[ITW] – Anthony Saliou – NBA 1998/99 : l’histoire folle d’une saison historique
Interview
Événement ! A l’occasion de la sortie de NBA 1998-99 : l’histoire folle d’une saison historique, Anthony Saliou (alias @pred), pilier de Basket retro a accepté de répondre à nos questions. Un ouvrage 100% Basket retro avec une couverture réalisée par Adrien, déjà disponible en pré-commande et dans les bacs le 10 juin. La lecture indispensable sur la plage cet été.
Basket retro : bonjour Anthony, tout d’abord est-ce que tu peux de (re-)présenter à nos lecteurs ?
Anthony Saliou : J’ai bientôt 40 ans et comme beaucoup de ma génération, j’ai commencé à suivre la NBA en 1992 après les Jeux Olympiques de Barcelone. Je suis un grand fan de NBA des années 80/90. Après cette période, c’est plus compliqué et même si je suis quand même la NBA actuellement, ce n’est pas la même passion. Côté équipe, les New York Knicks forcément mais j’ai aussi beaucoup kiffé les Bulls de MJ et les Rockets d’Olajuwon dans les années 90. Je suis aussi un gros collectionneur de matchs vintages rares, j’en ai entre 4 000 et 5 000 vintages dans ma collection. Ça correspond à 9 disques durs externes remplis. Tout est classé par saison, numéroté. Mon premier disque dur à plus de 10 ans et tient encore.
Basket retro : Raconte-nous l’histoire de ton projet, qui au final, n’a failli jamais voir le jour ?

@ Amphora
Anthony Saliou : Oui c’est vrai. Mon ancien éditeur m’a littéralement laissé sur le carreau après un accord verbal. J’avais terminé à 90% à peu près. Fin décembre 2020, je lance un tweet pour faire réagir la communauté et ça a payé. Des encouragements, du soutien, et grâce à quelques intervenants, les éditions Amphora m’ont directement contacté. Après un entretien téléphonique un matin début janvier, je suis rappelé 2 heures plus tard pour me confirmer qu’ils sont partants. Le contrat est signé dans la foulée. J’avais une mauvaise impression sur le monde de l’édition. Des gens qui ne te répondent pas ou qui te laissent tomber. Je ne sais pas si Amphora est une exception, mais le contact avec l’ensemble de l’équipe, du directeur Renaud Dubois à Ken Fernandez (qui est fan de NBA) en passant par Nadège, Thibault ou Delphine qui était chargée de la correction et la relecture, c’est quelque chose que je souhaite à tous les auteurs. Une ambiance familiale, décontractée et tout est parfaitement limpide. Vous avez besoin d’un renseignement? Vous appelez, vous laissez un SMS, mail, message sur Twitter etc…Ils sont là. Ils vous donnent une chance, une opportunité de réussir dans vos démarches. Ils sont très ouverts à la discussion et vous êtes accompagnés jusqu’au bout de votre projet. Un grand professionnalisme
1999, c’est un peu une saison mal-aimé avec pourtant plein d’histoires à raconter
Basket retro : Tu reviens donc avec un livre original sur la saison 1998-99 : pourquoi ce choix de saison ?
Anthony Saliou : J’ai toujours eu comme idée d’écrire un guide des différentes saisons régulières du passé, mais je voulais sortir des sentiers battus. Les saisons des titres des Bulls sont forcément les plus connus : 1999, c’est différent. C’est un peu une saison mal-aimé avec pourtant pleins d’histoires à raconter.
Basket retro : c’est vraiment une année de transition, avec la retraite de Jordan, le lock-out…
Anthony Saliou : oui, nombreuses personnes de ma génération ont arrêté de suivre la NBA après cette saison : je voulais en quelque sorte réhabiliter l’image que l’on en a. C’est sûr que le niveau de certaines rencontres était assez faible avec la méforme de beaucoup de joueurs mais c’est aussi une saison de transition qui a vu décliner les grandes stars des années 90 (Robinson, Olajuwon, Ewing, …) mais aussi confirmer les pépites de la nouvelle génération (Iverson, Bryant, Garnett, …). Avec la retraite de Jordan, beaucoup sont partis à la recherche de son successeur. Mais la transition a été plus difficile que lors du départ de Magic et Bird où MJ avait déjà pris la suite. En 1999, on se retrouve sans véritable relai : Tim Duncan devient un peu le fer de lance mais il n’est pas aussi vendeur que les autres.
Basket retro : il y a aussi l’arrivée de Vince Carter qui bouleverse tout.
Anthony Saliou : oui c’’est vrai, Vince est un des sauveurs de cette saison. J’en parle avec Xavier Vaution dans le livre. Chaque semaine tu attendais le nouvel highlight de Vince Carter. Il faut savoir que les Raptors ne sont jamais diffusés à l’époque. Ils ne passent d’ailleurs qu’une fois sur Canal+ cette saison-là, contre Orlando. George Eddy le souligne en le regrettant dans la diffusion d’ailleurs. Du coup, on se contentait de ce que l’on pouvait lire et des highlights.
J’ai revu 117 matchs en tout sur cette saison. 50 de saison régulière + toutes les rencontres de playoffs
Basket retro : dans ton livre, tu expliques le parcours de chaque équipe et tu nous refais vivre toutes les séries de playoffs comme si nous y étions.
Anthony Saliou : oui, j’ai voulu avoir deux styles différents. Quand on arrive aux playoffs, j’ai essayé de prendre des risques. Je voulais sortir du simple descriptif action par action, mais plutôt faire un résumé comme si je commentais la rencontre. Mon but était de mettre du peps, de l’humour. Je veux que le lecteur puisse s’immerger dans l’ambiance des séries, qu’on puisse lire le résumé de la série en se mettant par exemple une playlist adaptée (du DMX ou du Hans Zimmer pour une série des Knicks par exemple). Mon souhait était d’avoir un livre que l’on peut à la fois lire d’un trait mais aussi faire du cherry picking en lisant une série, ou une équipe particulière.
Basket retro : du coup, le travail de visionnage a dû être colossal : combien de rencontre tu as re-visionné pour écrire ce livre ?
Anthony Saliou : j’ai revu 117 matchs en tout sur cette saison. 50 de saison régulière + toutes les rencontres de playoffs. C’est la base pour bien comprendre : en plus de l’analyse que tu te fais en visionnant la rencontre, tu as plein d’anecdotes de commentateurs, d’info affichées, que tu ne trouves nulle part ailleurs. J’ai regardé au moins une rencontre de chaque équipe, même les Bulls, et ce ne fut pas simple (rires).
Je me suis beaucoup sourcé dans les magazines d’époque que j’ai ressorti de mes cartons. J’avais tous les Mondial basket, les 5 majeurs quand ils ont republié et bien sur les Basketnews
Basket retro : egalement, tu as énormément de témoignage dans ton livre, de personnalités de références en France (Xavier Vaution, George Eddy, ..) mais aussi et surtout des témoignages d’époques. Ou es-tu allé chercher toutes ces informations ?
Anthony Saliou : je me suis beaucoup sourcé dans les magazines d’époque que j’ai ressorti de mes cartons. J’avais tous les Mondial basket, les 5 majeurs quand ils ont republié et bien sur les Basketnews : une vrai mine d’or que tu ne peux trouver nulle part ailleurs ! J’ai eu après coup Pascal Legendre et Olivier Pheulpin qui m’ont donné plein d’anecdotes et m’ont autorisé à reprendre ce qui était écrit à l’époque. Il y a aussi les écrits des journalistes américains, notamment New Yorkais que j’aime bien comme Frank Isola ou Peter Vecsey.
Basket retro : revenons sur cette fameuse saison. Elle démarre de façon brutale avec des joueurs non préparés.
Anthony Sailou : oui, il faut savoir que l’accord entre syndicats de joueurs et propriétaire a été trouvé mi-janvier et que la première rencontre a eu lieu le 5 février. Beaucoup de joueurs n’étaient pas prêt et avaient déjà fait une croix sur la saison. L’exemple le plus marquant est forcément Shawn Kemp : il arrive avec 20 kg en trop, hors de forme. Cleveland a essayé de l’aider en lui attitrant un chef cuisinier, mais le mal était fait. Mais au final, ce que l’on oublie c’est qu’il réalise statistiquement l’une des saisons les plus belles de sa carrière à plus de 20 points avec un gros % de réussite. Il n’est en tout cas pas responsable de l’échec des Cavs cette saison-la.
Vin Baker c’est différent et plus triste. Il est tombé dans l’alcool et était perdu en 1999. Il rate ces 18 premier lancer-francs de la saison ! Difficile de combler cela après-coup. Il a été méconnaissable tout la saison et cela a été le début de la fin pour lui.
Basket retro : quelle différence tu vois entre les deux lock-out de 1999 et 2011 ?
Anthony Saliou : c’est complètement différent. En 1999, le lock-out était attendu et on est passé très proche d’une annulation. Les joueurs n’étaient pas prêts. En 2011, c’est l’inverse, il y avait l’expérience de 1999 et ils ne voulaient pas revivre cela. Les joueurs sont restés prêts physiquement : la ligue était plus professionnelle 12 ans après.

@ NBAE
Basket retro : en revanche, 1999 reste une saison super ouverte !
Anthony Saliou : et oui, c’est surement la plus ouverte de la décennie. Il y avait une grosse concurrence, et le rythme de 50 matchs était un vrai marathon. Les mecs étaient lessivés, ils jouaient parfois 4 rencontres en 5 jours. Le niveau de jeu à pris cher et cela à profité à des équipes avec de la profondeur de banc comme les Trail Blazers. Les équipes plus âgés comme Utah ou Houston ont clairement pâti de ce rythme de folie.
Basket retro : au final, si tu dois garder une rencontre de cette saison, ce serait laquelle ?
Anthony Saliou : en saison régulière, c’est probablement le Sacramento Kings – Los Angeles Lakers de fin mars. Il était passé sur Canal+ et est sur Youtube en version française. Le casting est incroyable : Shaq, Kobe, Rodman, Webber, Divac, Williams, et même Tariq Abdul-Wahad. Il n’y a que Tariq et Kobe qui défendent sur ce match. Le reste c’est que du spectacle, Jason Williams prend des tirs de 9m, c’est n’importe quoi. Le match le plus fou de la saison, dans mon TOP 10 en saison régulière de tout les temps.
Basket retro : tu parles de Jason Williams, un mot sur la cuvée de Rookie incroyable cette saison là ?
Anthony Sailou : c’est une draft sous-estimée : on en entend pas assez parler. Tu as Dirk Nowitzki, Paul Pierce, Vince Carter, c’est dans le gratin de l’histoire. Et tu as aussi des joueurs iconiques comme Jason Williams. Après il faut dire que le 1er pick est une catastrophe. Le pauvre Michaël Olowokandi…
Basket retro : passons aux playoffs, que penses-tu du niveau cette année là ?
Anthony Saliou : tu as des purges mais tu as aussi des séries incroyables ! Jazz-Kings au premier tour est une série folle. Toute la série est fantastique hormis le game 1. Ça se joue à trois fois rien. Karl Malone a d’ailleurs dit de la série que c’est l’une des plus belle sa carrière en terme de jeu et de satisfaction.
Après, il y a les classiques comme Heat-Knicks au premier tour. Miami – New York, c’est des petits scores mais une intensité de dingue. Du pur basket des années 90 dans une ambiance fantastique. Dans le Game 3, New York colle à un moment à 32 à 2 à Miami : le Madison Square Garden explose !
La finale de conférence Knicks-Pacers aussi. Il y a l’action à quatre points de Larry Johnson, le show d’Allan Houston dans la rencontre décisive, Reggie qui passe à côté de sa série.
Basket retro : tu parles beaucoup des Knicks, est-ce que ce n’est pas, plus de 20 ans après, l’équipe que l’on retient de cette saison là même si les Spurs remportent le titre ?
Anthony Sailou : oui, il faut dire que l’histoire est incroyable. J’en parle beaucoup dans le livre : c’est digne d’un scénario hollywoodien. Toutes les semaines, Jeff Van Gundy devait être viré. C’est un miracle ce qu’ils ont fait, mentalement c’est incroyable.
Basket retro : mais alors, du coup, on met une astérisque sur le titre des Spurs ?
Anthony Saliou : non, ils l’on mérité, tout le monde partait sur un pied d’égalité et ils ont été les plus forts. Ils remportent 46 de leur 53 derniers matchs. Et ils ont confirmé derrière ! Plus de 16 ans au plus haut niveau, c’est du quasi jamais vu dans un sport collectif ! Si on met une astérisque, il faut faire pareil pour les Lakers dans la bulle ou pour le Heat en 2012 : ça ferait deux bagues de moins à Lebron alors !
Basket retro : un mot sur la couverture du livre ?
Anthony Saliou : nous étions partis sur une couverture classique avec une photo NBA Knicks/Spurs et finalement, Adrien a été contacté pour savoir si ça l’intéressait de réaliser une production inédite. Il a accepté, 1999 étant la première saison qu’il a suivi. Il y a un côté nostalgie qui s’est formé. Avec pleins de projets en parallèle, il a bossé comme un dingue pour arriver à ce rendu ultra propre et classe. Lionel qui est graphiste chez Amphora a fait les finitions, notamment les couleurs de fond. Je remercie les deux artistes et mine de rien, entre l’écrit et le visuel, c’est du Basket Rétro à 100%!
Basket retro : dernière question : ce livre, c’est le début d’une série pour toi ?
Anthony Saliou : j’aimerais bien ! Il faut dire que c’est beaucoup de travail mais ça va dépendre des retours. Si c’est positif et que le livre plait, je partirais peut-être sur le même type de projet !

La couverture @ Amphora
- NBA 1998/99 – L’histoire folle d’une saison historique
- Auteur : Anthony Saliou
- Edition Amphora
- 480 pages
- Format : 14×22 cm
- Prix : 22€
- Disponible à partir du 10 juin 2021 –
- Pré-commande ouverte – Cliquez ici
Hello.
Je suis tombé par hasard et par surprise sur ce livre à la Fnac, je l’ai acheté sans hésiter en sachant que la saison 1999 est également une de mes préférées. Je ne l’ai pas encore terminé mais c’est super car le travail de documentation est tel qu’on apprend forcément des choses nouvelles – et pourtant la saison 99 je la connaissais pas trop mal.
Enfin, carrément partant pour d’autres bouquins de ce type, mêlant saison régulière et playoffs en rentrant bien dans les détails, avec un peu de stats et d’anecdotes. Et tant qu’à faire je mets mon vote : la saison 96-97, avec les grandes stars des 90’s toujours en forme (Jordan, Malone, Olajuwon), Barkley aux Rockets et KJ qui se démène aux Suns, Sprewell, Rice et Richmond qui scorent à tout va etc…
Encore bravo Anthony !
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