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DeRon Hayes, 40 ans de passion

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Au moment où Killian Hayes compte passer du rêve de NBA à la réalité lors de la draft 2020 fixée au 18 novembre, il est intéressant de retracer le périple de son père, DeRon, globe-trotter, avant de poser ses valises à Cholet à son quatrième séjour…

Il en a vu du pays et avalé des kilomètres, le natif de Lakeland en Floride, à l’issue de sa formation à Penn State University, un premier titre à la clé.  Après les Etats-Unis, la France (Evreux), le Portugal (Academico Porto), la Suède (Solna Vikings Stockholm), l’Ukraine (Chakhtar Donetsk), la Russie (Samara), la France à nouveau (Cholet), un retour aux Etats-Unis (Indiana Legends en ABA) et la France, enfin, pour finir sa carrière à plus de 40 ans.

Sous le maillot de Cholet @Maxi Basket

Dans des conditions quelquefois difficiles notamment climatiques ou en termes de confort comme en Europe de l’Est, souvent pour des piges de quelques semaines en remplacement de joueurs blessés avec, donc, une certaine précarité dans l’emploi comme c’est le lot de myriades de jeunes Américains, venus tenter leur chance en Europe.

Mais la passion emporte tout. « Un jour sans basket, c’est un jour bien long. Je suis vraiment accro au basket. »

Mais il y eut également de belles satisfactions sportives – on y reviendra – mais surtout personnelles quand la vie bascule à la faveur d’une rencontre. C’était à Cholet pour DeRon qui y a signé un second contrat pendant son premier séjour dans les Mauges (été 1998 – juin 2000), celui le liant à Sandrine, Choletaise bon teint. A l’été, les jeunes mariés fileront aux Etats-Unis pour un contrat de huit mois aux Indiana Legends : « Lorsque la saison s’est terminée, nous sommes retournés chez nous en Floride pour passer l’été ». C’est cet été-là, le 27 juillet 2001 précisément, que le petit Kilian a vu le jour. « Il est né dans le même hôpital que moi à Lakeland. » 31 ans plus tard. Avec un oncle et parrain nommé Cyril Akpomedah.

DeRon deviendra Français et prend de la valeur. Suit un retour en France, à la JL Bourg, pour une modeste 15° place en pro A avant un second retour à Cholet sous Vucevic et Kunter.

UN TROPHEE, MAIS TROIS FINALES PERDUES AVEC LE SLUC NANCY

Après son premier Trophée conquis sous la férule d’Eric Girard avec Cholet en gagnant la Coupe de France 1999 contre la SIG Strasbourg (85-70), c’est au SLUC Nancy de Jean-Luc Monschau qu’il étoffera son palmarès et vivra aussi sa meilleure période, la plus longue aussi avec trois saisons de rang. 2005 fut à l’évidence l’année sa saison la plus productive avec, au sortir de l’hiver, une inattendue victoire dans la Semaine des As à Clermont. Qualifié in extremis, le SLUC aborda l’épreuve l’esprit léger : « Nous savions que si nous perdions, nous devrions rentrer à la maison. Et nous n’étions pas prêts à faire nos bagages. Alors, on a pris les matches les uns après les autres ».

A droite, avec le SLUC Nancy

Bien leur a pris. Un succès après prolongation contre la SIG a donné des perspectives. Celui contre Chalon a ouvert les portes de la finale dans un grand éclat de rire. Gravelines, archi-favori, ne résista pas à la furia lorraine : 32-10 dès le premier quart, le reste à l’avenant : 112-76 !

DeRon expliqua : « Nous avons confiance les uns dans les autres, nous avons joué avec le cœur. Personne ne nous donnait de crédit et nous voulions prouver que nous méritions d’être là. » Hayes, le shooteur toujours souriant, a planté la graine pour la suite de la saison et la première finale de pro A sur match unique à Bercy contre la SIG Strasbourg au mois de juin suivant.

Cette fois, Eric Girard et Aymeric Jeanneau sont en face, Nancy avec Hayes (10 points) semble devoir s’imposer, mais c’est sans compter avec le coup de rein décisif signé Nissim (72-68). Une première et cruelle déception. Il en sera de même au même endroit un an plus tard contre Le Mans (88-93), et aussi en 2007 face à la Chorale de Roanne (74-81). Trois finales perdues, mais DeRon est trois fois vice-champion de France quand même ! Quand un journaliste demande alors à Hayes (1,96m) de se définir, il répond : « Je pense être un joueur complet, je peux prendre des rebonds, passer, faire des blocks, défendre et aussi apporter une menace sur les tirs lointains. Je me mets au service de l’équipe de toute façon ! »

L’homme qui prend les 3/4 de ses tirs au-delà de la ligne des trois points où il est intraitable, fera pourtant partie, comme d’autres, de la curée imposée par Monschau à Nancy pour renouveler son équipe après les trois échecs consécutifs.

UNE DEUXI7ME SEMAINE DES AS AVEC CHOLET

Il filera à Limoges faire une pige dès l’entrée de la saison pour remplacer Joe Tucker en pro B avant de revenir une troisième fois à Cholet juste à temps pour être qualifié pour disputer la Semaine des As à Toulon. Cholet s’y imposera avec la manière contre la JA Vichy en finale (67-40). Quelques semaines plus tard, Hayes disputera une nouvelle finale, à Bercy, et la perdra encore une fois dans cette salle maudite à ses yeux, en Coupe de France cette fois, contre Villeurbanne (86-76).

En famille, Kilian est déjà attiré par le panier

DeRon a 38 ans, mais la passion reste intacte. A la reprise, il effectue une nouvelle pige avec un retour à Evreux pour sept matches avant de descendre dans la hiérarchie : deux saisons à Angers ABC (N1), puis un remplacement à Orchies (N1) où il se rompt le tendon d’Achille. Courageux et insatiable, il se soigne et reprend une grosse année plus tard pour deux saisons à la Seguinière (N3) pour y terminer à 45 ans avant de boucler la boucle avec un quatrième et ultime retour à Cholet en jouant en équipe réserve et entrainant les jeunes.

LE FILS APRES LE PERE POUR MAITRE KUNTER

Pendant ce temps, le petit Kilian, nourri des conseils de son père qui lui a inoculé très tôt sa passion pour la balle orange, a grandi en force et en âge. Son talent éclate vite au grand jour en cadets, en Espoirs, puis en Jeep Elite et enfin une saison à Ulm, histoire de prendre de l’expérience en Coupe d’Europe avant la Draft.

Détail croustillant, Erman Kunter, a coaché le fils après avoir dirigé le père à la Meilleraie (en 2003/04). Une comparaison entre les deux est-elle possible ? Le coach a donné son point de vue à Yann Ohnona dans l’Equipe du 30 mai 2020 : « DeRon était un joueur complètement différent, un serial shooteur pur, précis. Mettre le ballon par terre, ce n’était pas son truc, à DeRon. Son fils, au contraire, excelle dans ce domaine. Il veut peut-être se différencier de papa. Il y a quelque chose de génétique. Le père aimait beaucoup s’entrainer et il a refilé ça à Kilian. C’est sympa d’avoir pu entraîner les deux. Mais je ne pense pas que j’entrainerai le fils de Kilian (il rit)… »

Père et fils @Ouest – France

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About Dominique WENDLING (57 Articles)
Ancien journaliste, joueur, entraîneur, dirigeant, président de club. Auteur en 2021 de "Basket in France", avec Laurent Rullier (I.D. L'Edition) et en 2018 de "Plus près des étoiles", avec Jean-Claude Frey (I.D. L'Edition).

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