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[Portrait] Erman Kunter, la double culture victorieuse

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

De lui, on se rappelle principalement de deux choses, selon le pays dans lequel on est. Un record de points difficile à effacer en Turquie et un titre de champion de France inespéré avec Cholet. Pourtant, Erman Kunter est bien plus qu’un coach, un véritable formateur qui étire désormais sa carrière dans un troisième pays, la Tunisie.

JOUEUR EMBLEMATIQUE EN TURQUIE? HOMME DES MEDIAS ET COACHING

L’actualité basket a fait que l’information est passée quelque peu sous les radars mais la Tunisie a un nouveau coach depuis la fin d’année dernière. Une sélection tunisienne qui luttait pour obtenir sa place au prochain mondial en février dernier (le miracle n’a pas eu lieu). Mais, l’occasion est belle de rebondir sur l’information principale concernant la sélection de l’ancien pivot des Mavericks en NBA et du Real Madrid (champion d’Europe 2015), Salah Mejri : la présence sur le banc désormais d’Erman Kunter, alias le « Malin du Bosphore », coach champion de France avec Cholet Basket en 2010.  Un entraîneur qui entame désormais une carrière dans un troisième pays après la Turquie et la France. C’est donc un monument du coaching que les Tunisiens vont découvrir, lui le dénicheur de talents et qui a entamé le coaching au milieu des années 90. Plus précisément lors de la saison 1994/1995 au sein de Darüşşafaka, une vénérable institution du côté d’Istanbul tant pour ses projets axés sur la jeunesse et l’éducation qu’avec l’équipe de basket éponyme. Après une carrière étirée entre 1975 et 1992 avec des records de points à la pelle (septuple meilleur marqueur du championnat turc), Erman Kunter entame donc la seconde partie de sa carrière avec un double objectif lors de cette saison 1994/1995. A l’instar d’un professeur d’université, le coach turc est présent sur les terrains d’entraînements et en match avec son équipe comme tout bon entraîneur qui se respecte.

erman Kunter @ FIBA

Dans une équipe qui comprend notamment le meneur US George Gilmore (futur montpelliérain) ainsi que le massif ailier-fort d’origine géorgienne Zaza Enden et Serdar Tabay qui est désormais devenu pilote de ligne, ces trois-là feront également partie de l’équipe de Fenerbahçe dans les années 90. Mais, petite originalité pour Kunter, le dimanche soir, on le retrouve également sur une chaîne de télévision turque afin de parler… basket. A une époque où la Turquie commence à vibrer aux exploits de ses équipes de basket et notamment par l’entremise d’Efes Pilsen (aujourd’hui nommé Anadolu Efes), Erman Kunter décortique les aléas du championnat chaque dimanche soir match par match en tant que consultant. Sur le terrain, c’est une saison pleine de promesse pour un effectif loin d’être exceptionnel mais qui réussit toutefois à se qualifier pour les play-offs (en terminant 9ème de saison régulière). Eliminée au premier tour (3 manches à 2) par l’équipe « jeans », soit le Mavi Jeans Ortaköy (nom d’un quartier d’Istanbul), le sponsor de l’équipe (aujourd’hui disparue) étant une marque de pantalon. La saison suivante (1995/1996), rebelote avec toujours Gilmore à la mène mais accompagné cette fois de quelques joueurs turcs reconnus dans le championnat local. Le plus connu étant certainement Faruk Beşok, frère d’Hüseyin pivot d’Efes et qui évoluera à l’ASVEL et au Mans une dizaine d’années plus tard. Si l’équipe de Darüşşafaka finit à une piètre onzième place, c’est suffisant pour se qualifier en play-offs puisque les… douze premiers sont qualifiés. Dès lors, l’effet inverse se produit par rapport à la saison précédente puisque les hommes de Kunter éliminent Beşiktaş, trois rencontres à deux. Avant de tomber logiquement face à Fenerbahçe qui comprend cette saison dans son effectif un quatuor de feu avec Ibrahim Kutluay et les Américains Henry Turner, Dallas Comegys et Rickie Winslow (également de nationalité turque par la suite). Bref, l’expérience pour Darüşşafaka s’arrête là mais pas pour son coach qui tape dans l’œil d’un club stambouliote plus huppé : Beşiktaş.

Lors de la saison 1996/1997, sur le papier, tout est réuni pour que la mayonnaise prenne rapidement. Un coach qui débute mais dont les qualités sont louées et qui est capable de faire beaucoup avec peu de moyens. Et une équipe de Beşiktaş revancharde et avec des moyens justement, appuyée sur de solides investissements et des fans fougueux. Un Beşiktaş qui peut s’appuyer sur des Américains tels que l’ailier Gary Alexander, un ancien de la SIG Strasbourg, les arrières homonymes Jo Jo English et AJ English, ainsi que sur de solides joueurs turcs tels que İhsan Bayülken (aujourd’hui consultant basket phare des chaînes turques), Nihat Mala et surtout l’ailier, le « Larry Bird local », Hüsnü Çakırgil et sa moustache, légende de Fenerbahçe. Tout est donc réuni pour aller loin notamment en championnat, Beşiktaş se faisant éliminer en 32èmes de finales de la Coupe Koraç face aux futurs vainqueurs, les Grecs de l’Aris Salonique. Grosse anicroche pour Kunter et les siens néanmoins dans une saison catastrophique qui les voient se faire éjecter hors du top 12 des play-offs avec une 13ème et surtout 20 défaites au compteur !! Exit donc Erman Kunter qui n’a pas réussi à faire en sorte que les joueurs s’entendent sur le terrain. Dans une équipe avec de nombreux cas d’indisciplines, c’était loin d’être gagné mais peu importe, Kunter reprend son envol et va trouver un solide rocher sur lequel s’accrocher.

LA SELECTION TURQUE, LABORATOIRE POUR KUNTER ET EURO 1999 EN LIGNE DE MIRE

Si dans les années 90, les clubs turcs obtiennent des résultats probants sur la scène européenne notamment grâce à Efes Pilsen, Fenerbahçe et Tofaş Bursa, la sélection est loin d’être dans ces standards. Au sortir des trois derniers Eurobasket (1993, 1995 et 1997) dans lesquels la Turquie respectivement termine à la 11ème, 13ème et 8ème place, la Fédération turque veut du sang neuf. Et mise sur Erman Kunter qui prend la suite d’Ercüment Sunter à partir de 1997. D’une lettre à l’autre, l’objectif de Kunter est de préparer l’Eurobasket 1999 qui aura lieu en France, un pays que connaît bien le francophile Erman. Dès lors, pour le nouveau sélectionneur, exit la vieille garde lui qui mise tout sur la fameuse génération turque de joueurs nés en 1979, composée de quelques prospects intéressants. En tête d’affiche, le meneur Kerem Tunçeri qui évolue à Galatasaray, Hedo Türkoğlu d’Efes Pilsen et qui sera drafté en 2000 par les Sacramento Kings mais aussi Mehmet Okur de Tofaş et futur joueur des Detroit Pistons (2002). Pour compléter l’effectif, l’équipe peut s’appuyer sur Mirsad Türkcan et Hüseyin Beşok d’Efes Pilsen et l’arrière Ufuk Sarıca du même club. Ainsi qu’Ibrahim Kutluay, le soyeux arrière de Fener en instance de départ vers Efes en 1999. Dès lors, Erman Kunter a la possibilité de travailler avec une belle génération, la plus belle dirons certains en Turquie, en vue de cet Euro 99. Versés dans le groupe C en compagnie de l’Italie et la Bosnie-Herzégovine mais surtout de la Croatie d’un certain Toni Kukoč, triple champion NBA (entre 1996 et 1998) avec Michael Jordan, la Turquie est loin d’être favorite. Mais avec un nouveau coach et un effectif qui a faim, tout se décante rapidement puisque les Turcs entament parfaitement le début de l’Euro en disposant aisément de la Bosnie de l’arrière Nenad Marković, actuel coach de la JDA Dijon. 57-42 au final et même pas 100 points cumulés mais une défense de fer pour des Turcs qui ont pu compter sur une belle triplette dans tous les compartiments de jeu. Aux points, ce cher Hedo (Türkoğlu) avec 14 points, aux rebonds, ce magnifique « Hüso » (Beşok) avec 15 captations et à la mène, 10 offrandes de Tunçeri. Belle entame certes mais le plus dur arrive avec un affrontement face à la Croatie. Menée à la pause 34-27, la Turquie retrouve des couleurs dans le sillage d’un Türkoğlu (18 points) déchaîné et d’un Beşok solide (10 points et 13 rebonds), bien aidé par le volcanique Mirsad Türkcan (15 points et 5 rebonds) d’origine yougoslave et qui affronte avec des mots choisis ses ex-compatriotes sous le cercle… En face, Veljko Mršić (18 points) et Toni Kukoč (17 points) ne peuvent que constater les dégâts : défaite croate 70-63. Avec la patte Kunter infusant la sélection turque : jouer dur sur l’homme en défendant corps et âme, tous ensemble.

Seulement, il reste une dernière rencontre de poule à jouer. Face à l’Italie que la Turquie a toujours du mal à manoeuvrer et qui va déterminer la première place du groupe. L’Italie ayant été défaite lors de la première journée par la Croatie (70-68), c’est la finale du groupe qui se dessine. Pour autant, les hommes de Kunter jouent les yeux dans les yeux face aux Italiens et malgré un Türkoğlu en retrait (6 points seulement et 13 minutes de jeu) mais avec un Tunçeri de gala (8 points, 6 passes décisives et 40 minutes de jeu), les Turcs s’inclinent derrière l’immense Carlton Myers (20 points) sur le score de 64-61. Malgré tout, la Turquie termine première de son groupe devant l’Italie et la Croatie. Surtout, l’équipe a pu s’appuyer sur un Kerem Tunçeri impressionnant du haut de ses 20 ans à la mène. Ainsi que sur une défense de fer, la meilleure du groupe (179 points encaissés seulement en trois parties). Par la suite, avec le jeu des groupes croisés, Kunter et sa bande se retrouvent dans le groupe F avec, outre l’Italie et la Croatie, déjà affrontées, la Lituanie, l’Allemagne et la République Tchèque. Disons-le nettement, la Turquie pour sa première rencontre a tout tenté durant la première période face aux puissants Lituaniens d’Arvydas Sabonis et Artūras Karnišovas (35-29 à la mi-temps). Mais, trop peu en seconde période qui s’est terminée en roue libre face à une Lituanie plus complète (victoire 74-48). Dans ces conditions, la Turquie se concentre sur les deux dernières rencontres et elle le fait bien puisque l’Allemagne du néophyte Dirk Nowitzki est défaite (63-55). Puis, les Tchèques sont également défaits par des Turcs adroits derrière un excellent Türkcan (17 points). Victoire donc 78-73 pour l’équipe de Kunter. Avec une troisième place à égalité avec l’Italie, la Turquie se qualifie finalement, pour affronter à Bercy, le pays hôte français en quarts de finale. L’occasion pour Erman Kunter (qui va vers ses 43 ans) d’affronter son ami Jean-Pierre De Vincenzi (42 ans).

Ce 1er juillet 1999 met donc aux prises la France d’Antoine Rigaudeau, Jim Bilba, Laurent Foirest et Sciarra, Frédéric Weis, Alain Digbeu, Mous Sonko, Tariq Abdul-Wahad, Thierry Gadou, Cyril Julian, Stéphane Risacher et Ronnie Smith à la Turquie. Sur le papier, comme on peut le constater, l’Equipe de France a une profondeur de banc sans commune mesure face à des Turcs fatigués et qui se reposent à la mène quasi exclusivement sur Tunçeri. Une Turquie qui joue également sans Mirsad Türkcan, blessé. Pourtant, la première mi-temps est équilibrée (31-31) malgré des Turcs qui perdent rapidement Sarıca sur blessure. En s’appuyant principalement sur Tunçeri et Türkoğlu (40 minutes chacun), Kutluay (30), Beşok (33) et l’ailier d’Ülkerspor Haluk Yıldırım (21), les Turcs rendent fous le public présent à Bercy. Tant et si bien que la partie se joue sur un dernier tir à trois points manqués de Yıldırım. Cet éclair (Yıldırım signifiant éclair en turc) raté, le score final est de 66-63 après des lancers-francs mis par chacune des deux équipes. La France se qualifie en demi et, par ricochet, obtient un précieux sésame pour les JO de Sydney en 2000 mais c’est une autre histoire. Grosse déception en revanche pour la Turquie qui aura tout fait mais qui finit à la huitième place finale sans avoir eu à démériter, loin de là. Tout le travail de Kunter effectué mais à qui il n’a manqué que deux ou trois joueurs pouvant suppléer ses cadres dans les moments importants. Par la suite, Erman Kunter quitte la sélection, fait une pause salutaire de deux saisons et retrouve un autre club d’Istanbul, Galatasaray, lui qui a été diplômé dans le fameux lycée francophone de la ville, lors de la saison 2002/2003.

D’ISTANBUL VERS LA FRANCE, CHOLET VERS LE TITRE

Une petite saison en Turquie donc dans une équipe de Galatasaray en renouveau et un coach qui s’appuie sur un certain Terrell Lyday (Cholet et ASVEL) à la mène. Une belle saison ponctuée à une troisième place en saison régulière derrière les deux mastodontes, Ülkerspor et Efes Pilsen. Mais devant Fenerbahçe que le club ennemi d’Istanbul élimine en quarts de finale des play-offs trois victoires à deux avant de tomber lourdement face à Efes (3-0) en demi et futur vainqueur du titre national. Pour Erman Kunter, le plaisir est retrouvé et c’est le cœur léger que le coach va prendre une décision déterminante dans sa carrière. Prendre l’avion et rejoindre sa seconde (future) patrie qu’est la France lors de la saison 2003/2004. Plus précisément en Maine-et-Loire, à Cholet avec un effectif jeune mais plein de promesse. Un cadre idéal pour travailler d’autant plus que Lyday a suivi son coach de Galatasaray. A Cholet Basket, Kunter trouve également quelques pépites à polir tels que Claude Marquis, Cyril Akpomedah, Cédric Ferchaud et un certain Mickaël Gelabale, le tout bien accompagné par Jim Bilba, un des hommes-clés de Kunter. Dans cet effectif en devenir mais pas aussi fort que Le Mans ou Pau-Orthez, Kunter réussit à amener le club à la quatrième place lors de la saison régulière. Mais Cholet se fait éliminer en quart de finale des play-offs par Gravelines-Dunkerque (deux manches à zéro) et futur finaliste malheureux face à Pau-Orthez. Suffisant toutefois pour taper dans l’œil d’un autre club en reconstruction mais avec des moyens plus importants. L’ASVEL recrute donc Kunter pour la saison 2004/2005 où le coach turc retrouve de vieilles connaissances avec Terrell Lyday qui a pris un abonnement avec lui ainsi que le pivot turc Hüseyin Beşok.

S’appuyant également sur le Suisse Harold Mrazek et l’Américain Bernard King, l’ASVEL fait une bonne saison en terminant deuxième de la phase régulière et seulement éliminée en demi-finale des play-offs par Strasbourg, futur champion de France. Hélas, cette saison prometteuse en reste là puisque Kunter quitte le club, le courant ne passait plus avec sa direction. Après donc deux saisons en France où il commence à faire du bon travail et une saison « off », Erman Kunter revient au bercail choletais. Un club plus familial avec moins de pression dans lequel le maître d’arme turc peut travailler avec sérénité. Saison 2006/2007, Kunter est de nouveau à la tête de l’équipe première et durant six saisons, le club choletais va considérablement élever son niveau de jeu. Surtout, l’équipe du Maine-et-Loire lance sous la houlette d’Erman Kunter de jeunes talents durant tout son mandat. Parmi ces joueurs que l’Europe et la NBA connaissent, citons Nando De Colo (2006-2009), Mickaël Gelabale (2001-2004 et 2009-2010), Fabien Causeur (2009-2012), Rodrigue Beaubois (2006-2009) ou Rudy Gobert (2011-2013). Sans compter de solides joueurs étrangers tels que Randal Falker, un des hommes de base de Kunter, le meneur John Linehan et l’arrière dominicain Sammy Mejía. Outre ces joueurs, les résultats sont également présents avec notamment une Leaders Cup glanée en 2008 face à JA Vichy de fort belle manière : 67-40. Auparavant, Cholet avait éliminé Roanne et surtout l’ASVEL avant de voir Nando De Colo offrir le trophée au club tout en remportant le titre de MVP au passage. Dès lors, après trois saisons durant lesquelles Cholet oscillait entre la 7ème et la 9ème place, la saison du triomphe arrive à grand pas pour la bande à Kunter. 2009/2010, la saison du bonheur tout d’abord en saison régulière durant laquelle Cholet Basket termine à la première place avec 23 victoires et seulement 7 défaites malgré le départ de De Colo vers Valence, en Espagne. La suite est à l’avenant puisque l’équipe composée notamment de Gelabale, Falker, Marquis, Causeur, Mejia, Antywane Robinson et d’un petit jeune de 20 ans, Kevin Séraphin élimine Poitiers Basket en quarts. Puis dispose de Gravelines-Dunkerque deux manches à une avant de défier en finale, à Bercy, Le Mans. Une finale gagnée de main de maître sur le score de 81-65 avec 15 points pour Robinson, 14 pour Falker, 12 pour Mejía et 11 pour Gelabale. Une performance face à une belle équipe du Mans qui comprenait notamment le meneur US Zack Wright, son compatriote et arrière Dee Spencer, ancien de Roanne, le musculeux Marc Salyers, l’ailier-fort brésilien et un des symboles du club manceau, JP Batista et Charles Kahudi. Bref, du très lourd et qui sublime davantage la victoire choletaise derrière son coach turc qui prendra également la nationalité française en 2010.

Cholet n’est pas rassasié la saison suivante, en 2010/2011. Malgré la dépense d’énergie considérable de l’Euroleague durant laquelle Cholet termine à la cinquième place (sur six) de son groupe avec devant lui Siena, Fener et Barcelone notamment. Les hommes de Kunter rééditent presque la même performance en championnat en finissant à la première place de saison régulière. Et en ne perdant qu’en finale face à Nancy d’un certain John Linehan, à Cholet une saison plus tôt. Beau doublé pour le meneur américain au passage avec ce « back-to-back » dans deux clubs. Après une dernière saison à Cholet, Erman Kunter retourne à nouveau en Turquie, à… Beşiktaş une nouvelle fois pour la saison 2012/2013 avec Randal Falker dans ses bagages. Accaparé par l’Euroleague, le club turc s’en sort plutôt bien lors de la première phase en terminant troisième de son groupe derrière Barcelone et le CSKA Moscou. Avant de sombrer par la suite lors de la seconde phase de poules (7ème sur 8 équipes). Avec une sixième place en championnat et une élimination en quart de finale de play-offs face à Banvit, la saison de Beşiktaş a été plus que correcte. Même un peu mieux que d’habitude puisque, outre cette campagne européenne, l’équipe s’adjuge surtout la Supercoupe de Turquie face à l’Anadolu Efes (77-75), le second trophée de la sorte pour Kunter après celui remporté avec Cholet en 2010 face à Orléans (85–79).

CANDIDATURE A LA PRESIDENCE DE LA FEDERATION ET NOUVELLE AVENTURE TUNISIENNE

Dès lors, coach Kunter a fait preuve d’un certain talent pour sortir des joueurs et les mettre en avant durant sa carrière et le natif d’Istanbul rempli des missions au gré des contrats. Trois saisons au Mans où il remporte la Coupe de France face à l’ASVEL (88–75) avec Chris Lofton à la mène en 2016. Entre 2014 et 2016, Le Mans termine aussi respectivement 4ème et 3ème en saison régulière et se fait éliminer en demi-finale à chaque fois. Avant de finir lors de la saison 2016/2017 sur une piètre 12ème place, ce qui sonne le glas de l’aventure mancelle pour Kunter. Mais l’histoire n’est pas finie pour autant puisque le bonhomme revient une nouvelle fois au bercail turc et Galatasaray (en finissant 9ème et hors des play-offs) lors de la saison 2017/2018 en remplacement d’Ergin Ataman parti lui à l’Anadolu Efes. Avant de boucler la boucle à… Cholet durant trois saisons avec une 15ème et 14ème place, entrecoupée par une belle sixième place lors de la saison 2019/2020 finalement arrêtée en raison du « Covid-19 ».

Après finalement trois décennies de coaching et plus de 45 ans dans le basket, une nouvelle aventure se dessine dès lors pour Erman Kunter fin 2011. A 65 ans, que faire de plus dans le basket que de tenter de prendre la présidence de la Fédération turque ? Dans ces conditions, le technicien se lance avec conviction dans cette nouvelle aventure face à son ancien élève, un certain Hidayet Türkoğlu. Un « Hedo » qui remporte finalement fin 2021 la mise une nouvelle fois malgré tout le poids mis par Kunter dans la bataille. Lui dont le crédo lors de cette campagne était la « transparence, l’honnêteté et la participation collective ». Il est vrai dans une Fédération turque souvent accusée depuis longtemps, au-delà de Türkoğlu, d’être gérée par quelques personnes du sérail. Qu’à cela ne tienne, même après cette défaite, Erman Kunter, très introduit dans les médias turcs ainsi que sa fille, Roksan, journaliste sportive reconnue, a finalement rebondi là où il est le meilleur. Au sein d’une sélection, la Tunisie en l’occurrence, où sa science du jeu et sa capacité d’adaptation seront essentielles.

« Je prends la tête de sélection nationale tunisienne, championne d’Afrique de Basket-ball et je vais mener à bien le processus de restructuration pendant une durée de trois ans ». Erman Kunter est ambitieux pour la l’Equipe nationale tunisienne (Crédit : http://www.africatopsports.com)

En s’appuyant sur Salah Mejri, 2m17, et sur le meneur naturalisé Michael Roll, ancien de Beşiktaş, Milano et Paris Basketball notamment, le travail de Kunter en Tunisie est important. Mais pas impossible pour cet amoureux du basket, capable de sublimer avec sa passion n’importe quelle équipe. Une véritable passerelle humaine et sportive dans l’histoire franco-turque tant les relations diplomatiques entre les deux pays sont parfois compliquées. Surtout, un homme qui a su largement dépasser l’étiquette des fameux 153 points inscrits lors d’un match en réussissant à gagner et à former dans tous les clubs où il est passé. Une bien belle carrière à suivre désormais du côté de Tunis pour boucler la boucle ?

 

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About Volkan Ozkanal (39 Articles)
Fan de basket européen, d'Anadolu Efes, de Fenerbahçe du KK Partizan Belgrade et du CSKA Moscou, je voue un culte à l'immense Željko Obradović ainsi qu'à Petar Naumoski, grâce à qui j'ai appris à aimer la balle orange. Passionné également d'histoire, j'essaye de transmettre ma passion à travers Basket Retro.

1 Comment on [Portrait] Erman Kunter, la double culture victorieuse

  1. Que du bonheur d avoir côtoyer Erman pendant ces années Choletaise bonne continuation à lui dans la sélection Tunisienne.

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