Le billet de Cathy Malfois – Mondial 1979, mon championnat du monde en Corée du Sud
Témoignage
Véritable légende du basket français, Cathy Malfois, notre consultante de luxe, a participé à un seul championnat du monde avec l’Equipe de France en 1979. A l’heure où les Françaises sont qualifiées pour les quarts de finale de la Coupe du monde, Cathy a décidé de nous évoquer aujourd’hui ce mondial si particulier.
Après 3 participations, en 1953, 1964 et 1971, l’Équipe de France féminine retrouve les championnats du Monde en 1979 à Séoul, Corée du Sud. L’équipe a très peu évolué depuis l’Euro polonais l’année précédente. Sont encore présentes Elizabeth Riffiod, Irène Guidotti, Maryline Joly, Christine Delmarle, Maryse Sallois, Anna Sarrabia, Viviane Labille, Agnès Ste Croix et moi-même. Les deux grandes Christine Gallard et Cathy Bosero succèdent à Dominique Leray et Françoise Quiblier qui ont mis un terme à leur carrière internationale. Florence Maire a elle aussi quitté le navire et est remplacée par la jeune Sylvie Simonetti.

De g.à d.: docteur Grumberg, coach JP Cormy, V.Labille, coach S.Bastié, A.Ste Croix, C.Malfois, E.Riffiod, A.Sarrabia,, C.Bosero, I.Guidotti, C.Gallard, M.Sallois, M.Joly,,S.Simonetti,C.Delmarle, accroupie kiné @ Cathy Malfois
Le voyage est long et épique. En escale pour 4 ou 5 heures au Japon, on nous interdit de quitter l’aéroport. Moi qui pensait voir Tokyo, c’est raté. Alors on lit, on joue aux cartes (pas de portable ni de wifi), on discute, on refait le monde, on regarde ébahies défiler les japonais avec des masques sur le nez. Nous n’avons encore jamais disputé de matchs en Asie. Séoul aussi est une découverte : des vélos, des vélos, des vélos ; des chiens partout ; de petites échoppes avec des tas de produits plus ou moins contrefaits ; une architecture insolite ; des gens très accueillants et un engouement étonnant des Coréens pour le basket féminin. Les cérémonies d’ouverture et de clôture sont grandioses, dignes d’un film hollywoodien : paillettes et confettis, danses traditionnelles, florilège de couleurs, etc. Les joueuses des différentes équipes se mélangent pour assister au spectacle (assises par terre, confort minimum), ça nous permet de discuter et…de perfectionner nos langues étrangères !

Cérémonie d’ouverture @Cathy Malfois
Nous sommes logées dans un hôtel 5*, ce qui pour l’époque est un sacré privilège. Nous nous régalons midi et soir au buffet du restaurant où les plats exotiques (serpent, chien aussi parait-il, mais je préfère ne pas le croire), côtoient une nourriture plus conventionnelle. Les serveurs sont au petits soins pour nous. Ce sont nos robes, qu’on dirait tout droit sorties d’un film d’époque, qui nous ravissent le moins. Qui a eu cette idée de génie ? Robe Rodier mi-longue grise, rose et blanche qui nous va à merveille, faut le dire très vite ! Et pour trouver des chaussures adéquates,je vous raconte pas…
Nous ressemblons toutes un peu à Vivian Leigh dans « Autant en emporte le vent », la classe en moins ! Je peux dire que moi, je me sens comme un pingouin dans le désert et pas de Gary Cooper à l’horizon pour me réconforter.Nous sommes plus à l’aise en tenue de sport et il faut quand même penser à jouer au basket. Nous évoluons à chaque rencontre devant plus de 20 000 spectateurs secouant de concert leurs éventails bigarrés. Pas un bruit en dehors de ce frissonnement de papier. C’est déconcertant !

Sans commentaire ! @ Cathy Malfois
Notre belle 4ème place en Pologne laissait augurer de belles choses. Après une défaite inaugurale contre des japonaises virevoltantes, la suite est plus réjouissante avec deux victoires contre le Sénégal et surtout contre le Brésil, plutôt bien côté dans la hiérarchie mondiale. On se prend à rêver !

De g.à d. dans le vestiaire : C.Malfois, A.Sarrabia, C.Bosero, M.Joly, C.Delmarle @ Cathy Malfois
Mais qualifiées pour le tour final, nous allons vite redescendre de notre petit nuage. Malgré les joyeux drilles de l’Ambassade de France qui rivalisent d’imagination pour nous encourager (ils emmènent au bord du terrain un coq vivant badigeonné de bleu, de blanc et de rouge), nous enchaînons 5 défaites de rang (aïe) contre l’Australie, le Canada, l’Italie, la Corée et Team USA. C’est terrible. Coachs Jean-Paul Cormy et Suzy Bastié s’arrachent les cheveux !
J’avoue que mes souvenirs sportifs de cette compétition sont un peu flous. Peut-être parce que tout cela manque cruellement de réussite et de panache ! Je sais simplement que malgré ces 5 défaites, nous terminons à la septième place de ce Mondial devant les Pays bas, le Brésil, la Bolivie, la Malaisie et le Sénégal. Mais où sont donc passés les pays de l’Est me direz-vous ? URSS, Hongrie, Bulgarie, Pologne, etc. ? Eh ! bien, en raison de la guerre froide qui bat son plein, ils boycottent la compétition. Ou plutôt, l’URSS ordonne à ses pays « frères » de faire comme elle (un an après, en 1980, ce sont les USA et leurs alliés qui en feront de même pour les Jeux de Moscou).
Ces absences conjuguées permettent à l’équipe américaine de mettre fin à l’hégémonie russe et à l’Équipe de France d’obtenir un classement plutôt flatteur compte tenu de son potentiel réel. Mais comme le dit le dicton, les absents ont toujours tort. La fabuleuse joueuse brésilienne Hortensia Marcari termine une fois encore meilleure marqueuse de ce tournoi. Irène Guidotti est la plus prolifique des françaises avec plus de 17 points de moyenne. Elle peut tirer sa révérence internationale ! Il faudra attendre 2006 pour voir l’Équipe de France féminine obtenir un meilleur résultat : 5ème.
LES RÉSULTATS DU GROUPE FRANCE
Poule de groupe :
- Japon 49-64
- Sénégal 68-38
- Brésil 76-64
Tour final :
- Australie 46-59
- Canada 59-72
- Corée 71-76
- Etats-Unis 59-80
- Italie 54-72
Cathy,
Très bel article Merci.
Bises. Jean et Yvette
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