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Le Buzzer Beater controversé de Toni Kukoc face aux Knicks en 1994

NBA Playoffs History

Rarement un tir victorieux n’aura causé autant de dommages dans une équipe. Et pourtant, en ce vendredi soir de mai 1994, une ambiance lourde pesait dans le vestiaire pourtant victorieux des Bulls.

13 mai 1994, match 3 de la demi-finale de conférence Est entre les Bulls, triple champion NBA mais sans Michael Jordan à la retraite, et son rival des dernières années, les rugueux Knicks de New York.

288426.jpg.14021_display_imageLe Chicago Stadium est sold out pour le premier match à domicile de la série des Bulls, après deux défaites consécutives au Madison Square Garden. Chicago est emmené par Scottie Pippen, qui a pris le leadership de l’équipe après la retraite de MJ. A ses côtés, des nouveaux All-Stars (B.J Armstrong, Horace Grant) et le rookie Croate Toni Kukoc. En face, en plus des Ewing, Starks ou Oakley, tout trois All-Stars, l’effectif New-Yorkais s’est renforcé avec l’arrivée à l’intersaison de Derek Harper de Dallas à la mène.

 Le début de match est à sens unique et les Bulls prennent rapidement le large. La rencontre est rugueuse comme à l’accoutumée et une infâme bagarre entre Derek Harper et Joe Joe English éclate durant le 2nd QT. Les deux joueurs finissent leur combat dans les tribunes au milieu des joueurs des deux équipes et sous les yeux effarés de David Stern. Les deux joueurs impliqués sont exclus.

A l’entame de la dernière période, les Bulls ont 19 points d’avance et semblent s’envoler vers une victoire facile. Mais sous l’impulsion de John Starks et Patrick Ewing, les New Yorkais reviennent et ont seulement deux points de retard à 30 secondes de la fin. La balle est dans les mains de Pippen qui gère mal la possession et concède une violation des 24 secondes. Les Knicks saisissent leur chance et égalisent sur un bras enroulé d’Ewing avec 1.8 secondes restantes.

Temps mort Chicago.

KukocPippen_225_332Phil Jackson met en place son système pour un shoot de Kukoc. Pippen est  furieux et le fait savoir à son coach : « si le shoot n’est pas pour moi, je ne rentre pas sur le terrain ». Jackson ne se laisse pas avoir : « très bien, reste sur le banc ».

L’attitude de Pippen peut paraitre surprenante mais est le reflet d’années de frustrations envers son management. Tout commence à l’intersaison 91, Scottie, pièce maîtresse du premier titre des Bulls quelques mois plus tôt veut un nouveau contrat, l’actuel arrivant à expiration dans un an. Après des négociations tendues, les deux parties parviennent à un accord qui ne satisfait que partiellement le futur All-of-Famer : 3,5 Millions de $ par an jusqu’en 1998. Jerry Krause, le GM de l’époque ne semble  pas convaincu par Pippen et lui préfère Toni Kukoc, la perle Croate drafté un an plus tôt et évoluant encore en Europe. Krause à encore en tête le match 7 de la finale de conférence 1990 où Pippen a dû être sorti du match pour de violentes migraines : son père venait de décéder quelques semaines plus tôt.

« Horace (Grant) peut se faire plus d’argent que moi, pas de soucis, mais pas Toni. Je m’arrêterais une année si il le faut avant que cela arrive »

Après la retraite de Jordan en 1993, les Bulls offrent un contrat en or à Kukoc pour rejoindre l’effectif : 28 millions sur 5 ans, soit presque le double du salaire de Pippen. Le nouveau leader des Bulls rumine dans son coin mais réalise toute de même une saison exceptionnelle, 22 points, 8.7 rebonds, 5.6 passes décisives et 2.9 interceptions par match ! Il terminera 3ième au vote du MVP derrière Hakeem Olajuwon et David Robinson et MVP du All-Star Game.

En confiant ce shoot à Kukoc, Jackson fait ressortir toute la colère de Pippen, lui qui a maintenu les Bulls au sommet de la NBA malgré le départ de MJ. Pire encore, on lui préfère son plus grand rival, celui qu’il jalouse depuis tant d’années.

La remise en jeu est effectuée par Pete Myers qui trouve Kukoc sur une passe lobée au niveau de la ligne des lancers-franc. Le Croate a le temps de se retourner pour un fade-away. Le buzzer retenti, la balle atterri dans le cercle : Steve Kerr lève les bras. Phill Jackson, lui n’exulte pas, il a la mine éteinte alors que les joueurs du banc se jettent sur le Croate. Le contraste est saisissant et surprenant à la fois.

Bill Cartwright, le vétéran des Bulls dans sa dernière année à Chicago est quant à lui passé par des émotions diverses. D’abord déçu de l’attitude de Pippen avant l’action, il est pris de rage quand il s’apperçoit que Pippen n’a même pas célébré la victoire. C’est en pleurs qu’il s’adresse à Pippen dans les vestiaires : «  Scottie, je n’arrive pas à comprendre comment tu peux nous avoir poussé si haut, si loin, pour ensuite être aussi égoïste. Je n’ai jamais vu quelque chose de la sorte : c’est inacceptable ».

La femme de Bill Cartwright déclarera par la suite qu’elle n’avait jamais vu le pivot pleurer avant ce jour.

La conférence de presse de Phil Jackson est expéditive : « Il n’a pas adhéré à l’action, je l’ai mis sur le banc, c’est tout ce que j’ai à dire, l’entrainement est demain à 11h, merci ».

Les Bulls perdront finalement la série 4-3 face aux futurs finalistes. Pippen fût proche d’être échangé contre Dan Majerle aux Suns en février 1995 avant que le retour de Jordan ne calme sa colère. Malgré 6 titres de champion et une nomination parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire en 1997, cette action entachera à jamais la réputation d’un des meilleurs joueur de l’histoire.

LE BUZZER BEATER DE TONI KUKOC EN IMAGES

Crédits photos : NBAE/Getty Images/ESPN

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1 Comment on Le Buzzer Beater controversé de Toni Kukoc face aux Knicks en 1994

  1. Je ne me souvenais pas de cette histoire de transfert avec Majerle. Sérieux, la connerie que Chicago aurait fait, Majerle était sur le déclin avec son dos… Les Suns par contre, ils auraient peut-être été champions!

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