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[Portrait] Mitch Richmond, une carrière solide comme le roc

Portrait

Mitch Richmond, qui fête aujourd’hui ses 57 ans,, malgré une carrière qui ne compte que très peu de distinctions collectives est certainement l’un des shooting guard les plus réguliers et les plus prolifiques de sa génération. 

Né en Floride en juin 1965, le jeune Mitch Richmond ne se tourne pas immédiatement vers le basket. Ce fan de Marvin Gaye qui chante dans les choeurs de l’église locale les jours de messe rêve dans un premier temps de faire carrière dans la Soul Music. Sous l’impulsion des copains du quartier, notamment un certain Michael Irvin qui deviendra plus tard le receveur des Cowboys de Dallas, Richmond trempe de près dans le foot US.  Mais dés lors que sa croissance se fait un peu plus pressante, Mitch se retrouve avec un ballon de basket entre les mains. Et plus personne ne parviendra à lui retirer.

SUR LA ROUTE DES JO DE SEOUL

RICHElève pas forcément brillant, Mitch Richmond est même à deux doigts de tout envoyer balader. L’école et le basket. Sa mère le pousse à persévérer. Après un parcours relativement sinueux, Richmond décroche enfin son cursus grâce aux sessions de rattrapages de l’été. Il intègre ainsi le modeste collège de Moberly dans le Missouri. Loin de sa mère, Mitch se confie au coach Dana Altman, avec qui il crée au fil du temps une relation filiale. Ce dernier s’évertue à pousser Richmond dans ses derniers retranchements. Il l’oblige à travailler sans relâche. Ailier de formation, Altman veut faire de son joyau un arrière solide capable d’aller au contact. Mitch progresse sur les parquets mais aussi sur les bancs de l’école ou il prend goût aux études.

La vie et la carrière de Richmond vont prendre un tournant décisif à l’été 1986. Coach Altman se fait débaucher par l’université de Kansas State. Bien entendu, le coach n’oublie pas d’emporter son poulain dans ses bagages. Mitch Richmond devient donc un Wildcat. Son talent ne tarde pas à éclabousser le championnat universitaire. Sa saison 87/88 est éclatante. Il tourne à 22,6 points, 6,3 rebonds et 3,7 passes de moyenne par match. Son pourcentage d’adresse à 3 points est de 46,9%. Pour parfaire un tableau déjà quasi parfait il s’adjuge le record du nombre de points inscrits sur une seule saison pour sa nouvelle Fac (768). Eliminés aux portes du final four, les Wildcats se feront sortir lors du tournoi de l’Elite Eight. Brillant sur les parquets, Mitch Richmond ne s’arrête pas en si bon chemin et décroche son diplôme de sociologie.

Convaincu des talents du joueur, le comité de sélection de Team Usa récompense Mitch de sa saison 4 étoiles en le retenant dans le groupe de joueurs qui décolle pour les JO de 1988. Direction Séoul aux côtés des David Robinson, Stacey Augmon et autre Dan Majerle. Sur le continent asiatique, les jeunes américains subiront une des plus grandes désillusions de l’histoire du basket US. Défaits en demi-finale du tournoi contre les Russes, l’équipe américaine est traumatisée par la tournure des évènements. Mitch Richmond se souvient :

 » Je nous revois sur le chemin de l’hôtel après la défaite. J’ai eu le sentiment que c’était le déplacement en bus le plus long de ma vie. Cette défaite nous a dévastés. Je crois que ne n’ai jamais connu revers plus amer tout au long de ma carrière. « 

RUN TMC ; 3 GARCONS DANS LE VENT

Malgré cet été pourri, Mitch a toutes les raisons de se réjouir. La NBA lui tend les bras. Direction Golden State et les Warriors qui le sélectionnent en 5ème position de la draft 1988. On retrouve notamment devant lui, au sein de cette cuvée, Rik Smits ou encore Chris Morris. A Oakland, Richmond posera ses valises durant trois saisons. Le temps pour lui d’empocher le titre de Rookie of the Year 1989. Au terme de sa deuxième saison chez les Warriors, la franchise ne parvient pas à décrocher de ticket pour les playoffs, mais l’arrivée du rookie Tim Hardaway au poste de meneur vient renforcer un backcourt déjà brillant. Hardaway rejoint ainsi Mitch Richmond et Chris Mullin. Ces trois là vont former l’un des trio les plus explosifs de l’histoire de la ligue. Au terme de la saison 90/91, ceux que l’on appellent désormais le RUN TMC (Tim/Mitch/Chris) pointent tous à plus de 20 unités par match. A chacune de leurs sorties, les compteurs s’affolent. Golden State joue vite et juste, et se hisse jusqu’en demi-finale de conférence où ils se font sortir par les futurs finaliste, en l’occurrence les Lakers de Magic Johnson. Si vous pensez que l’avenir s’annonce radieux du côté d’Oakland, c’était sans compter sur l’erreur de jugement du front office des Warriors. Ce dernier, soucieux de renforcer son secteur intérieur, ne trouve rien de plus judicieux que d’échanger Mitch Richmond aux Kings de Sacramento contre le prometteur Billy Owens. La suite de l’histoire ne donnera pas forcément raisons aux dirigeants californiens.

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Mitch passe alors d’une franchise au jeu flashy et inspiré, à une franchise qui n’a de royale que le nom. Les Kings sont englués dans les bas fonds des classements de la ligue, et rien dans l’immédiat ne semble pouvoir les en sortir. Richmond accuse le coup :

 » J’avais le cafard. Je n’arrêtais pas de penser à tous les efforts consentis par ma famille et moi pour en arriver là. J’avais un sentiment d’injustice dans la gorge. Quitter Golden State fut un crève coeur. « 

UN ROI PRESQUE SANS COURONNE

Mitch-Richmond-History-Main-Image-v3En débarquant à Sacramento, Mitch change tout d’abord de statut, endossant sans réellement le vouloir le rôle de franchise player, mais il change aussi de numéro de jersey. Bye bye le numéro 23, place au numéro 2 désormais. Richmond se tait, et enfile le bleu de chauffe. Il faudra 5 saisons à Mitch pour emmener sa franchise en playoffs. Un exploit, Sacramento n’avait pas gouté à la post season depuis 1986. 10 ans. Une éternité dans le monde de la NBA. En dépit de résultats collectifs désastreux, Mitch Richmond s’affirme saison après saison comme un solide All-Star. Dès sa seconde saison avec les Kings il est appelé pour le match des étoiles. Il le fût même l’année précédente, mais une blessure au pouce l’empêchera d’honorer sa sélection. All-Star il le sera d’ailleurs à 6 reprises, et uniquement avec le jersey de Sacramento sur les épaules. C’est lors de l’édition de 1995 que Richmond rendra sa meilleure copie. Devant le public de l’America West Arena de Phoenix, Richmond démontre en mondiovision qu’il est de la trempe des meilleurs. 22 points en 23 minutes ; suffisant pour s’adjuger le titre tant convoité de MVP. Quoi de plus logique finalement. Au moment de ce All-Star Game,  » The Rock  » enchaîne sa 6ème saison à plus de 21 points de moyenne. Un exploit qu’il rééditera durant dix saisons d’affilée. Jusqu’à l’année 1998 et son départ des Kings. Une performance taille patron, qui à l’époque le place dans un groupe de joueurs ultra-select ou se cotoient par exemple Jordan, Wilt Chamberlain ou encore Larry Bird. Tout le monde est unanime dans la ligue pour saluer le talent de Richmond. Un des hommages les plus vibrants provient de son adversaire Doc Rivers, actuel coach des Clippers, et joueur chez les Spurs au moment de son témoignage :

 » C’est un basketteur de la pire espèce. Très collectif, adroit, costaud : la pire espèce. Si on le marque à deux, il va trouver un coéquipier démarqué ; si on le prend en indiv’, il va dégainer son shoot ou dribbler jusqu’au cercle. Avec lui, on n’a que le choix du poison.. » 

Que dire de plus ? Il manque juste à Richmond la reconnaissance collective. Avec cette qualif’ pour les playoffs de 1996 on se met à croire à un avenir plus radieux pour les Kings. Mitch Richmond aussi commence à croire en son équipe et en ses coéquipiers. Malgré l’élimination au premier tour contre les SuperSonics de Shawn Kemp, l’effervescence est de mise à Sacramento à l’orée de la saison 1996/1997. Avec l’arrivée de Mahmoud Abdul Rauf, les spécialistes placent même les Kings dans la catégorie des outsiders potentiels. Richmond ne dit pas autre chose au moment de démarrer la saison :

 » L’an passé nous avons enfin atteint notre rêve en participant aux playoffs. On est tombé sur Seattle qui devait par la suite résister aux Bulls en finale. Je crois que nous sommes vraiment bien lancée et que notre courbe est en constant progrès. Sans bouleverser l’équipe, nous l’avons au contraire renforcer. « 

MITCH RICHMONDLa confiance est de mise pour le shooting guard. Lui qui sort d’un été olympique rayonnant où il a eu l’occasion d’effacer le mauvais souvenir des jeux de Séoul. Au sein de la Dream Team 3, Mitch prend part au sacre olympique des USA aux jeux d’Atlanta. Sur la lancée de cette performance estivale, Mitch Richmond réalise sa meilleure saison offensive au sein de la ligue. Il boucle l’exercice avec une moyenne de 25,9 points par match pour un total de 2 095 points inscrits, faisant de lui le quatrième scoreur NBA. Le hic, c’est que les Kings ratent les playoffs. L’absence d’un pivot dominant dans la raquette des Kings empêchent la franchise de franchir un palier et d’enchaîner après les résultats encourageants de la saison précédente. La hype Kings n’a même pas eu le temps de vraiment démarrer qu’elle est déjà finie. Avec un triste bilan de 34 victoire pour 48 défaites, les rois sont bien loin du trône au moment de faire les comptes et ils terminent à la 6ème place de la Pacific Division.

Mitch Richmond, la trentaine dépassé s’est désormais fait une raison. Le royaume des Kings ne dépassera jamais Sacramento. Avec ou sans lui. La fin de l’histoire est proche. Quelques blessures commencent même à faire leurs apparitions. Mitch Richmond continue à faire le taf, mais le coeur n’y est plus. Le front-office de Sacramento va alors utiliser Mitch, le seul joueur ayant une réelle valeur sur le marché pour rajeunir son effectif. En 1998, Richmond dit adieu à la Californie après une dernière saison où il est encore le meilleur marqueur de l’équipe avec 23,2 points. C’est donc après sept saisons de bons et loyaux services que Mitch Richmond quitte les Kings. Avec une moyenne par match de 23,3 points, 4,1 assists, 3,7 rebonds et un peu plus d’une interceptions en 517 rencontres (ou il fût à chaque fois titulaire), c’est l’esprit tranquille que Mitch peut laisser sa couronne au vestiaire. Dommage. Mitch commençait à se plaire vraiment en Californie, lui qui déclarait peu avant son transfert :

 » Aujourd’hui je suis bien chez les Kings Je sais que j’aurais une belle vie ici. C’est un endroit parfait pour élever une famille.  »         

Mais les dirigeants de Sacramento en décideront autrement. Ils veulent mettent le grappin sur Chris Webber, et pour ça Mitch Richmond servira de monnaie d’échange. Mitch traverse donc le pays et prend la direction des Washington Wizards.

CAPITALE RETRAITE ET BAGUE EN OR

mitch-richmondChangement de jersey ne signifie pas forcément changement d’objectif. Après les rois, place aux sorciers pour Mitch Richmond, mais à Washington la magie n’opère pas plus qu’a Sacramento. Si le roster ne manque pas de joueurs talentueux sur le papier (Juwan Howard et Rod Strickland sont dans la place), difficile de faire évoluer les mentalités quand l’habitude de la défaite ne choque plus vraiment personne. Les Wizards sont des loosers, et ils vont le rester un moment. Même Mitch Richmond n’échappe pas aux us et coutumes locales. Ses stats sont en chute libre et il passe pour la première fois de sa carrière sous la barre des 20 points de moyenne. Pas de playoffs en vue pour l’équipe de la capitale et beaucoup considérent Richmond en pré-retraite. Les blessures deviennent récurrentes avec l’âge, et lorsque Michael Jordan devient le GM de la franchise, sa majesté commence par faire la chasse aux gros salaires. A 36 balais, Richmond est prié d’aller voir ailleurs.

Un homme va alors penser à Richmond pour conserver l’équilibre de son effectif. Cet homme c’est Phil Jackson. Ce dernier court après le  » Three-Peat » avec les Lakers, et il cherche un remplaçant solide et fiable à Ron Harper qui vient de prendre sa retraite. Banco pour Mitch Richmond. Retour en Californie pour  » The Rock  » qui est en train de mettre sur pied le casse du siècle. Il reprend le numéro 23 de ses débuts et signe un contrat minimum. Mais l’essentiel est ailleurs pour lui. Il accepte le rôle que l’on lui donne, il joue peu et affiche des stats bien loin de ses standards en carrière. Mais le braquage est complet lorsqu’en Juin 2012 les Lakers remportent le titre. Richmond est de la partie, et même avec seulement deux petites apparitions en post season, ce titre lui appartient. Finalement, il faut plutôt considérer ce championnat comme la consécration d’une carrière. Richmond n’a jamais eu le matériel nécessaire autour de lui pour peser en playoffs. Peut-on alors lui reprocher sa joie pour ce titre ? Bien sûr que non ! Quand d’autres vétérans de la ligue, à l’image par exemple de Do’ Wilkins, décide de s’expatrier en Europe pour continuer à exister et prendre encore un peu d’argent, Mitch à pour sa part, eu l’intelligence de voir  ses ambitions à la baisse pour faire partie d’un effectif capable de jouer le titre. Quoi de plus beau que de remiser ses sneakers au placard après un titre NBA ? Rien bien entendu. Alors Richmond décide en 2002, à l’âge de 36 ans, de mettre un terme à sa riche carrière. Une carrière et un style de vie que le principal intéressé est surement le mieux placé pour résumer :

 » Je ne suis pas un type très flashy. Le dunk dans la tête de l’adversaire ce n’était pas vraiment mon truc. Moi, je suis un type tranquille. J’ai essayé de faire mon boulot au maximum de mes capacités physiques et mentales. « 

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Après 14 saisons au plus haut niveau, il est temps de dire adieu aux imitations en tout genre de Richmond, lui qui au fil des années s’était fait spécialiste de la caricature de ses collègues basketteurs. De Tim Hardaway à Zo’ Mourning,  » The Rock  » savait capter les tiques et les mimiques de ses coéquipiers et de ses adversaires pour les reproduire à la perfection. Grâce à cette retraite bien méritée, Mitch pourra continuer à étudié les habitudes de chacun tout en s’occupant de sa marque de vêtements et de son association. Cette dernière qui porte le nom symbolique de  » Solid as a rock  » a pour vocation d’aider à scolariser les teenagers en difficulté du côté de sa ville natale de Fort Lauderdale. Désormais tout jeune Hall Of Famer, Mitchell James Richmond III nous démontre par son implication auprès des jeunes que pour être un bon roi, nul besoin de couronne. Une attitude et une implication au sein de la communauté qui valent bien tout les titres et qui permettent à Mitch Richmond de prétendre à une dernière couronne. Celle du roi de coeur bien entendu.

SES STATS NBA

SON PALMARES

    • NBA Rookie of the year en 1989
    • 3 fois élu au sein de la All NBA second Team
    • 2 fois élu au sein de la All NBA third Team
    • 6 fois All-Star
    • MVP du All Star Game en 1995
  • Médaille de bronze aux JO de 1988
  • Médaille d’or aux JO de 1996
  • Champion NBA en 2002
  • Son maillot n°2 est retiré par les Kings de Sacramento
  • Hall of famer en 2014

SA CARRIÈRE EN IMAGES

Crédits photos : Ljsport/NBAE/Bigstory

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About Waka Bayashi (94 Articles)
Enfant des eighties, c'est au début des années 90 que je découvre la NBA. En 1993 j'obtiens mon brevet des collèges grâce à l'épreuve de Géographie au cours de laquelle je localise les plus grandes villes sur la carte des Etats-Unis, en ajoutant entre parenthèses le nom des franchises de la ligue, en espérant secrètement quelques points bonus. Fan des joueurs avec un taux de trash-talking élevé (coucou Reggie Miller), j'ai intégré l'équipe de Basket Rétro afin que mes parents soient fiers de moi.

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