Equipe de France : une histoire de famille…
Equipe de France
Edwin Jackson, Rudy Gobert, Jo Lauvergne et bien sûr Boris Diaw, ont tous pour point commun d’avoir un parent – père ou mère – qui a porté le maillot Bleu de l’Équipe de France de Basket. Une singularité présentée en double page du Basket Hebdo de cette semaine, que Basket Retro vous propose de redécouvrir sous un angle différent. Flashback.
L’Équipe de France de Basket 2014, qui est actuellement en Espagne pour y disputer la Coupe du Monde, a un petit arrière-goût de « déjà vu »… Des jeunes qui renouvellent la fameuse génération 81’-83’, d’accord, mais des noms bien connus dans le milieu du basket français. Si on comptabilise, ça fait tout de même un tiers des membres de cette Équipe de France qui a déjà connu l’aventure en Bleu… par l’intermédiaire d’un de ses parents !
UN AMÉRICAIN NATURALISE
Edwin Jackson, meilleur scoreur de ProA avec l’ASVEL et 12ème homme des Bleus version 2014, est né à Pau en 1989, alors que son père jouait pour l’Élan Béarnais et venait de disputer l’Eurobasket à Zagreb…

Skeeter Jackson sous le maillot du Jet Lyon, où il finira meilleur rebondeur français en 1993 (c) Internationaix basket
Skeeter Jackson est né à Monroe (Louisiane) en 1957. Il passera quatre années à la South Western Oklahoma University, de 1975 à 1979, avant de débarquer une première fois en France, à Saint-Denis, en Nationale 4. De retour sur le continent Américain dès la saison suivante, en Argentine, il restera 2 saisons dans le club de Resistencia… Mais Skeeter Jackson a été séduit par son passage en France et décide d’y retourner, quitte a repasser par la petite porte. Il revient en 1982 à Asnières, en Nationale 3, puis signe dans la foulée à Charenton (N3), où ses performances lui valent d’enfin rejoindre l’élite du basket Français.
Après avoir obtenu la nationalité française, suite à son mariage avec Caroline, l’ailier-fort débarque au Racing Paris en 1985 et devient rapidement un excellent joueur du championnat de France. Il tourne même à 16,7 pts & 7,7 rbds en 87-88, ce qui lui ouvrira à la fois les portes du All-Star Game, de l’Équipe de France et celles de l’équipe d’Orthez à la fin de cette saison, où Pierre Seillant n’a pas été indifférent à la classe du joueur. Ces deux saisons passées en Béarn (88-90) signeront d’une certaine manière l’apogée de la carrière de Skeeter Jackson, où il tournera à 11 pts 6 rbds, puis 8,6 pts et près de 4 rbds de moyenne.
C’est donc sa dernière saison avec le Racing Paris et sa première à l’Élan Béarnais qui lui vaudront ses sélections avec les Bleus, où ses qualités athlétiques et de joueurs dur au mal dans la peinture seront appréciées. Il y honorera 41 sélections entre novembre 1987 et le Championnat d’Europe 1989 (où la France prendra une honorable 6ème place), pour une moyenne de 6,1 pts. Au retour de cet Eurobasket Yougoslave, il célèbrera la naissance de son petit Edwin.
Après ses 2 saisons Béarnaises, Skeeter prend la direction du Jet Lyon en ProB, où il finit champion en 1991 et effectue alors son retour en ProA. En 1993, il y remporte le titre de meilleur rebondeur Français. Il filera terminer sa carrière au Besançon BCD du coach Jean-Paul Rebatet, faisant à nouveau l’ascendeur entre la ProB et l’étage supérieur (champion de ProB en 95), puis reviendra en 1997 à Lyon, alors redescendu en Nationale 2.
Il occupe depuis son retrait des parquets, différents postes à l’ASVEL, où il est toujours entraîneur de l’équipe Espoir.
UNE ETOILE FILANTE
Le père du pivot des Utah Jazz Rudy Gobert a une toute autre carrière… Rudy Bourgarel a été un des plus gros prospects du basket français. Une de ses plus grandes déceptions aussi, peut-être.
Bourgarel pose ses valises au Stade Français en 1984, en provenance de Guadeloupe. Le potentiel inédit de ses 2m14 – 104kg et ses formidables qualités athlétiques l’envoient poursuivre son apprentissage (seulement 2 ans ½ de basket derrière lui) en NCAA, où Mike Perry, son ancien coach parisien, le fait venir au Marist College. Il partage alors la raquette avec le Néerlandais Rick Smits et certains vont jusqu’à le comparer à Nate Thurmond un des meilleurs pivots défensifs de l’histoire de la NBA avec les San-Francisco Warriors et les Cavs de Cleveland. Mais les comparaisons s’arrêteront malheureusement là… Tournant à 10,5 pts et 6,8 rbds pour son année junior à Marist, il est cité parmi les joueurs pouvant être draftés en 89, année où peu de pivots de qualité sont annoncés. Il doit malheureusement abandonner son rêve de finir son cursus NCAA et est contraint à rentrer en France, où l’on est tout à coup pressé de le voir effectuer son service militaire… duquel il sera finalement exempté. David Stern ne l’appellera évidemment pas sur le podium du Madison Square Garden. Fin des espoirs de NBA.
Son gabarit et ses qualités athlétiques lui permettront de signer au Racing Paris où il prendra la suite de… Skeeter Jackson dans la peinture. Compte tenu des attentes, ses stats resteront modestes : un peu moins de 5 pts et 3 rbds entre 88 & 90. Il y aura bien quelques dunks ou blocks tonitruants, entretenant l’espoir, mais ses fondamentaux basket plutôt limités, ne lui permettront jamais de décoller pour une grande carrière. Pour une carrière tout court d’ailleurs…
Rudy Bourgarel fut appelé 19 fois en Équipe de France, où ses 2m14 devaient aider, mais là non plus, il ne fût pas plus convainquant (3,4 pts).
En 1990, Chris Singleton le fait venir au St-Quentin BB où il joue 3 matchs et voit la naissance de son fils Rudy, puis disparaît mystérieusement de la ProA et du microcosme de la balle orange, à 25 ans. Rideau.
UN BÛCHERON AUVERGNAT
Joffrey Lauvergne, meilleur rebondeur de l’Euroligue avec le Partizan et champion d’Europe en 2013, semble avoir bien écouté les leçons prodiguées par son père. Les « taquets » dans la peinture resteront une tradition familiale…
Jeune, Stéphane Lauvergne a touché à tout : cyclisme, judo, natation, football, athlétisme… mais son 1,98m l’amène rapidement à tâter le cuir orange. A 13 ans il fait ses années en jeunes à l’Amicale Laïque de Fontgiève, à Clermont-Ferrand. A 16 ans, il évolue déjà en Nationale 3, à Chamalières et fait la navette entre son club et le Centre Fédéral. En 1985, il rejoint la ProB, en enfilant le maillot de Clermont, mais ce n’est que le début d’une longue carrière.
Il signe son premier contrat pro avec le Nantes BC, où ses stats resteront discrètes (5,7pts 1,6 rbds en 87-88, date de la création de la LNB), mais Stéphane s’avère être un fort défenseur, un travailleur de l’ombre reconnu et un joueur d’équipe formidable. Ces qualités l’amèneront à enfiler le maillot Bleu lors de l’Eurobasket 89 à Zagreb, où il partagera la raquette avec… Skeeter Jackson. Le coach Jean-Paul Rebatet l’emmène ensuite avec lui à Cholet Basket, où il dispute deux belles saisons (7,6 & 2,4, puis 10,8 pts – 2,8 rbds), mais malheureusement, les problèmes économiques du club des Mauges l’envoient vers Mulhouse, où la sauce ne prendra jamais vraiment… Stéphane déprime. Heureusement la naissance de son petit gars Joffrey lui redonne un peu de peps.
Ayant besoin d’une bonne dose de confiance pour recharger les batteries, il signe au Racing PSG, où il sera nommé… capitaine d’une équipe expérimentée avec Dubuisson, Hufnagel et Cie. La carrière de Lauvergne redémarre dans le bon sens. La saison suivante, en compagnie de Yann Bonato, est aussi séduisante (4ème de la saison régulière), mais le PSG Racing se fera sortir en demie par l’Olympique d’Antibes. Les années passent et Lauvergne court toujours après un titre… Il passe chez le voisin à l’intersaison, pour enfiler le mythique maillot jaune des Cardiac Kids de Levallois. Stéphane Lauvergne encadre alors toute une flopée de (très) jeunes joueurs prometteurs : Sonko, Zig, Giffa, Masingue, Essart ou encore l’américain Wendell Alexis, et il s’éclate. En 1997, Levallois descend en ProB pour des raisons financières mais, malgré des bilans mitigés, l’aventure des Kids de Ron Stewart a marquée l’histoire du basket français. Et Stéphane était le socle de cette équipe.
Entre 1997 et 1999, il joue chez les éphémères Spacers de Toulouse de Laurent Buffard, mais l’expérience est aussi écourtée à cause d’une liquidation du club, dont les caisses sont vides. Décidément, après Cholet, Levallois, et Toulouse…
Il file à l’ASVEL où il espère bien jouer le titre et retrouve Mous Sonko, mais aussi Jim Bilba, Shea Seals ou Jay Larranaga. Malheureusement pour lui, cette année 2000 appartient au CSP Limoges qui bat Villeurbanne en finale du championnat.
Lauvergne partira finir une carrière bien remplie chez lui, à Clermont, où il passera en quelques années de la N2 à la ProB. Une belle fin de carrière pour un grand joueur qui portera au final 21 fois le maillot Bleu (3,1 pts) entre 1988 et 1995.
Cette saison, Stéphane Lauvergne devrait coacher l’US Beaumont basket en Régionale 1 Féminine.
ET UNE GRANDE DAME DU BASKET FRANCAIS
Comment ne pas finir par quelques mots sur la maman de notre capitaine Babac Diaw ? Une légende du basket-ball français : 4ème plus capée en bleu, hommes et femmes confondus, avec 247 sélections, après Hervé Dubuisson & Paoline Ekambi (254) et Jacques Cachemire (248) !!!
Elisabeth Riffiod, née en 1947 est repérée alors qu’elle est sur les bancs de la fac, à Besançon. Son 1,87 m ne passe pas inaperçu et elle rejoint rapidement l’INSEP, où elle devient vite un pivot incontournable dans le paysage du basket féminin. Après 6 années passées entre le Vesontion Besançon et le Évreux Athlétic Club, Elisabeth signe avec le fameux « CUC », le Clermont Université Club.
Avec Jacky Chazalon et d’autres joueuses talentueuses, elles forment alors les célèbres «Demoiselles de Clermont », régnant sur le basket français et européen des années 1970. Durant ses 6 années à Clermont, entre 1972 et 1978, Elisabeth Riffiod gagne 6 titres de championne de France d’affilée et dispute 4 finales d’Euroligue féminine (ainsi qu’une ½ F et un ¼ F). Sans pour autant réussir à lever le prestigieux trophée européen, propriété exclusive du club mythique de Riga, qui rafle tout à l’époque.
Elle prend ensuite la direction d’Asnières, où elle mettra au monde ses 2 fils, Martin et Boris, et où elle remportera un nouveau titre de championne de France, puis rejoint Mont-de-Marsan en N2, avant de terminer sa formidable carrière à Saint-Eulalie, en Région.
Elle sera capitaine de l’Équipe de France de Basket entre 1976 et 1980, et honorera au total 247 sélections au fil de sa carrière internationale, le fameux chiffre qui rend notre Boris Diaw si chafouin et si motivé pour enfiler le maillot bleu, année après année. Elisabeth Riffiod dispute 6 Eurobasket (médaille d’argent en 1970) et 2 Championnats du Monde.
Après une deuxième vie comme enseignante, Elisabeth Riffiod s’occupe aujourd’hui de la gestion de l’association Babac’Ards, la fondation caritative de son fils.
Image à la Une : Boris Diaw, le fils d’Elizabeth Riffiod (c) FFBB
Chapeau…Comme quoi la vie reserve bien des Surprises.Et encore vous avez oublié Tony PARKER dont le père joua longtemps en France à la même époque.cotoyant très certainement les Bourgarel,Jackson,Dacoury etc..
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Ultra instructif toutes ces filiations qui nous font redécouvrir le background de certains joueurs
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