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Le jour où Jurij Zdovc envoie Limoges au Final Four !

Euroleague

Montage Une : Laurent rullier pour Basket Rétro

Fraîchement nommé entraîneur principal de Boulogne-Levallois, Jurij Zdovc, le slovène, avait qualifié le CSP Limoges au Final Four de 1993 en crucifiant Olympiakos avec un tir ultra difficile ! Souvenirs, souvenirs …

Un match pour les motiver tous. Un match à gagner. Un match pour les regrouper tous et dans le Final Four les lier…

Si vous ne l’aviez pas remarqué, je viens de paraphraser ,un brin, une célèbre trilogie de J.R.R Tolkien (ah bon ?). Cette allusion n’est pas gratuite. Le troisième et dernier acte entre Limoges et Olympiakos Le Pirée s’annonce, en effet, épique. Et puis c’est vrai, le CSP Limoges fait figure de hobbit, parmi les huit équipes encore en lice dans cette Coupe d’Europe des Clubs Champions.

Il faut l’avouer, il y a peu de monde qui voyait le CSP Limoges arriver à ce stade au début de l’exercice 92-93. Ils étaient encore moins nombreux quand, les Cerclistes perdirent leur deux premiers matchs de poule de Coupe d’Europe contre le PAOK Salonique et la Virtus Bologne. Il faut dire que l’effectif n’impressionne pas, ou plutôt n’impressionne plus. En deux ans, les limougeauds ont perdu Ostrowski (parti à Antibes), Michael Brooks (parti à Levallois) et Don Collins. Trois des meilleurs joueurs de l’histoire du club ! Un potentiel offensif irremplaçable. En même temps, l’équipe passe les coachs à la lessiveuse (6 depuis le départ de Michel Gomez en 1990). Cette instabilité rejaillit sur les résultats de l’équipe (aucun titre depuis deux ans, alors que le CSP avait décroché six titres de champion et trois coupes d’Europe dans les années 80). Le Final Four atteint en 1990,  pour la dernière saison de Gomez, semble déjà appartenir à une autre époque.

Bozidar Maljkovic, lui, croit en son groupe. Le coach yougo, arrivé en cours de saison 91-92 va bouleverser l’équipe du sol au plafond. Limoges jouait un basket offensif de contre-attaque sous l’ère Gomez ? Le Limoges de Maljkovic va pratiquer un basket  défensif de possessions. Il sent bien que quelque chose est en train de changer. La défense va prendre le pas sur l’attaque comme l’a bien senti également Chuck Daly et ses Detroit Pistons, en NBA. La préparation physique est de plus en plus en plus poussée, les joueurs sont plus physiques, rapides et endurants donc plus à même de défendre agressivement sur 40 minutes. Le recrutement de l’intersaison est allé dans ce sens. Le tonique et athlétique Jim Bilba est arrivé de Cholet. Excellent pour la défense, çà ! Mais qui va marquer des points? Michael Young arrive d’Italie où il affole les compteurs depuis plusieurs saisons. Parfait ! Mais qui va compenser les 40 points de moyenne, envolés,  du tandem Ostro/Brooks à l’intérieur ? L’arrivée de l’expérimenté Willie Redden peut-être…A Villeurbanne, pendant 9 saisons, le pivot américain (nouvellement naturalisé) tournait autour de 18 points par match. « Non » dit Boja « Willie est là pour défense, rebonds et écrans ».

Donc si je compte bien, çà nous fait un seul joueur à vocation offensive dans l’effectif ? Fred Forte est bien capable d’allumer quelques mèches à l’extérieur, comme la recrue slovène Jurij Zdovc ; mais Richard Dacoury a 33 ans et comme Redden, Maljkovic le recentre sur les tâches défensives. Ça risque quand même de faire un peu juste pour aller titiller les gros.

Le sorcier serbe sait cela. L’équipe a deux fois moins de talent que les puissantes écuries européennes ? Pas grave nous allons travailler cinq fois plus ! S’en suit une préparation de pré-saison dantesque : footing, course, musculation, footing, course, musculation… Et le même régime pendant des semaines, sans jamais toucher un ballon de basket ! Celui qui souffre le plus de cet entrainement digne des Marines, c’est Jurij Zdovc, l’arrière slovène. Jurij est loin d’être un feignant, c’est un énorme bosseur. L’exigeant entrainement à la yougoslave, il l’a connu toute sa vie. Pour Maljkovic, il symbolise l’excellence de la formation basketballistique de l’ex-Yougoslavie. Un exemple pour ses nouveaux coéquipiers du CSP. Mais un exemple, çà doit être parfait. Zdovc doit donc être le plus rapide sur la piste, celui qui soulève le plus en musculation et celui qui ne doit pas rater un shoot à l’entrainement ! Et pas question de se plaindre, ce n’est pas le genre de la maison.

Jurij Zdovc, n’est pas n’importe quel joueur. A seulement 27 ans, il a un palmarès long comme le bras. Il ne remporte aucun titre dans le très relevé championnat yougoslave, avec son club de l’Olimpija Ljubljana, mais par contre avec les Plavi (l’équipe nationale), il se taille la part du lion : Médaille d’argent aux J.O de 1988, Champion du monde 1990, Champion d’Europe 1989 et 1991. Ce n’est pas un vulgaire porte-serviette, il est titulaire avec pour partenaires dans les lignes extérieures, Drazen Petrovic et Toni Kukoc ! Jurij n’est pas maladroit en attaque, mais avec des coéquipiers pareils, le scoring n’est pas sa priorité. Comme nos deux artistes, sus-nommés, ne sont pas des défenseurs waterproof, Zdovc se coltine le scoreur d’en face et dès qu’il récupère le ballon (il peut jouer indifféremment meneur ou arrière), il alimente en munitions Drazen, Kuki mais aussi Radja, Savic, Danilovic, Paspalj, Divac ou Djordjevic, un pur bonheur ! Le slovène quitte Ljubljana en 1991 pour l’Italie et la Virtus Bologne. Il ne fait que suivre le mouvement des meilleurs éléments qui s’exportent à l’étranger. Tous, fuient les troubles de la désagrégation de l’Ex-Yougoslavie.

L’entrainement infernal du démon Boja finit par payer. Après les deux défaites initiales, Limoges enchaîne cinq succès d’affilée pour finir deuxième du Groupe A derrière le PAOK (7v-5d). Le championnat de France subi, lui aussi,  la loi des jaune et grenat (Limoges ne perdra que deux matchs dans la saison… playoffs compris!). Zdovc est bien le joueur attendu (12.6 points à 51.2% à trois points, 2.3 rebonds, 4.7 passes et 2 interceptions en 33 minutes). Il va même démontrer, un soir d’octobre 1992, que la réputation des shooteurs yougos n’est pas usurpée en réussissant un 8 sur 8 à trois points contre le Mans (un record qui ne sera battu qu’en 2015. Darnell Harris, d’Orléans, réussissant un parfait 9 sur 9 contre… Limoges!). En Europe, le slovène est toujours le deuxième marqueur de l’équipe bien que sa réussite à trois points soit moindre. Il passe près du triple-double contre son ancienne équipe de Bologne (17 points, 8 rebonds et 7 passes). En 12 matchs européens, le CSP n’a encaissé que 63 points en moyenne, meilleure défense et de loin ! Un telle barricade sera nécessaire pour stopper les assauts des furieux de  l’Olympiakos en quarts !

zarko-paspalj

Paspalj n’en revient toujours pas, si il avait chaussé du 34 fillette, l’Olympiakos serait allé au Final Four!

L’Olympiakos, la défense ce n’est pas leur truc (85 points encaissés en moyenne). Les deux stars de l’équipe Zarko Paspalj (ex-coéquipier de Zdovc en sélection) et l’américain Walter Berry (meilleur joueur NCAA 1986 et ex-coéquipier de Chris Mullin à St John’s) préfèrent garder leur force pour le scoring. Match aller en Grèce, dans une ambiance « à la grecque » bien sûr! Paspalj n’a rien d’un esthète ni d’un professionnel à l’hygiène irréprochable (Il est, parait-il, accro à la clope), mais quelle efficacité balle en main! C’est lui qui porte les derniers coups d’estocade pour la victoire (70-67, 27 points et 7 rebonds pour Zarko).

Zdovc a fini meilleur marqueur de Limoges (14 points), soutenu par l’adresse de loin de Forte (12 points, 4 sur 5 à trois points) et un surprenant Franck Butter (12 points, 7 rebonds) qui a livré un beau duel avec le massif Dragan Tarlac. Par contre, Michael Young a été abominable (8 points et 3 sur 16 aux shoots). Match retour à Beaublanc, il suffirait que Young retrouve son adresse et que la défense cercliste arrive à contenir Paspalj pour gagner. Ce n’est pas du tout ce qui se passe. Le tandem Paspalj/Berry aligne 43 points et 17 rebonds,  Young marque 20 points mais assassine le cercle (5 sur 16) et même Bilba est maladroit! (0 sur 8 pour Jimbo). Pourtant le CSP l’emporte. Le reste de l’équipe grecque cumule seulement 10 points à 5 sur 22 aux tirs. Dans une partie ultra-cadenassée (59-53), Jurij a été une nouvelle fois le plus constant (14 points et les lancers-francs décisifs dans le money-time).

La belle se joue dans le Limousin, avec une ambiance de folie, bien entendu. Paspalj est limité par les fautes et ne peut jouer que 23 minutes. Young retrouve le feu sacré et marque 30 points. Le scénario idéal pour une victoire facile ! Mais attendez, ce serait trop simple car à part Bilba (12 points à 5 sur 9 et 8 rebonds), l’attaque de Limoges est au fond du trou. Même Zdovc le métronome  est à la ramasse (3 points à 1 sur 7). 35 secondes à jouer et égalité 58 partout. Fred Forte a raté un shoot, ouvert mais osé, à 8 mètres qui a ricoché sur le bord avant du cercle. Olympiakos a pris le rebond. Ballon à qui? A Zarko Papalj, bien sûr ! Personne n’a trouvé la solution face à lui pendant ces quarts. Il hérite de la gonfle alors qu’il se trouve près de la ligne de touche. Il va pouvoir remonter le terrain et tenter le dernier shoot. L’arbitre siffle. Stupeur sur le terrain ! Le grand Zarko a mordu la ligne de touche ! Incroyable retournement de situation et une évidence pour tout le monde, le ballon du match sera pour Michael Young ! Mais un certain joueur slovène, de notre connaissance, a décidé de laisser une trace impérissable dans l’histoire du club; pour son unique saison sous les couleurs de Limoges.

LE SHOOT POUR LE FINAL FOUR DE JURIJ ZDOVC:

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Sur Twitter, Instagram, Facebook mais pas encore sur Tinder. Ecriture, montage, un peu de graphisme aussi. Expert en expérimentation de cuisine asiatique. Aussi mauvais joueur que Laurent Sciarra et Gianmarco Pozzecco réunis. 🐱🤘

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