Le coin lecture #9 : « Loose Balls : Easy Money, Hard Fouls, Cheap Laughs and Tru love in the NBA » de Jayson Williams (1999)
Lecture
Basket Retro vous ouvre les portes de sa bibliothèque et propose de vous faire découvrir ou redécouvrir un ouvrage sur l’histoire de la NBA. Cette semaine, le fantasque Jayson Williams et le bien nommé « Loose Balls »
L’AUTEUR
Jayson Williams (à ne pas confondre avec le White Chocolate Jason Williams) est un personnage haut en couleur de la NBA des années 90. Drafté par les Suns en 1990 avec qui il ne jouera pas une minute, il débute sa carrière avec les 76ers de Charles Barkley avant d’être échangé aux Nets de New Jersey en 1992. C’est à East Rutherford que sa renommée de rebondeur féroce se construit : il est même désigné All-Star en 1998, rencontre qui se joue chez lui au Madison Square Garden. Sa carrière s’arrête net le 1er avril 1999 : une collision avec Stephon Marbury et une jambe brisée alors qu’il venait de signer un énorme contrat.
Mais Jayson Williams, c’est aussi un parcours tourmenté : Une enfance difficile, abusé étant petit, et des épreuves terribles comme la perde de ses deux sœurs, décédés du SIDA. Il adoptera les filles de ses sœurs par la suite. Il grandit avec des parrains de la mafia New Yorkaise, qu’il garde dans son entourage tout au long de sa carrière NBA.
Il est aidé par le journaliste sportif Steve Friedman
LE LIVRE
Tout d’abord le titre « loose ball ». Comment ne pas voir l’incroyable ironie (littéralement balle perdu) quand on sait que Jayson Williams sera au cœur d’une sombre affaire quelques années plus tard a savoir la mort accidentelle en 2002 de son chauffeur, Costas Christofi, d’une balle perdue alors que Williams jouait avec son pistolet.
Mais « Loose Ball » n’est pas un livre comme les autres. Ce n’est ni une autobiographie, ni le récit d’une carrière ou d’une saison. C’est un recueil d’anecdote raconté par Jayson Williams sur sa vie,carrière de star NBA, mais aussi ses coéquipiers, coachs, …. Et le rebondeur n’a pas sa langue dans sa poche.
Les catégories faisant office de chapitres parlent par elle-même : « Les joueurs les plus méchants, drôles, soft et qui sentent le moins bon de la ligue ou comment Larry Bird est meilleur que la plupart pensent, Hakeem est plus méchant et Jordan le plus terrible » , « plaisir de le chair, temptation de l’esprit ou comment Charles Barkley m’a pris son son aile et effacé quatre années de ma vie » ou encore « Race et racisme ou la nuit Tom Gugliotta a dit à Keith Van Horn (le grand espoir blanc) : il n’y a qu’un Sheriff en ville et l’a détruit avec 35 points ».
Des histoires sombres sur son enfance aux anecdotes hilarantes sur sa carrière, on passe du coq à l’âne, sans véritable logique. C’est même à se demander si certaines histoires ne sont pas inventés de toutes pièces tant elles sont incroyables : Manute Bol, dont il dit qu’il avait 55 ans lorsqu’il jouait avec les 76ers, qui boit des bières à la mi-temps dans le vestiaire. Armen Giliam, son voisin et ami, pingre, qui va se brancher chez lui pour économiser l’electricité ou encore ses beuveries avec Charles Barkley…

En lisant ce livre sachant la suite de la vie de Jayson Williams, on se dit aussi que l’« accident » qui causa la mort de son chauffeur semblait inévitable. Déjà son enfance marquée la violence de son père qui reste son modèle, le racisme banalisé qu’il subit même dans sa propre famille (sa mère est blanche, son père est noir : il raconte à un moment avoir dû dormir dans la niche du chien chez une tante du côté de sa mère) mais aussi sa passion pour les armes à feu. Williams les adore et en porte quasiment tout le temps avec lui. Il menace même à un moment l’oncle de Manute Bol avec cette arme suite à un différent.
D’ailleurs, plusieurs extraits du livre seront utilisés lors du procès de Williams pour illustrer cette addiction aux armes comme la fois où il est à deux doigts de tuer le receveur des Jets de New York, Wayne Chrebett lors d’un entrainement de tir. Williams s’est retourné, surpris par un bruit au moment de tirer et son part à côté de la joue de Chrebett. Le pauvre Chrebett n’est pas touché mais K.O. Jason Sehorn, Safety des New York Giants qui a assisté à la scène par en courant dans la maison, d’effroi. Williams envoi ses « hommes » suivre Sehorn pendant qu’il réanime Chrebett. Plein d’ironie (ou pas), il avouera plus tard à Sehorn alors que Chrebet s’est réveillé que ses hommes auraient du l’éliminer si il était arrivé quelque chose de grave… glaçant.
Sur le terrain, Jayson Williams n’est également pas sur la réserve. Il révèle certaines conversations avec des joueurs, comme ce jour où, après un mauvais commentaire de Rick Barry à son sujet, il dit sur le terrain à son fils, Brent : « je n’aime pas ton père », ce à quoi lui aurait répondu le Clippers « moi non plus je ne l’aime pas » ou alors la frustration de Rod Strickland après l’échange avorté en Gheorghe Muresan et Williams « tu y crois que mes proprios ont refusé de t’échanger contre cet idiot ! » Ambiance..
EXTRAIT
« Charles Barkley est peut-être l’un des 20 plus grand joueur de l’histoire, et il est très souvent cité mais il avait aussi des habitudes très étranges. Souvent, il avait trop la langue de bois pour entrainement, ou il était blessé ou juste fatigué. Le reste de l’équipe courrait comme des chiens à l’entrainement, hormis Charles. Alors qu’on sprintait transpirant, Charles était sur son vélo échauffement, toujours le même, a pédaler à 1km par heure tout en mangeant et en nous regardant. Il mangeait ! Et toujours la même chose ! Tout les matins, sur le chemin de l’entrainement, il s’arretait au McDonalds et commandait deux paquets de pancakes. Il a même fait installé un plateau spécial pour poser ses crêpes sur son vélo pendait qu’il nous regardait nous tuer à l’entrainement.
Un jour, alors qu’on s’entrainait dur parceque l’on avait perdu la veille , Charles s’enfile des pancakes sur son vélo (sans fourchette), et se met à crier sur Armen Gilliam. « Allez Ham !, cours un peu ! » Les pancakes vollent de sa bouche et la sauce dégouline sur son visage. Armen Giliiam qui est pieux et ne jure jamais me regarde et me dit. « Tu y crois ce que vient de me dire ce fils de pute ! Il me dit de courir alors que des pancakes volent de sa bouche ! »
« Armen Gilliam était un radin. Encore plus que ça même. Quand je jouait à Philadelphia, il habitait à côté de chez moi, dans une grosse maison à 400 000 dollars. Mais ses lumières étaient toujours éteintes. Je me demandais même si il avait de la lumière chez lui. Il stockait de la nourriture dans la neige. Son jus de cranberry était toujours dans la neige. Il devait vouloir économiser le prix d’un frigo. Un jour, il devait avoir du monde parce que je vois de la lumière chez lui : je sors de chez moi et je marche sur quelque chose. Il avait fait passer un cable jusqu’à mon patio pour se brancher chez moi. Il était radin à ce point ».
L’AVIS DE BASKET RETRO
Que l’on aime ou pas le personnage, Jayson Williams est ne laisse pas indifférent. Certaines de ses prises de position sont discutables et on peut se demander si quelques anecdotes ne sont pas inventées de toutes pièces : toutefois, son parcours de vie est incroybale et sa sincérité, parfois naïve est émouvante.
On ne peut que saluer aussi le courage de sortir des anecdotes alors qu’il était encore en activité. Si certaines bios de joueurs sont lisses et creuses, le récit de Williams a sûrement dû faire grincer des dents au moment de sa sortie.
Un livre léger, facile à lire, qui agace, fait sourire, émeut et fait passer un bon moment au lecteur. A lire toutefois avec un filtre.
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