[ITW] Jean-Luc Monschau Partie 1 : « J’ai aimé construire sur la durée »
Interview
De Mulhouse à Mulhouse en passant par… Mulhouse. La carrière de Jean-Luc Monschau a démarré et se terminera dans le fief historique du basket français. C’est pourtant un peu plus haut sur la carte, à Nancy, qu’il a vécu ses années de gloire en conduisant le SLUC à son âge d’or, deux titres et cinq finales, l’Euroligue pour en faire le club de la première décennie du siècle. Retour en deux parties sur une carrière longue (27 saisons de coaching), riche (1 100 matches coachés) et fructueuse. Avec un sens inné de la formule, ce qui pour un ingénieur-chimiste n’étonnera personne…
Basket-Rétro – Ce sont souvent des meneurs de jeu qui deviennent entraineurs. C’est ton cas. Quelle a été ta motivation lorsque tu es devenu joueur-entraineur à Menora Strasbourg en 1977 puis à Kaysersberg de 1980 à 85 ?
Jean-Luc Monschau – Ce n’était pas délibéré : en 1977 j’étais meneur et capitaine à Mulhouse (le quinzième club français, à qui il a manqué trois ans de suite la victoire supplémentaire pour monter dans l’élite), où je suis né et où j’ai trouvé du travail dans l’industrie chimique, près du palais des sports. Et j’y étais bien. Mais en 1977, la Fédération a instauré le statut de « joueur protégé » : on ne pouvait plus quitter un club sans l’accord de son président. J’estimais que cette règle ne s’appliquait pas à moi qui – à l’inverse de plusieurs de mes coéquipiers – n’avais pas de relation salariale (ou même pécuniaire) avec mon club. Le nouveau président ne l’a pas admis (avec l’ancien président il n’y aurait pas eu de problème) : J’ai donc rompu avec mon club … Et mon frère Christian m’a suivi par solidarité. Pour aller où ? A Ménora Strasbourg qui jouait dans la même division. Un an plus tard, ce club a arrêté l’activité en N2 et je suis resté à jouer dans des « petites divisions » et, tant qu’à faire, en tant qu’entraîneur joueur, une expérience que j’ai poursuivie à Kaysersberg.

La première équipe de l’histoire du Mulhouse BC en 1972.
BR – Avais-tu alors l’ambition de coacher un jour au plus haut niveau et d’en faire ton métier ?
JLM – Non, ni l’un ni l’autre. J’étais ingénieur chimiste et j’avais l’immense chance de pouvoir exercer mon métier chez moi, à Mulhouse ! Et de poursuivre mon plaisir de jouer au basket à Kaysersberg avec des gens qui m’ont beaucoup appris, dirigeants et coéquipiers, dans l’art de vivre, notamment autour d’une table et dans la convivialité …
BR – Comment s’est fait ton retour à Mulhouse, huit ans après être parti fâché ?
JLM – Parti fâché ? Oui, avec un individu sans doute (j’étais précurseur car tout le club s’est ensuite fâché avec lui), mais surtout déçu de ne pas avoir pu aller au bout de mes aspirations de joueur… Le retour s’est fait facilement : les dirigeants avaient changé. C’est mon frère Christian qui est à l’origine de tout ! Après un an de première division à Clermont, il était déjà revenu en 1979 au Mulhouse Basket Club qui était alors également dans l’élite et qui changeait d’entraîneur chaque année (Carmine Calzonetti, Serge Kalember, Rudy d’Amico, Jan Racz, Jean Galle, Barry White, Serge Kalember) avant de chuter en division inférieure. Christian a proposé à son président, Eric Morin, que je sois l’entraîneur pour un nouveau départ : Et mes huit ans d’entraîneur-joueur ont constitué une expérience qui a plaidé en ma faveur.
2 000 PERSONNES RESTEES A LA PORTE DU PALAIS DES SPORTS
BR – C’est une période marquée par un nouvel engouement au MBC avec des joueurs américains de classe (Joe Dawson, Ron Davis, Curtis Kitchen) et des français de talent (ton frère Christian, Pat Burtey, Philip Szanyiel etc…) et ce titre contre Cholet au Tournoi des As…
JLM – Oui, l’engouement du public a suivi l’ascension dans la hiérarchie, de la remontée rapide en première division jusqu’au Top 4. Une victoire au Tournoi des As en 1989 nous ouvrait les portes des Coupes d’Europe et des matchs (Real Madrid) où 2 000 personnes sont restées à la porte du Palais des Sports ! Notre originalité dans un milieu devenu professionnel, c’est que trois joueurs (Jamel Benabid, Daniel Contessi et mon frère Christian) ainsi que les entraîneurs (Patrick Schlegel et moi) avions un travail à temps plein en dehors du basket. Et j’ai d’emblée bénéficié de deux atouts majeurs :
- L’expérience de mon frère à ce niveau de jeu qui m’a donné des bases
- La chance dans le choix des étrangers (Joe Dawson en premier lieu, Ron Davis et Curtis Kitchen ensuite, puis Al Wood, 4ème choix de la draft 81 et un gros passage en NBA)
Par la suite, tout en gardant le socle d’origine avec les joueurs locaux, l’augmentation des recettes a permis d’attirer des joueurs français renommés (Burtey, Szanyiel, Butter, Toupane, Monetti, …) et de poursuivre la progression. Le tournant en termes de notoriété aura été cette victoire au Tournoi des As en 89, qui reste le seul « Trophée » du basket mulhousien au plus haut niveau national au cours des 85 années qui ont suivi le doublé de champion de France féminin et masculin en 1937 ! Et les épopées européennes en Coupe des vainqueurs de Coupe (quart de finaliste) en 90 et Coupe Korac (demi-finaliste) en 91 ont connu un immense succès populaire et restent encore aujourd’hui dans toutes les mémoires.
« FIERS DE GAGNER CHEZ NOUS »
BR – A l’époque on parlait du Monschau Basket Club avec ton père, René, trésorier du club, toi coach et Christian, directeur sportif et meneur de jeu…
JLM – Dès notre plus jeune âge, mon frère et moi avons été bercés dans l’amour du basket mulhousien : habitant dans la même maison familiale, notre mère Denise et sa sœur Marthe (championne de France en 1937), elles-mêmes basketteuses reconnues, avaient respectivement épousé notre père – René Monschau – et notre oncle – Marcel Tschanz- , sportifs « multicartes » (handball, volleyball, athlétisme et bien sûr basket). Marcel Tschanz était l’entraîneur à la fois de l’école de basket, des juniors et aussi de l’équipe première qui a atteint le plus haut niveau national (un gymnase porte son nom à Mulhouse). Alors oui, nous étions heureux de nous impliquer « en famille », et surtout fiers de gagner « chez nous » et de porter haut les couleurs de « notre ville ». Mais pas question de « s’approprier » cette période glorieuse : en tant qu’entraîneur je sais très bien que les succès appartiennent à parts égales à tous ceux qui y ont contribué !

Début des années 80 Jean-Luc Monschau, entraineur-joueur à Kayserseberg, en N3 @DNA
BR- Avec le recul, qu’a-t-il manqué au MBC pour se stabiliser parmi les meilleurs ?
JLM – De la sagesse sans doute, celle qui consiste à ne pas dépenser plus qu’on ne peut gagner. Mais je ne veux pas passer pour « donneur de leçons ». Tellement d’événements de tous ordres ont émaillé la fin du MBC (ou plutôt rayé voire ébréché l’émail) que je ne peux résumer en un mot. C’était la seconde fois que j’ai été amené à quitter Mulhouse. Je constate simplement que les deux personnes auxquelles je m’étais opposé (en 77 un président et en 91 un agent qui avait pris le pouvoir dans le club) ont fait de la prison pour des affaires dans le cadre du basket – et sans aucun rapport avec mon différend avec elles – .
BR – Quels souvenirs du Mans (1991/93) ?
JLM – C’est le GM Christian Brun (le père de Stephen, champion de France avec moi à Nancy, aujourd’hui consultant télé) qui m’a appelé après neuf journées. Le challenge était ardu car le passage de seize à quatorze équipes mettait quatre équipes en danger : en partant de la dernière place (avec une défaite à domicile contre Tours), il fallait en peu de matchs restants (21) mettre deux équipes derrière nous pour atteindre les barrages, puis éliminer deux autres à travers des barrages. Vincent Collet et ses coéquipiers ont été à la hauteur, au point de grimper à une victoire des play-offs l’année suivante. Je salue tous mes amis manceaux de cette époque.
Mais un match encore plus délicat se jouait dans les coulisses pour faire face au déficit budgétaire … Je suis fier d’avoir aidé le club (et les collectivités qui le soutenaient, la Ville du Mans et le Conseil Général de la Sarthe) à le gagner également sur le plan « administratif ». Il était essentiel pour Le Mans de rester en Pro A alors que le palais des sports « Antares » était en construction …
BR – De Dijon (1993/97) ?
JLM – Les deux années précédentes, Dijon s’est sauvé in extremis (par les barrages en 92 et lors de la dernière journée en 93. Chris Singleton ne restant pas, j’ai pris la suite et nous avons progressé au point d’être en tête du championnat en décembre 1994 (Avec Chris – qui est aussi le frère de mon beau-frère Alain Singleton – nous nous sommes souvent « passé le relais » : il a pris ma suite à Mulhouse en 91 et fait venir les Bryant, et l’inverse à Dijon quand je l’ai remplacé en 93 et où il m’a succédé à nouveau en 97).
En 94-95, on a établi des records dans l’histoire de la JDA Dijon (classement et pourcentage de victoires) qui ont tenu près de 25 ans avant que la troupe de Laurent Legname ne les « explose » à partir de 2019 ! Les supporters étaient très chauds, le club très bien organisé (je salue les fans et les dirigeants de l’époque), le « club affaires » (une référence que beaucoup de clubs ont cherché à imiter) organisait des soirées originales et de grande convivialité et, de façon plus générale, la Bourgogne a des charmes (pas uniquement à Gevrey-Chambertin) qui ne m’ont pas échappé : un grand merci pour ces quatre années à ceux qui m’y ont invité.

Eté 1985 : Jean-Luc Monschau revient à Mulhouse comme coach du MBC. @DNA
BR – Du passage en Pro B (Saint-Brieuc 98-99) ?
JLM – Mon épouse et moi avons découvert le plaisir de vivre au bord de la mer, en Bretagne et Normandie, puis quatre autres années dans le Nord à Gravelines. Cette fois, c’est Jacky Quinio, un ami et ancien coach qui m’a appelé en cours de saison pour Saint-Brieuc. L’équipe a bien remonté au classement jusqu’à la quatrième place lorsqu’est survenu le dépôt de bilan. Avec mon adjoint Gérard Le Roux à la barre, l’organisation de l’équipage chargé du coaching était bien « huilée » (même quand la mer n’était pas … d’huile) : il fournissait les produits de la mer et moi je me contentais de les arroser. Le mariage idéal des fruits de la Bretagne avec ceux de l’Alsace !
BR – Puis Le Havre (99-2000) ?
JLM – L’année de la montée en Pro A où Le Havre est ensuite resté pendant 15 ans. Mon frère Christian y a coaché pendant 4 ans en Pro A avec un sommet à la quatrième place et la formation de joueurs passés par la NBA, Pape Sy et Ian Mahinmi qui a fait une belle carrière NBA ou encore d’Euroligue, Romain Duport et Fabien Causeur. Aujourd’hui le STB est en NM1 mais retrouve de l’ambition : à suivre … Une saison incroyable ! Le Président Lemonnier lance la saison sur un « en route pour la montée » et, après trois journées et trois défaites nous sommes derniers … A domicile les matchs ont lieu à Beauvillé, un gymnase vétuste où les poteaux empêchent les spectateurs (50 abonnés et quelques curieux) de voir toute la surface du terrain. Mais sur les « docks » on construit une salle de spectacle … Celle-ci est prête pour le dernier match de saison régulière : Le GM Jacky Van Heel (dont l’action est déterminante sur tous les plans dans la vie de l’équipe) vend les 3 600 places en 2 heures !
Au premier tour des play-offs, il a fallu une « belle » pour éliminer le FC Mulhouse de Jamel Benabid qui avait fini cinquième (retrouvailles : j’étais déjà revenu pour coacher contre Mulhouse lors de la saison de mon départ au Mans en 91-92, ce qui était la dernière saison de Mulhouse dans l’élite, puis lors du passage à Saint-Brieuc). L’enjeu était pourtant important pour le FC Mulhouse qui affichait à l’entrée du palais des sports depuis plusieurs années le slogan « La Pro A en l’an 2000 ». Les play-offs incluent un barragiste de Pro A : victoire à Montpellier d’abord aussi bien qu’au retour dans la salle des « Docks Océane » pleine comme un œuf.
En finale, victoire à Vichy d’abord : il n’y a plus qu’un match à gagner, à domicile, qui plus est, et c’est la montée en Pro A… Première mi-temps difficile et moins 18 après deux minutes en deuxième mi-temps. La remontée et la victoire et la montée en Pro A ! Le temps d’aller saluer le coach adverse, je me retourne vers le terrain : 2 000 spectateurs avaient envahi l’aire de jeu !!! Je ne vois que la tête du pivot qui sort de la mêlée. De temps en temps je vois passer mon fils Stéphane qui tournoyait dans la foule les bras écartés comme pour faire l’avion : il planait ! Eh oui, saison particulière pour moi puisqu’après avoir coaché mon frère pendant six ans à Mulhouse, j’ai coaché cette saison-là mon fils, qui a partagé le poste de meneur avec Jean Manuel Sousa. Pour l’anecdote : en février, après six mois de vie en commun, les Américains Danny Strong et Quinton Brooks me demandent : « c’est vrai ce qu’on dit ? que Stéphane est ton fils ? » …
LE PUBLIC DU SPORTICA
BR – De Gravelines (2000/04) ?
JLM – Le BCM était au creux de la vague : dix-huitième et dernier en 97 (repêché), quinzième et avant-dernier en 99, quatorzième et premier non relégué en 2000. Le redressement a certes été amorcé dès 2000 – 01 (onzième), mais l’accélération s’est produite avec le soutien venu de Dunkerque : cinquième puis quatrième et finaliste de la Coupe de France contre Pau-Orthez. Un regret lorsque je me souviens de la stat aux lancers francs (21 sur 43) : à peine 65% aux LF auraient suffi pour gagner le match contre la meilleure équipe de Pau des frères Florent et Mickaël Pietrus et de Boris Diaw … C’est également Pau qui nous a éliminés en demi-finales des play-offs. La saison suivante les deux derniers ayant émigré vers la NBA, la course au titre était encore plus ouverte, surtout que l’équipe du BCM était consolidée.

Vainqueur du Tournoi des As 1989 avec Szanyiel, Contessi et Burtey, à droite
Si le Directeur Exécutif Hervé Beddeleem et moi partagions la même ambition pour le titre suprême, nous n’étions plus d’accord sur les moyens d’y parvenir : nous nous sommes séparés en décembre alors que nous n’étions « que » troisièmes au classement. C’est la seule fois en 27 ans de coaching en LNB que je ne suis pas allé au bout de la saison. Mon adjoint Fabrice Courcier a poursuivi le travail avec efficacité jusqu’à la finale des play-offs. Et Hervé Beddeleem et moi sommes restés très bons amis, ce qui est essentiel. J’ai beaucoup de sympathie pour ce club et ses dirigeants de l’époque et beaucoup d’admiration pour la ferveur des supporters qui remplissent le Sportica : Après chaque victoire l’orchestre entonne l’hymne à Cô-Pinard (un hymne du carnaval de Dunkerque sur l’air de « Amazing Grace ») et le public reprend en chœur. Rien que d’y penser j’ai les poils qui se dressent. L’année où nous avons commencé par cinq victoires j’ai voulu montrer à mes parents la vidéo du buzzer beater de Danny Strong à trois points dans le coin droit pour la cinquième victoire … J’ai oublié d’arrêter le magnéto et c’est ainsi que j’ai découvert que le public dans sa totalité est resté debout à sa place pour chanter en chœur pendant -tenez-vous bien- plus de 10 minutes !
L’AGE D’OR DU SLUC NANCY

1990 : Avec Alphonzo « Al » Wood, 4eme choix de la Draft 1981 et 417 matches NBA à son actif.
BR – Et ce fut l’âge d’or au SLUC Nancy entre 2004 et 2013 devenu le meilleur club en France dans la période. Comment expliquer cette performance ?
JLM – En un seul nom je dirai « Christian Fra ». Le président a mis en place les conditions favorables à un travail serein. Le recrutement a été globalement réussi, on a trouvé de la complémentarité dans les talents et les joueurs ont mis leurs qualités au service de l’équipe, etc … Bref, rien que du très banal.
Ce qui est moins banal, c’est que les joueurs et je suis prêt à dire TOUS les joueurs se sont sentis bien dans le contexte du club, avec un président qui fait régner une atmosphère familiale, qui est proche de tous et solidaire dans les moments difficiles, avec une organisation qui est toujours prête à voler au secours des familles des joueurs (merci Julien Marbouré). De plus la ville est très belle et agréable à vivre, les supporters sont connaisseurs et positifs, le club des partenaires est sympathique, etc … On ne peut pas évaluer l’impact de tous ces éléments sur le « moral » des joueurs.
En fait, il y a eu trois cycles de trois ans avec chaque fois un leader, un groupe de joueurs majeurs unis et solidaires. Et à chaque fois une bonne ambiance (j’y reviens). D’abord Tarik Kirksay entouré de Dan Mc Clintock, Max Zianveni et Deron Hayes qui ont eu la douleur de perdre trois finales du championnat en un match sec à Bercy. Puis Ricardo Greer avec son frère Jeff, Cyril Julian, Mike Bauer, Pape Philippe Amagou, TJ Parker, etc … J’ajouterai le soutien de Tony Parker et Eva Longoria dans les tribunes pour un premier titre à Bercy ! John Linehan, qui met le panier de la victoire pour le deuxième titre (toujours à Bercy), avec Tremmel Darden, Akin Akingbala, Willy Deane, Stephen Brun, Kenny Grant, etc … Nicolas Batum nous a rejoints pendant un lock out NBA et nous a permis d’exister en Euroligue le temps de sa présence (trois victoires en six matchs). J’ai toujours aimé construire une équipe sur la durée : garder une ossature qui a fait ses preuves et compléter d’une année à l’autre par des ajouts pour consolider. Paradoxalement, c’est à chaque fois lorsqu’il a fallu reconstruire avec neuf changements que nous avons gagné les championnats en 2008 et 2011.

2011 : deuxième titre de champion de France aux côtés de John Linehan et Tremmel Darden.@ Philippe Briqueleur
(A suivre…)
Propos recueillis par Dominique Wendling
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