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[Portrait] Aaron McKie, Streets of Philadelphia

Portrait

Montage Une : Adrien PMMP pour Basket Rétro

Des quartiers de l’Upper North à Midtown Village, Aaron McKie sillonne les rues de Philadelphie durant toute sa jeunesse. Au fond de lui, le fantasme de briller sous l’uniforme de Temple ou encore mieux des Sixers. Un rêve qui va devenir réalité. Toujours dans l’ombre des plus grandes superstars, Aaron sacrifie sa gloire personnelle pour le collectif. Retour sur une carrière Made in Phila.

GARDIEN DU TEMPLE

Pur produit de Philadelphie, Aaron McKie a sa ville natale chevillée au corps. Nommé coach de la fac locale de Temple en 2019, il œuvre actuellement pour redonner à l’université son prestige d’antan. Une gloire qu’il a parfaitement connue en tant que joueur au début des nineties. Et quand, plus tard dans sa carrière, il rejoint l’uniforme des Sixers, sa flamme est intacte. Avec une enfant passée dans les quartiers Nord de Phila, McKie rêve de touchdown avec les Eagles, de frapper un grand chelem avec les Phillies ou de rentrer un game winner avec les Sixers. Rapidement, le basket devient son sport de prédilection. A peine sorti de l’école, Aaron se rue sur le téléphone du domicile et compose inlassablement le numéro de standard des Sixers. Naïvement, il demande à parler à Julius Erving. Pas de chance, le Doctor ne sera jamais disponible pour une consultation. Pourtant, le gamin aurait bien eu besoin d’un peu de réconfort. Alors qu’il fête ses 9 ans, son père Woodrow succombe prématurément d’une crise cardiaque. Quelques mois plus tard, sa mère Pearl démissionne. Elle laisse la fratrie à sa sœur aînée Jackie, entraînant le déménagement d’Aaron dans le Sud de Philly. Avec une tante obligée de cumuler les jobs, il erre de rue en rue, sans surveillance. Privé de boussole familiale, il remonte inlassablement vers les quartiers Nord de son enfance. C’est là qu’il va trouver son nouveau QG, le Belfield Recreation Center.

Dans ce gymnase, McKie rencontre Bill Ellerbee, un habitué des lieux qui coache parallèlement l’équipe de basket de Simon Gratz High School. L’entraîneur le prend sous son aile et teste sa motivation en lui faisant nettoyer la salle après chaque séance d’entraînement. Tenace, Aaron résiste à ce traitement à la dure. Du coup, pour sa deuxième année au lycée, il rejoint Ellerbee dans les locaux de Simon Gratz. Pour mettre toutes les chances de son côté, il emménage chez une autre tante, Rose Key, dans l’Upper North Philadelphia. Sans enfant, Rose suit scrupuleusement les études de son nouveau protégé, tout en le gavant d’anecdotes familiales passées. Un cadre stable parfait pour passer à la vitesse supérieure. Surprise, McKie s’illustre d’abord au baseball en tant que lanceur. Prospect sérieux, il suscite même l’intérêt des White Sox et des Astros. Mais, son rêve à lui, c’est la balle orange. Son but, intégrer la fac de Temple, la fierté universitaire de la ville. Dans son année senior, il est l’un des meilleurs joueurs de la Philadelphia Public League avec 18.9 points, 9.9 rebonds et 7.2 passes par match. Une production polyvalente qui mène son lycée droit au titre d’état, son premier en 51 ans d’existence. Pourtant, ce n’est pas Aaron, le leader charismatique de l’équipe. Le tout jeune Rasheed Wallace, un autre natif de Philly, attire les foules par son jeu spectaculaire et éclipse McKie au second plan. Une caractéristique que l’on va retrouver tout au long de son parcours.

A la fin de son cursus, déception ! Aaron ne reçoit pas de bourse de la part de Temple. Le coach John Chaney est conscient de ses aptitudes pour l’avoir scouté à Simon Gratz, mais réclame un meilleur bulletin scolaire. Dépité, McKie se réoriente vers Coppin State University, une fac de seconde zone située à Baltimore. Début avril, il participe au Donofrio Tournament à Conshohocken. Un tournoi classique qui permet aux lycéens de Pennsylvanie et des états voisins de se montrer. Devant les recruteurs, Aaron atomise littéralement la concurrence. Dans les gradins, Mark Macon, l’arrière de Temple futur meilleur scoreur alltime de la fac, n’en croit pas ses yeux. Il intervient auprès d’un assistant coach pour plaider sa cause. Le lendemain, John Chaney rappelle McKie pour lui offrir le fameux sésame. Malgré cette bourse, il reste inéligible pour sa première saison chez les Owls. La faute à la NCAA’s Proposition 48, une défunte règle qui obligeait les athlètes d’avoir une note de 2.0 GPA (Grade Point Average) à leur examen d’entrée. Une règle jugée discriminatoire, puisque 90% des joueurs inéligibles étaient afro-américains à la fin des eighties. Cette Proposition 48 est devenue le cheval de bataille de nombreux encadrants universitaires. John Chaney, notamment, a critiqué à maintes reprises ce règlement dans Sports Illustrated ou le New York Times. Et pour cause, le coach de Temple est non seulement privé de McKie pour la saison 1990-91, mais également de son autre recrue phare, Eddie Jones, pour les mêmes raisons. Cette année sabbatique forcée, Aaron la prend comme un challenge. Il veut casser cette injustice sociale en prouvant qu’un jeune des quartiers défavorisés peut aussi avoir sa part du gâteau :

Aaron McKie-temple

© Owlsports.com

Ça m’a donné l’occasion de réfléchir. J’ai eu l’impression qu’encore une fois, la société m’interdisait des choses. D’abord, je perds mon père. Ma mère n’est plus là. Maintenant, on me sort cette règle académique. C’est encore une porte qui se ferme devant moi. Alors, je me suis dit : Je ne vais pas permettre que cela arrive à d’autres enfants. Je ne veux pas que la société ait une mauvaise perception des gens qui viennent d’où je viens. Je dois donc travailler dur pour obtenir mon diplôme, pour leur montrer de quoi je suis capable. Je voulais éviter qu’ils stigmatisent les jeunes enfants noirs.

McKie joint le geste à la parole. Chaque semaine, il quitte l’université pour se rendre au lycée Franklin Roosevelt. Il écoute le récit des gamins ballottés entre la prison et l’école ou en proie à des addictions à la drogue pour leur prêcher la bonne parole. Un leader par l’exemple qui endosse aussi ce rôle sur le parquet. Dès sa première campagne, il prend les rênes des Owls pour faire le trait d’union entre son coach et ses coéquipiers. Second de l’Atlantic 10 Conference, Temple tombe dès le premier tour du tournoi NCAA face au Fab Five de Chris Webber et Jalen Rose, 73 à 66. La saison suivante marque l’apogée du duo McKie-Jones, un one-two punch rebaptisé « Fire and Slice » sur le campus : le feu pour les arabesques aériennes d’Eddie Jones et le tranchant pour les drives d’Aaron. Si les fans chouchoutent le futur All Star des Lakers pour ses actions d’éclat, c’est bien McKie, l’homme à tout faire des Owls : 20.6 points, 5.9 rebonds, 3.3 assists et 2.3 interceptions sur cette campagne 1993 ! L’arrière n’est forcément élite dans un domaine, mais touche un peu à tout pour les besoins du collectif. Une polyvalence qui lui permet de rafler le titre de Meilleur Joueur de l’Atlantic 10 Conférence.

Avec la tête de série n°7 lors de la March Madness, Temple fait logiquement partie des contenders. D’entrée, le duo « Fire and Slice » est tout feu tout flamme : 48 points contre Missouri, 42 points face à Santa Clara et 40 points contre Vanderbilt. Pour la sixième fois de leur Histoire, les Owls accèdent à l’Elite 8 et retrouvent le Fab Five sur leur route. En tête de dix points avant la pause, Temple subit la loi de Chris Webber et Juwan Howard en seconde période (16 points et 14 rebonds). Muselé par Jalen Rose, Aaron se déchire aux tirs avec un piteux 7/20. Un écart qui ne pardonne pas, Michigan l’emporte d’une courte tête 77 à 72. Les rêves de titre s’envolent définitivement pour McKie. Même s’il maintient son niveau sur l’exercice 1994, il passe encore au travers contre Indiana dès le second tour en shootant à 7/24. Deux taches sur son CV qui ne jouent pas en sa faveur à la draft. Alors que son compère Eddie Jones, irréprochable pendant les différentes March Madness, se voit appeler à la dixième position par les Lakers, Aaron doit patienter un peu plus. Les arrières sélectionnés s’enchaînent : Khalid Reeves, son bourreau Jalen Rose, Eric Piatkowskiavant que les Blazers le choisissent avec le pick 17. Trois places plus loin, les Sixers, qui auraient pu conserver l’enfant du pays. Qu’importe ! McKie valide son double pari, devenir joueur professionnel et obtenir son diplôme si cher à son cœur. Avec son nouveau contrat, il envoie de l’argent à sa tante Rose et renoue même les liens avec sa mère Pearl, présente à ses côtés le soir de la draft.

FAIL BLAZERS

Aaron-McKie-portland

© Upper Deck

Chez les Blazers, une phase de transition est en marche. Après douze saisons passées sur le banc de Portland, le coach Rick Adelman change d’air, remplacé par PJ Carlesimo. Les deux finales NBA en 1990 et 1992 sont loin, désormais, pour cet effectif vieillissant, qui n’a plus passé un premier tour de playoffs depuis. Doublure de Clyde Drexler, c’est logiquement sur le banc qu’Aaron fait son apprentissage. Mi-février, il reçoit un coup de pouce du destin. Devant les résultats tout juste passables des Blazers, le front office décide de se séparer de son planeur iconique. Clyde the Glide s’envole pour Houston en échange d’Otis Thorpe et des assets. Un séisme pour les fans et une aubaine pour McKie. L’ancien Owl passe de 10 à 21 minutes de temps de jeu. Parfois titulaire, il boucle la saison à 8.3 points, 3.2 rebonds et 2.3 assists en l’absence de Drexler. Il découvre même les playoffs, le temps d’un sweep contre les Suns de Charles Barkley. A l’intersaison, Portland tourne définitivement une page en laissant filer les cadres, Terry Porter et Jerome Kersey. Aaron hérite du short de starter de Drexler, un cadeau empoisonné tant son jeu est aux antipodes. Avec un arsenal offensif résumé à des drives et du catch and shoot, il limite la casse : 10.7 points à 46,7% de réussite. Défensivement, en revanche, son physique robuste et sa vélocité en imposent aux meilleurs arrières de la ligue. Illustration en playoffs, où il maintient le shooteur Jeff Hornacek à 9 points et 4/13 aux tirs dans le Game 3 contre Utah. Dans le même temps, McKie ramène 16 points et 10 rebonds. Portland évite ainsi le sweep, mais plie dans les grandes largeurs de retour à Salt Lake City.

Ce roster des Blazers n’a clairement pas assez de talent pour passer un tour de playoffs. Le general manager Bob Whitsitt en est conscient. Il réalise coup sur coup deux transferts pour récupérer Rasheed Wallace et Isaiah Rider, après avoir drafté Jermaine O’Neal. Les premières pierres de la faumeuse équipe des Jail Blazers sont posées. L’ambiance devient plus électrique dans l’équipe. Rapidement, le coach PJ Carlesimo est dépassé. Début janvier 1997, Cliff Robinson se prend la tête avec Aaron en plein match pour un cafouillage au rebond. Les deux hommes sont renvoyés sur le banc avec une suspension pour Uncle Cliffy, qui a déversé sa rage sur le coach. Une semaine plus tard, McKie est expédié du côté de Detroit contre Stacey Augmon. Une fin de parcours brutale, annonciatrice de ce que vont devenir ces Blazers par la suite. A Motor City, le vestiaire est plus calme, heureusement. Aaron s’intègre immédiatement pour devenir le remplaçant attitré de Joe Dumars. En 20 minutes par match, il montre sa polyvalence : 6.3 points, 3.0 rebonds et 1.8 assists avec toujours de la bonne défense. Comme à Portland, il ne passe pas le premier tour de postseason, sorti en cinq matchs par les Hawks. Derrière Grant Hill, l’équipe manque d’un second scoreur efficace. C’est encore plus visible l’exercice suivant. Les Pistons tournent au ralenti avec un bilan de 11 victoires pour 14 défaites mi-décembre. Pour ajouter de l’huile dans le moteur, les dirigeants montent un trade avec les Sixers. Detroit accueille Jerry Stackhouse en échange de deux soldats, Theo Ratliff et McKie. Trois ans et demi après sa draft, c’est le grand retour d’Aaron dans sa franchise de cœur.

GOING BACK TO PHILLY

Alors qu’il réalise son rêve de gosse, son comeback dans la Ville de l’Amour Fraternel est plutôt houleux. La fanbase ne digère pas le départ de Stackhouse. Considéré comme le Next Jordan, il incarnait l’avenir post Charles Barkley. Avec la draft d’Allen Iverson l’année suivante, le public salivait déjà de leur association. Une cohabitation jugée impossible par le nouveau coach Larry Brown qui appuie sur le bouton reset après 16 défaites en 22 matchs. C’est surtout la contrepartie obtenue qui exaspère les fans. Se séparer d’un prospect à plus de 20 points de moyenne pour deux joueurs de banc besogneux, la pilule est dure à avaler. Et les débuts de McKie leur donnent raison. Il met plus de deux mois avant de franchir la barre des 10 points en attaque. Utilisé uniquement sur des missions défensives, il assiste impuissant à une saison bien terne des Sixers avec un bilan en 31-51. Le ménage continue pendant l’été : exit la diva Derrick Coleman et les éternels intérimaires Jim Jackson et Joe Smith. Pour entourer son futur All Star Iverson, la franchise mise sur des cols bleus comme George Lynch, Eric Snow et Matt Geiger… au plus grand désespoir des supporters. Pourtant, la formule se veut gagnante. The Answer devient le meilleur scoreur de la Ligue dans une saison tronquée par le lock-out. Sixième à l’Est, Phila réalise l’upset contre Orlando au premier tour avant de se faire dézinguer par les Pacers. Toujours réduit à un rôle de l’ombre, Aaron prend plus de place dans le vestiaire en devenant progressivement le compagnon de route d’Iverson. Une entente qui va bientôt se retranscrire sur le parquet.

Aaron-McKie-Allen-Iverson

© The Players Tribune

Trade deadline 2000, le front office opère un énième changement en se séparant de Larry Hughes. Un talentueux, certes, mais un peu trop gourmand en ballons pour évoluer aux côtés d’AI. Un changement qui bénéficie principalement à McKie qui grimpe dans la hiérarchie collective. Contre les Cavaliers, il tape son record en carrière (25 points) pour s’offrir le game winner en fin de prolongation. Il récidive quelques jours plus tard contre le Magic en inscrivant les lancers francs de la victoire. Avec cette équipe de soldats dévoués à Iverson, Philly gagne en crédibilité. Dans le même temps, Aaron conquiert progressivement le cœur des fans. Les Sixers atteignent les 49 victoires pour la première fois depuis dix ans. Les playoffs offrent des retrouvailles entre McKie et Eddie Jones, devenu le leader offensif des Hornets. Blessé à la fin du Game 2, Eric Snow doit déclarer forfait pour la suite de la série. Coach Brown décide alors de titulariser Aaron au poste de meneur. En bon couteau suisse, il s’adapte. Il maintient d’abord son ex-coéquipier à 5/18 aux tirs pour une victoire défensive (81-76), puis offre un récital dans le match 4 : 25 points et 11 assists. Mené 85-77 au début du dernier quart, McKie enquille 4 tirs primés de suite pour sortir Phila de l’embuscade. De nouveau, opposé à Indiana en demi-finale de conférence, il continue sur sa lancée pour devenir la seconde lame offensive de l’équipe : 14.5 points, 5.0 rebonds et 4.7 passes. Dans le succès des Sixers au Conseco Fieldhouse lors du Game 5, il flirte même avec le triple double : 13 points, 10 rebonds et 9 passes. Pas assez pour surmonter l’obstacle des Pacers, mais Phila vient d’envoyer un message au reste de la Ligue. Il faudra compter sur eux à l’avenir.

Confirmation dès la saison suivante. Avec Dikembe Mutombo en renfort dans la raquette, les Sixers survolent la régulière, 56 wins et une première place à l’Est. Cette fois, il faut remonter en 1983, année du titre, pour trouver une telle performance. Sixième homme officiel du système, Aaron s’éclate dans ce rôle. Dans la second unit, il prend en charge le scoring et le playmaking. Comme un symbole, il enchaîne deux triple double consécutifs début 2001, une première chez les Sixers depuis Billy Cunningham en 1970. En fin de match, Larry Brown l’associe à Iverson pour décharger défensivement sa star, McKie s’occupant systématiquement du meilleur guard adverse. Un rôle de garde du corps sur le parquet, mais aussi de grand frère en dehors. Dans la vie tumultueuse d’AI, Aaron fait figure de stabilisateur, freinant à maintes reprises ses sorties de piste pour le reconcentrer sur son jeu. Un duo complémentaire au sommet de la NBA, Allen recevant le titre de MVP cette saison-là et McKie celui de Meilleur Sixième Homme. Il récolte 57 votes sur 124 possibles, soit 30 de plus que son dauphin Tim Thomas. La consécration individuelle pour un joueur de l’ombre, un glue guy dévoué au collectif :

Je suis devenu vraiment à l’aise dans mon rôle. Je sais ce que je dois faire pour aider mon équipe. Je n’ai jamais été un gars qui se soucie de ses statistiques. La seule chose qui est importante pour moi est de gagner, et je l’ai dit à l’entraîneur Brown. Quoi que l’équipe ait besoin que je fasse pour réussir, c’est ce que je veux faire. J’essaie de faire bouger les choses quand je rentre en jeu et parfois ça fait la différence. J’observe et je bouche tous les trous qui doivent être remplis.

Aaron McKie-sixers

© The Sixers Sense

Les playoffs 2001 offrent d’entrée des retrouvailles avec les Pacers. Une bête noire qui s’impose 79-78 à Phila dans le Game 1. Aaron montre, alors, que les Sixers ne sont pas qu’un one-man-show. Il score 22 points prépondérants dans le match 3 pour reprendre l’avantage du terrain. Les Pacers ne reverront plus le jour. Avec 17.3 points de moyenne, McKie boucle sa meilleure série en carrière et totalise à lui seul plus de points que le banc entier d’Indiana. Lorsque Snow se blesse au tour suivant contre Toronto, Aaron se mue une nouvelle fois en meneur titulaire, pour un résultat du même tonneau. Dans le Game 7 décisif, c’est lui qui inscrit les quatre derniers points des Sixers avant que Vince Carter ne rate le tir de la gagne. En finale à l’Est face aux Bucks, il score plus de 20 points sur les trois premiers matchs pour terminer la série avec des stats ultra-complètes :  16.3 points, 5.3 rebonds, 6.7 assists et 2.4 interceptions. Il fallait tout ça pour se sortir de Milwaukee en sept matchs. Le titre de champion de conférence en poche, Philly s’apprête à défier l’ogre à deux têtes des Lakers. Invaincus jusqu’ici, Kobe & Shaq partent en grandissimes favoris pour le titre. La presse locale prédit que Tyronn Lue va mettre sous l’éteignoir Iverson. Réponse de The Answer dans le vestiaire : « Vous savez quoi, je vais détruire cet enfoiré ». Sur le terrain, ça donne 48 points, une victoire en overtime et une action iconique où AI enjambe Lue pour la postérité. Dans l’euphorie de l’exploit, la blessure à la cheville de McKie passe au second plan. Aperçu avec une botte de protection dès le lendemain, l’arrière déclare aux médias qu’il serrera les dents. Attitude courageuse, mais vaine. Aaron n’est que l’ombre de lui-même sur le reste des Finals, gêné dans ses déplacements latéraux et complètement rincé par une campagne éprouvante à l’Est. Les titulaires Eric Snow et George Lynch naviguent également entre pépins physiques et fatigue. Sans ses fidèles grognards au top, Phila lâche l’affaire 4-1. Les Sixers de l’ère Iverson viennent de dire adieu à leur meilleure chance de bague.

UN DUO A L’AMOUR FRATERNEL

Certain d’avoir trouvé la bonne formule pour entourer AI, le front office prolonge McKie avec un contrat très confortable de 42 millions sur 7 ans. Aaron peut s’installer durablement dans sa ville natale tout en triplant son salaire par la même occasion. Alors que ce deal devait cimenter le succès des Sixers, bizarrement il va coïncider avec leur lente redescente sur Terre. Ça commence dès l’intersaison avec la double opération d’Iverson et McKie à l’épaule. Leurs cinq matchs manqués sont autant de défaites pour Phila qui accuse un retard à l’allumage. Aaron enchaîne avec une arythmie cardiaque en décembre et une entorse à la cheville gauche fin janvier. Au total, ce sont 34 matchs de régulière qu’il passe à l’infirmerie. Toujours aussi solide statistiquement – 12.2 points, 4.0 rebonds et 3.7 passes – ses absences pénalisent les Sixers, auteurs d’un bilan décevant (43-39). Seulement sixième à l’Est, Philly subit la loi bostonienne du duo Paul PierceAntoine Walker dès le premier tour. Pendant l’été 2002, re-belote, Aaron passe sous le scapel, toujours pour son épaule droite. Les dirigeants échangent les restes de Mutombo contre Keith Van Horn sans que cela change quelque chose. Cette fois, ce sont les Pistons, beaucoup plus physiques, qui mettent fin prématurément à leur campagne. Jamais à court d’idée, le management tente des coups chaque intersaison pour retrouver l’élite de la conférence. Ainsi, se succèdent Glenn Robinson en 2003 puis Chris Webber en 2004 avec pour unique résultat un premier tour perdu sèchement contre les mêmes Pistons. Toujours sixième homme attitré de Philly, McKie n’a plus le même impact en sortie de banc. Même s’il obtient sa trentaine de minutes, il ne dépasse plus les 10 points de moyenne et semble usé physiquement en défense.

Aaron a bien quelques soubresauts comme son block décisif sur Mehmet Okur dans une victoire sur Detroit coaché désormais par Larry Brown. Ou encore ses deux shoots consécutifs dans les dernières secondes pour l’emporter in extremis sur le parquet des Hornets. Mais, avec le changement de coach, il est désormais relégué en bout de rotation. En 2005, il n’est utilisé que 16 minutes par match pour 2.2 points en moyenne. Contraints de faire des économies pour signer le pivot backup Steven Hunter, les Sixers coupent McKie en août. La fin d’une belle histoire entre la franchise et son fan de toujours. A 33 ans, sa cote est au plus bas. Ça n’empêche pas les Lakers de lui proposer un contrat de 5 millions sur 2 ans. Phil Jackson est de retour sur le banc après une année sabbatique et adore relancer les vétérans comme lui. Kobe Bryant est aussi intervenu dans cette signature. Ayant grandi à Philadelphie, le Black Mamba connaît Aaron depuis sa période Temple. Malgré ces soutiens de poids, son arrivée à Los Angeles se solde par un échec. Entre l’épaule, le dos et les chevilles, il ne participe qu’à 24 matchs chez les Purple and Gold avant d’être inclus dans le trade pour Pau Gasol. McKie ne rejoindra jamais les Grizzlies. Coupé par Memphis immédiatement, il met un terme à sa carrière. L’enfant de Phila ne s’éloigne pas longtemps du monde du basket. Un an plus tard, il devient assistant, chez les Sixers bien entendu. Chargé du développement des joueurs, il occupe cette fonction jusqu’en 2013, date d’arrivée du nouveau coach Brett Brown. Aaron ne connaîtra donc pas le fameux Process du general manager Sam Hinkie. Son nom reste attaché à l’âge d’or de la période Iverson. Il a réussi, là où Jerry Stackhouse, Larry Hughes ou Tim Thomas, trop préoccupés par leurs stats personnelles, ont échoué : bonifier The Answer. Avant l’installation d’Aaron dans les rotations, AI tournait à 23.7 points pour passer à 29.3 points sur les six saisons de leur collaboration. Le plus bel hommage à son rôle chez ces Sixers, c’est Iverson himself qui lui rend les larmes aux yeux, dans une interview accordée peu après l’annonce de sa retraite :

Aaron McKie… Aaron McKie… Aaron McKie. Je veux dire que, bien sûr, c’était mon coéquipier, mais c’était à un autre niveau entre nous. C’était mon coéquipier, mais surtout mon ami. Il m’a tellement aidé dans ma carrière. Je parle des erreurs que j’ai commises dans ma carrière. J’en ai fait un million, mais sans Aaron McKie, j’en aurais fait deux millions. C’est quelqu’un que j’ai toujours écouté et avec qui je pouvais parler de tout. Il m’a beaucoup aidé dans les problèmes personnels que j’ai eu dans ma vie. Ce n’était pas juste un coéquipier. J’aime beaucoup les gars avec qui j’ai joué, et je les aimerai toujours. Je ressens toujours de l’affection pour Eric Snow ou Theo Ratliff. Mais, avec Aaron c’était une relation différente. C’était plus que du basket entre lui et moi.

Aaron-McKie-Allen-Iverson-philabell

© Philadelphia Inquirer

STATISTIQUES ET PALMARES

  • Stats NCAA : 17.9 points à 42,1% de réussite, 6.4 rebonds et 3.3 assists
  • Stats NBA : 7.4 points à 43,8% de réussite, 3.3 rebonds et 2.7 assists
  • All-Atlantic 10 First Team (1993)
  • Atlantic 10 Player of the Year (1993)
  • Meilleur Sixième Homme de l’Année (2001)

SA CARRIERE EN IMAGES

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About mosdehuh (32 Articles)
Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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