Le billet de Cathy Malfois – Euro 1976, mon premier Championnat d’Europe
Témoignage
Véritable légende du basket français, Cathy Malfois, notre consultante de luxe, a participé à quatre championnats d’Europe avec l’Equipe de France de 1976 à 1987. A l’heure où les Françaises tenteront de décrocher une médaille pour la 37ème édition de l’Eurobasket féminin, Cathy a décidé de nous évoquer aujourd’hui l’Euro de 1976, son premier Championnat d’Europe avec les Bleues.
A l’heure où les Françaises tentent d’accrocher une médaille pour la 37ème édition de l’Euro féminin en Lettonie, effectuons un petit plongeon dans le passé.
De 1938 à 1991, l’URSS s’appuyant sur un immense réservoir, en particulier celui des régions baltes, a trusté 21 titres sur les 23 possibles. Incroyable ! Après ce dernier sacre et avec la chute du mur de Berlin entraînant l’effondrement du bloc soviétique et le morcellement du territoire, l’hégémonie de la Russie s’est désagrégée même si les tsarines, comme on les appelle, ont encore raflé 3 titres en 2003, 2007 et 2011.
En 1976, emmenée par l’inoubliable Ouljana Semjonova et par la talentueuse Olga Sukharnova, ce sont elles qui accrochèrent une nouvelle fois la médaille à d’or à leur cou.

Lettre de Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République, félicitant le CUC d’acceuillir les 15èmes Championnats d’Europe en 1976
Je m’en souviens comme si c’était hier : c’était mon tout premier championnat d’Europe. Pour la seconde fois après Mulhouse en 1962, cette édition se déroulait en France, à Clermont-Ferrand. Comme le précisait dans une courte lettre Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République, le CUC des « Demoiselles de Clermont » était alors un club renommé et la place forte du basket féminin, voire du basket français tout court.
Quelques semaines auparavant, le journal l’Équipe, sous la plume de Thierry Bretagne, titrait « Les femmes et la flamme », peut-être pour inciter à la confiance et au courage : nous partions pour une longue préparation et un long périple qui allait s’achever par le tournoi de qualification olympique au Canada, validant l’entrée du basket féminin aux Jeux.
L’équipe de France, composée en majorité de joueuses du CUC (8 sur 12), était sacrément ambitieuse mais également lucide. Dans une interview avant le début de la compétition, après deux tournois plus que satisfaisants, Joe Jaunay, l’entraîneur, soulignait : « Ces résultats montrent que les françaises peuvent terminer le championnat d’Europe à la deuxième place. Mais la concurrence est telle que nous pouvons finir septième…La France a encore des résultats en dents de scie… »
Le problème majeur était de savoir dans quelle forme serait Jacky Chazalon, absente sur blessure (fracture du radius) pendant la préparation et tout juste remise sur pied pour le championnat. Joe Jaunay d’ajouter : « Toute l’équipe a très bien joué avec une Irène Guidotti en pleine forme. En outre, il semble que Cathy Malfois peut nous rendre maintenant de grands services. J’espère retrouver Jacky Chazalon car il nous manque une tireuse à mi-distance… »

27 mai 1976 la France bat la yougoslavie lors du 15e championnat d’Europe
Cette compétition était la dernière pour un certain nombre d’entre nous (une première pour moi), l’attente était grande, ce devait être une nouvelle consécration.
L’équipe de France débuta la compétition directement en phase finale, sans passer par les phases de poule qui se déroulaient la semaine précédente à Moulins, au Mont-Dore et à Vichy. L’Auvergne était à la fête ! 6 équipes se qualifiaient : URSS, Bulgarie, Italie, Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
Malheureusement, malgré l’impact dans ce tournoi final de Jacky Chazalon (2ème marqueuse) et d’Irène Guidotti (5ème marqueuse), ce fut un mini krach, l’Équipe de France se classant 4ème avec 3 victoires pour 3 défaites. La très belle performance contre la Yougoslavie avait entrouvert une brèche mais le revers cruel contre la Bulgarie nous privait de la médaille de bronze. Le dernier succès contre la Pologne n’était qu’un maigre lot de consolation !
Les journaux soulignèrent l’échec sportif : «On attendait une meilleure performance d’une équipe qui s’annonçait très homogène puisqu’elle comprenait 8 joueuses du CUC, finaliste de la Coupe d’Europe. Les françaises ont malheureusement perdu devant la Bulgarie le match qu’il ne fallait pas perdre pour mériter la 3ème place… ». Ils pointèrent aussi la quasi « dépendance » de l’équipe au duo Chazalon/Guidotti.
Ce fut une grosse désillusion. Une médaille dans un grand championnat, j’en rêvais, le public en rêvait, tout le monde en rêvait, les jeunes,les plus anciennes aussi, celles qui avaient déjà vu l’argent briller à Rotterdam en 1970. Ce fut juste une médaille en chocolat, un chocolat au goût amer !
C’est lors de ce championnat d’Europe que j’ai fait mes premières « véritables » armes en Équipe de France, que j’ai côtoyé de magnifiques joueuses, que j’en ai affronté d’autres toutes aussi superbes-je pense notamment à Marija Veger-Demsar, la yougoslave, une joueuse de génie, meilleure marqueuse de ce championnat avec plus de 23 points de moyenne, très élégante de surcroît ; à Penka Stoyanova, la bulgare, une intérieure racée et très technique ; à Ouljana Semjonova bien sûr, la grande russe, dont je n’avais plus peur… enfin. J’avais pris de l’expérience !
Pour la petite histoire, à cette époque, en clôture du tournoi, une sélection des meilleures joueuses européennes affrontait l’équipe vainqueure. Jacky Chazalon et Irène Guidotti furent sélectionnées pour jouer contre l’URSS : score sans appel 116 à 65, quelque chose comme ça, pour…les russes évidemment !
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