Vince Carter, un grand joueur en haute altitude
Portrait
Vince Carter qui fête aujourd’hui ses 44 ans, est né pour dunker. En rabattant rageusement la balle dans le cercle avec toute la détente et la puissance dont il est capable, Vinsanity dunke comme si sa vie en dépendait.
Malgré un destin souvent défavorable, ses qualités physiques inhumaines, son mental de champion et sa carrière fantastique lui permettent de s’élever parmi les plus grands. Entre rage de vaincre, exploits, réussites, déceptions et trahisons, voici la partie humaine de celui qu’on appelle « Half Man Half Amazing ».
LES DÉBUTS D’UN GRAND JOUEUR
Vince Carter naît à Daytona Beach en Floride. Dès son plus jeune âge, il découvre le basket. Sa mère raconte qu’il tenait un ballon dans ses bras avant de savoir tenir assis. Il commence à dribbler à deux ans. Avec son frère Chris, chaque jour en rentrant de l’école, ils jouaient au basket ou au foot américain. Vince se démarque rapidement par ses qualités physiques et techniques. A 7 ans, il est plus grand que tous les autres et montre déjà les premiers signes d’un style de jeu aérien.
C’est au lycée de Mainland que la légende de Vince Carter commence à s’écrire. Connu pour sa grande modestie, Carter est un joueur dominant, spectaculaire, un gros scoreur capable de mettre en pièces n’importe quelle défense. Dès sa première année, il marque 47 points en un match, explosant le record de l’histoire du lycée. Il devient une attraction, tout le monde adore le voir enchaîner ses dunks et contres à haute altitude. Malgré sa domination, son équipe perd le championnat en finale. C’est une première déception dans la carrière de Vince. Il promet alors à son coach qu’ils seront champions dès l’an prochain. Cette année-là, en 1995, Vince Carter mène son équipe au titre. A Mainland, la star du basket est aussi très appréciée pour ses qualités humaines, il reste modeste et accessible, un étudiant parmi les autres qui n’aiment pas être le centre de l’attention.
Pourtant, Carter n’est pas un joueur comme les autres. Les plus grandes universités lui font des propositions à la fin du lycée. Déjà très suivi par les médias, il choisit l’université de North Carolina, l’ancienne équipe de Michael Jordan. Pour ses parents, il était très important que Vince n’oublie pas les études malgré sa réussite dans le basket professionnel. Il promet de continuer à travailler et d’obtenir son diplôme.
Sa première année universitaire a été marqué par la frustration à cause de son temps de jeu relativement réduit et qui n’est pas à la hauteur de ses attentes. Il passe donc l’été à s’entraîner dur et à travailler son shoot à mi-distance pour revenir encore plus fort. L’équipe, menée par Carter et Antawn Jamison atteint le Final Four, avant d’échouer contre l’université d’Utah à quelques matches du titre. Cette nouvelle défaite accélère la décision de Jamison : il s’inscrit à la draft de 1998, suivi par Vinsanity, qui engage alors son agent William « Tank » Black. Drafté en cinquième position par les Golden State Warriors, il est immédiatement transféré aux Toronto Raptors, en échange de son coéquipier Antawn Jamison.
« J’ai été propulsé dans la réalité de la NBA en une nuit. »
L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DANS LA GRANDE LIGUE
Toronto semble la destination idéale pour le jeune rookie. Il s’attache rapidement à la ville et à l’équipe. Il y retrouve un cousin éloigné : Tracy McGrady, drafté l’année précédente et star montante. Lui et Carter forme la paire de jeunes talents bruts de l’équipe, tous les deux excellents attaquants. Ils sont aussi très amis en dehors du terrain. Le coach des Raptors, Butch Carter, lui offre un temps de jeu important, Carter joue 35 minutes par match dès son année rookie, et finit la saison avec 18 points de moyenne. Ses débuts sont excellents, il est élu Rookie of the year 1999. « Air Canada » a trouvé sa place dans l’équipe et la ville. Tout le monde adore le voir jouer et apprécie son style, son travail et sa bonne humeur.
La deuxième saison de Vince Carter va le propulser au rang de légende. En 2000 Vince Carter est invité logiquement au Concours de Dunks du All Star Game. Dans ce qui reste sans doute le meilleur Dunk Contest de tous les temps, Carter survole la concurrence. Très motivé à l’idée d’y participer, Vinsanity enchaîne des dunks plus incroyables les uns que les autres. Quand il parvient à mettre le coude dans l’arceau, le soulèvement de la foule (la fameuse « Vinsanity ») est remplacé par un silence, un flottement de stupéfaction. Carter vient de prouver au monde entier qu’il est un Objet Volant Non Identifié, et il devient une véritable superstar : « Half Man Half Amazing », un basketteur au-dessus des hommes.
UNE CARRIÈRE MOUVEMENTÉE
En 2000, les Raptors atteignent les playoffs pour la première fois de leur histoire. Ils affrontent les Knicks de Patrick Ewing, et s’inclinent sans parvenir à gagner un seul match. L’équipe et principalement Vince essuient de nombreuses critiques. Malgré tout ce que lui apporte cette première expérience en playoffs, VC est très déçu d’avoir perdu. De plus il connaît une intersaison difficile. Son ami et agent William Black est condamné de la prison pour escroqueries, il a investi l’argent de la famille Carter et l’a perdu illégalement. Trahi et partiellement ruiné, Carter se sent aussi abandonné par Butch Carter, son coach et mentor quitte son poste. Carter éprouve difficilement la réalité de la NBA lorsqu’il apprend que Tracy McGrady a choisi de quitter les Raptors pour signer un contrat au Magic d’Orlando. Alors que Carter avait confiance dans le futur de leur association, son cousin ne voulait pas se contenter du rôle de lieutenant qui lui avait été assigné.
« Je ne voyais pas les choses de cette façon. Je voulais qu’il soit la vedette à Toronto et être sous les feux des projecteurs ailleurs. »
Vince Carter connaît donc une intersaison très difficile. Mais il est alors sélectionné pour représenter la Team USA aux Jeux Olympiques de Sydney. Remonté à bloc, parfois très agressif, il montre un tout nouveau visage, marqué par ces mauvaises expériences. Cette énergie lui permet d’aller chercher la médaille d’or, et de claquer le plus grand dunk des JO de tous les temps, en sautant par-dessus par Frédéric Weis, le pivot français de 2,17 mètres. Cette compétition relance Vince Carter, qui revient encore plus fort mentalement pour la saison 2000-2001.
A Orlando, McGrady est devenu une superstar. Avec 26 points de moyenne, il parvient à qualifier son équipe aux playoffs, mais le Magic est éliminé dès le premier tour. En revanche, Vince et les Raptors parviennent cette fois à se défaire des Knicks, et doivent donc affronter au second tour les Philadelphia Sixers, l’équipe du meilleur scoreur de la ligue : Allen Iverson. Pendant six matches d’anthologie, Vinsanity et The Answer se rendent coup pour coup, démontrant chacun leur capacités de scoreurs. Iverson marque 54 points lors du Game 2, Carter répond avec 50 points le match suivant. C’est donc la septième manche qui va permettre aux deux équipes de se départager.
Le 20 mai 2001, Vince Carter doit faire face à un dilemme : le jour du match le plus important de sa carrière est aussi celui sa remise de diplôme. Il a tenu sa promesse de continuer ses études, d’obtenir son diplôme et d’aller le chercher. Il choisit donc passer le matin à l’université de North Carolina, avant de rentrer à Philadelphie le soir pour le match, où l’attend son destin. Cette décision, surtout en vue de l’issue de la rencontre, sera violemment critiquée. Le Game 7 est très serré, les Sixers et les Raptors sont au coude à coude. A deux secondes de la fin, le score est de 88 à 87 en faveur de Philadelphie. La balle est aux Raptors. Lors du temps mort, Carter insiste auprès du coach pour prendre le dernier shoot. Son action est parfaite : il se démarque, attrape la balle, feinte son défenseur, prend son espace en shootant légèrement en arrière comme il adore le faire. Le tir est trop long de quelques centimètres, et bute contre l’arceau. Le buzzer retentit et la sentence tombe : les Raptors ne passeront pas.
UN JOUEUR EXPERIMENTE EN QUÊTE DE VICTOIRE
La conquête du titre pour Vince Carter devient alors très difficile. De toute sa carrière aux Raptors, Carter ne dépassera plus le premier tour, ne parvenant parfois même pas à se qualifier pour les phases finales. C’est cette volonté de gagner à tout prix qui pousse Carter à accepter l’offre des New Jersey Nets pendant la saison 2004. Il rejoint une équipe composée de capacités individuelles formidables. Lui, Jason Kidd et Richard Jefferson forment le Big Three sans doute le plus talentueux de son époque. Pourtant, l’équipe ne gagne pas. Lorsqu’elle parvient à se qualifier de justesse en playoffs, elle est éliminée par des collectifs plus solides au premier ou deuxième tour, mais jamais plus loin. Vince Carter et ses coéquipiers sont accusés d’égoïsme. Spectaculaires à voir jouer, monstres athlétiques, les Nets ne deviennent pourtant pas des gagnants. C’est dans le New Jersey que Carter fera ses plus gros cartons offensifs et claquera quelques-uns des meilleurs dunks de sa carrière, notamment son poster dunk sur Alonzo Mourning, ou ses fameux 360. Mais à 30 ans, Carter n’a toujours rien gagné, et se cherche un nouveau rôle alors que le Big Three des Nets éclate avec le transfert de Jason Kidd et de Richard Jefferson en 2008.
A son tour, Vince Carter va chercher une nouvelle dynamique. Il est transféré à Orlando, l’ancienne équipe de son cousin McGrady, et fait son retour chez lui en Floride. Le Magic sort alors de playoffs prometteuses, et cherchent à ajouter à son jeune effectif une expérience que possède Carter, tout en restant une option offensive très importante. Pendant ses deux saisons chez lui, Carter est gêné par ses blessures. Son impact sur l’équipe est assez faible, malgré qu’il soit toujours capable de scorer beaucoup sur certains matches et de claquer des 360. Vince cherchera ensuite à s’intégrer dans un rôle de sixième homme, d’abord en jouant une partie de saison à Phoenix intéressante, remis de ses blessures. Il s’engage ensuite en 2011 aux Dallas Mavericks, rejoignant ainsi les champions en titre. Encore une fois, il apporte un véritable soutien à son équipe, mais cela est toujours insuffisant pour devenir champion. Dallas tombe au premier tour des playoffs en 2012.
Cependant, la responsabilité de la défaite ne pèse pas sur Vince Carter, parfait dans son rôle de sixième homme expérimenté. Lors des deux dernières saisons, il n’a manqué que deux matches en saison régulières, a disputé presque tous les matches en sortant du banc mais score 12 points de moyenne entre 2012 et 2014. A 38 ans, Vinsanity a montré lors des dernières phases finales qu’il était toujours capable d’être décisif. Au premier tour des playoffs 2014, les Mavericks affrontent les Spurs, futurs champions. Dallas sera l’équipe qui leur donnera le plus de fil à retordre. Ce jour-là, Vince Carter va permettre aux Mavs de prendre l’avantage dans la série de la manière la plus belle qui soit. Comme lors du Game 7 contre les Sixers en 2001, il prend le shoot à 1,7 secondes du buzzer final. Il feinte, Ginobili mord, et Carter déclenche son tir en sautant légèrement en arrière. Cette fois, le shoot fait trembler le filet et lever la foule. La boucle est bouclée.
Vince Carter ne sera jamais un éternel perdant. Si à 44 ans, il n’a toujours pas gagné un titre, son apport au basket au-delà de ses victoires est impossible à mesurer. Spectaculaire, décisif, altruiste, « Half Man Half Amazing » est un modèle pour les basketteurs du monde entier, sa légende a encore de beaux jours devant elle.
SES STATS NBA
- Points: 23 190 soit 20,2 par match.
- Rebonds: 5 634 soit 4,9 par match.
- Passes: 4 242 soit 3,7 par match.
- Matchs: 1 148 match NBA disputés, 67 en playoffs
SON PALMARÈS
- 8 fois NBA All Star de 2000 à 2007
- Élu au sein de la All NBA Second Team en 2001
- Élu au sein de la All NBA Third Team en 2000
- NBA Rookie of the Year en 1999
- Élu au sein de la All NBA Rookie First Team en 1999
- Vainqueur du NBA Slam Dunk Contest en 2000
SES HIGHLIGHTS EN CARRIÈRE
Crédits photo : Toronto Sport Media/ESPN/Usa Today
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