[Portrait] Marko Milič, Slovenian Airlines
Portrait
En 1995 le phénomène « Slam Nation » commence à se faire connaître en France, sous l’impulsion de ses créateurs, les aériens Kadour Ziani et Abdoulaye Bamba. Au même moment en Slovénie, un autre OVNI du dunk atterri. Dans un pays plutôt habitué au joueurs techniques et adroits, le jeune Marko Milič vient de créer l’événement dans l’univers des « smashers », en devenant le premier joueur à passer par dessus une voiture avant d’écraser la balle dans le cercle ! Joueur complet, il a fait les belles heures de l’Euroleague de la fin des années 90. Sa jolie technique balle en main et son jump hors norme lui ont même permis de toucher le Soleil, puisqu’il est devenu le premier Slovène à jouer en NBA, avec les Phoenix Suns.
Lorsque l’on demandait aux enfants d’il y a 40 ans comment ils imaginaient l’an 2000, la plupart le voyait peuplé de voitures volantes. Si on avait posé la même question au petit Marko Milič, qui a aujourd’hui 43 ans, il aurait probablement répondu la même chose. A la différence que lui y voyait probablement le contraire, avec des hommes qui volent au dessus des voitures.
Martyriseur de cercle, parfois jusqu’à l’extrême, Milič s’est fait connaître au monde du basket lors d’un mémorable concours de dunk au All Star Game slovène, où il a littéralement sauté par dessus une moto, puis une décapotable pour remporter le concours (et la voiture). Plus d’une décennie avant que Blake Griffin ne l’imite (bien timidement) au All Star Game NBA de 2011.
Mais sur un terrain, Milič a fait bien plus que défier les lois de l’apesanteur. Il a même été l’un des meilleurs joueurs slovènes de sa génération.
LA TERREUR DES ASSUREURS
C’est à Kranj au coeur des Alpes Slovènes que « Milko » vient au monde. Si avoir respiré l’air pur des alpages pendant toute son enfance peux expliquer ses aptitudes physiques, la génétique semble tout de même la justification la plus probable. Et pour cause, ses parents sont tous deux athlètes de haut niveau. Son père, Vladimir Milič est un ancien champion yougoslave du lancer de poids et sa maman, Metka fut recordwoman de Yougoslavie de lancer du disque. Le sport est une véritable religion dans la famille et enfant, Marko s’essaie à toute les disciplines : athlétisme, football, hockey… mais tombera irrémédiablement sous le charme du basket. La faute aux interminables matchs qu’il jouera sur les playgrounds locaux. Même en plein milieu des rudes hivers de la région du Triglav, le petit Milič n’hésites pas à déneiger et dégivrer le terrain chaque jour avec un pic à glace pour pouvoir s’exercer, bonnet sur la tête et mitaines aux mains.
Il débute donc tout naturellement dans le club local à Kranj, ou très rapidement son incroyable détente, mêlée à une puissance de titan fait des ravages. Au sens propre. En une saison, en cadet, il démolit huit arceaux ! Au point que le club demandera à ses parents une participation financière pour les réparations. Amusé par cette anecdote, il déclarait en 2015 à la chaîne slovène Nova24:
“Ma mère a refusé et leur a répondu: si il continue à faire des dégâts renvoyez le à la maison! Mais fort heureusement comme j’étais le plus talentueux il ne l’ont jamais fait et ont préféré installer des panneaux à double vitrages”.
C’est avec l’autre grand espoir de sa génération, Radoslav Nesterović qu’il rejoint l’Olimpija Ljubljana en 1994. Pendant trois ans, rien ne leur échappera. Les deux jeunes pousses raflent ensemble tout les titres nationaux et toutes les coupes de Slovénie qu’il leur sera possible de remporter. Ils clôtureront leur passage en apothéose, par ce qui est toujours la plus belle performance européenne de l’Olimpija. La participation au Final four de l’Euroleague 1997.
LE COLOSSE DE ROME
C’est dans l’enceinte du PalaEUR, dans la capitale italienne que l’Euroleague organise son Final Four cette année-la. Le plateau est atypique, avec deux habitués: le Barça de Sacha Djordjevic ainsi que l’Olympiakos d’Athènes. Et deux petits nouveaux, l’ASVEL et Olimpija Ljubljana. Pour leur demi-finale, les slovènes affrontent les grecs du virevoltant ex-Antibois David Rivers et de Dragan Tarlac. Rivers (ex-doublure de Magic Johnson au Lakers) ne laissera aucun espoir à Milič et ses coéquipiers. Sa performance de haute volée (28pts/4pds) offre un ticket pour la finale aux joueurs du Pirée, qu’ils remporteront sans trop de difficultés face au Barça.
Dans le match pour la troisième place, Ljubljana affronte l’ASVEL de Grégor Beugnot. Auteur d’un excellent match (17pts) Marko Milič remporte son duel “d’hommes volants” avec Alain Digbeu (22pts) et offre au club slovène une magnifique troisième place de la compétition. Lors de cette rencontre, il se rappellera même au bon souvenir de sa jeunesse dans le Triglav puisque sur une contre attaque il réduira le panneau en miettes. Provoquant une interruption de 45 minutes du match pour changer le panier et un bazar innommable dans les programmations TV de ce soir la.
FACE A L’ASVEL, DEMI-FINALE EUROLEAGUE 1997
ARIZONA DREAM
Inscrit à la draft de 1997, Marko Milič est sélectionné par les Sixers en 34ème position, mais est aussitôt envoyé chez les Phoenix Suns. Il arrive dans l’Arizona au sein d’une franchise bien habituée au dunkeurs de légende (Larry Nance, Tom Chambers…). L’effectif y est tout bonnement incroyable: Trois meneurs fantastiques: Jason Kidd, Steve Nash et Kevin Johnson, (Penny Hardaway s’y ajoutera même par la suite !) ; des pistoleros de renom : Dennis Scott, George McCloud et le regretté Cliff Robinson ; sous le cercle des intérieurs de légende : Danny Manning, Antonio Mc Dyess. Et même deux icônes du dunk : Cédric Ceballos (vainqueur du dunk contest 92) et Rex Chapman (3ème de ce concours en 1991).
Mais la vérité du papier est souvent bien éloignée de celle du terrain. Même si le plan se déroule sans trop d’accrocs jusqu’en avril (56V-26d), il flanche complètement au premier tour des playoffs face au Spurs (3-1). Au milieu de cette pléiade, notre jeune slovène peine à trouver sa place, et malgré quelques belles entrées, son coach Danny Ainge ne lui offrira jamais rien de plus que d’être la vedette du garbage time. La saison suivante ne sera qu’ un triste copié collé de la précédente. Avide de temps de jeu, Marko décide de rentrer en Europe après 44 matchs joués en deux saisons. (2,5 pts par matchs).

Personne ne saura jusqu’où aurait pu aller le jeune slovène s’il avait été dans une franchise plus ouverte à donner sa chance aux joueurs européens. Ce qui est sûr en revanche, c’est que pour Milič le basket ne se joue pas assis en survêtement. Il laisse donc la place aux futurs Rasho Nesterovic, Beno Udrih et Goran Dragić pour être les slovènes qui réussiront dans la grande ligue. En 1999, il rentre à l’Olimpija pour une saison et entame ensuite un grand tour d’Europe qui durera une bonne douzaine d’années. Avec le Real, Pesaro ou le Skipper Bologne. Sur le vieux continent, il devient l’un des joueurs notables de l’Euroleague des années 2000 (11,7pts en 89 matchs). Il terminera même sa carrière européenne avec une furtive apparition à Orléans (4 matchs).
S(LOVE)NIE
Tout au long de sa carrière, Milič fera preuve d’une fidélité sans faille à sa sélection nationale, (C’est tout de même le mont Triglav qui l’a vu naître qui orne le drapeau de la nation !).

Présent à toutes les campagnes entre 1995 et 2006. Il portera fièrement les couleurs de la Slovénie lors de six championnats d’Europe (1995,1997,1999,2001,2003,2005) et un championnat du monde (2006). Malheureusement sans résultats notoires. En parallèle, lors de ses multiples saisons à l’Olimpija, il est un vrai mentor pour les jeunes du club. Lors de la saison 2007-2008, il est le partenaire d’entraînement privilégié de deux jeunes espoirs de la ville, Goran et Zoran Dragić. Il les éduque au basket, les guide et les pousse à donner le meilleur d’eux même lors d’interminables séances de un contre un d’après entrainement.
Cette année là, il noue aussi une très grande complicité avec Luka, 8 ans, le jeune fils de son coéquipier Saša Dončić. Qui est déjà aujourd’hui à seulement 21 ans le plus grand joueur slovène de l’histoire et qui semble n’avoir que le ciel comme limite.
Il est donc tout à fait légitime de penser que « Milko » a contribué à sa manière à l’éclosion de la génération dorée de 2017 qui a mis le pays sur le toit de l’Europe.

Le basket-ball dans le sang, Marko Milič travaille aujourd’hui pour la fédération Slovène, il y est consultant et mentor pour les diverses sélections nationales de jeunes. Il est le père de trois filles: Ella, Tara et Mila, qui sont toutes des joueuses de tennis émérites. Les deux aînées ont même été prises sous l’aile de Maria Sharapova et s’entraînent quotidiennement à la prestigieuse Ricardo Piatty Academy, en Italie.
Dès qu’il en a l’occasion, Marko vient leur prodiguer ses précieux conseils d’ancien athlète de haut niveau. En supporter numéro un de ses filles, et comme lorsqu’il était joueur, très régulièrement, il sillonne les routes du vieux continent, pour accompagner ses futures championnes dans leur nombreux déplacements. Mais dorénavant, en voiture, sa place est derrière le volant.
PALMARES
- Vainqueur de la coupe ULEB 2007
- FIBA Eurostar 1996, 1998, 1999
- Champion d’espagne 2007
- All Star de la ligue Adriatique
- 4 fois champion de Slovénie 1995,1996,1997,2008
- 4 fois vainqueur de la coupe de Slovénie
- 5 fois All Star du championnat Slovène
- 2 fois MVP du All Star Game Slovène
- 2 fois vainqueur du concours de dunk de Slovénie 1994, 1995
- Champion du Koweit 2014
- Son maillot n°12 a été retiré par L’Olimpija Ljubljana
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