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[Portrait] Jackie Delachet, le relais essentiel

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Son sang ne saurait mentir. Issue d’une famille où le sport a été une composante fondamentale, Jackie Delachet a apporté une touche essentielle dans les succès de l’équipe de France des années 70.

Dans la famille Delachet, je demande le père : Jacques, gardien de but de l’OM à 18 ans en finale de la Coupe de France, perdue en 1940, mais gagnée trois ans plus tard. Gardien également à l’EF Marseille, Toulon et au Red Star. Puis médecin et président de la section de basket du PUC.

Jackie Delachet durant ses années PUC. @Equipe Basket Magazine

Dans la famille Delachet, je demande la mère : Josette, joueuse en Nationale, puis dirigeante du PUC et membre du Comité Directeur de la FFBB.

Dans la famille Delachet, je demande le fils : Christian, gardien de but comme papa, du Stade Français à Bordeaux en passant par l’OM, Caen, Monaco, Gueugnon et Valenciennes. Champion de France 71 (OM), 84 et 85 (Bordeaux). Puis formateur de gardiens.

Dans la famille Delachet, enfin, je demande la fille : Jacqueline, joueuse au PUC puis à Evreux AC, championne de France 1964 et 65 (PUC), internationale pendant treize ans. Puis entraineur national, puis sélectionneur de l’équipe de France.

Les exemples d’hérédité sportive ne manquent pas. Pour notre sport, les cas des familles Beugnot, Monclar, Bonato, Verove, Parker, Diaw ou, actuellement, Gobert, Toupane, Lauvergne, Gruda sont connus. Les enfants ont d’ailleurs le plus souvent dépassé la lignée parentale dans une logique de transmission de goûts. L’exemple de la famille Noah est, quant à lui, à la fois atypique et exceptionnel, mêlant sport collectif (football, basket) et individuel (tennis) sur trois générations.

La famille Delachet s’inscrit dans cette veine, avec le même sport et le même poste pour le duo père/fils et mère/fille.

PUC, EVREUX ET EQUIPE DE FRANCE

Jackie Delachet @Equipe Basket Magazine

Jackie, l’aînée de cinq ans, a trouvé dans le basket des ressorts de dépassement, d’autorité naturelle et d’exemplarité dès ses débuts à 12 ans. Une bonne défense, une clairvoyance dans le jeu lui ont permis de sortir du lot, en club au PUC puis à Evreux, en équipe de France également où elle entra à 18 ans, à Prague, en février 1963, contre la Bulgarie dans une période où le basket français était au creux de la vague.

« A cette époque, a expliqué Jackie (1,68m) à Jean-Pierre Dusseaulx, les joueuses françaises étaient d’aussi bonnes techniciennes que maintenant. Mais nous étions beaucoup trop petites, la moyenne de taille de l’équipe de France étant très basse ». C’était au temps où les pays de l’Est affichaient une suprématie quasi absolue.

Joë Jaunay, le sélectionneur, a su apporter une certaine modernité en dénichant des « grandes » et, surtout, insuffler son autorité mais aussi sa confiance aux joueuses de l’équipe de France. Pour, petit à petit, lui permettre de revenir dans le concert européen à la faveur de l’éclosion puis l’arrivée à maturité d’une nouvelle génération au début des années 70 avec Delachet, donc, mais aussi Jackie Chazalon, Danielle Peter et enfin toutes celles que le Directeur national allait regrouper sous le maillot noir du Clermont UC, hégémonique entre 1968 et 79.

CAPITAINE EN ARGENT A ROTTERDAM

Avec, en point d’orgue, une magnifique médaille d’argent aux championnats d’Europe de septembre 1970 à Rotterdam. Les Tricolores se jouaient successivement de la Pologne, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Hongrie et de la Bulgarie, mais ne purent rien, et tant s’en faut, contre l’URSS d’Ouliana Semenova (94-33). Jackie, la capitaine, était alors accompagnée de trois coéquipières d’Evreux (Elisabeth Riffiod, Geneviève Guinchard et Madeleine d’Engremont). Cette performance relança le basket féminin en France.

Les Delachet, une famille sportive avec de gauche à droite Christian, Jackie, Jacques et Josette. @L’Equipe Basket Magazine

Véritable relais de Jaunay, Jackie Delachet accompagna son développement en bonne capitaine, entrant par touches, pour mettre ou remettre de l’ordre dans l’équipe laissant aux autres le soin de briller à la marque ou devant les caméras. Elle regretta son manque d’adresse qui l’empêcha de franchir un palier ultime. « Personnellement, il me manque d’être adroite pour postuler à une place dans le cinq majeur, Chazalon et Guidotti étant beaucoup plus précises que moi. Nous ne pouvons que difficilement jouer ensemble car la moyenne de taille serait alors trop faible. Bien sûr, j’aimerais être adroite. Mais je crois que mon rôle dans son genre est également important. Il faut des éléments pour relancer l’allure, pour durcir la défense. Alors, je ne tire pas ! Il y a là une grande différence avec l’équipe de France masculine, tous les garçons voulant inscrire des points. Chez nous, ce n’est pas le cas et il y a des filles qui sont là pour mettre des paniers et des filles pour faire autre chose ».

Jackie Delachet et l’équipe de France connurent ensuite de belles places d’honneur, qu’il s’agisse des Championnats de monde de 1971 au Brésil (6°) ou des Euros de 1972 en Bulgarie (4°) ou de 1976 en France, avec une pointe de déception pour cette compétition organisée à Clermont-Ferrand.

QUALIFICATION MANQUÉE POUR LES JEUX DE MONTRÉAL

La capitaine de l’équipe de France se voit remettre le Trophée pour la deuxième place à l’Euro 1970.

Le basket féminin devenant une épreuve olympique aux Jeux de Montréal, l’occasion était belle de se qualifier aux Tournoi préolympique de juin 1976 à Hamilton au Canada. Mais deux défaites (contre les Etats-Unis, futurs médaillés d’argent, 59-71 et surtout contre la Pologne 61-65) anéantirent leurs chances. Et si les Françaises terminèrent par un succès inutile contre le Mexique (55-35) et ratèrent le rêve olympique. Une page se tourna pour les deux Jackie’s (Delachet, 239 sélections et Chazalon, 189 sélections) ainsi que pour Colette Passemard (209 sélections) qui décidèrent de stopper-là leur carrière internationale. Il en fut de même pour Joë Jaunay.

Prof d’EPS devenue entraineur national, Jackie Delachet prit ensuite en charge des sélections de jeunes chez les filles, les cadettes puis les juniors qui gagnèrent la médaille d’argent à l’Euro 1981.

Trois ans plus tard, elle succéda à Jean-Paul Cormy pour devenir sélectionneur d’une équipe de France alors entre deux eaux, malgré Paoline Ekambi et Halima Soussi. Elle connut un succès mitigé avec 29 victoires et 39 défaites. Et, en 1986, Michel Bergeron prit le relais.

Reconnue comme une des meilleures internationales de tous les temps, Jackie Delachet fut nommée à l’Académie du basket français. Elle fait partie de la promotion 2012, en compagnie de Paoline Ekambi, Lucienne Velu-Chapillon, René Chocat, Roger Haudegand et Jacques Huguet.

Jackie Delachet entre Colette Passemard et Irène Guidotti. @ L’Equipe Basket Magazine.

JACKIE DELACHET EN BREF

  • Née le 21 octobre 1944 à Marseille. 1,68m. Professeur d’EPS. Joueuse du PUC puis de l’Evreux AC. Championne de France en 1964 et 65 avec le PUC.
  • 239 sélections en équipe de France entre 1963 et 1976, 290 points inscrits.
  • Championnats du monde : 6° en 1971 au Brésil, 10° en 1964 au Pérou.
  • Championnats d’Europe : 2° en 1970 aux Pays-Bas, 4° en 1972 en Bulgarie et 1976 en France, 7° en 1974 en Italie, 11° en 1966 en Roumanie et 1968 en Italie.

Sélectionneur de l’équipe de France entre 1984 et 1986 (11° aux championnats d’Europe), entraineur de l’équipe de France à l’Euro junior féminines (2° en 1981).

Source : Jean-Pierre Dusseaulx/ L’Equipe Basket Magazine, janvier 1973.

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About Dominique WENDLING (57 Articles)
Ancien journaliste, joueur, entraîneur, dirigeant, président de club. Auteur en 2021 de "Basket in France", avec Laurent Rullier (I.D. L'Edition) et en 2018 de "Plus près des étoiles", avec Jean-Claude Frey (I.D. L'Edition).

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