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Coupe de France 1957, L’AS Montferrand, la première chez les femmes

Coupe de France

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Quatre ans après les garçons, la Coupe de France s’ouvre aux filles. Nous sommes en 1956. La FFBB lance la Coupe de France dotée du challenge « Sport et Beauté ». La finale est fixée au 28 avril 1957 à Paris. Les deux futurs finalistes, l’AS Montferrand et l’Amicale Bucaille, vivent des trajectoires particulières.

L’AS Montferrand, un cador de l’élite féminine française, emmené par la capitaine de l’équipe de France, Edith Tavert, mène de front avec succès le championnat, en Nationale, et cette première édition de la Coupe de France. En tous cas, le CGES Lyon (78-22), le Toulouse AC (74-38), le SC Bordeaux (64-40), puis le SMUC Marseille à Villefranche en quarts de finale (59-36), et enfin le SJS Reims en demi-finale (69-42) sont passés à la trappe sans ménagement. Et voici les Auvergnates en finale !

En championnat les choses se passent bien également. L’ASM enlève sa poule, se joue de l’AAJ Blois en quarts de finale (72-50), mais trébuche en demi-finale cédant d’un rien contre le SMUC Marseille (44-43). C’est une déception. Le titre file au PUC cette année-là. L’Amicale Bucaille Boulogne-sur-Mer, elle, joue à l’étage inférieur, en Excellence. Elle est portée par l’internationale Alice Sellier. Et sa saison est magique.

L’AMICALE BUCAILLE SORT LE CHAMPION DE FRANCE

Pour elle, la Coupe de France démarre dès le 9 décembre 1956, en tour préliminaire, par un derby victorieux contre l’ASC Nord Lille (45-38). Puis s’enchainent, comme dans un rêve, les étapes successives contre l’AS Vendin (61-40), l’ASCP Rouen (62-28), le RC France (49-22), l’Olympique Marseille (50-31) à la salle Japy en quart de finale et enfin, l’exploit majuscule contre le PUC des sœurs Cator, championnes de France (45-38). Autant dire que la place en finale est une magnifique performance.

Revue fédérale, juillet 1957

Elle l’est d’autant plus qu’en Excellence, l’Amicale Bucaille est également championne de sa poule, se joue du CSM Auboué en quarts de finale (40-33) puis des Violettes de Ploumagoar (37-33) pour conquérir le titre de championnes de France Excellence 1957 le 6 avril en disposant confortablement du Nice UC (64-39). Trois semaines plus tard, voici l’AS Monferrand et l’Amicale Bucaille aux prises en finale de la première Coupe de France. Le match est disputé avec le ballon « Président » à panneau cuir et sans couture offert par la Maison Picqball qui « remet gracieusement à chacune des équipes finalistes un ballon pour leur entrainement. »

UNE ARMADA D’INTERNATIONALES

Le match tourne court. Avec Edith Tavert, Annie Prugneau et autre Ginette Mazel, l’ASM, souveraine, impose sa loi dès le début, menant confortablement au repos (30-16). Avec son armada d’internationales, Montferrand, plus technique et expérimenté, s’impose avec maitrise (61-33) et grave ainsi son nom sur le socle de la coupe « Sport et Beauté ».

Un extrait de Basket Ball, la revue de la FFBB.

Chez les Maritimes, A. Golias (14) et Seillier (10) ont fait de leur mieux avec les Gorée (5), Bret (3), Pruvost (1), Jules, Merlen et C. Golias face aux solides Auvergnates : Supt (18), Tavert (17), Prugneau (9), Mazel (7), Perthus (6), Hermet (4), Duc et Touzet. Edith Tavert, 28 ans, voit ainsi son talent et ses qualités de formatrice validées par un premier trophée. D’autres suivront.

Mais la saison n’est pas terminée. Edith, qui est également coach des juniors de l’ASM, conduit son équipe au titre national en battant le PL Lorient (54-48), dans la salle Gouloumès au Mans tout juste inaugurée, dix ans exactement après avoir été elle-même sacrée championne junior ! Montferrand confirme ainsi sa vocation de club formateur.

Enfin, début juin, six des finalistes (Tavert, Mazel, Supt, Hermet, Perthus et Seillier) se retrouvent sous le même maillot bleu de l’équipe de France en Yougoslavie pour la coupe de Belgrade. Ce sont les débuts de la sélectionneuse, Jo Coste. La saison a été longue et les filles sont à bout de souffle. Elles ratent des passes, sont maladroites (10% au shoot, 30% aux lancers-francs !) et terminent 5° sur six après avoir raté cinq lancers francs de suite dans la dernière minute face à la Hongrie (43-44). Ginette Mazel sort du lot par sa combativité et sa bonne défense. Edith Tavert apparait fatiguée et Alice Seillier mesure l’écart de niveau.

LE DOUBLE LA SAISON SUIVANTE

Tout ce beau monde se retrouve en Nationale à la rentrée pour la saison 1957/58 : l’Amicale Bucaille y accède pour la première fois avec une Alice Seillier qui confirme son statut d’internationale. Elle devient à l’été 58 l’épouse de Roger Antoine, l’international du PUC.

Plusieurs joueuses de l’AS Montferrand ainsi que la capitaine de Bucaille se retouvent sous le maillot tricolore avec Anne-Marie Colchen (7), Édith Tavert (9), Gisèle Roques (3), Alice Sellier (14), Paulette Neyraud (12), Andrée Henry-Lucq (11), Evelyne Golhen (5), Eliane Savelli (8), Micheline Bejaud (13), Jacqueline Biny (6), Odette Roques (10), Thérèse Marfaing (4)

L’AS Montferrand, elle, réalise une saison exceptionnelle en signant le premier le doublé championnat (face au SMUC) et Coupe de France face à l’Olympique de Marseille des sœurs Rustichelli et de Jacqueline Biny. A noter que cette année-là, dans une logique d’économie, la formule du championnat de France est particulièrement étrange : une seule division avec 96 équipes (12 poules de 8, puis 8 poules de 3, quarts de finale, demi-finale, finale) … Quant à la Coupe de France, elle connait plusieurs vicissitudes. Elle n’est pas disputée en 1958/59 et vit avec la victoire du FC Lyon sur le PUC sa dernière édition « open » en 1960. Elle change plusieurs fois de noms (coupe de Printemps, coupe Danielle Peter, Trophée Joë Jaunay) avant de trouver son statut définitif à partir de 2005 en se dédoublant : la coupe concerne l’élite et la Ligue 2 alors que le Trophée coupe de France concerne les clubs amateurs.

Au palmarès, les Tangos de Bourges mènent confortablement avec 11 victoires, devant Valenciennes (5), Lattes-Montpellier (4) et l’AS Montferrand (3).

Edith Tavert (à gauche) et Alice Seillier, lors de la première finale de la coupe de France

About Dominique WENDLING (57 Articles)
Ancien journaliste, joueur, entraîneur, dirigeant, président de club. Auteur en 2021 de "Basket in France", avec Laurent Rullier (I.D. L'Edition) et en 2018 de "Plus près des étoiles", avec Jean-Claude Frey (I.D. L'Edition).

4 Comments on Coupe de France 1957, L’AS Montferrand, la première chez les femmes

  1. Excellent article, félicitations aux auteurs pour ce beau travail de recherche, qui nous permet de se remémorer les noms de ceux qui ont fait le basket d’aujourd’hui !

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  2. Dominique WENDLING // 24 avril 2021 à 10 10 03 04034 // Réponse

    Merci !

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  3. Bonjour, merci pour cet article, j’ai connu Mme Jaqueline Biny, (DURANT de son nom d’épouse) avec qui j’ai entrainé des babys minis
    Une dame qui a tellement œuvrée pour le basket AJACCIEN.
    Bel hommage !

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  4. Pour être complet Madelaine Supt, la meilleure marqueuse de cette finale, est devenue par la suite « Mado » Bonnet… Et c’est elle qui a donné son nom à la Salle actuelle de l’ASVEL féminin.

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