulle, mais le basket n’est pas éternel, et il faut penser à sa reconversion ! »

Merci à Sacha Giffa, Vincent Masingue, Steeve Essart, Mansour Thiam, Fred N’Kembe et Brice Bisseni pour leurs interviews !

P.S : Mansour Thiam (contact : manibrah@yahoo.fr) lance un appel : «Nous sommes à la recherche d’images TV et d’articles de presse de nos matchs sur les saisons 97-98 et 98-99, dans le but de produire un documentaire, à l’occasion des 20 ans des Cardiac Kids. Journalistes, passionnés, agents, joueurs pros ou amateurs, anonymes sont les bienvenus, quelle que soit leur contribution. Nombreux sont ceux qui parlent encore de ces deux saisons-là, et nous aimerions mettre en image ce que le sport français est capable de produire».

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