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20 octobre 1983 : Nikos Galis vs Michael Jordan

Exhibition

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Il y a 41 ans, une époque où une équipe NCAA pouvait regarder les yeux dans les yeux la nation montante du basket européen, North Carolina faisait le déplacement à Athènes pour y affronter l’équipe nationale grecque. Un match d’exhibition qui opposait un des meilleurs joueurs européens all time, Nikos Galis, à un jeune étudiant promis à un très bel avenir dénommé Michael Jordan.

NIKOS GALIS, LE PRODIGE DU BASKET GREC

Nick Galis sous le maillot des Pirates de Steton Hall

Né à Union City, Nikolaos Georgalis dit Nikos Galis est un métissage entre la culture Européenne et Américaine. Cet arrière Greco-Américain grandit à New-York et effectue son cursus outre-Atlantique. Il fait ses gammes à la Fac de Seton Hall où son rôle dans l’équipe des Pirates grandit, passant de 3,2 points/match en freshman à 27,5 unités de moyenne lors de sa saison senior. Par ailleurs, il est le meilleur scoreur et passeur de l’histoire de son université aux côtés de Glenn Mosley (20ème choix de la draft 1977). Il se fait une réputation et se voit sélectionné en 68ème position (4ème tour) de la draft de 1979. Haut de 1m85 et fort de 90kg, il tape dans l’œil du génie Red Auerbach et obtient des essais aux Celtics pour le traning camp. Il intègre le groupe la même année qu’un certain Larry Bird. Finalement, suite à une blessure, il n’est pas conservé dans le roster de la maison verte et décide de retourner en Grèce, terre de ses parents, au plus grand regret d’Auerbach :

« La seule grosse erreur que j’ai faite durant ma carrière est de ne pas avoir gardé Galis » Red Auerbach, Boston Celtics.

Lorsqu’il tourne le dos à une carrière dans la Grande Ligue, c’est toute la Grèce qui se frotte les mains puisqu’il est disponible pour une sélection en équipe nationale (Avant 1989, la règle FIBA stipulait que les joueurs évoluant en NBA n’était pas autorisé à jouer pour leur équipe nationale). Il s’engage donc avec le club Grec de l’Aris Salonique. A l’aube de ce match, « The Gangster » a 26 ans et en est à sa 4ème saison professionnelle. Il tourne à 36,2 points de moyenne (dont une pointe à 44 points par match durant sa deuxième saison). Avec Panayotis Yannakis aka « Le Dragon », Panayotis Fasoulas ou encore Mathaios Katsoulis pour ne citer qu’eux, ils enfilent la tunique Grecque pour accueillir North Carolina dans un match de gala à domicile.

MICHAEL JORDAN, BIEN AVANT LA RECONNAISSANCE

Passé par le lycée de Willmington en Caroline du Nord dans l’anonymat le plus total, il subit une poussée de croissance phénoménale et voit sa taille passer de 1m80 à 1m95. Il est déjà doté de qualités athlétiques bien supérieures à la moyenne et attire l’attention du mythique coach Dean Smith. Il obtient une bourse pour intégrer la Fac de North Carolina avec laquelle il remporte la March Madness contre Georgetown dès sa saison rookie aux côtés de James Worthy ou encore Sam Perkins. Son shoot pour gagner le match le fait connaître du grand public. Lors de sa saison sophomore, James Worthy n’est plus de l’équipe (drafté par les Los Angeles Lakers) ; il se voit donc accroître ses responsabilité et grimpe de 13,5 à 20 points de moyenne devenant le meilleur joueur de l’équipe. C’est un Michael Jordan âgé de 20 ans, plus svelte que jamais, qui faisait le déplacement avec les Tar-Heels pour en découdre face à Galis.

UNE RENCONTRE DE LEGENDE, AVANT LEUR GLOIRE

Nick Galis en duel aérien contre Michael Jordan lors d’un match d’exhibition le 20 octobre 1983

C’est sur un terrain en extérieur éclairés par des lampadaires que les Américains débarquent. Avec des gradins à peine rempli et un sol multisport (volley et handball) ainsi qu’un seul angle de caméra, bien loin des conditions habituelles du basket professionnel. Grecs à domicile oblige, le match s’est déroulé avec des règles FIBA : deux mi-temps de 15 minutes et pas de ligne à trois points (qui fait son apparition qu’à partir de 1984). Un vrai match pour les puristes, les friands de tirs avec la planche. Un jeu avec des systèmes annoncés proche du paniers, quasi aucune séquence de jeu en isolation et très peu de jeu au poste. Parmi ce basket très académique, le jeune MJ sortait déjà du lot grâce à ses aptitudes athlétiques, lui qui faisait déjà le spectacle; non seulement par ses jumpers mais aussi par un poster sur deux joueurs Grecs ou encore un tomar en 360°. Le duel tient toute ses promesses et c’est finalement les Tar-Heels qui l’ont emporté sur le score de 100-83 porté par 34 points de His Airness. Ni la défense de zone des Grecs ni les 24 points de Galis avec ses floaters n’ont pu rivaliser. La revanche du lendemain sera bien plus serrée bien que NC l’ait une nouvelle fois emporté sur le score de 79-71. Une rencontre où Michael Jordan s’est vu bien plus timide avec seulement 14 points.

LA SUITE DE LEUR CARRIERE, DEUX IMMENSES SUCCES

Par la suite, Michael Jordan rempile pour une troisième et dernière saison à North Carolina avant de remporter l’or aux JO de Los Angeles et s’inscrit à la draft 1984 où il est sélectionné en 3ème position par les Chicago Bulls. Après 6 ans de dur labeur au milieu des Boston Celtics et des Detroit Pistons, il roule sur les années 1990 avec Scottie Pippen et Horace Grant pour un premier three peat (1991-92-93) puis un second three peat avec Dennis Rodman (1996-97-98). Sous les ordres du gourou Phil Jackson, il règne sur la NBA sans partage avec 5 trophée de MVP et 6 MVP des Finales.

Nick Galis porté par ses coéquipiers après cette victoire en finale de l’Euro 1989 contre l’URSS

Quant à Nick Galis, ses coups de chaud n’ont pas pris fin de sitôt puisqu’il a littéralement retourné la ligue Hellénique année après année. Il passe 13 saisons sous le maillot de l’Aris Salonique où il jouait notamment avec Panayotis Yannakis, puis 3 saisons avec le mythique club du Panathinaïkos d’Athènes poussant le total à 16 saisons d’un niveau pratiquement jamais vu en Europe. Son palmarès est tellement fournie qu’il en devient ridicule avec 8 Championnats de Grèce, 7 Coupes de Grèce ainsi qu’une Supercoupe de Grèce. Et ce n’est que ses accomplissements collectifs. Individuellement parlant, à la grande surprise, il… domine : 5 MVP de Championnat de Grèce. Malheureusement pour lui, jamais il n’est parvenu à jouer sur le devant de la scène en Coupe d’Europe des Clubs champions (ancêtre de l’Euroleague). La faute à une équipe qui ne parvenait pas à rivaliser avec les cadors Européens de l’époque tels que l’Olimpia Milan, le Cibona Zagreb ou encore le Jugoplastika Split. A croire que les Dieux du basket se sont acharnés sur le sort du « Diable en personne », le Panathinaïkos est champion d’Europe dès la saison qui suit la retraite de Galis.

Sa légende s’est écrit surtout avec l’Equipe nationale de Grèce, la nation montante dans les années 1980. Il remporte la médaille d’or à l’Euro 1987 à Athènes où il signe sans doute la plus grande performance de l’histoire de la compétition. Il noircit toutes les feuilles de match avec plus de 37 points en moyenne dont 40 en finale contre l’ogre Soviétique). Cependant, la marche est trop haute deux ans plus tard à Belgrade avec la médaille d’argent contre la Yougoslavie où il se livre un combat sans merci contre Drazen Petrovic (30 pour Galis et 28 pour Petrovic).

Ce n’est pas un hasard si en 2017, il rejoint le club très fermé des six joueurs intronisé au Basketball Hall of Fame de Springfield sans avoir joué une minute en NBA (avec Serguei Belov, Kresimir Cosic, Oscar Schmitt, Dino Menneghin et Boris Dalipagic). Par ailleurs, seul Tony Parker (68 matchs), Pau Gasol (58 matchs) et Dirk Nowitzki (49 matchs) totalisent plus de point dans l’histoire de l’Euro alors qu’il n’a joué que 33 rencontres pour 31,6 points de moyenne.

Difficile de se dire qu’un match opposant deux joueurs d’une si grande aura ait pu tomber aux oubliettes, dans une ère où le basket ne s’était pas ouvert à l’international comme aujourd’hui. Deux jeunes prodiges en Galis et Jordan, aucun des deux n’avait ne serait-ce qu’entamé leur prime. Un duel qui aurait pu atteindre un tout autre niveau à la fin des années 1980, lorsque Galis signait l’un des meilleurs Euro de tous les temps et que Jordan remportait son premier MVP de régulière moins d’un an plus tard.

NIKOS GALIS VS MICHAEL JORDAN EN IMAGES

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About Léo Daulon-Nicolas (14 Articles)
Etudiant en L2 Information-Communication dans l'objectif d'entrer dans le monde journalisme. Beaucoup de sujets historiques avec un peu d'actualité sur la NBA et le basket en général, l'histoire n'a pas fini d'être racontée dans un devoir de mémoire des plus grandes légendes.

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