La saison exceptionnelle de Dominique Wilkins avec le Pana en Euroligue (95-96)
Euroleague
Le Final Four de l’Euroligue cette année se déroulera à Madrid du 15 au 17 mai prochain. Basket Rétro revient sur les grands moments de cette période phare du basket européen. Faisons un bond de 20 ans en arrière. Lors de la saison 1995-1996, tout le continent européen et en particulier le Panathinaikos découvre une star talentueuse venu de la planète NBA, vainqueur du concours de dunk en NBA en 1985 et 1990 : Dominique Wilkins. Détails.
Après 12 saisons passées aux Atlanta Hawks (1982-1994), une aux Los Angeles Clippers (1994-1995) et une autre aux Celtics de Boston (1996), Dominique Wilkins quitte la NBA pour prendre la direction de l’Europe pour poser ses valises à Athènes. Il découvre une autre culture basket en signant dans un célèbre club grec : le Panathinaikos.
DES PREMIERS MATCHS COMPLIQUES EN EUROLIGUE POUR WILKINS
Surnommé the « Human Highlights », le joueur âgé de 35 ans, va séduire le public grec et athénien, prouvant ainsi son adaptation au jeu européen. Sous les couleurs du Pana, Wilkins et ses coéquipiers vont jouer un match de deuxième tour préliminaire qualificatif pour la phase de poules en Euroligue. Coachés par Bozidar Malkovic (coach qui a remporté l’Euroligue en 1993 avec le CSP Limoges), les joueurs du Pana affrontent ceux du club lituanien du Zalgiris Kaunas.
Au match aller, le Pana remporte de justesse la rencontre sur le score de 59-56. Pour sa première rencontre de Coupe d’Europe de sa carrière, Wilkins déçoit : 9 points avec un pourcentage médiocre (2/12) + 6 rebonds. Au match retour, le meilleur scoreur de la NBA en 1986, marque plus de paniers mais rencontre à nouveau des problèmes d’adresse au tir : 14 points à 5/20. Cependant, lors de cette confrontation face à Kaunas, le Pana écrase son adversaire en s’imposant de 20 points : 86-66. Le Pana se qualifie pour la phase de poules.
UNE MONTÉE CRESCENDO EN PHASE DE POULE
Figurant parmi les 16 meilleures équipes de l’Euroligue, le Pana et les 15 autres clubs sont répartis en deux groupes de huit équipes. Le club grec, champion de Grèce à plusieurs reprises avant l’entame de cette Euroligue, est placé dans le Groupe B dans lequel se trouve un club français : Pau-Orthez, vice-champion de France en 1995. Chaque équipe joue 7 matchs aller et retour. Les quatre premiers de chaque groupe se qualifient pour les quarts de finale qui se jouent au meilleur des trois matchs.
De son premier match de poule face au Real Madrid le 26 octobre 1995 à la dernière journée de cette phase le 15 février 1996, Wilkins est monté en puissance au fil des matchs avec une adresse au shoot plus décente. La preuve en tableau :
MATCHS – DATES – RÉSULTATS | POINTS | % TIRS | REBONDS | PASSES |
Real Madrid – 26 octobre 1995 (victoire 54-52) | 12 | 5/16 | 14 | 2 |
FC Barcelone – 2 novembre 1995 (défaite 63-57) | 10 | 4/14 | 9 | 0 |
Cibona – 22 novembre 1995 (victoire 79-61) | 20 | 8/16 | 6 | 3 |
Pau Orthez – 30 novembre 1995 (victoire 87-79) | ABSENT | ABSENT | ABSENT | ABSENT |
Benfica Lisbonne – 6 décembre 1995 (victoire 67-51) | ABSENT | ABSENT | ABSENT | ABSENT |
Virtus Bologne – 14 décembre 1995 (victoire 72-69) | 12 | 3/8 | 4 | 2 |
Maccabi – 21 décembre 1995 (victoire 67-62) | ABSENT | ABSENT | ABSENT | ABSENT |
Real Madrid – 4 janvier 1996 (défaite 80-73) | ABSENT | ABSENT | ABSENT | ABSENT |
FC Barcelone – 10 janvier 1996 (défaite 95-74) | 18 | 6/13 | 6 | 0 |
Cibona – 18 janvier 1996 (victoire 92-83) | 32 | 9/17 | 6 | 1 |
Pau Orthez – 25 janvier 1996 (défaite 67-69) | 21 | 7/14 | 9 | 1 |
Benfica Lisbonne – 31 janvier 1996 (défaite 96-87) | 18 | 7/18 | 5 | 1 |
Virtus Bologne – 8 février 1996 (victoire 72-69) | 22 | 8/15 | 4 | 2 |
Maccabi – 15 février 1996 (victoire 86-79) | 28 | 10/20 | 10 | 3 |
(source : fibaeurope.net)
Grâce à l’apport en attaque de Wilkins, le Pana finit troisième du groupe derrière les deux clubs espagnols : Barcelone et le Real Madrid. Ils sont allés défiés en quart de finale le Benetton Trévise.
UN WILKINS RÉGULIER ET FANTASTIQUE EN QUART DE FINALE
Et sur cette confrontation en quart de finale, les Italiens de Trévise vont assister aux superbes performances de Dominique Wilkins. Lors du match aller le 7 mars 1996 devant 18 000 spectateurs dans la salle d’Athènes, l’ancienne superstar des Hawks a brillé de mille feux. En 40 minutes, il score 24 points à 8/17, prend 6 rebonds et donne 2 passes. Son équipe remporte la première manche de ce quart de finale sur le score de 70 à 67. Celui qui a été intronisé au Hall Of Fame en avril 2006, aura presque marqué 1/3 des points totaux du Pana. Remarquable.
Cinq jours plus tard, le dunkeur fou en NBA réalise une performance quasi similaire qu’au match aller lors de la seconde manche entre grecs et italiens. Sur 40 minutes, « The Human Highlights » signe 25 points à 9/16, gobe 8 rebonds et offre 4 ballons décisifs sur le terrain des Italiens. Mais cela n’a pas suffi au Pana qui s’incline de 14 points : 83-69. 1-1 partout entre les deux quart de finalistes. Le match d’appui a valu à cet instant de la compétition son pesant d’or ou de cacahuètes (au choix).
Ce match décisif pour une place en demi-finale s’est joué à Athènes. Et quel match jusqu’au bout du suspense. Avec un enjeu bien évidemment connu à l’avance pour les deux équipes, la rencontre a été indécise de la première jusqu’à la dernière minute. Après une première période très disputée, Trévise mène de trois points : 36-33. Au retour des vestiaires, le Pana n’a pas lâché et est resté au contact de son adversaire. Au terme d’un final haletant, le Pana se qualifie en gagnant ce match d’appui à l’extérieur d’un point : 65-64. Et une nouvelle fois, l’homme providentiel du côté du Pana se nomme : Mr Dominique Wilkins, auteur de 30,1 points de moyenne en NBA avec les Hawks lors de la saison 86-87 (30,7 par match). Et cette âme de scoreur, il l’a ainsi démontré dans ce match couperet face à Trévise : il score 26 points à 11/18 + 7 rebonds et 2 passes.
Sur l’ensemble des trois matchs, en quart de finale, les moyennes statistiques de Wilkins sont fabuleuses : 25 points (28/51, soit 54,9 % de réussite aux tirs sur les trois rencontres), 7 rebonds et 2,7 passes.
WILKINS EXPLOSE LES COMPTEURS EN DEMI-FINALE
Le Pana se hisse donc au Final Four de l’Euroligue qui s’est déroulé au Palais Omnisports de Paris-Bercy à Paris. Et joli clin d’œil à la capitale de la France puisque Dominique Wilkins est né en France le 12 janvier 1960. Un retour à la maison en quelque sorte où il a poussé ses premiers cris et pleurs à la naissance. Wilkins et ses coéquipiers jouent donc en demi-finale le CSKA Moscou, tombeur de Pau-Orthez : 83-74.
Face aux moscovites, Wilkins va exprimer tout son talent basket. Rien ni personne ne pouvait l’éteindre tellement il a été « On Fire » durant toute la rencontre. Les stats parlent d’elles-mêmes et le CSKA n’a pu que constater les dégâts et s’incliner devant les prouesses d’une des figures majeures de la NBA : 35 points à 10/18, 13/13 aux lancers-francs, 8 rebonds, et 2 passes. Il aurait pu frôler le triple-double avec 2 prises supplémentaires aux rebonds et perdre deux ballons de plus (8 turnovers au total).
Grâce à cette incroyable performance de Wilkins, le Pana gagne sa demi 81-71. Durant ce match, il menait de 14 points profitant de la maladresse du CSKA à trois points : 44-30. Il s’envole vers la finale de l’Euroligue face au FC Barcelone. Wilkins a pratiquement inscrit la moitié de ses points de son équipe. A la fin du match, Wilkins se montrait prudent et ne s’enflammait pas : « Nous n’avons encore rien accompli. Si nous gagnons jeudi (jour de la finale), alors nous aurons accompli quelque chose ». (source : moscowtimes.com)
HIGHLIGHTS DE LA DEMI-FINALE PANA – CSKA
WILKINS EN MODE DOUBLE DOUBLE ET MVP DU FINAL FOUR
Comme lors du match 3 du quart de finale, le suspense est à son paroxysme total lors de cette finale disputée le 11 Avril 1996. Le dénouement du match s’est dessiné dans les derniers instants devant 12 500 spectateurs. Bien avant cette fin de match, le Pana avait pris le dessus à la mi-temps en ayant une belle avance de 10 unités : 35-25.

Dominique Wilkins tout sourire avec un bandana aux couleurs du Pana et le trophée (c) paobc.gr
Le Barça s’est ressaisi en deuxième mi-temps et est parvenu à effacer son retard. Insuffisant pour les espagnols. Fin du match, Pana 67 points, Barcelone 66 points. Le club grec remporte sa première Euroligue de son histoire sur un dernier contre de Stojko Vrankovic, pivot de 2m20, qui a effectué un sprint avec ses longues jambes. Mais celui-ci aurait dû être illégal puisque sur le layup de Montero, le ballon semble toucher la planche. Un mois après la finale, la FIBA Europe a présenté ses excuses à Barcelone pour ce bloc illégal. Il faut souligner que cette finale a été marquée par des problèmes d’arbitrage : le chrono qui s’est arrêtée de tourner.
Au délà de ce quiproquo, on notera qu’après une performance au scoring extraordinaire en demi-finale, Wilkins a beaucoup moins scoré dans ce dernier match d’Euroligue ultra-défensif mais termine avec un joli double-double : 16 points à 7/15 aux shoots et 10 rebonds. La FIBA le nomme logiquement MVP du Final Four. En deux matchs sur ce Final Four, ses stats moyennes sont superbes : 25,5 points, 9 rebonds. Pour sa première saison en Europe, Dominique Wilkins gagne un trophée majeur en Europe, soit une compétition prestigieuse qu’est l’Euroligue.
Sur les 21 matchs d’Euroligue disputé lors de la saison 1995-1996, Wilkins en a joué 17 et affiche de belles statistiques en moyenne par rencontre : 20,1 points, 7,2 rebonds. 1996 restera une belle année en terme de trophées pour Wilkins qui a gagné avec le Pana aussi la Coupe de Grèce, avec le titre de MVP à la clé, et la Coupe Intercontinentale.
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