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John Stockton : homme ordinaire, joueur extraordinaire

Portrait

Montage Une : Julien Mc Laughlin pour Basket Rétro

Les apparences sont parfois trompeuses. Au premier abord, en regardant John Stockton (62 ans aujourd’hui], il est difficile de croire que l’on se trouve en face de l’un des plus grands meneurs de jeu de l’histoire du basket.

Avec sa petite taille, son physique passe partout, son air sévère et sa coupe stricte, John Stockton est un homme qui a d’avantage des airs de président d’un Rotary Club ou d’un P.D.G de pompes funèbres. Une fois sur le parquet, ce n’est guère mieux, de par son allure qui n’inspire pas la flamboyance d’un joueur estampillé NBA. La faute à un look old school visible par ses chaussettes soigneusement tirées sur ses larges mollets et d’un short dont la courte taille redonne la pleine mesure de son sens.

Mais en y regardant de plus près, et bien au-delà des premières impressions, on se rend alors compte que l’homme respire totalement le basket. Bien sûr son jeu est loin d’être spectaculaire, un peu terne même, mais ô combien efficace comme en attestent des chiffres en carrière impressionnants. En effet, vous en connaissez beaucoup, vous, des types ordinaires capables de mettre sur un CV les mentions champion olympique, meilleur passeur et meilleur intercepteur de l’histoire de la NBA ?

UN JOUEUR DISCRET MAIS EFFICACE

De nature modeste et réservé, John Stockton a toujours préféré s’effacer derrière le jeu et ses coéquipiers.

“Mes coéquipiers sont pour beaucoup dans ma réussite et se concentrer sur un individu en particulier, ne reflète pas l’essence de ce sport”.

Des coéquipiers, mais aussi des entraîneurs ont toujours encensé son grand professionnalisme et son abnégation tout au long de sa longue carrière comme le prouvent les propos de Jerry Sloan au moment de sa retraite :

“Il a mis la barre très haute avec son attitude et son approche du jeu. Il ne s’est jamais reposé sur ses acquis, il a toujours cherché à être le meilleur joueur que possible et n’a eu de cesse de continuer à y parvenir, alors même qu’il était déjà le meilleur” 

JohnStocktonC’est lors de la prestigieuse Draft de 1984 que l’histoire de John Houston Stockton commence. Arrivé sur la pointe des pieds sur les rives du lac salé de l’Utah, le jeune meneur, en provenance de  l’Université de Gonzaga, a d’abord surpris son monde en étant préféré à des joueurs d’avantage côtés comme le médaillé olympique Jeff Turner ou bien encore le futur Limougeaud Michael Young afin de jouer les doublures de Ricky Green, alors All -Star incontesté de l’équipe des Utah Jazz. Un choix payant puisqu’il n’était pas sans compter sur la détermination du quasi inconnu pour s’imposer dans l’effectif après des débuts un peu timide au terme de sa première année.

Faire taire les sceptiques est d’ailleurs presque devenu une habitude chez cet humble joueur comme il se plaît à le reconnaître lui-même :

“Le doute a eu une part importante dans ma carrière […] J’ai toujours pensé que je pouvais battre n’importe qui, mais je ne pense pas que beaucoup de monde eut été d’accord avec moi”.

LES FRUITS DE SON LABEUR

Originaire de Spokane (une petite ville près de Seattle), John Stockton est le membre d’une grande fratrie à laquelle son père Jack a toujours inculqué les valeurs fortes du dur labeur et du don de soi. C’est d’abord au lycée de la ville, puis à l’université de Gonzaga que le joueur travaille ses premières gammes, manquant de peu une sélection pour les Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles. Malgré des workouts qui laissent entrevoir l’étendue de son potentiel, il se voit pourtant éconduit de l’équipe américaine en compagnie d’autres futurs grands noms tels que Terry Porter, Charles Barkley et un certain… Karl Malone.

john-stockton

À l’orée de sa seconde saison, le joueur semble avoir franchi un palier et finit par s’imposer titulaire à la mène sous la houlette de Franck Layden lors de sa quatrième saison. Chef d’orchestre des nouveaux Jazz, sa vision fait des étincelles et met en valeur les ailiers Adrian Dantley et Thurl Bailey qui profitent d’un système faisant la part belle au mouvement et au jeu en transition. Mais s’il est un joueur qui savoure pleinement ses offrandes, c’est bien Karl Malone, jeune ailier fort au corps d’Atlas dont le jeu explosif semble d’ores et déjà indissociable du meneur méthodique. Rapidement leur association relève de l’alchimie parfaite avec des pick and roll qui donnent le tournis à plus d’un adversaire, grâce à une science du jeu résumée très simplement par son éternel coéquipier :

“Sa plus grande qualité est de toujours donner le ballon au joueur le mieux placé […] Il n’est peut être pas spectaculaire mais il est avant tout efficace”.

STOCKTON – MALONE UN TANDEM DE CHOC

Une efficacité doublée d’une complicité sur les parquets durant dix-huit années et qui mènera régulièrement le tandem sur les terres de grands exploits individuels (10 sélections au All-Star Game dont un titre de co-MVP  avec Malone à Salt Lake City en 1993)  et collectifs (Deux médailles d’Or en 1992 et 1996). StocktonMalone

Au firmament de sa carrière dans les années 90, John Stockton devient un joueur incontournable pour faire tourner un collectif comme en atteste le choix de Chuck Daly de l’intégrer dans la légendaire sélection olympique de 1992 au détriment de point guards un peu plus “flashy” comme Isiah Thomas ou Tim Hardaway. Malheureusement, c’est dans l’ombre de l’invincible Michael Jordan  et de ses Bulls que le dynamique duo des Utah Jazz doit se contenter d’entrevoir par deux fois le Graal ultime, se qualifiant une première fois pour les finales de 1997  après un shoot au buzzer de Stockton qui crucifie des Houston Rockets emmenés alors par les dream teamers Olajuwon/Barkley/Drexler (excusez du peu).

“Parvenir en finale est certainement le plus grand moment de ma carrière”.

Un moment inoubliable durant lequel l’homme introverti laisse enfin ses émotions s’exprimer et éclater sa joie à travers une chaleureuse accolade dans les bras de Jeff Hornacek et Karl Malone.

STOCK LE ROC

Avec son style de jeu ultra académique et teigneux, John Stockton incarne à jamais  la quintessence du meneur de jeu capable de se fondre dans un collectif pour rendre les autres meilleurs. Ses statistiques à la passe décisive ont établi des records qui semblent désormais impossible à surpasser de la part de ce joueur reconnu à sa juste valeur par ses pairs  comme en témoignent les mots respectueux de Pat Riley à son égard :

“ John est bien plus qu’un phénomène. Il a marqué l’histoire en devenant l’un des meilleurs meneurs / joueurs  de tous les temps en étant capable de jouer sans se blesser. Avec sa passion et sa détermination, il semble capable de jouer indéfiniment”.

Véritable homme de fer doté d’une éthique de travail irréprochable, John Stockton met pourtant un terme à sa brillante carrière en 2003, avant d’être intronisé au Hall of Fame en 2009.

Vous pouvez également retrouver les autres vidéos des stars NBA des années 90 de NBAckInTime sur sa chaîne Youtube, ainsi que toutes nos productions en cliquant ici.

SES STATS NBA

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SON PALMARÈS

  • All NBA First Team en 1994 et 1995
  • All NBA Second Team en 1988, 1989, 1990, 1992, 1993 et 1996
  • All NBA Third Team en 1991, 1997 et 1999
  • 10 fois All Star (MVP en 1993)
  • Meilleur passeur de l’histoire de la NBA avec 15806 passes décisives
  • Meilleur intercepteur de l’histoire de la NBA avec 3265 interceptions
  • Meilleur passeur de la NBA de la saison NBA 1987-1988 à la saison 1995-1996
  • Meilleur intercepteur de la NBA en 1989 et 1992
  • Champion Olympique en 1992 et 1996
  • Sélectionné parmi les Meilleurs joueurs du cinquantenaire de la NBA en 1996
  • Élu au Naismith Memorial Hall of Fame en 2009
  • Maillot N° 12 retiré par les Utah Jazz

PORTRAIT VIDEO DE LA CARRIERE DE STOCKTON

Source Photos : NBAE/Getty Images

Crédits vidéo & Montage Une : Julien Mc Laughlin

About Julien Mc Laughlin (87 Articles)
Pratiquant assidu de la balle orange depuis plus de 25 ans, l'oeil nourri par les glorieux matchs NBA diffusés sur Canal+ dans les 90s - twitter : @NBAckInTime - @jumclaughlin

1 Comment on John Stockton : homme ordinaire, joueur extraordinaire

  1. Pour moi, le meilleur meneur de l’histoire,devant Magic et compagnie. Tellement sous-estimé, il aurait du être dans le meilleur 5 plus souvent, malheureusement, entre jouer à Utah, un style peu flashy et pas assez scoreur, c’était de trop pour voir plus haut. Il pouvait sans problème scorer 20 pts et distribuer 15 passes tous les soirs, mais c’était pas son genre.

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