1982, la surprise Asnières Sport !
France
Guidé par l’excellente Inge Niessen, Asnières Sport, a tout mis en œuvre pour réaliser son objectif : devenir Champion de France. Basket Retro vous propose dans le cadre du centenaire du Championnat de revenir sur le titre remportée en 1982 par Asnières. Récit.
Le Clermont Université Club règne sur le basket féminin français sans discontinuer de 1968 à 1981 (1980 excepté). A cette époque, les playoffs n’existent pas et le champion de France de basket féminin est l’équipe qui remporte le match final entre les deux formations qui se classent en tête de la saison régulière. Cette formule semble loin d’être au point mais c’est ainsi que se joua la « Nationale 1 » 1981-1982. Dix formations se présentent au départ : Montferrand, Clermont UC, Nuits-Saint-Georges, Toulon, le SPO Rouen, le RC de France, l’ASPTT Aix en Provence, le Stade Français, l’ASVEL et Asnières sport. Ce n’est pas la seule singularité de cette compétition. En effet, Jean-Paul Cormy, le DTN, était en désaccord avec la politique d’américanisation des équipes françaises. Avec deux joueuses étrangères par club, Cormy craint que les jeunes joueuses hexagonales ne progressent pas de la meilleure des manières, du fait d’un temps de jeu forcément plus limité.
LE CHOIX D’INGE NIESSEN
C’est ainsi que la saison débute le 3 octobre 1981 avec seulement trois joueuses étrangères : Mary O’Connor (Stade Français), Danuta Fromm (Nuits-Saint-Georges) et Inge Nissen (Asnières). Il faut préciser que le successeur de Joe Jaunay possède des idées très précises sur la politique qu’il veut mener au sein de la FFBB :
Je tiens à constituer une sélection espoir ainsi qu’une équipe de France B. Nous aurons ainsi des moyens supplémentaires pour incorporer progressivement de nouvelles joueuses. Il sera également plus facile de faire travailler le « Club France ». Les systèmes de jeu seront identiques pour toutes, espoirs et A. Quant au championnat, nous avons besoin d’une autre formule.
Miné par les départs, Clermont ne semble pas armé pour les premières places. Alors pour les 3 coups de la saison 1981, ce sont plutôt Asnières-sur-Seine et le Stade Français qui font figure de favorites. Villeurbanne se positionne plutôt en outsider. Asnières est en progression constante. Vice-Championne de France de nationale 2 en 1979, le club entre dans l’élite pour la première fois en 1980. Et pour ce premier exercice, l’équipe termine à la troisième place derrière le Stade Français et le CUC. L’entraineur ? Un certain Jean-Paul Cormy ! Asnières est menée par Inge Niessen, une danoise d’1m94 au parcours sensationnel. Inge arrive en France à Monferrand lors de la saison 1974-1975. Ensuite, elle passe quatre saisons dans la prestigieuse université d’Old Dominion aux Etats Unis de 1976 à 1980. Son objectif ? Poursuivre ses études et jouer au basket. Cela nous rappelle le parcours de Paoline Ekambi… A Old Dominion , elle explose et est élue à deux reprises meilleure joueuse de la saison. Ses stats NCAA ? 19,6 points et 11,2 rebonds de moyenne ! Pendant cette période, elle remporte également deux fois le championnat NCAA (1979 et 1980). Alors vous dire qu’elle a l’honneur d’avoir son numéro 42 retiré par sa fac n’est donc une surprise pour personne. En 1980, elle signe pour les Chicago Hustle en WBL (Ligue pro Américaine ancêtre de la WNBA) mais l’aventure tourne court et pour la saison 1981, Inge s’engage pour Asnières. En rejoignant la région parisienne, Nissen renonce aux dollars au profit d’ un cadre de vie épanouissant pour elle. A Asnières, elle rejoint une ancienne Clermontoise Françoise Quiblier. Costa (Nice) et Rouziès ( Sceaux) renforcent également le groupe entrainé à présent par Bernard Grosgeorges. Débène, Farrugia, Kancel, Pecqueux, Sarabia et Wachowiak complètent l’effectif. Asnières voit cependant partir un monument du basket français en la personne d’Elisabeth Riffiod.

Rose-Marie Scheffler (13) prend le dessus sur Inge Nissen (12) lors d’une rencontre Stade Français / Asnières – Source : Le livre d’or du basket 1982
L’ARTICLE 111
Asnières gagne facilement ses quatre premiers matchs. Le 8 novembre, pour la 5ème journée, Asnières Sport l’emporte encore à domicile, face au Stade Français. Asnières menée par le duo Quiblier / Nissen permettra aux leurs de mener un temps de 20 points (62-42) mais le score final affiche une marque plus serrée (79 – 72). Les spécialistes pensent assister alors à un cavalier seul. Mais à la surprise générale, les protégées de Grosgeorges goutent à la défaite sur le parquet de l’ASVEL lors de la 8ème journée (72-63). Tant et si bien qu’à l’issue des matchs aller, le Stade et Asnières sont ex-aequo avec 25 points. Asnières n’étant devant que grâce à la différence particulière. L’ASVEL est elle troisième à deux longueurs.

O’Connor dribble Nissen en finale de la coupe de la fédération. – Source : Le livre d’or du basket 1982
Ce même Villeurbanne décroche quelque peu en s’inclinant à la surprise générale, le 17 janvier, face à Aix pourtant mal classée. C’est toutefois Villeurbanne qui jouera l’arbitre de cette seconde partie de saison en battant le Stade Français et en obtenant le nul face à Asnières. Dans ce championnat finalement décousu, pour le compte de la 13ème journée, le 14 février, le Stade Français prend sa revanche 79 à 67 sur Asnières et reprend la tête du championnat. De plus, comme dit plus haut, le 14 mars, l’ASVEL et Asnières Sport font match nul 69 partout ! C’est alors que l’incompréhensible arriva. En effet, le Stade Français se voit alors attribuer trois défaites sur tapis vert (RCF, Nuits-St-Georges et Toulon). L’article 111 du règlement stipule en effet que chaque joueuse inscrite sur une feuille de match de National 1 doit être dotée d’une licence enregistrée par un comité départemental avant le début du championnat. Or, alors que le Stade Français étrille le Racing (109 à 60), Dominique Benhamou entre sur le terrain avec une licence validée à la date du 12 décembre 1981. Les dirigeants du stade ont fait preuve d’un entêtement difficilement compréhensible dans la mesure où pour la rencontre citée face au Racing, les dirigeants « ciels et blancs » avaient mis en garde leurs homologues Stadistes. Avec ces points en moins à leur passif, le titre ne semble plus pouvoir échapper à Asnières. Et, en s’imposant à Aix lors de la dernière journée (83-71), les franciliennes s’emparent définitivement de la première place synonyme de graal. Il restera cependant toujours un doute dans la consécration d’Asnières d’autant que pour la belle, dans le cadre du tournoi de la fédération, c’est le Stade qui s’imposera 74 à 73. Dans cette rencontre, Mary O’Connor scelle la victoires des siennes en rentrant deux lancers à deux secondes de la fin. Il serait faux cependant d’affirmer qu’Asnières Sport n’a pas mérité son titre. Mais cette année là, et cela n’a rien à voir avec la grande qualité de la formation asnièroise, ce n’est peut être pas la meilleure équipe qui fut titrée. Le Stade Français de l’entraineure-joueuse Irène Guidotti termine ainsi 4ème. Bêtement.
Et ce titre de Champion a aussi un mérite:
Procurer à Anna Sarabia, une des meneuses de jeu historique du basket féminin français (107 sélections en équipe de France), un Titre de Champion de France!!!
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