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[Portrait] Anthony Parker, d’Orient en Occident

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Des joueurs qui échouent après deux saisons en NBA, c’est la routine. Par contre, devenir un double MVP d’EuroLigue, suite à cette déception, c’est plus rare. Ce parcours c’est celui d’Anthony Parker, un crack qui s’est révélé sur le Vieux Continent. Emblème de la dynastie du Maccabi Tel Aviv dans les années 2000, il a remporté tous les trophées possibles avant de retourner en NBA par la grande porte.

LA NBA, UN REVE DECHU

Attention à ne pas confondre Anthony Parker avec notre Tony national. Ici pas de TP Family, mais un environnement familial tout aussi propice au succès sportif. Le paternel Larry Parker a fait les beaux jours des Hawkeyes d’Iowa en NCAA dans les années 70. Quant à sa sœur, Candace Parker, on parle là du gratin du basket féminin, une médaillée d’or olympique, MVP de WNBA et deux fois vainqueur du championnat américain. A l’adolescence, les deux fréquentent la Naperville Central High School, un lycée situé dans la banlieue de Chicago. Comme sa sœur cadette, Anthony grandit avec les exploits des Bulls de Michael Jordan et ne rate jamais une occasion de se rendre au United Center. Une source d’inspiration pour lui au moment de se rendre à la fac. Il opte pour Bradley University, une institution située non loin de Windy City. A 18 ans, il est comparé à d’autres arrières glorieux passés par le campus comme Hersey Hawkins ou Chet Walker. C’est son arsenal offensif surtout qui intrigue. Fluide balle en main et doté d’un shoot extérieur fiable, Parker est un scoreur explosif dès son année freshman. Capable d’évoluer sur les postes d’arrière et d’ailier, il sait identifier instinctivement les duels à son avantage avec une sélection de tirs très propre. Il est d’ailleurs sélectionné par Team USA lors du Championnat des Amériques junior. En finale contre le Canada, il montre son talent avec 19 points inscrits aux côtés de Tim Duncan ou Paul Pierce.

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Anthony Parker en famille au centre © Chicago Magazine

Sa saison junior en 1996 est sans doute la plus aboutie avec 18.9 points à 42,2% derrière l’arc, 6.5 rebonds, 3.5 passes et 1.5 interception. Il mène les Braves au titre de Conférence pour atteindre le tournoi NCAA, une première depuis 1988 pour Bradley. Malgré l’élimination au premier tour contre Stanford, Anthony frappe fort sur la scène nationale en tapant son record personnel : 34 points, 10 rebonds et surtout 8 tirs primés réussis, un record là aussi pour la fac. Même si le swingman connaît un coup de mou au scoring en senior, son CV reste sur le haut de la pile au moment de la draft 1997. Par chance, la cuvée ne regorge pas d’arrières prometteurs. Derrière Derek Anderson, il est donc le second shooting guard à être appelé, à la 21ème position par New Jersey. Pas le temps de porter l’uniforme des Nets que deux jours plus tard, il est envoyé à Philadelphie dans le trade pour Keith Van Horn.

Dans un effectif construit autour d’Allen Iverson, le rookie ne reçoit que 5 petites minutes de temps de jeu pour à peine 2 points de moyenne. Un apprentissage qui tourne à la catastrophe quand Anthony se blesse la saison suivante. Scotché à l’infirmerie, il ne dispute que deux matchs avec les Sixers, avant d’être finalement échangé une nouvelle fois. Direction la Floride à Orlando, où il a une belle carte à jouer avec le départ du backcourt Penny Hardaway et Nick Anderson. Mais, nouvelle désillusion pour lui. Arrivé pour prendre en main la reconstruction du Magic, le coach Doc Rivers ne lui accorde pas sa confiance. Après 16 matchs et des statistiques anecdotiques (3.6 points et 1.7 rebonds en 11 minutes), il est coupé en janvier. Pour finir la saison, pas le choix, il se dirige vers le Quad City Thunder en CBA. Dans l’antichambre de la NBA, il se refait la cerise en trouvant du temps de jeu : 11.5 points, 4.6 rebonds et 2 passes. Durant l’été 2000, il s’engage avec les Raptors en Summer League pour accrocher une place dans un roster. Une ultime tentative qui se solde par un échec. Comme tant de prospects après deux ou trois saisons, Anthony Parker est obligé de dire adieu à ses rêves dans la Grande Ligue. Sa carrière désormais se tourne vers le sol européen.

L’EXIL POUR SE RELANCER

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© Getty Images

Pour ce nouveau chapitre de sa vie, Parker pose ses valises en Israël. En quête d’une grosse cylindrée européenne pour se relancer, il signe avec le Maccabi Tel Aviv. Un géant de la balle orange, hégémonique dans son championnat avec 51 titres de champion et 42 coupes d’Israël avant son arrivée. Sur la scène continentale, c’est plus dur, en revanche. Le Maccabi n’a plus remporté l’Euroligue depuis 20 ans. La défaite en finale contre le Panathinaikos la saison précédente a laissé de l’amertume aux fans si proches du trophée après une campagne quasi parfaite. Des fans qui doivent en plus pleurer le départ à la retraite de la légende vivante, Doron Jamchi, meilleur scoreur alltime de la Super League. Et qui pour le remplacer poste pour poste ? Anthony Parker… un défi immense qui attend le Yankee avant même de poser un pied sur le parquet. D’autant que le contexte géopolitique n’aide pas à son acclimatation. Parker débarque à Tel Aviv au début de la Seconde Intifada. Entre les émeutes palestiniennes et une armée israélienne à cran, l’insécurité est palpable dans tout le pays. Les attentats à la bombe terrifient le couple américain qui, dépassé par le conflit judéo-chrétien, pense rentrer immédiatement au bercail. Le staff du Maccabi tente de raisonner sa recrue qui finalement passe le cap des premières semaines :

Je me souviens de la première fois que je suis allé là-bas. Un attentat avait eu lieu et nous étions morts de peur. Nous ne voulions pas quitter la maison. Les voisins et le staff du club nous disaient : « Oh, ça va aller, tout va bien ». Mais, moi je me disais : « Comment pouvez-vous adopter cette attitude ? » Et finalement, je me suis retrouvé au cours des deux années suivantes à avoir la même attitude avec certains nouveaux joueurs qui étaient arrivés et qui avaient peur. Je pense que vous développez une sorte de cuirasse. Nous avons toujours été en sécurité, une sécurité renforcée. On l’avait dans les hôtels, dans le bus. En traversant les villes sur le chemin de la salle, nous avions des escortes policières. Pour nous, c’était la norme.

Sans distraction extérieure, Anthony se focalise sur son jeu. Avec 23 victoires sur les 25 premiers matchs de championnat, Tel Aviv déroule comme d’habitude. Une domination qui permet à Parker de retrouver des sensations comme en témoignent ses 18 matchs consécutifs avec plus de 10 points inscrits. Les fans découvrent un joueur athlétique capable d’électriser la foule sur des dunks ravageurs ou des missiles longues distance. 14 points de moyenne à 48% à 3 points, l’ex NBAer convainc les plus sceptiques. Des chiffres similaires à ceux qu’il propose en… SuproLigue. Eh oui, en cette année 2000-2001, l’organisation de l’Euroligue est récupérée par l’ULEB (Union des Ligues Européennes de Basketball), la FIBA n’ayant pas protégé le nom. Sans recours juridique, elle aménage de son côté une autre compétition baptisée SuproLigue avec deux poules de dix équipes. Une élite européenne divisée en deux qui n’empêche pas Tel Aviv de terminer en tête du groupe B avec 15 victoires en 18 matchs. Les tours suivants, le Maccabi élimine sèchement le Slask Wroclaw puis Pesaro pour accéder à son second Final Four consécutif. Devant un public de Paris-Bercy qui affiche complet pour l’événement, les Israéliens disposent du CSKA Moscou en demi-finale (86-80) pour retrouver son bourreau du Panathinaikos dans un remake de la finale précédente. Porté par son duo Nate Huffman et Ariel McDonald (21 points chacun), le Maccabi se met à l’abri rapidement. Derrière ce tandem terrible, Parker est dans ses standards avec 13 points, 6 rebonds et 3 passes. Il n’en faut pas plus pour surclasser le Pana de Dejan Bodiroga sur le score sans appel de 81-67. Pile 20 ans après son dernier sacre continental, Tel Aviv retrouve les sommets. Quant à Anthony, il s’adjuge deux trophées collectifs pour sa première saison Outre-Atlantique.

La scission entre l’ULEB et la FIBA ne dure heureusement qu’une saison. Dès 2001-2002, l’Euroligue retrouve la crème européenne réunie dans une même compétition. Le Maccabi vainqueur de la SuproLigue et Kinder Bologne de l’Euroligue sont les grandissimes favoris avec des effectifs inchangés. Complètement relancé après ses galères en NBA, Parker devient le leader offensif de Tel Aviv avec 16.5 points. Dans le Top 16, les Israéliens terminent à la première place de leur groupe devant Vitoria, le CSKA Moscou et Istanbul. Direction le Final Four à Bologne pour la troisième saison consécutive avec une opposition contre le Pana dès les demi-finales. Un duel devenu un classique des années 2000’s. Une belle sous haute tension encadrée par 250 policiers qui tient toutes ses promesses. Indécis jusque dans les dernières minutes, le match bascule sur des actions d’éclat de Dejan Bodiroga. L’ailier fait pencher la balance pour le Pana avec 26 points dans une victoire 83 à 75. Après cet échec, Parker prend une longue pause estivale pour la naissance de son premier enfant. A son retour de congés paternité, surprise, l’Américain s’engage avec la Virtus Roma. Dans le ventre mou de la série A depuis le milieu des eighties, le club est ambitieux avec son duo de feu Carlton Myers & Anthony Parker. Les deux gâchettes cartonnent en championnat avec une seconde place de saison régulière à la clé. En playoffs, Parker score 68 points en 3 matchs contre la Fortitudo Bologne, mais cède sur cette demi-finale au terme du match d’appui. Les Romains décrochent tout de même leur billet pour l’Euroligue, l’objectif initial du club. Mais, à l’intersaison, nouveau coup de théâtre. Anthony ne disputera pas la compétition européenne avec la Virtus !

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© Virtusroma1960.it

L’AGE D’OR DU MACCABI

Depuis quelques mois, l’ambiance israélienne lui manque. Du coup, malgré des propositions de la part de clubs italiens et du CSKA Moscou, il choisit de retourner au Maccabi. Une jolie preuve d’affection pour un pays qu’il avait failli quitter immédiatement. Et il n’est pas le seul à rejoindre l’armada de Tel Aviv. Prêté à l’ASVEL en 2002, le pivot croate Nikola Vujcic fait également son come-back dans l’équipe. Pour finaliser ce recrutement 3 étoiles, le club signe le meneur lituanien Sarunas Jasikevicius. Une superteam qui survole les compétitions nationales. Doublé coupe et championnat, Anthony Parker rajoute logiquement un titre de MVP de Super League avec une ligne statistique impeccable en playoffs : 15.0 points à 63% de réussite, 6.5 rebonds et 5.0 assists. Un premier trophée individuel qui en appelle d’autres. En Euroligue, le Maccabi remplit les minimas avec une seconde place du groupe B derrière Moscou. Qualifiés pour le Top 16, les Israéliens jouent leur avenir dans le dernier match contre le Zalgiris Kaunas d’Arvydas Sabonis. Dans un mano a mano incessant, Tel Aviv doit son salut à un tir longue distance au buzzer de Derrick Sharp pour arracher la prolongation. Une occasion que ne rate pas Jasikevicius pour faire la différence avec 37 points au total. Un exploit synonyme de Final Four qui se tient, qui plus est, à domicile dans une Nokia Arena survoltée. Dans le dernier carré, Parker éclabousse les adversaires de son talent : 27 points en demi-finale contre le CSKA Moscou. Tirs primés clutchs, drives gagnants ou alley-oops, l’ailier évite au Maccabi de sombrer en première mi-temps et porte son équipe en seconde vers une victoire au panache 93-85. C’est dans une ambiance exceptionnelle avec un public en communion totale avec son équipe que Tel Aviv défie la Fortitudo Bologne en finale. Une opposition à sens unique qui voit le Maccabi détruire les Italiens 118-74, soit le plus gros écart alltime d’une finale d’Euroligue. Auteur de 21 points en 29 minutes, Anthony déclenche une fièvre jaune sur chacun de ses dunks. Un récital ponctué par un titre de MVP des Finals.

Prochain objectif de Parker et sa bande, le back to back ! Une performance qui n’a plus été réalisée en Euroligue depuis 1990 et la consécration de Split. Dès le début de la compétition, Tel Aviv se livre à une domination sans partage avec la première place assurée dans le groupe B. Puis, le Maccabi se permet même le luxe de terminer invaincu lors du Top 16. En plein dans son prime, Parker domine de la tête et des épaules. En novembre, il s’offre son record en Euroligue contre Villeurbanne avec 33 points. Intenable en fin de match, il renverse à lui seul la défense de l’Asvel pour une victoire au finish 85-80. Le premier succès du Maccabi sur les terres villeurbannaises après deux échecs en 2000 et 1978. A l’image de son club, il déroule sans forcer pour finir la compétition à 18.4 points à 54,5% aux tirs et 47,6% longue distance, 5.3 rebonds, 3.6 passes et 2.0 interceptions ! Des statistiques lourdes qui lui valent son premier trophée de MVP de saison régulière. Les quarts de finale sont avalés sans encombre contre Pesaro, éliminé deux manches à zéro. Le Final Four qui se tient à Moscou propose d’entrée le choc contre le Panathinaikos. Grâce à sa doublette intérieure Maceo Baston et Nikola Vujcic, Tel Aviv vire en tête à la pause (49-41) avant de se faire dépasser par un run mené par Dimitris Diamantidis. Le coach israélien Pini Gershon s’appuie alors sur la profondeur de son effectif avec 6 joueurs à plus de 10 points pour arracher le money time (91-82). La finale face au Tau Vitoria offre moins de suspense. Peu en réussite, Parker se la joue collectif avec 6 assists dans une victoire 90-78. Le Maccabi réalise la passe de deux sur la plus grande scène européenne. Considéré comme le meilleur joueur du continent, Anthony Parker savoure sa revanche après son échec en NBA :

Je joue à un haut niveau dans un club et un pays où les attentes sont énormes. Je n’échangerais cela contre rien au monde. J’ai joué en NBA, cela n’a pas vraiment marché. Tant pis… Je suis très heureux comme ça. Est-ce que je peux jouer en NBA ? C’est une question qu’il faut poser aux scouts. Après ma deuxième saison au Maccabi, je me suis interrogé pour savoir quel était le meilleur endroit pour ma famille et moi. À Tel-Aviv, on vit très bien en dehors du terrain, et sur le terrain je vis aussi des choses incroyables, très fortes avec cette équipe. C’est difficile d’exprimer ce que j’ai ressenti ces deux dernières saisons. Je crois que personne, n’importe où au monde, n’a jamais vécu quelque chose de semblable. Jamais en NBA vous n’aurez cette passion, ces fans, cette atmosphère qu’il y a en Israël !

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© Getty Images

La quête du triplé n’est pas une mince affaire. Seuls Riga dans les années 50 et le Jugoplastika Split de Toni Kukoc sont parvenus à un tel enchaînement. En plus, le Maccabi perd son meneur Jasikevicius à l’intersaison, parti rejoindre les Pacers en NBA. Pour combler ce trou, Parker est au four et au moulin. Moins de scoring certes (14.8 points), mais davantage de rebonds (6.9 prises) et de passes décisives (3.8 assists). La phase de poule permet de vérifier que Tel Aviv fait encore partie des favoris. Première place de son groupe devant Istanbul et toujours leader au second tour en surclassant le Real Madrid. Son billet pour le Final Four, le Maccabi le tamponne sur un match d’appui contre l’Olympiakos en quart de finale, remporté sur le fil, 76-73. Une qualification à l’arrachée, mais qui devient une habitude pour Parker : « C’est mon cinquième Final Four et chaque année, ça devient de plus en plus dur, mais de plus en plus savoureux ». Le finaliste 2005, Tau Vitoria, ne fait pas trembler les Israéliens en demi (85-70). Sur la dernière marche, Tel Aviv affronte le CSKA Moscou. Un duel de géants européens dans lequel les Russes font la course en tête sans avoir un avantage décisif. Revenu à deux points à 6 secondes du buzzer, le Maccabi cède sur des lancers du meneur Trajan Langdon (69-73). Abonné à la finale de l’Euroligue avec quatre participations en cinq ans, Anthony se console avec un autre titre de MVP de saison régulière. A bientôt 31 ans, son statut de superstar en Europe est à son paroxysme. Pourtant, pendant l’été 2006, il décide de tout remettre en question. Dragué par les Raptors depuis plusieurs mois, il cède aux chants des sirènes NBA et traverse l’Atlantique dans l’autre sens.

LE RETOUR EN GRACE EN NBA

L’Histoire entre Toronto et Parker a commencé le 16 octobre 2005 lors d’un banal match d’exhibition entre le Maccabi et les Raptors. Ce jour-là, dans le Air Canada Center, les fans ont découvert sa palette offensive. Non seulement, l’ailier a empilé 24 points contre les Canadiens, mais il s’est adjugé  un game winner de toute beauté. Une action d’éclat conclue au buzzer sur la tête de Morris Peterson, qui marque la première victoire d’un club européen sur une franchise NBA depuis plus de 27 ans ! Cette défaite des Raptors est annonciatrice de la saison qui les attendait. 27 wins seulement pour des Canadiens privés de playoffs depuis quatre ans et le départ d’un certain Vince Carter. A l’intersaison, le general manager Bryan Colangelo donne un coup de pied dans la fourmilière. Il entame une reconstruction autour de sa star Chris Bosh, reconduit pour 4 ans avec un contrat max. Pour l’épauler, le GM va faire ses courses sur le Vieux Continent. Avec le First Pick en poche, Toronto sélectionne d’abord le rookie italien Andrea Bargnani. Ensuite, Colangelo convainc le vainqueur du trophée Mister Europa 2006, l’Espagnol Jorge Garbajosa, de faire le grand saut en NBA. Pour finir, il arrache Anthony Parker des mains de Tel Aviv. Un départ difficile à vivre pour l’ailier tant il s’était entiché des fans israéliens et de la culture du pays. Pour rendre hommage à son expérience au Maccabi, il choisit de porter le numéro 18, un nombre très emblématique dans le monde hébraïque, symbolisant un cri à la vie.

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© Getty Images

Sept ans après son départ forcé des Etats-Unis, Anthony revient en NBA par la grande porte. D’emblée, il est aligné comme titulaire par son coach Sam Mitchell. Il hérite même du second temps de jeu de l’équipe derrière Chris Bosh avec plus de 33 minutes passées sur le parquet. Il donne le ton avec 22 points pour ses débuts contre les Nets, une barre des 20 unités qu’il atteint à sept reprises. Alors que l’on pouvait craindre une adaptation difficile, Parker affiche des statistiques solides en régulière : 12.4 points, 3.9 rebonds et 2.1 passes. Avec 44,1% de réussite longue distance, il intègre même le Top 4 des snipers NBA. La reconstruction de Toronto est loin du fiasco annoncé. Au contraire, les Raptors retrouvent l’appétit avec une série de 7 victoires sur les 10 derniers matchs. Sur ce run, Parker émerge à 18 points de moyenne à 49% derrière l’arc ! L’exercice est bouclé avec 47 victoires, soit le meilleur bilan de l’Histoire de la franchise et le premier titre de division pour les Canadiens. Pour sa découverte des playoffs, Anthony défie New Jersey, où un duel contre Vince Carter, l’ennemi public n°1 à Toronto, l’attend. Sur les deux premières confrontations, le Raptor limite Vinsanity à 13 sur 43 aux tirs avec une défense étouffante. De l’autre côté du terrain, Parker ajoute 26 points dans le Game 2 pour faire plier les Nets. Une revanche sur l’équipe qui l’avait drafté dix ans plus tôt pour le marchander immédiatement dans un trade. Et une performance qui le met soudain sous les feux des projecteurs nationaux. Les Américains découvrent ce joueur trentenaire au parcours peu orthodoxe :

Je ne me sens pas dans la peau d’un héros, mais c’est vrai que j’ai attendu un moment pour obtenir cette première victoire en playoffs. Je l’apprécie. C’est un long voyage pour moi. Beaucoup de gens essaient de décrire mon séjour en Europe comme une punition. Mais, ça ne l’a pas été. Je suis évidemment heureux d’être de retour en NBA, mais aussi reconnaissant pour le chemin parcouru en Europe. J’avais l’impression de ne jamais vraiment avoir eu ma chance en NBA. C’était ça le plus décevant, parce que je pensais avoir le talent pour y parvenir.

Malheureusement pour les Raptors, le réveil de Vince Carter a lieu dès le match 3. Avec 28.8 points de moyenne sur les quatre rencontres suivantes, il élimine quasi à lui seul son ancienne équipe. Malgré cet échec, Parker a marqué les esprits et gagné le cœur des fans. Il confirme son statut la saison suivante en étant le second scoreur de Toronto avec 12.5 points, toujours avec une précision d’orfèvre à 3 points (43,8%). La campagne 2007-08 est marquée par de nombreuses blessures chez les titulaires. Anthony est l’un des rares Raptor à participer aux 82 matchs de régulière. Et quand Chris Bosh est à l’infirmerie pour un petit mois, c’est lui qui prend le lead en attaque avec 19.1 points sur cette période. Parker s’éclate dans le rôle du glue guy, un vétéran capable de se coltiner le meilleur joueur adverse, de scorer efficacement sur certaines séquences et de colmater le collectif par sa polyvalence. Dans la douleur, les Canadiens arrachent la sixième place de la Conférence Est pour affronter le Magic au premier tour des playoffs. Face à Dwight Howard archi-dominant (22.6 points et 18.2 rebonds sur la série), Toronto ne remporte qu’un seul match. Parker, lui, perd son opposition directe avec Hedo Turkoglu. L’équipe a atteint son plafond avec deux éliminations au premier tour. Pour doper le roster, le front office s’attache les services du All Star Jermaine O’Neal. Une greffe dans la raquette avec Chris Bosh qui ne prend pas. O’Neal est échangé à son tour contre Shawn Marion. Les trades, le changement de coach ou de titulaires, rien n’y fait. Les Raptors terminent dans le ventre mou de la conférence. Anthony s’affiche encore à plus de 10 points de moyenne et pour les besoins de l’équipe devient le second créateur avec quasiment 4 assists par match. Arrivé en fin de contrat à 34 ans, il se lance un ultime défi : gagner le titre NBA.

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© Getty Images

En juillet 2009, Parker signe avec les Cavaliers, l’un des prétendants les plus sérieux à l’Est. Autour de LeBron James, Cleveland ramène de l’expérience avec les arrivées également de Shaquille O’Neal et Antawn Jamison. Loin de jouer les utilités en bout de banc, Anthony est aligné 81 fois dans le 5 majeur pour 28 minutes de temps de jeu. Dans le costume du 3&D, il dégaine à 41,4% derrière l’arc et contribue activement au travail de l’ombre. Avec 61 victoires en régulière, Cleveland ambitionne la bague et rien d’autre. En demi-finale contre le Big Three des Celtics, Anthony fait de son mieux avec trois matchs consécutifs en double chiffre au scoring. Pas assez pour soutenir le King. Les Cavaliers finissent au tapis en laissant filer trois matchs de suite. L’échec de trop pour LeBron qui rejoint South Beach pendant l’été. Les rêves de titre pour Parker s’envolent en même temps. Dans une équipe en reconstruction, il participe à deux saisons supplémentaires dans l’Ohio sans dépasser le seuil des 22 victoires. Des campagnes laborieuses illuminées par quelques coups d’éclat, comme lors du retour de LeBron à Cleveland en mars 2011. Le soir choisi par Anthony pour claquer 20 points au nez de King James dans une victoire très symbolique. En avril 2012, à quasiment 37 ans, il se permet de battre son record en carrière, en collant 27 points aux Bucks à 11 sur 14 aux tirs. Dernier coup de chaud avant d’annoncer sa retraite sportive quelques jours plus tard. Anthony tire un trait sur une carrière atypique faite d’immenses succès Outre-Atlantique qui lui ont permis de revenir plus fort en NBA. En guise de reconnaissance, le Maccabi l’introduit dans son Hall of Fame en 2016. Une reconnaissance qui dépasse largement le cadre de Tel Aviv, puisque Parker a aussi intégré la liste des 50 plus grands contributeurs en Euroligue. Une liste sur laquelle, on retrouve 35 joueurs dont quatre seulement sont américains. C’est dire si son passage dans cette compétition a marqué les esprits.

STATISTIQUES ET PALMARES

  • Stats NCAA : 15.0 points à 44,7% aux tirs, 5.7 rebonds et 3.2 assists
  • Stats Euroligue : 16.0 points à 53% aux tirs, 5.8 rebonds et 3.0 assists
  • Stats NBA : 9.1 points à 44,4% aux tirs, 3.2 rebonds et 2.3 assists
  • Player of the Year de la Missouri Valley Conference (1996)
  • Vainqueur du Championnat d’Israël (2001, 2002, 2004, 2005 et 2006)
  • Vainqueur de la Coupe d’Israël (2001, 2002, 2004, 2005 et 2006)
  • Vainqueur de l’EuroLigue (2001, 2004 et 2005)
  • MVP de l’EuroLigue (2005 et 2006)
  • MVP du Final Four (2004)
  • Membre de l’EuroLigue 2000-10 All-Decade Team
  • Membre des 50 plus grands contributeurs de l’EuroLigue

SA CARRIERE AU MACCABI EN IMAGES

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About mosdehuh (31 Articles)
Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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