[Infographie] Les 43 formules du championnat de France depuis 1949
Infographie
Au delà des classiques dimensions où le basketball projette son dribble, il en est une où s’échappe son inconscient le plus fou. Une zone où l’imagination vous fait basculer dans le non-sens absolu. Attention vous entrez dans la formule des playoffs du basket français!
Depuis sa création en 1921, le Championnat de France de basket a connu différents formats. Rien de troublant, sur une période aussi longue, il est normal de faire quelques ajustements. Les choses se sont compliqués avec la création de la LNB et des playoffs. L’enchaînement des formules baroques semblant échapper à toute logique humaine. Basket Retro va tenter vous faire comprendre l’impossible!
DES DEBUTS EXPERIMENTAUX
Peu d’infos concernant la période qui s’étale de 1921 à 1949, la connaissance précise du mode de fonctionnement du championnat de France ne débute que pour la saison 49-50. Première trouvaille, les playoffs en France ne date pas de la période LNB! En effet le championnat 49-50 possède la formule suivante: deux poules de huit équipes, à la fin de la saison régulière de quatorze rencontres. Les deux premiers de chaque poule sont qualifiés pour des demi-finales en un match sec. La finale se jouant pareillement sur une manche unique qui verra l’ASVEL d’André Buffière triompher de Monaco. Des mini-playoffs certes, mais des playoffs quand même! Cette formule a deux poules continuera jusqu’en 62-63 avec des variantes: parfois on supprime les demi-finales pour ne jouer le titre que sur un match unique entre leaders de poule ou on garde les deux premiers de chaque tableau pour les faire jouer un mini-championnat. Le titre est décerné à celui qui a le meilleur bilan au bout des trois matchs.
L’AGE D’OR DE LA (PRESQUE) STABILITE
Révolution pour commencer l’exercice 63-64: Les poules sont supprimées, tous les clubs s’affrontant dans un tableau unique. Le vainqueur est celui qui a le meilleur bilan a la fin de la saison. C’est l’ASVEL qui triomphe en remportant 16 matchs sur 22. Bagnolet le deuxième ne perdra que six matchs également mais sera handicapé par un match nul qui plombera leur bilan. Une formule simple, claire et compréhensible par un enfant de six ans. C’était peut-être trop simpliste pour les cerveaux brillants des dirigeants de l’époque: Deux ans plus tard, ils nous sortent un championnat à 32 équipes (!) divisées en quatre poules de huit, avec un mini-championnat pour les quatre équipes championnes de leur groupe! Se rendant compte rapidement que cette nouvelle idée n’est pas réaliste, nos élites font descendre 16 clubs (!!) à la fin de la saison pour revenir à deux poules de huit en 66-67, puis de recouvrer la raison l’année suivante et valider la réforme originelle. Le championnat à tableau unique alignera 12 saisons consécutives jusqu’en 1978-79, un record! En comptant sa dernière apparition en 84-85, cette formule aura eu 18 années de présence dans notre championnat, paix à son âme!
De 1979 à 1981, deux exercices un peu particuliers. Une saison régulière normale qui débouche sur trois poules de classement: La première qui prend le premier tiers des équipes pour désigner le Champion de France, la deuxième qui ne sert à… rien visiblement, à part désigner un Champion du Ventre Mou et la troisième qui est une poule de relégation. On aurait pu s’en passer.
SAISON 1986-87, LES PREMIERS VRAIS PLAYOFFS
Petite révolution au milieu des années 80. Le championnat français qui remarque que les playoffs, çà marche bien au pays des cowboys, décide de les importer. Des dirigeants du basket français avec un tout nouveau joujou entre les mains, vous la voyez venir la catastrophe?
La formule de ce championnat a, sans doute, été écrite sur un coin de table après un dîner trop arrosé. Une première phase de trois poules avec 23 équipes au total puis une deuxième phase de deux poules: la N1A qui regroupe les 12 meilleures équipes de la première phase et la N1B qui réunit les 11 plus faibles. Et les playoffs alors? La solution la plus simple serait de prendre le top 8 de N1A. Mais non malheureux c’est beaucoup trop facile! Les playoffs auront droit à des huitième de finale avec les 12 équipes de N1A et le top 4 des équipes de N1B (Avignon, Nantes, Cholet, Caen). Séries en aller-retour jusqu’à la finale au meilleur des deux manches qui verra le Orthez d’Hufnagel, Carter et Henderson triompher du Limoges de Dacoury, Kea et Ostrowski (avec une grosse castagne restée dans les mémoires).

La formule 86-87 aura décidément fait l’unanimité.
Le CCHN (Comité des Clubs de Haut Niveau, ancêtre de la LNB), crée en juin 1987, décide de préserver la santé mentale des joueurs, coachs, journalistes et supporteurs en supprimant rapidement ce gloubiboulga abominable! Enfin le professionnalisme affiché! On va finalement avoir droit à une formule carrée, intelligente et pérenne!
Saison 1987-88: Championnat à 16 équipes, 12 qualifiés en playoffs pour le titre de Champion. Quatre relégations: les deux derniers de N1A laissent leur place au champion et au vice-champion de N1B, les équipes classées treizième et quatorzième disputent des barrages avec six équipes de N1B pour déterminer les deux derniers tickets pour l’élite. Une formule loin d’être parfaite (surtout pour les relégations) mais qui aura le mérite de se poursuivre cinq années de suite.
1992-93, RETOUR EN ENFER !
Dialogue entre deux dirigeants de la LNB à l’été 1992:
-« Salut Jean-René! Dis tu te souviens de la première formule des playoffs, il y a six ans? C’était tout pourri, non? »
-« Bien sûr que je m’en souviens! C’était complètement nul! Mais pourquoi tu me demandes çà? »
-« Ben je te propose qu’on tente de faire quelque chose d’aussi naze pour cette saison, qu’en dis-tu? »
-« Tope-là! »
Ce dialogue fictif (bien qu’on ne sait jamais, il a réellement pu avoir lieu) n’a pas pour but de vous comprendre le pourquoi du comment de ce qui va suivre, car il n’y a rien à comprendre du tout!
Championnat classique à 14 équipes. Playoffs pas du tout classique à 24 équipes! Mais où sont-ils aller chercher la dizaine d’équipe supplémentaires? Mais en deuxième division bien sûr! Bienvenue aux seizièmes de finale! Bien entendu les équipes de deuxième division se feront broyer, aucunes d’entre elle ne dépassera les huitièmes! Un nouveau one-shot sans lendemain. Les têtes pensantes de la balle orange ont la fâcheuse habitude de se rendre compte que leurs idées sont mauvaises après leur mises en route, jamais avant.
95-96, ENFIN UN PEU DE LOGIQUE !
Huit équipes qualifiées en playoffs sur seize, deux relégations directes, elle est pas belle la vie? Il aura quand même fallu près de dix ans pour déboucher sur cette évidence! Des

« C’est pas vrai! Je vais bien finir par en gagner une, non? »
séries en deux manches gagnantes sauf la finale qui se joue au meilleur des cinq. Une des
plus belle finale de l’histoire. Pau-Orthez mène 2 à 0 avant de se faire rejoindre par l’ASVEL qui n’arrivera pas à conclure. Premier titre pour Antoine Rigaudeau et première occasion manquée pour Delaney Rudd.
Les trois manches gagnantes en finale ne seront (malheureusement) pas conservées mais cette mouture de post-saison restera vivante une dizaine d’année.
BIENVENUE A BERCY !
Le basketball français devient de plus en rare à la télévision a la fin du millénaire. La LNB décide de réagir en instituant une finale de playoffs en en match sec sur terrain neutre à Bercy pour la saison 2004-05. Cette formule serait plus adaptée aux exigences de France Télévision qui diffusera son seul match de basket de l’année! Cet ultime affrontement à Paris restera connu sous le nom de « Malédiction de Nancy » car le SLUC échouera trois fois de suite avant de réussir à l’emporter contre Roanne! On finit par se poser des questions sur l’intérêt de conserver ce dénouement unique car les équipes championnes défilent: huit différentes en huit ans! Les observateurs critiquent ce défilement de lauréats en y voyant une des causes de la faiblesse des formations de Pro A en Euroleague. La finale à Bercy a de moins en moins de raison d’être, surtout quand France Télévision finit par ne plus diffuser ce match, les audiences se révélant insuffisantes.
LA FIN DU BRICOLAGE ?
Pour son retour à une finale « normale », les playoffs de Pro A ont enfin une bonne initiative: récupérer la formule qui avait si bien marché en 1995-96! Ce qui n’empêchera pas le sacre d’une nouvelle équipe, la JSF Nanterre du coach Pascal Donnadieu qui triomphera de Strasbourg pour devenir le Champion de France 2013. La SIG apparaîtra comme le nouveau maudit des finales LNB, échouant chaque année à gravir la dernière marche (nouvelles défaites contre Limoges en 2014 et 2015 et contre l’ASVEL en 2016 après avoir pourtant mené 2 à 0).
Le basket français en a-t-il fini avec ses expérimentations? A-t-il compris, finalement , l’intérêt de garder une formule simple et claire plusieurs années de suite? Il serait temps.
Votre commentaire