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Euro féminin U16 2017 – Une génération dorée ?

Eurobasket

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Un rouleau compresseur. C’est ce qui définit le mieux cette équipe de France U16 féminine qui domina avec autorité l’Euro 2017 à Bourges. Six ans après, bien qu’elles soient encore de jeunes joueuses, cinq d’entre elles ont déjà enfilé le maillot des « A ». Peut-on déjà parler de génération dorée ?

L’été, c’est le temps des jeunes pousses. A la plage, à l’ombre d’un olivier, dans un open space déserté par les collègues, on suit sur son smartphone ou ordi ces adolescent.e.s qui défendent les couleurs du pays dans des salles aux tribunes clairsemées. On ne connaît que quelques noms sans vraiment les avoir vu jouer auparavant. On découvre et on s’enthousiasme, ou pas, devant untel ou unetelle, mais on veut voir les Bleu.e.s gagner cet Euro U16 masculin ou ce Mondial U19 féminin.

En 2017, à la veille de l’Euro U16 féminin disputé à domicile dans l’antre du temple du basket féminin français, le Palais des Sports du Prado à Bourges, on n’attend rien d’autre que le titre. On ne sera pas déçu.

Zoé Wadoux. @ FIBA

En 2017, les réseaux sociaux ont pris de l’ampleur. Il est facile de trouver des images et des vidéos de jeunes prospects. On peut mieux savoir à qui on a à faire quand le sélectionneur Guppillotte annonce la liste des douze sélectionnées. Deux noms interpellent immédiatement le public basket, Iliana Rupert et Marine Fauthoux, deux « filles de ». Iliana, fille de Thierry, international prématurément disparu, est déjà qualifiée de « pépite », de « phénomène ». Grande, 1m93, mobile, déliée et agile, nombreux sont ceux qui voient en elle le futur du secteur intérieur des Bleues, une Sandrine Gruda en devenir. A 16 ans, Marine Fauthoux présente déjà les qualités de son « petitou » de père, le leadership, le QI basket, la combativité… Mais si le nom de Wadoux parle à certains Ch’tis, peu connaissent les qualités d’adresse longue distance, notamment en catch’n’shoot, de Zoé. Puis il y a la Guadeloupéenne Kendra Chéry, une athlète hors norme chez les adolescentes. Et Jade Hamaoui, Janelle Salaun, Marie Pardon, Anïa Howard, Binta Drame, Eve Wembanyama, Fayçat Djoumoi, Astrid Benedetti… Un roster qui a de quoi effrayer n’importe quel team d’Europe. Vous avez un favori évident dans une compétition à domicile qui plus est.

LE PREMIER TOUR

Les hostilités s’ouvrent le 4 août. Si on en croit le coach Arnaud Guppillotte, les filles abordent sereinement ce premier match face à la Turquie. C’est sans Marine Fauthoux qui se remet d’une blessure et restera scotchée sur le banc par prudence durant toute la phase de groupe. Qu’importe, les meneuses Marie Pardon et Astrid Benedetti font le taf. Zoé prend ses marques en inscrivant en première mi-temps six de ses neuf tentatives, toutes derrière la ligne, parfois à plus d’un mètre de la ligne blanche et souvent sans même poser un dribble. Elle perd la mire en seconde, 0/4. Pas grave, Kendra Chéry, 16 points, 7 rebonds, 3 passes et Iliana Rupert, 13 points, 8 rebonds, 18 d’évaluation, assurent une domination jamais remise en cause. Chacune a sa part de jeu et seule Fayçat Djoumoi voit son compteur point à zéro mais ses ses 7 rebonds participent à l’ultra domination dans ce secteur du jeu, 53/34. Si les 25 balles perdues font tâche, les 28 % à deux points des jeunes Turques montrent d’emblée que la défense est elle déjà bien place. Victoire de 70 / 52. Ça c’est fait.

Coach Guippillote. @ FIBA

Le deuxième match contre la Belarus est l’occasion de donner plus de temps de jeu au banc. Maladroites, 36% à 2 points, 16% à 3 points, les Bleues dominent pourtant outrageusement leurs adversaires du jour qui semblent totalement perdues face à une défense de fer. Elles ne marquent jamais plus de 8 points dans chaque quart temps. En sus des 32 balles perdues, elles se prennent 5 contres et se font laminer au rebond, 67 à 33. La MVP de la rencontre est à l’image du match, car si Fayçat Djoumoi n’inscrit que 6 points, elle s’offre 10 rebonds, 5 interceptions et 2 contres. Au final les Françaises ne marquent que 75 points, mais n’en laissent que 25 aux faibles Belarusses. L’autre match du jour du groupe se conclut par une large victoire de la Lettonie sur la Turquie, 72/54.

France / Lettonie, c’est la première place qui est en jeu lors de la dernière journée de la phase de groupe. Sans Iliana Rupert ménagée, Jade Hamaoui, Janelle Salaun, Marie Pardon et surtout une Kendra Chéry éblouissante tiennent la baraque. Car en face, il y a des clientes. Leur niveau est clairement au-dessus des deux adversaires précédentes. Et si les Françaises emportent le premier quart 22/16, elles ont dû s’employer. La vaillance et le talent des Lettones se heurtent au mur défensif tricolore. L’écart se creuse pour atteindre 13 points à la mi-temps 38/25. Étouffées, asphyxiées, les Baltes ne parviennent qu’à inscrire 7 malheureux points durant la troisième période. Un passage à vide des Bleues durant la première moitié du dernier quart leur permet de réduire l’écart, 68 /45. Kendra Chéry a éclaboussé le match de sa classe : 25 points à 65 % dont 2/4 à 3 points, 7 rebonds, 6 interceptions, 1 passe décisive, 1 contre pour une évaluation de 32. Sa vitesse, son jump, ses moves… Elle nous a offert un véritable clinic.

LE HUITIÈME

Dans les compétions de jeunes, pas d’éliminés au premier tour. On croise. Les derniers de chaque groupe affrontent les premiers d’une autre poule. Pour la France, c’est la Roumanie. Un match à priori facile qui permet à Marine Fauthoux de se remettre tranquillement en jambes, (16 minutes pour 7 points et une passe décisive). Zoé Wadoux, mise au repos, la marque est équitablement répartie, (Marie Pardon et Iliana Rupert, 12 points chacune). Un peu de maladresse, (19 % à 3pts), encore trop de pertes de balle, 20, mais une défense et domination au rebond qui interdit tout espoirs aux Roumaines. 68/25. Au suivant.

Marine Pardon @ FIBA

LE QUART

C’est la Pologne qui se présente sur le parquet. Seule équipe a avoir réalisé un upset au tour précédent, la Pologne a fait trembler l’Espagne en phase de groupe. Auteures d’une remontada de 7 points en fin de match les Polonaises n’ont échoué qu’à un petit point des Ibères. A prendre au sérieux. Le bras de Zoé Wadoux fait des ravages, 5/10 à trois points pour un total de 19 pts. Marine Fauthoux retrouve son agressivité offensive, 7 de ses 10 points sur la ligne des lancers francs. Les 9 contres, donc 5 d’Iliana Rupert, illustrent à merveille l’identité des filles de Guppillotte, la défense.

LA DEMIE

Espagne ou Italie ? Malgré deux 3 points de l’Espagnole Helena Pueyo et deux deux lancés manqués de l’Italienne Ilaria Panzéra dans les 15 dernières secondes, les Ibères ont échoué à un point des transalpines, 50/49. Ce ne sont donc pas nos « meilleures ennemies » qui se présentent en demi-finale, mais les Italiennes. On pressent un match difficile et le petit point d’avance pour la France à la mi-temps, 32/31, en apporte la confirmation. Pour la première fois depuis le début de la compétition les Bleues ont perdu un quart-temps, le deuxième, 12/14. Mais la puissance physique et le rythme imposé par les Françaises épuisent leur adversaires qui finissent par lâcher prise. Les 19 points et 10 rebonds de l’arrière Ilaria Panzéra ne suffisent pas. 17 points, 14 rebonds, 1 contre en 21 minutes pour Iliana Rupert. Marine Fauthoux score également 17 points, à 56%. Kendra Chery ajoute 3 contres. 74/57.

LA FINALE

2 500 spectateurs au Prado derrières les Bleues pour aller chercher un titre qui leur tend les bras. En demie, les Hongroises ont passé 18 points aux Lettones qui avaient fini deuxième dans le groupe de la France, 63/48. Elles ne sont pas là pour servir de faire-valoir. Elles le montrent de la plus belle manière en emportant le premier quart 8/13. L’écart grimpe même à 12 points, 10/22, au milieu du deuxième quart. La pression de l’événement ? Une fragilité mentale ? Un manque de concentration comme semble en attester les trop nombreuses balles perdues. Iliana Rupert est de retour aux affaires après un passage sur le banc. Dans la foulé, les Françaises infligent un 16/2 dont les Hongroises ne se remettront pas. 26/24 à la mi-temps. L’écart se creuse lentement et méthodiquement durant le troisème quart. Malgré quelques rapprochés sporadiques les Magyars ne reverront plus les Bleues. Kendry Chéry affiche un niveau défensif sans doute jamais vu à ce niveau. Zoé Wadoux, 22 points, artille longue distance, 6 sur 13 et bien sûr Iliana Rupert assume sont statu de star en devenir, 18 points, 10 rebonds.

63/55, la France est championne d’Europe. Zoé Wadoux et Iliana Rupert sont nommés dans le cinq de la compétition et en toute logique la fille de Thierry est élue MVP.

GENERATION DOREE ?

Kendra Chéry au lay-up face au Lettones. @ FIBA

Il est des équipes de jeunes qui gagnent des titres sur les épaules d’une superstar, un phénomène hors norme, d’autres sans talents extraordinaires mais avec un collectif huilé et un gros mental. Puis il y a les « générations dorées », un groupe de très forts prospects à tous les postes au sein de l’équipe. Par leur victoire, ils posent la base d’un avenir commun chez les grands, les A, et de très belles carrières individuelles. On pense aux Ninos de Oro espagnols champions du monde junior 1999 ; Gasol, Navarro, Calderon, Reyes, Rodriguez et Cabezas qui formèrent par la suite l’ossature d’une Roja dominatrice. En France les « Enfant de Zadar 2000 » de Parker, Diaw, Turiaf, M. Pietrus… reste notre meilleur exemple de génération dorée. Mais aussi les champions d’Europe junior 2006 : Batum, Diot, Ajinça, Jackson, Tillie, Moerman… Avant le titre de 2017, deux équipes U16 féminines avaient déjà empoché l’or. 2001 avec une sélection dont cinq éléments portèrent par la suite le maillot des « A ». Elodie Godin a totalisé 118 sélections, Florence Lepron, 100, Anaël Lardy, 86, Pauline Krawczyk , 29 et Fatimatou Sako, 6. Sans faire injure au talent de ces basketteuses, ce furent des roleplayers des Bleues.

Championnes d’Europe. @ FIBA

Des championnes 2007, seule Diandra Tchatchouang connut une carrière en bleu. Et si Alyson Vernerey aurait sans doute pu prétendre à une place parmi les Bleues, ses choix de vie en décidèrent autrement.

Les filles U16 de 2017 ont-elle ce statut ? Moins de six ans après, ça peut paraître un peu tôt pour rendre un verdict. Pourtant sept d’entre elles ont, malgré leur jeune âge, un rôle majeur au sein d’équipes de l’élite. Cinq ont déjà enfilé la tunique bleue des A. Deux ont été draftées en WNBA, Marine Fauthoux en 29e position par le New York Liberty et Iliana Rupert en 12e par les Las Vegas Aces,  remportant le titre WNBA dès son année rookie.

Alors ? Génération dorée ? Pour l’instant du plaqué or. L’or massif c’est pour demain.

INFOGRAPHIE – QUE SONT-ELLES DEVENUES ?

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About Laurent Rullier (75 Articles)
Le premier match de basket que j'ai vu en live était un Alsace de Bagnolet vs ASVEL. Depuis la balle orange n'a pas arrêté de rebondir dans ma p'tite tête.

1 Comment on Euro féminin U16 2017 – Une génération dorée ?

  1. A part quelques petites fautes de frappe (Marine Pardon en légende photo, Tarbes BC au lieu de Tarbes GB, Astrid Benetti dans le corps de texte de sa disparition, et quelques autres) excellent travail……
    Et tout ce long texte pour parler, à la fin, de dessin!!!!!!

    J’aime

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