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4 avril 1926, le premier match officiel des Bleus

France

Voilà 98 ans, jour pour jour, l’équipe de France de Basket-Ball disputait son premier match officiel. Un match amical à Milan face à l’Italie qui se conclut par une défaite dont le score prête à discussion.

Si l’Italie-France du 4 avril 1926 est resté dans les annales comme le premier match officiel des Bleus, le journal l’Auto, (ancêtre de l’Equipe), daté du 19 juin 1919 annonçait la tenue prochaine dans le cadre de joutes interalliés, de deux matchs de Baskett-ball, (avec deux t). Elles se déroulèrent dans le tout nouveau stade Pershing construit en un temps record dans le bois de Vincennes. « L’équipe française sélectionnée dans l’Ouest est, paraît-il, excellente » se réjouissait l’Auto. Les résultats furent annoncés avec énormément de discrétion. D’abord le 26 juin : « Baskett-Ball : Amérique b. Italie 55 buts à 17. Très nette supériorité des Américains. » Puis deux jours plus tard : « Baskett-ball : l’Italie bat la France par 15 buts à 1 ». Cela ne laissait augurer rien de bon pour le France / USA. Et ce qui devait arriver arriva : « Baskett-ball : Etats-Unis b. France par 93 à 6 ». Il est des « premières » qu’ils vaut mieux oublier.

La photo du match @ Musée du basket italien

La photo du match @ Musée du basket italien

L’histoire ne retint donc comme entrée officielle dans le concert international de l’Equipe de France de Basket-Ball, (avec un seul t), cette date du 4 avril 1926. Ne furent convoqués pour un stage d’entraînement au Bataillon de Joinville que six joueurs, un cinq majeur et un remplaçant. Laissons l’Auto nous les présenter. Ça ne manque pas de saveur.

« Thomas, capitaine de l’équipe de France, est né le 23 septembre 1906 à Romilly. Il joue au Foyer de Romilly depuis quatre ans. C’est un bel athlète de 1,72 m et qui pèse 73 kg. Avant de grande valeur, possédant le sens inné de la tactique, il aussi d’une remarquable adresse aux paniers. »

« Lafontaine, du Stade Français est moniteur à l’Ecole de Joinville. C’est le doyen de l’équipe. Il a 26 ans, 1,71 m et 73 kg. Il joue au Stade depuis trois où il pratique à l’avant avec Guilloux*. Il se démarque avec beaucoup de brio, n’est pas personnel et s’assimile facilement aux jeux de ses différents partenaires ».

« Conty, 21 ans, est élève à l’école Polytechnique, il joue au Stade Français depuis trois ans. Il se révèla arrière de grande classe lors du dernier Paris-Nord où il sauva les Parisiens de la déroute. Servi par des moyens physique étonnants, (1,90 m, 80 kg), il est le meilleur arrière que nous possédons en France ».

« Beaufumé est un joueur complet aussi bien à la défense qu’à l’attaque. Il suppléera le centre dans le match si celui-ci venait à flancher. Beaufumé est un joueur des patronages, il pratique à l’AS Bon Conseil depuis deux ans, 21 ans, 1,77m, 75 kg ».

« Delannoy du SC Tourquennois, jouera au poste difficile de centre. Lors de la sélection il fit très bien, mais sa condition actuelle ne semble pas excellente. Il jouerait mieux la défense que l’attaque, 21 ans, 1 m 72, 72 kg. Il joue au basket depuis six ans. »

« Rémus de l’A.S Montferrandaise sera en réserve. Il joue au basket depuis un an seulement. Il fit partie de l’équipe de l’équipe de rugby de l’A.S.M qui fut l’an dernier champion de France de division d’honneur. 25 ans, 1,87 m, 87 kg. C’est un centre un peu lent, mais qui possède une intelligente compréhension de son poste. »

Il n'y a pas de photo des Bleus 1926. Alors nous vous présentons leurs adversaires.

Il n’y a pas de photo des Bleus 1926. Alors nous vous présentons leurs adversaires. @ Musée du basket italien

La moyenne des Bleus 26 était donc de 22 ans, 1,78 m, 76 kg. Très léger en expérience et en taille selon les critères d’aujourd’hui, mais il y avait un Polytechnicien dans l’équipe.

La préparation à Joinville s’est achevée par un match contre des moniteurs du célèbre bataillon sportif et a rassuré les observateurs par une victoire des bleus, 30 à 15. Seule la prestation de Delannoy laissait dubitatif tant il avait été dominé par ses vis-à-vis militaires.

Direction Milan, en train bien sûr, Rémus a rejoint ses camarades lors de l’arrêt à Dijon. La petite troupe était couvée par le capitaine Beaupuis qui allait coacher et servir de correspondant pour l’Auto. Reçus « avec enthousiasme » par la colonie française de Lombardie, les Bleus savaient qu’ils auraient à faire face à une rude opposition. Mais chaque pays ayant traduit et adapté les règles américaines à sa convenance, il fallait d’abord s’entendre sur celles-ci. Ce fut fait, sans doute en faveur des Italiens, car lors de la rencontre « Nos joueurs ont été surpris par des règlements et un arbitrage auxquels ils ne sont pas habitués » rapporta le sémillant militaire dans son compte-rendu télégraphique à la rédaction du quotidien du sport et de l’automobile.

Compte-rendu dans lequel on apprit que les Italiens pratiquaient un basket assez différent du nôtre, mais surtout excessivement dur. Ce qui rendit la partie assez déplaisant à suivre aux dires de Beaupuis. Qu’en pensa Mussolini qui assistait au match ? La victoire 23 / 17 devait suffire au Duce. Forza Italia ! L’Italie a pris les commandes du match dés le début selon le coach-reporter : « Dés le début du match, l’Italie marqua trois paniers, les joueurs français ne pouvant s’adapter à la méthode brutale des transalpins. Mais notre équipe joua à son tour à la manière… américaine, et si elle ne pu combler son handicap, elle fit jeu égal jusqu’au coup de sifflet finale. » Et de conclure : « Pour sa très honnête performance, l’équipe de France mérite des félicitations. Mais il apparaît dés maintenant que les règlements internationaux doivent être mis au point».

Pour le Capitaine et les instances italiennes, la victoire « azuri » fut de 23 à 17. Mais dans nos archives nationales officielles, le score est de 24 à 20. En avril 1926 il n’y avait ni stats ni ordi, mais il y avait déjà des bugs.

*Pierre Guilloux, capitaine de l’EdF, pour la revanche, (et la défaite), de 1927.

Montage Une : Laurent Rullier @ L’Equipe Magazine

About Laurent Rullier (78 Articles)
Le premier match de basket que j'ai vu en live était un Alsace de Bagnolet vs ASVEL. Depuis la balle orange n'a pas arrêté de rebondir dans ma p'tite tête.

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