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[Portrait] Khalid El-Amin: Catch Me if UCONN

Portrait

Illustration Une : Adrien PMMP pour Basket Rétro

Star du basket dans son état natal du Minnesota, Khalid El-Amin, 41 ans aujourd’hui, est également un mythe de l’université du Connecticut qu’il a mené à un titre NCAA inespéré en 1999. Insaisissable sur le parquet et promis à une belle carrière pro en NBA, ce meneur au physique atypique, plus large que haut (1,78m 91kg) n’a pas réussi a prouvé dans la grande ligue et a passé sa carrière à bourlinguer sur le vieux continent en passant par de nombreux championnats européens.

MINNY-MIN FAIT LE MAXIMUM

Il n’est pas simple d’être fan de basket dans le Minnesota. Si l’on met de côté leur jolie saison 2003- 2004 ou, portés par Kevin Garnett, ils ont atteint la finale de conférence ouest, les Timberwolves n’ont jamais passé un tour de playoff NBA. Grands habitués des vacances anticipées, les loups n’ont participé que 8 fois en 31 années d’existence aux phases finales… Mais cet Etat frigorifique du nord des USA est pourtant le berceau de l’une des équipes de High School les plus irrésistibles de l’histoire : Les Polars du lycée de North Minneapolis. Avec 81 victoires pour 4 défaites en 3 saisons, les gamins de l’école du nord de « Minny », ont raflé trois titres de suite de champions de l’état entre 1995 et 1997, avec à leur tête un meneur à la puissance physique unique : Khalid El-Amin.

Avec le maillot de son Lycée de North Minneapolis (Photo star tribune sport)

Sélectionné pour le prestigieux Mc Donald’s All American et détenteur du titre de Mister Basketball du Minnesota en 1997, El-Amin, 1m78, pas tout en muscle, aligne lors de son année sénior des statistiques colossales : 84 points cumulés, à 54% de réussite au tir lors des 3 matchs du tournoi final de son ultime saison. 41 points, dont neuf paniers primés lors du quart de finale de sa seconde saison sous les couleurs de North Minny. Une perf qui va faire entrer Khalid dans la légende du basket de l’Etat. C’est sans conteste qu’en 2014 il fait partie de la première promotion de Hall Of Famer du Basketball Minnesotain. En compagnie de de Lindsay Whalen, star du Lynx, la franchise WNBA locale et de Kevin McHale.

YES UCONN !

Bien évidemment courtisé par les plus grands programmes basket universitaire du pays, le jeune Khalid, biberonné au basket dès le plus jeune âge par ses grands frères, n’a que l’embarras du choix. Croulant sous une montagne de lettres de proposition, il « shortliste » quatre facs avant de faire son choix final : les Golden Gophers de Minnesota bien entendu, mais aussi Georgetown, Kansas et Connecticut. Karl Hobbs, adjoint de Jim Calhoun chez les Huskies a repéré le phénomène lors d’une ligue d’été à Long Island. Venu initialement pour superviser Lamar Odom, l’assistant de Uconn tombe sous le charme du jeu d’El-Amin, mélange de puissance, d’adresse et de vitesse. Il l’enjoint à visiter le campus illico. Cette visite sera un véritable coup de foudre pour Khalid :

« En visitant UConn, ce fut une évidence. À l’instant où j’ai joué avec l’équipe, j’ai tout de suite senti une alchimie de groupe. J’ai pu voir dans le futur que cette équipe avait une chance de gagner un championnat national et c’était un gros challenge pour moi. Je voulais concourir pour le titre et je pensais que Connecticut avait la meilleure équipe pour le faire. » Khalid El-Amin au site UConn Hoops Legends

Lors de sa première saison sous le dôme du pavillon Gambel, le meneur est excellent. Ses performances l’envoient directement au titre de Freshman Of the Year de la conférence Big East. En toute décontraction, El Amin s’empare du record de points pour un débutant sur une saison et termine second scoreur de l’équipe derrière Richard « RIP » Hamilton. L’été suivant, il fait partie de l’équipe US qui remporte les Goodwill Games de 1998, en battant l’Australie d’Andrew Gaze en finale au Madison Square Garden.

A l’entrainement avec Team USA lors des Goodwill Games 1998 (Photo: Getty Images)

Sa seconde saison NCAA sera un rêve éveillé : 19 victoires consécutives pour commencer. Seul Syracuse et Miami parviendront à faire chuter ces Huskies au collectif bien huilé. Fait rare en NCAA, Jim Calhoun a réussi à conserver la totalité de son effectif de la saison précédente. Ce qui lui permet d’installer une vraie idéologie de jeu.

Les trois solides soldats que sont Jake Voskhul, Ricky Moore et Kevin Freeman sont les partenaires idéaux pour El-Amin, qui, lorsqu’ il n’affole pas les compteurs au scoring, distribue caviar sur caviar à Richard Hamilton.

Souvent moqué pour son physique rondouillard (pour le déconcentrer lorsqu’il est sur la ligne des lancers, on agite des boites de pizza, en se frottant le ventre…) Il répond par un jeu et des choix toujours justes sur le parquet.

En couverture de Sports Illustraded en avril 1999 lors du titre de champion des Huskies

C’est sans trop d’encombres que UConn roule sur le tournoi final de mars et parvient au Final Four. Ils font face à Duke, d’Elton Brand et Trajan Langdon pour l’ultime confrontation. Après avoir encaissé un 9-2 d’entrée et avoir été menés à la mi-temps, les hommes de Calhoun grapillent leur retard en douceur. C’est El-Amin qui enfonce le clou en inscrivant les lancers cruciaux qui donnent au Connecticut le premier titre NCAA de son histoire.

La dernière saison universitaire du natif de Minneapolis : Un récital individuel. Hamilton parti chez les pros, Khalid prend les rênes de l’équipe et clôt sa dernière saison à la fac avec d’excellentes statistiques (16 pts 5,2 passes)

LES BOULES À CHICAGO

Malgré ses grosses performances en College, El Amin devra patienter jusqu’au second tour de la bien piteuse draft 2000 avant d’entendre son nom prononcé par David Stern. Il est choisi en 34ème position par les Bulls, pour faire partie de l’opération reconstruction post-Jordan. L’entreprise, comme le passage d’El-Amin dans l’Illinois sera une catastrophe basketballistique.

Dans un effectif haut en couleurs (Jamal Crawford, Tyson Chandler,…) Le meneur n’a absolument pas le temps de faire ses preuves et de montrer ses compétences à ses dirigeants. Le coach Tim Floyd, ne lui donne pas les moyens d’avoir un véritable impact sur le jeu. El Amin boucle sa saison rookie avec des toutes petites stats : 6,3 points par match, 1,6 rebonds, 2,9 passes décisives et 1,0 interceptions, tout en tirant 37,0% du terrain et 33,3% derrière l’arc.

Sous le maillot des Bulls en 2001 (Photo Chicago Suntimes)

LA KHALITÉ POUR TOUS

Non conservé par les Bulls, El Amin signe dans un premier temps au Mavericks de Dallas pour des bouts de matchs. Coupé quelques semaines plus tard, il atterrit en Floride au Miami Heat, ou il ne fera rien de plus qu’une séance photo d’avant saison. Sa carrière NBA ne décollant pas, il décide alors de traverser l’Atlantique et entame un immense tour d’Europe dont la première étape sera Strasbourg.

Convaincant en Alsace, il prend ensuite la direction d’Israël, ou il devient l’une des stars du championnat, malgré les difficultés imaginables pour un joueur musulman dans ce championnat. Dans les salles, lorsqu’il est balle en main, ce ne sont plus des boites de pizzas qui sont agitées, mais des « Ben-Laden » qui sont scandés. Terrible.

Il brille ensuite avec le Besiktas Istanbul. Second marqueur de la ligue turque en 2004. Il termine MVP du All Star Game de la Turkish Basketball League en 2005 et décroche une place dans le roster de la sélection « monde » du All Star Game de la FIBA. Sélection qui fleure bon la NCAA des nineties avec Ed Cota et Shammond Williams, deux arrières montés sur ressorts qui ont fait les beaux jours de North Carolina en compagnie de Rasheed Wallace et Vince Carter. Israël et la Turquie gardent toujours une place de choix dans le cœur d’El-Amin : 

« Istanbul… j’étais toujours au bord de la mer par beau temps. Ces deux endroits étaient probablement les meilleurs pour moi, les meilleurs moments où je pouvais simplement me détendre et jouer au basket. » Khalid El Amin à ESPN en 2010

S’en suit ensuite un passage par l’Ukraine à Kiev, puis en Lituanie à Rytas ou il forme un backcourt détonnant avec Sarunas Jasikevičius pendant une saison, un duo qui alterne entre artiller longue distance et alimenter le tout jeune Jonas Valančiūnas (18 ans) sous le cercle.

En 2012 il remporte le titre de champion de Croatie avec le Cibona Zagreb. À l’été, il traverse le vieux continent dans toute sa largeur et débarque dans la Sarthe au Mans, ou l’on se souviendra de lui pour un énorme buzzer beater, inscrit du milieu de terrain pour venir à bout de la Chorale de Roanne.

Pour compléter la collection d’autocollants de sa valise, il ajoute ensuite trois championnats à son CV : L’Allemagne ou il découvre la Bundesliga avec Göttingen, puis le Kosovo et le Venezuela avant de prendre sa retraite de joueur en 2017.

SON OF AN ARTIST

Faisant partie de cette caste de joueurs qui ont marqué la NCAA de leur emprunte, sans faire de carrière pro retentissante, El Amin entame sa reconversion en tant qu’analyste et expert du championnat universitaire pour la chaine CBS.

En parallèle il devient assistant coach dans son ancien lycée de North Minneapolis, il supervise également la progression de son fils Ishmael. Doué, le fiston est le leader offensif de l’université de Ball State dans l’Indiana.

Ishmaël El-Amin, gâchette de Ball State (Photo Ball State Daily News)

Meilleur passeur de son équipe cette saison, et véritable artilleur longue distance (77 paniers à 3 pts en 31 matchs l’an dernier) le jeune homme est avant tout un citoyen impliqué.

Très touché par la mort de George Floyd, assassiné en mai dernier à Minneapolis, à seulement quelques mètres de la maison dans laquelle il a grandi, Ishmael a été à l’origine d’une gigantesque marche blanche organisée sur la campus de sa fac au printemps 2020.

Un rassemblement auquel ont pris part Geoffrey Mears le doyen de l’université, et James Whitford son coach.

Bénéficiant du soutien total de l’ensemble de l’organisation sportive du campus, l’initiative de l’étudiant a fait la fierté de son coach, et de Beth Goetz, la directrice des sports de Ball State:

« Ce qu’a réalisé Ishmaël est bien plus grand que le basketball » James Whitford, Coach des Ball State Cardinals

« Dans une petite communauté comme Muncie, les étudiants athlètes ont une voix qui compte. Je suis fier de le voir tenter de faire ouvrir les yeux à la population sur la lutte contre l’injustice raciale » Beth Goetz, directrice des sports de Ball State

Absent des mocks drafts et il faut bien le dire un probablement un peu frêle physiquement pour espérer une place en NBA dans les années futures, « Ish » peut néanmoins prétendre à une jolie carrière et a de jours heureux dans nos contrées, de l’autre coté de l’atlantique et ce n’est probablement pas son papa qui dira le contraire.

PALMARES

  • 1998   : Vainqueur des Goodwill Games 
  • 1999   : Champion NCAA avec les Uconn Huskies
  • 2005 – 2006 : Champion d’Ukraine avec Azomamch Marioupol
  • 2006   : Vainqueur de la Coupe d’Ukraine avec Azomach Marioupol
  • 2006 – 2007 : Champion d’Ukraine avec Azomach Marioupol
  • 2008   : Vainqueur de la Coupe de Turquie avec Turk Telekomspor
  • 2009   : Vainqueur de la Coupe d’Ukraine avec BK Boudivelnyk
  • 2011   : Vainqueur de la Coupe de Lituanie avec Lietuvos Rytas
  • 2012 : Champion de Croatie avec le Cibona Zagreb

 

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"They don't pay you a million dollars for two-hand chest passes"

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