Roland-Garros, temple oublié de la balle orange
France
Si Roland-Garros rime avec les exploits de Chris Evert et Rafael Nadal en accueillant l’un des quatre tournois du grand chelem de tennis, le stade de la Porte d’Auteuil a aussi vécu de belles histoire du basket français et cela bien avant les derniers paniers de Wemby dans l’Hexagone lors des finales 2023.
Notre histoire commence toutefois bien loin des bords de Seine, en Pennsylvanie un jour de septembre 1927. La France pour la première fois de son histoire remporte la Coupe Davis aux dépens de l’équipe des États-Unis. Il s’agit alors de la première victoire dans cette compétition pour les fameux mousquetaires (Lacoste, Borotra, Brugnon et Cochet). Comme le veut l’usage à l’époque, la France doit recevoir pour la revanche l’année suivante, en 1928. L’idée de construire un stade permettant d’accueillir dignement les exploits de nos mousquetaires fait son chemin. Ce sera Porte d’Auteuil autour d’un projet porté par Pierre Gilou président du Racing Club de France et Emile Lesieur, son homologue du Stade français. Pour le nom du stade, Lesieur impose celui d’un stadiste historique, aviateur et mort pour la France pendant la Grande Guerre, son nom ? Roland Garros. Alors que Garros ne semble pas avoir été un fervent adepte de la petite balle jaune, le nom est retenu. Il faut dire qu’Emile Lesieur sait être persuasif. Si le stade ne porte pas le nom de son défunt ami, il se retire du projet et son argent avec lui ! Le 18 mai 1928, le Stade Roland-Garros est inauguré.
A l’été 1928, les Mousquetaires tiennent leur rang et remportent un deuxième sacre en Coupe Davis dans cette enceinte flambant neuve. Rapidement, la vague omnisports qui domine cette période de l’entre-deux guerre voit le stade être occupé par d’autres disciplines que le tennis.
Le premier match de basketball a lieu en 1932 entre une sélection de Paris et celle du Nord, au commencement de la FFBB.
1934, UNE ANNÉE FASTE POUR LE BASKETBALL A ROLAND
L’année 1934 marque un tournant dans l’histoire du championnat de France de basket. La finale quitte les Arènes de Lutèce pour s’installer Porte d’Auteuil. Roland-Garros voit alors les finales du championnat de France militaire et scolaires se disputer dans son enceinte. Le 29 avril 1934, l’Olympique Lillois remporte son premier titre de champion de France à Roland face à l’ogre du Foyer Alsacien de Mulhouse, qui vit là sa dernière finale (51-28).

Le Miroir des Sports du 1er mai 1934
(c) Gallica BnF
Lucienne Velu et ses Linnet’s de Saint-Maur, quant à elles, raflent leur sixième titre de championnes de France sur la terre battue en disposant du CAUFA Reims (47-24).

Le Miroir des Sports du 24 avril 1934 (C) Gallica BnF
Quelques jours avant le sacre des Lillois, le 22 avril, c’est l’équipe de France qui a l’honneur de fouler la terre battue du stade Roland- Garros. Devant un public clairsemé et après une minute de silence en hommage au roi des Belges, Albert Ier, décédé en février 1934, les Français disposent de la Belgique pour la sixième fois en autant de confrontations (50 à 17). Il faudra d’ailleurs attendre 1945 et le dixième France-Belgique pour voir la première défaite française dans ce duel. Dans l’équipe, on retrouve des noms bien connus du basket hexagonal, Henri Hell (auteur de 18 points), Etienne Onimus (16 points), Roland Etienne (13), Georges Carrier (3 points) et Maurice Reaubourg (0) qui honorera ses deux seules sélections en Bleu cette année-là. Sur le banc, Marcel Exquis (trois sélections entre 1932 et 1933) accompagne un certain Robert Busnel.
ROLAND-GARROS, ENCEINTE DES FINALES DU CHAMPIONNAT DE FRANCE DES ANNÉES 1930
Par la suite, la jeune fédération française de basket sollicitera l’autorisation du Racing pour organiser des matchs à Roland-Garros. La balle orange s’installe alors et considère le stade de la Porte d’Auteuil comme une éventualité sérieuse dans l’organisation de ses rencontres. L’équipe de France revient ainsi dès février 1935 pour se préparer en vue des championnats d’Europe.
En 1936, à l’issue des Jeux de Berlin et après la désillusion française, Georges Vigouroux, dirigeant du Racing Club de France, est à l’initiative de la venue à Paris de la sélection japonaise présente au tournoi olympique. Le 22 août 1936, le Japon s’offre une victoire de prestige à Roland-Garros contre une sélection de Paris sous les yeux d’un André Tondeur curieux (43 à 34).
Preuve de l’attachement du basket français au stade Roland-Garros, l’ensemble des finales du championnat de France y sont organisées jusqu’en 1939. Le basket a toute sa place à Roland et la Seconde Guerre Mondiale n’y change rien même si Coubertin est préféré pour l’organisation des finales du championnat. L’après-guerre reverra le champion de France de basket-ball sacré sur les courts du stade Roland-Garros.
En 1948, Roland-Garros accueille sa dernière finale avec le baroud d’honneur d’une équipe qui disparaîtra bientôt, l’Union Athlétique de Marseille. Ironie de l’histoire, 2023 verra le retour des finales du championnat de France avec une équipe qui disparaîtra aussi l’année suivant sa finale, les Metropolitans 92 de Victor Wembanyama et Vincent Collet. Le basket avait fait son retour quelques mois auparavant le 16 octobre 2022. Devant 10 000 spectateurs, Monaco s’était défait du Paris Basketball sur le central (95 à 91).
2025 confirme le retour de la balle orange sur le central de Roland-Garros avec l’organisation de la première édition de la Supercoupe, poursuivant ainsi la belle et longue histoire du basket avec le stade de Roland-Garros.


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