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[ITW] Abderrahmane Arradi – « Ma première sélection ? Contre le grand Real de Brabender ! »

Interview

Montage Une ; Laurent Rullier pour Basket Rétro

Un bras roulé, la planche puis juste le filet. Adberrahmane Arradi, ancien international marocain de basket a fait se répéter ce schéma, sans modérations. Basket Rétro vous propose de partir à la découverte d’un parcours singulier. Interview !

Basket Retro : Abderrahmane, Il y a évènement incontournable dans votre carrière de basketteur. Nous sommes en 1968 et avec le Maroc, vous vous qualifiez pour les JO de Mexico. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de ce moment ?

Abderrahmane Arradi : On se qualifie effectivement suite à un Championnat d’Afrique des nations. Le Sénégal nous a battu en finale d’ailleurs, pour l’anecdote. Avant 1968 et c’est important de le préciser, il n’y avait jamais eu de représentants africains dans le domaine du basket-ball. Il y avait une dizaine d’équipes à ce tournoi organisé par notre pays, le Maroc. J’avais 18 ans et à l’époque, on jouait tous les jours, c’était très dur. On se qualifie suite à une victoire contre La République Centrafricaine. Dans cette équipe, il y avait entre-autres Mathieu Bisseni qui fera les beaux jours d’Orthez par la suite.

Pour moi, le Maroc a fait un exploit. La preuve, jamais notre pays n’est retourné aux Jeux depuis. Et la France, elle n’y était pas.

BR : Et pourtant, vous n’avez pas participé à ces jeux…

AA : Effectivement ! Non, je n’ai pas fait ces jeux. A l’époque, je jouais à Strasbourg en plus de poursuivre mes études. Et comme le club prenait tout en charge sur le plan financier et que j’entrainais aussi des jeunes, je me suis retrouvé face à un dilemme. Parce que vous vous doutez bien que j’avais envie de les faire, ces JO… J’ai dû faire un choix. Je n’ai aucune amertume par rapport à cela, même si je sais que je suis passé à côté de quelque chose. Il y a de l’émotion par contre. Voilà qui est plus juste lorsque j’évoque cet événement.

BR : Vous êtes né en 1947. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de votre enfance ?

AA : A l’époque, le Maroc était sous protectorat français et l’état civil n’était pas bien organisé. Alors 1947 oui, mais quand exactement ? Difficile à dire… J’ai grandi dans un milieu très européanisé à Casablanca où je suis né. Il n’y avait quasiment que des européens autour de moi.

BR : Comment êtes vous venu au basket ?

AA : Mais moi, je voulais faire du foot (il rit). Comme gardien… Mais il n’y avait que des terrains de basket à proximité de chez moi. Ce qui est paradoxal ! Alors, avec les copains , j’ai joué au basket sur un terrain qui se trouvait au beau milieu d’un presbytère. J’ai été repéré parce que je m’entrainais beaucoup notamment avec l’AS La Foncière mon club puis avec le Cercle Municipal de Casablanca. C’est ainsi que Bernard Ladjaj le sélectionneur national m’a repéré. Il était prof d’EPS au Lycée Lyautey de Casablanca. C’est dans ce contexte que j’ai reçu ma première convocation pour aller jouer en équipe nationale.

BR : Est-ce que vous vous souvenez de cette première sélection ?

AA : On a un stage de deux jours à Rabat. J’étais étonné mais ravi de faire vite parti du 5 de base. C’est comme cela… Moi, j’ai cru en mes chances et je me suis battu. Ma première sélection s’est déroulée le 21 décembre 1966 contre le Real de Madrid. Le grand Real ! Celui de Wayne Brabender. C’est dans ce contexte que j’ai continué à être appelé par la suite et qu’on s’est qualifié pour les Jeux dont a parlé.

Nous jouions aussi souvent à Paris contre le PUC de Michel Rat ou contre l’Alsace de Bagnolet.

BR : Au Maroc, quel retentissement a cette qualification pour les Jeux en 1968 ?

AA : Je ne sais pas si on s’est bien rendu compte des choses à l’époque, pour dire vrai. C’est après coup finalement qu’on en a plus parlé de cette qualification. Pour moi, le Maroc a fait un exploit. La preuve, jamais notre pays n’est retourné aux Jeux depuis. Et la France, elle n’y était pas.

BR : C’est dans ce contexte que vous arrivez à Strasbourg ?

AA : Je jouais pour l’AS Strasbourg au même niveau que la SIG en championnat de France de deuxième division. A l’époque, cette compétition était organisée selon quatre zones géographiques. Nous jouions aussi souvent à Paris contre le PUC de Michel Rat ou contre l’Alsace de Bagnolet. En tant qu’universitaire, j’ai failli d’ailleurs signer au PUC. Ensuite, dans les années 70, chaque équipe ne pouvait utiliser que deux étrangers. Et c’est le moment où les Américains comment à arriver en nombre dans l’hexagone. Henry Fields à Antibes est d’ailleurs un des précurseurs de ce phénomène. bref… A Strasbourg, arrive deux américains arrivent dont Wade Houston, le papa d’Allan Houston. Alors, moi… Marocain… on m’a proposé une somme d’argent pour me naturaliser. Les choses ont changé depuis ! Barré, et parce que je souhaitais changer de projet, j’ai ensuite intégré un club juif, moi, le Marocain : l’AS Ménora de Strasbourg. A l’époque, les gens me disaient que cela allait être impossible mais moi j’ai grandi dans un milieu multi-culturel ! Et enfin, j’ai entrainé Vesoul en Nationale 4. Vous savez dans la vie, il n’y pas de hasard mais des circonstances.

BR : Des joueurs vous ont-ils marqué pendant votre carrière ?

AA : Alain Gilles, sans hésitation ! C’est un joueur exceptionnel, sûrement un des meilleurs français de tous les temps. Il avait tout : vista, adresse, mobilité, etc… Offensivement, j’ai beaucoup utilisé le bras roulé offensivement donc Jean-Paul Beugnot et Jean-Claude Bonato m’ont aussi marqué, forcément.

BR : Dans votre parcours, vous avez aussi failli entrer à l’université de Louisville aux Etats-Unis…

AA : Invité par Bob Doutaz et Wade Houston, je suis allé aux Etats-Unis. Wade était ami avec Mohammed Ali qui est né à Louisville comme lui. C’était son copain d’enfance. Un hasard de la vie… En 1972, j’ai joué au basket avec Allan Houston alors âgé de deux ans (il se marre). Et on jouait tous les jours au basket entre nous parce que les salles sont toujours ouvertes aux Etats-Unis. J’ai rencontré l’entraineur de la fac de Louisville qui m’a réservé une place dans son équipe. J’avais trois jours pour réfléchir et j’ai dit non parce que j’étudiais le droit à Strasbourg et que je ne voulais pas tout recommencer de zéro. Mais j’ai eu une offre de Louisville.

BR : Quel est votre regard sur votre carrière ?

AA : C’est un itinéraire que je qualifie d’imprévisible et dont je suis très fier. Dans ma vie, il y a eu tellement d’événements, tellement d’aléas qu’on ne peut pas tout maitriser. J’ai toujours aimé le basket et je me suis donné à fond. Le basket a toujours été un plaisir et je me suis toujours entrainé sans contraintes, même sous la neige. Voilà ma satisfaction. Ensuite, « le bon dieu » nous a tous donné « un potentiel santé ». J’avais la taille et tout ce qui va avec pour pouvoir jouer. J’ai beaucoup travaillé pour enrichir ce potentiel. J’avais aussi beaucoup d’enthousiasme parce que j’ai aimé ce que j’ai fait. Je vous le répète parce que c’est important me concernant.

Propos recueillis par Guillaume Paquereau pour Basket Rétro. Crédits photos : collection personnelle d’Abdherammane Arradi. Un grand merci Didi pour ta disponibilité !

About Guillaume Paquereau (75 Articles)
Amoureux de Gozilla depuis mon plus jeune âge, je suis devenu fan des Suns ! De Sir Charles à Dan Majerle en passant par Nash, via Stoudemire pour aller jusqu'à Devin Booker : PHX a le monopole de mon coeur. Je veux du soleil !

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