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[ITW] George Eddy : « J’ai fait visiter Canal à Pat Riley et Hakeem Olajuwon ! »

Interview

Montage Une : Aurélien Sohard pour Basket Rétro

Il est de la trempe des Thierry Roland, Robert Chapatte ou Roger Couderc. Voix de la NBA en France depuis 1985, George Eddy va continuer dans le cadre de NBA Paris Games à nous transporter. Et, pour Basket Rétro, il a accepté de revenir sur sa carrière journalistique unique. Interview !

Basket Rétro : Merci de nous consacrer un peu de ton temps précieux George. Nous voulions savoir à Basket Rétro, parce que tu as commenté tellement de matchs, si c’était mission impossible pour toi d’en ressortir un ou deux ?

George Eddy : C’est quasi mission impossible parce que oui j’en ai commenté tellement ! Probablement autour de 8000… Mais quand on m’oblige à y réfléchir et à faire un choix, je dis toujours que c’est probablement la finale olympique de 2008 entre les États-Unis et l’Espagne qui me marque le plus comme rencontre. Ce match, je ne peux pas l’oublier.

Jordan reste omniprésent dans nos meilleurs souvenirs !

BR : En parlant d’oubli, est-ce qu’on peut oublier l’ère Jordan trente ans après ?

GE : Oublier ? Non impossible. Jordan reste omniprésent dans nos meilleurs souvenirs, dans les miens comme dans ceux des fans. Jordan a poussé l’internationalisation de la NBA à tous les niveaux : sportif, marketing, etc… Et puis, on parle de Jordan encore maintenant avec autant de nostalgie. Nombreux sont ceux d’ailleurs qui pensent que c’est la meilleure période de l’histoire de la NBA.

BR : Le Stadium c’est un lieu particulier ? Il est souvent question de ses couloirs sombres, des fils électriques qui trainent au sol ou des murs qui tremblent alors que la foule hurle.

GE : La première finale qu’on a commenté aux États-Unis, c’est 91 entre Jordan et Magic. C’est encore le vieux Chicago Stadium, une salle antique qui sentait la pisse et la bière (il se marre) ! Quel cachet cette salle ! On y reniflait l’histoire et la tradition. Le Stadium était dans un quartier plutôt pauvre donc c’était extraordinaire de pouvoir commenter là-bas. Pour le match 1, on était tout en haut de la salle. Le sol bougeait et j’avais très peur de tomber sur la foule. Cela reste un énorme souvenir d’autant plus que c’était dans les toutes premières fois qu’on allait aux États-Unis pour commenter un match en direct. Après, le nouveau Chicago Stadium, c’est une belle architecture moderne avec des magasins. J’avoue que je préfère le vieux Chicago Stadium et son cachet.

C’est probablement avec Jordan que j’ai entretenu les meilleurs relations.

BR : Est-ce qu’il y a d’autres lieux qui t’on marqué en NBA ?

GE : Toutes les salles m’ont marqué en réalité, mais c’est vrai que le Garden est un lieu assez spécial. Le Garden, je veux dire l’ancien mais aussi le nouveau. J’ai eu la chance de commenter les Finales NBA de 2008 et de 2010. C’était exceptionnel comme moments. Alors, je pourrais faire le tour de toutes les salles mais Boston pour l’ambiance m’a beaucoup marqué. Après à Portland, en 1992, l’ambiance était incroyable également. Toutes les salles sont modernes à présent et c’est quand même assez différent.

BR : Liliane Trévisan que nous avons interviewé nous disait avoir tissé des liens privilégiés avec certains joueurs NBA comme Clyde Drexler, Doc Rivers ou Dominique Wilkins. Est-ce que cela a été la même chose pour toi ?

Notre photo : George Eddy, Guillaume Durand et Michael Jordan sur le plateau de Nulle Part Ailleurs, en octobre 1997. Source : © Canal+.

GE : Oh oui ! Alors c’est probablement avec Jordan que j’ai entretenu les meilleurs relations. A chaque fois qu’il venait à Paris, je lui servais de guide mais aussi de traducteur. On a fait aussi ce Nul Par Ailleurs en 1997 avec Guillaume Durand où on l’a interviewé pendant une heure. Mais c’est surement en 1990 quand il est venu à Géo André qu’on a le plus partagé. C’était la panique ce moment-là. Tout s’est bien passé finalement, mais il a fallu le protéger. Après cela, il m’a toujours accueilli avec un grand sourire. Quand on vit des moments intenses, cela reste gravé dans la mémoire. Après, j’ai fait toutes les Finales de Jordan. Donc après chaque match, on faisait son interview. J’allais aussi aux entrainements des Bulls donc il m’a beaucoup vu et j’ai du l’interviewer une centaine de fois certainement au total. Michael m’a dit lors de sa dernière visite à Paris que si la NBA était aussi populaire en France, que c’était en partie grâce à moi et cela m’a beaucoup touché comme compliment. Quand tu entends cela de la bouche de Michael Jordan, tu te sens tout fier ! Avec Shaq aussi, j’étais assez proche. Parfois, l’été, je suis allé m’entrainer avec le Magic d’Orlando et Shaq a toujours été très très sympa avec moi. Une année, je l’ai même conseillé pour améliorer sa gestuelle aux lancers francs. Globalement, toutes les stars qui sont passées par Paris grâce à Nike ou Reebok, je les ai accompagné. J’ai fait visiter Canal Plus à Hakeem Olajuwon, à Pat Riley ou Hubie Brown. Lors d’autres tournées comme celle de Nike, j’ai croisé David Robinson, Charles Barkley ou Scottie Pippen. Je suis resté dans leur proche entourage pendant deux ou trois jours. Alors c’est vrai j’ai tissé des liens avec certains des plus grands mais j’ai adoré côtoyer les journalistes aussi. Cela fait 30 ans que je côtoie des joueurs pro donc je me considère parfois un peu comme leur frère ou leur grand-père pour les plus jeunes (il se marre)

Et j’ai fait la meilleure école de journalisme possible, c’est à dire écouter et échanger à Canal avec Charles Bietry, Michel Denisot, Pierre Lescure, André Rousselet ou Philippe Gildas.

BR : Quel regard tu portes sur ta carrière de journaliste ?

GE : Je me rends compte chaque jour d’avoir eu une chance inouïe de faire ce métier. Journaliste, je l’ai appris sur le tas. Et j’ai fait la meilleure école de journalisme possible, c’est à dire écouter et échanger à Canal avec Charles Biétry, Michel Denisot, Pierre Lescure, André Rousselet ou Philippe Gildas. Je n’avais pas de formation journalistique donc j’ai tout absorbé comme une éponge. On déjeunait tous ensemble au début de Canal et le service des sports, c’était quatre / cinq personnes pas plus ! Mais à la cantine, parfois, il y avait PPDA, Chabat ou de Caunes pour ne citer qu’eux. Alors, j’ai appris aussi d’eux. Je ne pense pas que ce soit encore possible aujourd’hui. Pour la NBA, je choisissais les matchs, je faisais les montages et après je les commentais. Il faut savoir qu’au début, il y avait entre deux et trois semaines entre le match et le jour de diffusion. C’était un fonctionnement antique avant les matchs en direct diffusés via un satellite. Et je ne vous parle même pas de la technologie actuelle avec Internet.

Comme Jordan ou Mohammed Ali, je vais prendre ma retraite plusieurs fois (il se marre). Je veux en profiter pleinement !

BR : Dans quel état d’esprit es-tu pour commenter le match à venir entre Chicago et Détroit ?

George Eddy. Crédit Photo : [© Philippe Mazzoni/CANAL+]

GE : J’ai plus d’expérience à présent (il se marre)… après 38 ans de carrière…Par contre, le téléspectateur est beaucoup plus informé maintenant donc il faut un autre style de commentaires. Au début, il fallait tout faire découvrir au public français qui n’y connaissait pas grand chose il faut l’avouer et maintenant ce n’est plus le cas. Je vais être beaucoup moins nerveux qu’à mes débuts. Donc pour ce match, Il faut avoir conscience que c’est un gros évènement, que la NBA se déplace en Europe ! Après, me concernant, je ne vais pas dire que c’est mon jubilé parce que cela fait plusieurs fois que ma retraite est annoncée. D’ailleurs, je continue sur Canal Plus Afrique et je vais probablement allé jusqu’aux Jeux de 2024. J’ai eu beaucoup d’honneur et d’accolades après le dernier match de l’équipe de France à l’Eurobasket. On m’a enterré déjà plusieurs fois (il se marre). Ça va être une nouvelle fois la même chose. Je vais être pour ce match avec des gens que j’apprécie donc ce n’est que du bonheur que de commenter cette rencontre spéciale. Comme Jordan ou Mohammed Ali, je vais prendre ma retraite plusieurs fois (il se marre). Je veux en profiter pleinement !

BR : Le mot de la fin, George, c’est pour toi !

GE : Par rapport à ma carrière, pour l’ensemble, j’espère avoir su véhiculer de bonnes valeurs pour la jeunesse française. Je sais que j’ai changé « le vocabulaire basket » en apportant des expressions américaines et j’en suis fier. Je crois aussi avoir joué un rôle de pédagogue auprès des jeunes. Ensuite, mes parents avaient une très grande sensibilité pour le partage et l’altruisme. Ce sont aussi des valeurs que j’ai voulu mettre en exergue dans mes commentaires. Mes parents étaient très communicatifs et partageaient beaucoup dès qu’ils le pouvaient. Dans la lutte pour les droits civiques avec Martin Luther King, ils ont encore été très actifs également et je tiens beaucoup à ces valeurs. Cela fait parti de mon ADN. Alors, pendant les commentaires des matchs, j’ai toujours fait en sorte de mettre en avant le partage et la solidarité qui me sont chers. Même si ce que je vais dire peut sembler être un gros cliché, ce qui est vrai dans le basket l’est aussi vrai dans la vie. Et continuez ainsi Basket Rétro, je vous suit attentivement !

Propos recueillis par Guillaume Paquereau pour Basket Rétro. Merci à Mister George pour sa disponibilité !

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About Guillaume Paquereau (71 Articles)
Amoureux de Gozilla depuis mon plus jeune âge, je suis devenu fan des Suns ! De Sir Charles à Dan Majerle en passant par Nash, via Stoudemire pour aller jusqu'à Devin Booker : PHX a le monopole de mon coeur. Je veux du soleil !

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