« Curly » Neal, la légende des Globetrotters.
Portrait
Fred « Curly » Neal, un des plus grands joueurs de l’histoire de l’équipe des Harlem Globetrotters vient de s’éteindre. Son décès laisse dans la peine des millions de fans de basketball du monde entier. Basket Rétro revient sur le parcours de ce distributeur de bonheur.
UN ENFANT DU CAROLINE DU NORD
Né en 1942 et originaire de Greensboro, en Caroline du Nord, Frederick Neal joue pour l’Université de Johnson-C. Smith de Charlotte, établissement alors reservé aux étudiants afro-américains. A la fin de son cursus, en 1963, Fred a 5 propositions : Les Knicks de New York, les Hawks de St Louis, les Pistons de Detroit, les Bullets de Washington en NBA et les Harlem Globetrotters. Depuis l’entrée des joueurs noirs en NBA en 1950, les Globetrotters se sont peu à peu transformés en troupe proposant un divertissement de haute qualité tout autour de la planète. Leur créateur et propriétaire depuis 1927, Abe Saperstein, fait venir Neal à Chicago, à l’Université de DePaul, pour un essai au milieu de 125 autres joueurs. Le joueur brillant, qui avait une moyenne de plus de 23 points sous son maillot d’étudiant, est dans les cinq derniers retenus et entame ainsi sa longue carrière avec l’équipe au maillot bleu étoilé et au short à bandes rouges et blanches.
UNE LONGUE CARRIÈRE
Pendant 22 ans, jusqu’en 1985, « Curly » sillonne le monde avec les Harlem Globetrotters. en jouant plus de 6000 matchs soit l’équivalent de plus de 73 saisons NBA. Bien sûr, les contraintes physiques ne sont pas celles de la grande ligue mais le rythme incessant des voyages est physiquement éprouvant pour cette équipe qui visite les cinq continents. « Curly » propose ses facéties dans 97 pays, étant un véritable ambassadeur du Basketball.

Carte Fleer 1971
UN LOOK INIMITABLE
« Curly » bénéficie d’une popularité inégalée. On le reconnait de loin ! Le crâne luisant, une évidence lorsqu’on attire autant la lumière, une large chaîne en or autour du cou, une ribambelle de poignets en éponge bleus blancs rouges remontant vers les coudes, les chaussettes tirées jusqu’aux genoux portant de grosses protections. Et surtout son sourire, large, franc, solaire, qui séduit les enfants du monde entier…ainsi que leurs parents. Son surnom « Curly » lui a été donné donné en référence à Curly Howard, un acteur d’un trio comique américain « The Three Stooges », « Les Trois Comparses », célèbres aux Etats-Unis au milieu du XXe siècle.
LA MAGICIEN DU DRIBLE
Ce qui reste dans tous les esprits, ce sont les dribbles de « Curly ». Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier les « skills » du divin chauve. Au son du sifflotement de la musique caractéristique des Harlem Globe Trotters, « Sweet Georgia Brown » de Brother Bones & His Shadows, le numéro 22 se lance dans une danse au cours de laquelle son ballon est son partenaire et l’adversaire du jour une victime tournée en ridicule. Entre les jambes, dans le dos, à genoux, glissant sur le côté, la balle semble aimantée par les grandes mains de l’artiste. De nombreux joueurs NBA, Isiah Thomas, le génial meneur des Detroit Pistons ont notamment évoqué « Curly » comme une inspiration à travailler leur dribble et leur handling.
« Pour ceux qui disent que le jeu a évolué ? Je dis que ce qui est vieux est nouveau ! Le shot de loin et le dribble sont de retour ! Curly Neal m’a appris à dribbler » Isiah Thomas
UN BASKETTEUR MÉDIATIQUE
Avec l’équipe des Trotters, Neal quitte aussi les parquets pour rejoindre les écrans de télévision. On a ainsi pu l’apercevoir dans « la Croisière s’amuse », « The Ed Sullivan Show », « L’Ile aux Naufragés » ou en cartoon dans des productions Hanna-Barbera comme « Scooby-Doo » ou la série dédiée à l’équipe « The Go-Go Globetrotters ».

Le charismatique « Curly » renforce sa popularité auprès des familles américaines. Les rencontres avec des personnalités politiques ou religieuses font aussi de l’équipe de divertissement des missionnaires de la bonne humeur et de l’amitié entre les peuples. « Curly » se sent ainsi investi de créer une bonne entente entre les personnes de couleurs ou d’opinion différentes. En 2015, on peut le lire dans USA Today:
«Être un globe-trotter, surtout pendant cette période des années soixante, était autant une responsabilité qu’un travail. Nous n’étions pas seulement des artistes. Je crois vraiment que nous avons aidé à apaiser bon nombre des tensions qui secouaient le pays. Peu importait que vous soyez noir, blanc ou autre (rires). Rire et apprécier nos rencontres a fait disparaître ces barrières. C’est pourquoi quand je regarde ce qui a changé dans ce pays, je ne déplore pas ce qui ne va toujours pas. Je pense à tout ce qui a été accompli et à la façon dont une équipe de basketball en a fait partie, avec pour seule mission d’égayer les journées des gens. » »
SON MAILLOT AU PLAFOND DU MADISON SQUARE GARDEN
le 15 février 2008, son numéro est retiré et la bannière portant le numéro 22 monte aux cintres du MSG. Son équipe fétiche rencontre une nouvelle fois les Washington Generals, les faire-valoir historiques des Globetrotters. « Curly », son petit-fils sur les genoux, prend place sur le banc à côté de son ancien coéquipier devenu coach « Tex » Harrison. A la mi-temps, la bannière monte au plafond de la Mecque du Basket. C’est seulement la 5e fois qu’un membre des Harlem Globe Trotters se voit accorder cet honneur après Meadowlark Lemon (36), Reece « Goose » Tatum (50), Marques Haynes (20) et Wilt Chamberlain (13). Depuis seuls « Red » Klotz (Joueur et propriétaire historique des Generals) en 2011, Hubert « Geese » Ausbie (35) et Charles « Tex » Harrison (34) en 2017 ont reçu cet honneur.

« Curly », son petit-fils et « Tex » sur le banc. (photo S.Bellaud)
« Curly » Neal va rester dans les mémoires de nombreux fans de basketball et de divertissement. Etre un Globetrotter était pour lui le plus beau métier du monde. La capacité à faire sourire les gens et rire les enfants est une grande richesse. Le numéro 22 des Globetrotters avait ce talent. Il demeurera dans les cœurs et les esprits.

La bannière monte au plafond du MSG. (photos S.Bellaud)
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